« relief », définition dans le dictionnaire Littré

relief

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relief

(re-lièf ; lief est monosyllabe) s. m.
  • 1Ce qui est relevé, partie saillante d'un objet. Nous le trouvâmes occupé à faire lire son fils avec des caractères en relief, Diderot, Lett. s. les av.

    Fig. Ce qui est comme en saillie dans les choses intellectuelles ou morales. Térence est plus délicat, il est vrai ; mais est-il aussi pénétrant ? son comique a-t-il le relief et la vigueur de celui de Molière ? Marmontel, Œuvr. t. IV, p. 412. Il y eut dans les caractères assez de naturel et de relief pour donner prise à la comédie, Marmontel, ib. t. IX, p. 399.

    Plan en relief, ou, simplement, relief, plan sur lequel on place la représentation en bois ou en plâtre de chaque objet. Le premier de ces plans en relief, qu'on voit dans la galerie du Louvre, fut celui des fortifications de Lille, Voltaire, Louis XIV, 8. Il [le général Pfyffer] conçut l'idée d'exécuter un relief qui représentât l'immense étendue des montagnes qui se présentent à l'œil depuis la ville de Lucerne, Saussure, Voy. Alpes, t. VII, p. 191, dans POUGENS.

  • 2Ouvrage de sculpture relevé en bosse.

    Haut relief, ou relief entier, celui qui est de toute l'épaisseur de l'objet sculpté. Sur le tympan du fronton se voyait la naissance de Cythérée en figures de haut relief ; elle était assise dans une conque, La Fontaine, Psyché, II, p. 166.

    Demi-relief, celui qui n'en a que la demi-épaisseur.

    Bas-relief, celui qui a moins de demi-épaisseur. Une frise ornée de bas-reliefs. L'entente du bas-relief est la manière de disposer les plans et d'en régler l'effet, Guillaume, Sur les princ. du bas-relief, dans Instit. août-sept. 1866, p. 65.

    Plan du bas-relief, voy. PLAN 1, n° 9.

  • 3 Terme de graveur sur métaux ou pierres fines. Saillie. On grave en creux et en relief. Il doit y avoir une différence sensible entre les types des médailles et ceux des monnaies ; et cette différence consiste à employer pour les dernières le genre de gravure connu sous le nom de bas-reliefs peu saillants, en observant scrupuleusement de n'opposer jamais relief à relief, Mongez, Instit. Mém. Litt. et beaux-arts, t. II, p. 273.
  • 4 Terme de maçonnerie. Tout ouvrage saillant sur une surface unie.
  • 5 Terme de fortification. Le relief d'un parapet est la hauteur de sa crète intérieure au-dessus du sol naturel.

    Terme de marine. La hauteur d'un bâtiment au-dessus de l'eau.

  • 6 Terme de peinture. La saillie apparente des objets. Ces figures ont beaucoup de relief. Comme le relief des objets n'est pas aussi sensible dans la peinture que dans la réalité, ce jeune homme [l'aveugle de Cheselden] fut quelque temps à ne regarder les tableaux que comme des plans différemment colorés : ce ne fut qu'au bout de deux mois qu'ils lui parurent représenter des corps solides ; et ce fut une découverte qu'il parut faire tout à coup, Condillac, Traité sens, III, 5.
  • 7 Fig. Apparence plus vive que certaines choses reçoivent de l'opposition et du voisinage de quelques autres. Certaines couleurs opposées les unes aux autres se donnent du relief. La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne de la force et du relief, La Bruyère, II. Sa femme horriblement laide faisait l'adorable, et disait mille sottises assaisonnées d'un accent biscaïen qui leur donnait du relief, Lesage, Gil Bl. III, 3.
  • 8 Fig. Considération qui résulte de quelque avantage. Tirer toute sa sainteté et tout son relief de la réputation de son directeur, La Bruyère, XIII. La gloire dans les armes n'est tout au plus que la moitié du brillant qui distingue les héros ; il faut que l'amour mette la dernière main au relief de leur caractère par les travaux, la témérité des entreprises et la gloire des succès, Hamilton, Gramm. IV. Les politiques savent assez qu'il ne faut rien négliger de ce qui peut donner du relief à une nation aux yeux de ses voisins ou de ses ennemis, Fontenelle, Du Hamel. L'abbé de Castres, archevêque d'Albi, désirait fort le siége de Reims, quoique d'un moindre revenu ; l'approche du sacre du roi donnait un grand relief à ce siége, Duclos, Œuv. t. VI, p. 87.
  • 9Anciennement, lettres de relief, lettres de réhabilitation de noblesse, proprement lettres qui relèvent.

