« période », définition dans le dictionnaire Littré

période

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

période

(pé-ri-o-d') s. f.
  • 1Temps qu'un astre met à faire sa révolution. La période solaire. La période lunaire. La période de Vénus. La terre fait sa période en 365 jours et un quart.
  • 2Révolution d'un nombre déterminé d'années, au moyen duquel le temps est mesuré de différentes manières par différentes nations.

    Période de Méton, voy NOMBRE, n° 7.

    Période chaldaïque, voy. SAROS.

    Période victorienne, voy. VICTORIENNE.

    Période julienne, voy. JULIEN 1.

    Périodes géologiques, divisions de l'existence de la terre.

    Périodes de la vie sociale, dans le système des fouriéristes, subdivisions de l'existence du genre humain.

  • 3 Terme de médecine. Chacun des espaces de temps qu'une maladie doit successivement parcourir. La pneumonie est dans la période d'augment, de déclin.

    Dans les fièvres intermittentes, l'espace de temps qui comprend un accès et une intermission, le temps qui s'écoule, par conséquent, de l'invasion d'an accès à l'invasion de l'accès suivant.

  • 4 Terme de grammaire. Assemblage de propositions liées entre elles par des conjonctions, et qui toutes ensemble font un sens fini, dit aussi sens complet. Période à deux, trois, quatre membres. Ce fut surtout Isocrate, né 436 ans avant Jésus-Christ, qui recommanda et pratiqua la recherche des périodes. Pour produire un ouvrage régulier, il fallait… partager la matière… il fallait d'une période en faire plusieurs, et songer plus à l'ordre qu'à l'abondance, Guez de Balzac, Socr. chrét. x. Chaque mot dans les traductions de d'Ablancourt est mesuré par la justesse des périodes, et un mot de plus ou de moins en ruinerait je ne sais quelle harmonie, qui plaît autant à l'oreille que celle des vers, Saint-Évremond, Disc. sur les traducteurs. La période est longue, il faut reprendre haleine, La Fontaine, Fabl. II, 1. Que ferez-vous ici, faibles discoureurs ? dissiperez-vous ces conseils cachés en chatouillant les oreilles ? croyez-vous que ces superbes hauteurs tombent au bruit de vos périodes mesurées ? Bossuet, Bourgoing. Que ne lui laissiez-vous finir sa période ? Racine, Plaid. III, 3. Ils [des esprits trop vifs] conçoivent une période par le mot qui la commence, et, par une période, tout un chapitre, La Bruyère, I. Le commun des hommes aime les phrases et les périodes, La Bruyère, XV. Je trouve qu'il est fort indigne du prêtre qu'il passe sa vie dans son cabinet à arrondir des périodes, Fénelon, t. XXI, p. 104. Il y a telle de mes périodes que j'ai tournée et retournée cinq ou six nuits dans ma tête, avant qu'elle fût en état d'être mise sur le papier, Rousseau, Conf. III. Bossuet connaissait parfaitement la coupe du style ; quelquefois il va rapidement par une suite de phrases très courtes ; d'autres fois ses périodes sont d'une grande page, et elles ne sont pas trop longues, parce que tous les membres en sont distincts et sans embarras, Condillac, Art d'écr. III, 3. Dans une période, tous les membres doivent être distincts et liés les uns aux autres ; quand ces conditions ne sont pas remplies, ce n'est plus qu'un assemblage confus de plusieurs phrases, Condillac, ib. I, 9. Une période bien faite est appelée une période arrondie, Condillac, ib.

    Période carrée, période à quatre membres dont les membres sont à peu près égaux. Je sais mieux ranger les soldats que les paroles, et mieux carrer les bataillons que les périodes, Scudéry, dans PELLISSON, Hist. de l'Acad. IV, Scudéry. Cela est bon pour Frédéric le Grand ; il lui faut des armées le matin, et Apollon l'après-midi ; il a tout, il carre des bataillons et des périodes, Voltaire, Lett. Margr. de Baireuth, dans Rev. Française, février 1866, p. 202.

