« relever », définition dans le dictionnaire Littré

relever

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relever

(re-le-vé. L'e prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je relève, je relèverai) v. a.

Résumé

  • 1° Remettre debout, sur ses pieds, dans sa position naturelle.
  • 2° Au jeu, relever les cartes, les mains.
  • 3° Relever la balle, une bille.
  • 4° Trousser, retrousser.
  • 5° Hausser, rendre plus haut.
  • 6° En manége, relever un cheval.
  • 7° Relever en broderie. Relever une maille, du velours.
  • 8° Relever en maçonnerie, en pavage, en marbrerie, en menuiserie, en peinture de décor.
  • 9° Relever un fer de cheval.
  • 10° Relever, en termes de chaudronnerie, de tanneur.
  • 11° Rétablir ce qui était tombé en ruine, ce qui avait été renversé.
  • 12° Retirer d'un état malheureux. Relever le courage, l'espérance.
  • 13° Donner de l'élévation morale.
  • 14° Relever une race, l'améliorer.
  • 15° Rendre plus éminent.
  • 16° Relever la conversation.
  • 17° Donner un haut goût, un goût plus piquant.
  • 18° Donner plus de relief, plus d'éclat.
  • 19° Faire valoir, louer, exalter.
  • 20° Faire remarquer en bien ou en mal. Relever quelqu'un de quelque chose, le reprendre de quelque chose.
  • 21° En vénerie, relever le défaut.
  • 22° Noter, consigner, enregistrer.
  • 23° Déterminer la position d'un objet, dessiner une vue, un aspect.
  • 24° Remplacer une autre personne dans une occupation.
  • 25° En termes de guerre, mettre un homme, une troupe en place d'un autre homme, d'une autre troupe.
  • 26° En termes de cuisine, remplacer un service, un plat par un autre.
  • 27° Tirer de terre un plant.
  • 28° Libérer d'un engagement.
  • 29° En féodalité, relever le fief.
  • 30° V. n. Lever les pieds très haut en galopant.
  • 31° Être dans la mouvance d'une seigneurie, et, par extension, dépendre.
  • 32° Relever de maladie.
  • 33° Sortir de la maison après ses couches, aller entendre la messe, et recevoir la bénédiction du prêtre.
  • 34° Se dit de la bête qui sort le soir de son buisson.
  • 35° V. réfl. Se lever après avoir été à terre.
  • 36° Se mettre droit, se dresser.
  • 37° Être remis dans sa position naturelle.
  • 38° Se relever d'une côte, en termes de marine.
  • 39° Sortir de ses ruines.
  • 40° Reprendre des forces, de la puissance, du crédit.
  • 41° Reprendre l'élévation morale, l'innocence morale.
  • 42° Se rétablir de ses couches.
  • 43° Se remplacer, se relayer.
  • 44° Être rehaussé, recevoir plus de relief.
  • 45° Se rattacher à, se rendre dépendant de.
  • 1Remettre debout, sur ses pieds, dans sa position naturelle. Marin, viens m'aider à me relever. - Hé monsieur, j'aurais besoin qu'on me relevât moi-même, Hauteroche, Crisp. méd. III, 3. Il [le fils du prince de Condé] voit [à Senef] ce grand prince renversé dans un fossé sous un cheval tout en sang ; pendant qu'il lui offre le sien et s'occupe à relever le prince abattu…, Bossuet, Louis de Bourbon. Hazael, me regardant [moi agenouillé] avec un visage doux et humain, me tendit la main et me releva, Fénelon, Tél. IV. Il a été plus aisé [au gouvernement pontifical] de relever les obélisques et de construire des palais et des temples, que de rendre la nation commerçante et opulente, Voltaire, Mœurs, 185.

    Terme de marine. Relever un navire, remettre à flot un navire que le vent ou la mer a fait échouer.

    Relever l'ancre, la mettre dans une autre situation.