    Dans l'ancienne pratique, lettres de relief d'appel ou, simplement, relief d'appel, lettres de la petite chancellerie qui autorisaient à faire intimer ou assigner pour procéder sur l'appel qu'on avait interjeté. Les religieuses de Port-Royal signèrent une procuration pour obtenir en leur nom un relief d'appel comme d'abus, Racine, Hist. de Port-Royal, 2e part.

  • 10En jurisprudence féodale, droit que le vassal payait à son seigneur, lors de certaines mutations, ainsi dit parce que le vassal, par ce droit, relevait le fief.
  • 11Anciennement, l'ordre du prince qu'obtenait un officier pour être payé de ses appointements, échus pendant une absence légitime.
  • 12Ce qu'on enlève, ce qu'on relève de dessus une table. Voilà un beau relief, il reste les trois quarts du poulet. Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons, La Fontaine, Fabl. I, 5. Autrefois le rat de ville Invita le rat des champs, D'une façon fort civile, à des reliefs d'ortolans, La Fontaine, Fabl. I, 9.

    L'Académie dit qu'il est vieux en ce sens ; cependant il s'emploie encore ; elle ajoute qu'il ne se dit qu'au pluriel ; cependant le singulier est usité aussi.

HISTORIQUE

XIe s. Suz le degret où il gist sur sa nate, Iluec paist l'um del relef de la table, St Alexis, L.

XIIIe s. Saioleit [soûlés, rassasiés] sunt, si unt laissié à lor enfans de lor rellié, Psaumes en vers, dans Liber psalm. p. 271. Icelle amende [pour meurtre] si est appellée relief d'home, Établiss. de S. Louis, 104. Li riches hom ert [était] à grant aise, Al poure homme rien ne donoit, Pour son mehaing vil le tenoit, Ne del relief de sa maison Ne li voloit faire parchon, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 52.

XIVe s. La laveure des poz et li reliés des tables, C'estoit trestouz ses vivres ; moult li fu delitable, Girart de Ross. V. 2399.

XVe s. Pourquoi l'archevesque de Cantorbie avoit dit ainsi, que ores-primes estoit le roi fourni d'age et de sens… pourquoi il conseilloit, pour le plus seur, que tous renouvelassent leur relief et serment de lui…, Froissart, II, III, 81. Celui qui reput cinq mille hommes de trois pains et de douze poissons, dont demeura de reliefs douze corbeilles, Louis XI, Nouv. LXXXIII.

XVIe s. Si le vassal doit relief ou rachat, qui ne sont qu'une mesme chose, doit offrir pour lesdits relief et rachat le revenu d'une année, Coust. gén. t. I, p. 235. Le vassal est tenu communiquer à son seigneur choisissant le relief [revenu d'une année], ses papiers de recette et terriers, et en bailler copie aux depens du seigneur, Loysel, 566. Aide de relief est deue, quand le seigneur meurt et son hoir releve vers celui de qui il tenoit son fief, Du Cange, auxilium.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. releu ; catal. relleu ; espagn. relieve ; ital. rilevo, rilievo ; bas-lat. relevium, du lat. relevare, (voy. RELEVER). La syllabe latine le a été renforcée en lie, qui pour cette raison est resté monosyllabe.