    Période ronde, se dit, par opposition à période carrée, de celle dont les membres sont tellement joints, qu'on aperçoit difficilement l'endroit où ils s'unissent.

    Période croisée, celle dont les membres sont opposés et forment antithèse.

    Période rhopalique, voy. RHOPALIQUE.

    Période poétique, période faite avec des vers.

  • 5Période musicale, phrase musicale composée de plusieurs membres. Le mot de période en fait de musique est aussi usité qu'en parlant d'éloquence : les bons écrivains et les hommes instruits n'appellent pas autrement le cercle que décrit un chant dont les parties se développent et se renferment dans un dessein régulier et fini, Marmontel, Œuv. p. 240.
  • 6 S. m. Le plus haut point où une chose, une personne puisse arriver. Puisque les sciences et les arts ne sont jamais à leur période, il m'est permis de croire qu'ils [les anciens] n'ont pas tout su, Corneille, Clit. Préf. Il [un rhumatisme] a son commencement, son augmentation, son période et sa fin, Sévigné, 2 févr. 1676. Serait-il possible que vos incommodités fussent venues à leur période ? Sévigné, 17 mai 1680. Ce période de développement des facultés humaines, Rousseau, Orig. 2.

    Aujourd'hui, où ce sens de période n'est plus aussi bien compris, on y joint ordinairement l'adjectif haut. Le plus haut période de la gloire.

    Le dernier période, la fin. La puissance de cet empire touchait à son dernier période.

  • 7 S. m. Espace de temps indéterminé. Un long période de temps, Dict. de l'Acad. Les temps destinés à cette attente sont dans leur dernier période, Bossuet, Hist. II, 4. Les princes ont, dans leur vie, des périodes d'ambition ; après quoi, d'autres passions et l'oisiveté même succèdent, Montesquieu, Rom. I.

    En ce dernier sens, beaucoup font période féminin. Les périodes du temps auxquelles toutes les choses parviennent tôt ou tard à leur perfection et maturité, Naudé, Rosecroix, v, 3. Pourquoi, disait-on, s'effrayer d'une période de deux millions d'années ? il y en a probablement de plus longues entre les positions réciproques des astres, Voltaire, Phil. Newt. Diss. changem. globe. Le texte hébreu fait cette période [l'intervalle entre la création et le déluge] de 1656 ans, le samaritain de 1307, et la version grecque des Septante de 2242, Condillac, Hist. anc. I, 1.

SYNONYME

PÉRIODE, ÉPOQUE. Époque venant de ἐπὶ, sur, et ἕχειν, s'arrêter, désigne précisément un moment déterminé, particulier de la durée ; et ce n'est que par extension ou par abus qu'on lui attribue le sens de grand intervalle de temps. Au contraire, période, à cause de la préposition περὶ qui entre dans sa composition, désigne proprement un grand intervalle de temps, une grande durée.

HISTORIQUE

XIVe s. Peryode est le temps et la mesure de la duracion d'une chose, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Le cours de la durée des seigneuries et des citez que les naturiens appellent periode, Chartier, Quadril. inv. p. 403.

XVIe s. Nature met fin et periode à toutes choses par elle produyctes, Rabelais, Garg. I, 20. Puis, quand la guarison fout faicte, comment se peut il [le médecin] asseurer que ce ne feust que le mal feust arrivé à sa periode ? Montaigne, III, 230. Nous ne sommes pas pourtant à nostre dernier periode [ruine], Montaigne, IV, 84. Les maulx ont leur periode comme les biens ; à l'adventure est cet accident à sa fin, Montaigne, IV, 273. Je luy appris encore à dire maxime d'Estat, maladie d'Estat, periode d'affaires… et mille autres termes de cette façon, à quoy on connoit aujourduy une belle ame, D'Aubigné, Conf. II, 1.

ÉTYMOLOGIE

Περίοδος, de περὶ, autour, et ὁδὸς, chemin, voie.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PÉRIODE. Ajoutez :
8 S. f. Terme d'arithmétique. Ensemble des chiffres qui se reproduisent dans le même ordre, en une fraction périodique simple ou composée (voy. PÉRIODIQUE).