« passager.2 », définition dans le dictionnaire Littré

passager

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

passager, ère [2]

(pâ-sa-jé, jè-r') adj.
  • 1Qui ne s'arrête pas et qui ne fait que passer. Les grues sont des oiseaux passagers.

    Fig. [à son livre] Va-t'en, pauvre oiseau passager, Que Dieu te mène à ton adresse ! Musset, Poésies, au lecteur.

  • 2Qui n'a point de demeure fixe. Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, Molière, Mal. imag. III, 14.
  • 3 Fig. Qui est de peu de durée. Ils n'aspirent enfin qu'à des biens passagers, Corneille, Poly. IV, 3. Des contestations et des disputes qu'il avait eues [sur la religion], il était sorti je ne sais quelles clartés passagères…, Fléchier, Duc de Mont. De nos ans passagers le nombre est incertain, Racine, Athal. II, 9. Persuadé que, dans les affaires d'État, la mauvaise foi ne peut avoir qu'un succès court et passager, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. IV, p. 245, dans POUGENS. Des afflictions passagères ne nous auraient faits que des justes passagers, Massillon, Avent, Afflict. Ce reste importun de la sédition N'est qu'un bruit passager des flots après l'orage, Voltaire, Fanat. v, 1. Il vint à Rome, séjour toujours passager des empereurs, accompagné de Castracani, tyran de Lucques, ce héros de Machiavel, Voltaire, Mœurs, 68. Tout est fini, tout est passager dans la vie humaine, Rousseau, Ém. V. Nos rires passagers, nos passagères larmes, Delille, Dithyr. Ce noble ami, dont les regards si touchants ne peuvent s'effacer de mon souvenir, n'est-il pas un être passager comme moi ? Staël, Corinne, XV, 4. L'âme ne reçoit aucun plaisir de ce qu'elle reconnaît elle-même passager, Staël, ib. III, 1.
  • 4 Terme de botanique. Se dit de la corolle de la plupart des plantes, qui tombe aussitôt après la fécondation.
  • 5Fortification passagère, par opposition à fortification permanente, se dit de la fortification relative à toutes les opérations qui ont pour but de renforcer des positions qui ne doivent être occupées que momentanément pendant la durée d'une guerre. On la distingue aussi sous le nom de fortification de campagne.
  • 6 Terme de peinture. Se dit de ce qui est peu prononcé.
  • 7 S. m. et f. Passager, passagère, celui, celle qui ne fait que passer en un lieu. Je ne demeure pas en ce lieu, je n'y suis que passager. Les hommes ne sont que passagers sur la terre. Ô toi, qui m'apparus dans ce désert du monde, Habitante du ciel, passagère en ces lieux, Lamartine, Médit. Invocation.

    Un passager, un homme qui n'est dans un lieu qu'en passant. Je l'ai ouï dire à des passagers. Sur la route d'Italie, on rançonne assez durement les passagers, Rousseau, Hél. I, 23. Il accueillit le jeune passager, lui offrit le gîte dont il paraissait avoir grand besoin, Rousseau, Confess. III.

  • 8Celui, celle qui s'embarque pour passer en quelque lieu. Il lui dit qu'il se présentait une occasion prochaine d'envoyer sa fille en France sur un vaisseau prêt à partir ; qu'il la recommanderait à une dame de ses parentes qui y était passagère, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg. Voyez, amis, cette barque légère, Elle contient gentille passagère, Béranger, Comm. du voy.

    Fig. J'ai pris pour passagère La muse des chansons, Béranger, Nacelle.

HISTORIQUE

XVe s. Et eurent tantost une nef passagere qui les mit outre d'une marée au havre de Calais, Froissart, III, IV, 14.

XVIe s. Le sage pilote, sans s'arrester aux larmes des passagers…, Amyot, Péric. 63. De ne vous charger nullement de personnes estrangeres, passageres, belistres, caimans, sans aveu ne cognoissance, De Serres, 42. Les chemins passagers aboutissans ou traversans le domaine, seront maintenus en bon estat, De Serres, 1003. Bien que soyez comme ce passager [Mercure], Oyseau sans pieds, qui volette sans cesse, Du Bellay, J. V, 37, recto. Sur ce rivage un passager [passeur] estoit [Charon], Crasseux, hydeux…, Du Bellay, J. III, 48, recto. Les grues, les arondelles, et aultres oyseaux passagiers, Montaigne, II, 181.

ÉTYMOLOGIE

Passage, et la terminaison ier qui se contracte en e après les articulations chuintantes ch, j et g sifflant ; picard et Genève, rue passagère, rue où il passe beaucoup de monde (on le dit aussi à Paris ; ce n'en est pas moins un provincialisme qui n'est pas admis ; c'est passant qu'il faut employer).