    Relever la galère, se disait des forçats qui se soulevaient contre leurs officiers et se rendaient maîtres du bâtiment.

  • 2 Terme de jeu. Relever les cartes, les remettre dans l'état où il faut qu'elles soient pour jouer un nouveau coup.

    Relever les mains, relever les levées qu'on a faites, rassembler les cartes qui ont été jouées, les retourner et les mettre devant soi

  • 3Relever la balle du pied du tambour, à la paume, prévenir avec adresse, par la volée, un coup de tambour.

    Relever une bille, au billard, l'éloigner de la blouse.

  • 4Trousser, retrousser. Relevez votre robe. Laissez-moi relever ces voiles détachés Et ces cheveux épars dont vos yeux sont cachés, Racine, Bérén. IV, 2. Non-seulement il [le merle d'Amboine] chante ses amours au printemps, mais il relève alors sa longue et belle queue et la ramène sur son dos d'une manière remarquable, Buffon, Ois. t. VI, p. 93. Elle avait relevé les tresses de ses cheveux, Staël, Corinne, XIII, 5.
  • 5Hausser, rendre plus haut. Il faut relever ce plancher.

    Fig. Relevez vos idées pour M. de Lauzun ; le roi lui a redonné ses entrées, Sévigné, 7 fév. 1689.

    Relever la tête, sa tête, la hausser lorsqu'elle était baissée. Et, relevant mon front prosterné vers son trône, [la reine] M'a vingt fois appelé l'appui de Babylone, Voltaire, Sémiram. II, 1. Il s'approcha, guidé par un bandit, Sans résister, sans relever la tête, Delavigne, Memmo, ch. IV.

    Fig. Relever la tête, reprendre courage. Les factions commencent à relever la tête. Ô France, ô ma patrie, Relève enfin ton front cicatrisé, Béranger, Enf. de la France.

    Relever la moustache avec le fer, la passer au fer chaud, afin qu'elle ne retombe pas sur les lèvres.

    Fig. Relever la moustache à quelqu'un, réprimer son outrecuidance.

  • 6 Terme de manége. Relever un cheval, le soutenir de la main et de l'éperon, pour lui faire porter la tête plus haute et l'asseoir sur les hanches.
  • 7Relever en broderie, rehausser de broderie le fond de quelque étoffe.

    Terme de lingère. Relever une maille à un bas, la reprendre, la refaire. Relever du velours, le repasser à l'envers après l'avoir mouillé pour faire redresser les poils froissés. Relever un volant, une garniture, les repasser après qu'ils ont été chiffonnés.

  • 8 Terme de maçonnerie. Exhausser une maison ou un mur.

    Relever les ciselures, tailler les bords d'un parement de pierre pour le dresser.

    Relever à bout, démonter un pavage pour le refaire entièrement.

    Terme de marbrier. Se dit de la dernière opération du polissage.

    Terme de menuisier. Déplacer un parquet pour le rétablir ou remettre des lambourdes. Relever les moulures, les achever, y faire les dégorgements nécessaires.

    En peinture de décor, donner plus de saillie à certains objets, ou en raviver les teintes.

  • 9 Terme de maréchal. Relever un fer, ôter un fer qui branle et le rattacher solidement.
  • 10Augmenter la grandeur d'une pièce de chaudronnerie, en étendant le cuivre à coups de marteau.

    Former, sur une pièce de fer, des sillons qui font paraître les reliefs plus saillants.

    Terme de tanneur. Relever des peaux sur la traite, les tirer de la chaux pour les faire égoutter sur le bord du plain.

  • 11Rétablir ce qui était tombé en ruine, ce qui avait été renversé. Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts Et de tes tours les magnifiques faîtes ? Racine, Esth. I, 2. Relevez, relevez les superbes portiques Du temple où notre Dieu se plaît d'être adoré, Racine, Esth. III, 9.

    Fig. Relever une maison, une famille, lui rendre sa première opulence, son premier éclat. Ils [les gens de finance] relèvent toutes les grandes maisons par le moyen de leurs filles, qui sont comme une espèce de fumier qui engraisse les terres montagneuses et arides, Montesquieu, Lett. pers. 98. Relevant ma famille au glaive dérobée, Il la remit au rang dont elle était tombée, Voltaire, Olymp. II, 3.

    On dit de même : relever un parti. Le seul nom de Scanderbeg était capable de relever un parti, Duclos, Œuv. t. II, p. 135.

  • 12 Fig. Relever quelqu'un, le retirer de l'état malheureux où il était. Vous avez bien raison de l'appeler [une dame] la plus belle et la meilleure du monde, puisque, de si loin, elle sait relever ceux qui sont abattus, Voiture, Lett. 50. Evilmérodach, roi de Babylone, tira de prison Joachin, et le releva de l'état malheureux où il était, Sacy, Bible, Rois, IV, XXV, 27. C'est de là [l'incrédulité] que nous la verrons sortir pleine de gloire et de vertu, et nous bénirons avec elle la main qui l'a relevée, Bossuet, Anne de Gonz.

    Absolument. Après avoir fait ce chemin… on décline misérablement… néanmoins un rayon d'espérance, si bas que l'on soit, relève aussi haut qu'on était auparavant, Pascal, Pass. de l'amour.

    Cela l'a bien relevé, se dit d'un homme à qui il est arrivé quelque grande fortune.

    Il se dit des choses qu'on relève. Quarante, qui l'eût cru ? quarante, à leur abord, D'une armée abattue ont relevé le sort, Du côté des vaincus rappelé la victoire…, Corneille, Tois d'or, I, 2. Le Seigneur a voulu choisir son peuple pour le sanctifier, pour rendre sa loi célèbre, et pour en relever la grandeur, Sacy, Bible, Isaïe, XLII, 21. Pour abaisser notre orgueil et relever notre abjection, Pascal, dans COUSIN. Le jeune Scipion… non content d'avoir relevé les affaires de Rome en Espagne, alla porter la guerre aux Carthaginois dans leur propre ville, Bossuet, Hist. III, 6. C'est Jésus-Christ et son Église ; il a mis dans cette Église une autorité, seule capable d'abaisser l'orgueil et de relever la simplicité, Bossuet, Anne de Gonz. La Grèce avec douleur Vous voit du sang troyen relever le malheur, Racine, Andr. I, 2.

    Relever la chute de quelqu'un, le relever de sa chute, la réparer. Oui, Pompée avec lui porte le sort du monde, Et veut que notre Égypte, en miracles féconde, Serve à sa liberté de sépulcre ou d'appui, Et relève sa chute ou trébuche sous lui, Corneille, Pomp. I, 1.

    Relever sa condition, son état, sa fortune, augmenter sa dignité, ses richesses.

    Relever le courage, les espérances, ranimer le courage, faire revivre les espérances. Il a répondu que cette grâce n'augmenterait pas son zèle, mais qu'elle lui relèverait bien le courage, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 371. Il faut relever le courage de ces gens timides qui n'osent rien inventer en physique, et confondre l'insolence de ces téméraires, qui produisent des nouveautés en théologie, Pascal, Frag. sur le vide. La reine relevait leur espérance, Bossuet, Reine d'Anglet. Donner de l'élévation morale. Je crois que cette action est belle, et elle vous relève plus que la prise de Veies, Fénelon, Dial. des morts anc. 23. Ils [les stoïciens] ont laissé à l'homme tous les défauts qu'ils lui ont trouvés, et n'ont presque relevé aucun de ses faibles, La Bruyère, XI. Je ne négligeais aucune occasion de la relever à ses propres yeux, Genlis, Mères rivales, t. I, p. 26, dans POUGENS.

  • 14Relever une race, l'améliorer. Tous les jours, on relève, on ennoblit les races en les croisant, Buffon, 7e époq. nat. Œuv. t. XII, p. 362.
  • 15 Fig. Rendre plus éminent. Philippe et Alexandre son fils relevèrent extrêmement la gloire de ce royaume [de Macédoine], Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 501, dans POUGENS.
  • 16Relever la conversation, lui rendre de la vivacité alors qu'elle languissait. Le baron, pour relever l'entretien, se creusait la tête, et ne pouvait trouver que quelques phrases décousues, Genlis, Vœux téméraires, t. III, p. 6, dans POUGENS.
  • 17Donner un haut goût, un goût plus piquant. Le vinaigre relève une sauce. Relevez ces cardons par un peu de fromage, Baron, École des pères, III, 6.

    Fig. En parlant des ouvrages d'esprit. Il sème son style de toute sorte d'agréments qui le relèvent. De nos amis une agréable troupe, Parmi des mets exquis et des vins délicats, Du sel de leurs propos relevait ces repas, Chaulieu, à Mme d'Aligre.

  • 18 Fig. Donner plus de relief, plus d'éclat. Relèvera sa grâce avec des artifices, Régnier, Sat. VII. La fortune… laquelle, ne le pouvant encore abandonner [Alexandre] tant d'années après sa mort, ajoute à ses conquêtes une personne qui les relèvera plus que la femme et les filles de Darius, Voiture, Lett. 36. Quand une femme a de l'esprit, il l'anime [sa beauté] et la relève merveilleusement, Pascal, Pass. de l'amour. Et vous, lorsque, tentée de relever par quelque parure cette modestie qui commence à vous paraître trop nue, Bossuet, 4e sermon, Pâques, 1. Que dirai-je de sa libéralité ?… tantôt par des paroles touchantes, tantôt même par son silence elle relevait ses présents, Bossuet, Duch. d'Orl. Le jeune prince, dont la victoire avait relevé la haute contenance, Bossuet, Louis de Bourbon. Les ombres, les flambeaux, Les cris et le silence, Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs Relevaient de ses yeux les timides douceurs, Racine, Brit. II, 2. Et vous ne comparez votre exil et ma gloire, Que pour mieux relever votre injuste victoire, Racine, Iphig. II, 5. Ses longs malheurs même lui donnaient je ne sais quel éclat qui relevait toutes ses bonnes qualités, Fénelon, Tél. VIII. Toutes les personnes de notre rang et de notre âge usent de cette parure, ont recours à cet artifice pour relever une vaine beauté, Massillon, Carême, Confess. Quand vous relevez l'éclat de votre teint par les plus belles couleurs, Montesquieu, Lett. pers. 26. Cet Acomat [du Bajazet de Racine] me paraît l'effort de l'esprit humain ; je ne vois rien dans l'antiquité ni chez les modernes, qui soit dans ce caractère ; et la beauté de la diction le relève encore, Voltaire, Zulime, Lettre. Les éloges que j'ai donnés à ce prince [le duc de Cumberland] pour relever davantage la gloire de son vainqueur, Voltaire, Lett. d'Argenson, 20 oct. 1745. Le blanc de la tête était relevé par deux petites taches noires situées au-dessus des yeux, Buffon, Ois. t. V, p. 260. On eût dit que les défauts mêmes d'Oswald étaient faits pour relever ses agréments, Staël, Corinne, VIII, 4.

    Relever sa condition, sa dignité, sa charge, donner du lustre à sa condition. À la dignité dont on est revêtu, aux fonctions qu'on remplit. Ce que l'on garde pour relever sa condition ou celle de ses parents n'est pas appelé superflu, Pascal, Réfut. de la rép. à la 12e lett.

  • 19 Fig. Faire valoir, louer, exalter. La Muse… De gloire et de renom relevait mon dessein, Régnier, Sat. IV. Tout relève, tout bénit sa mémoire, Fléchier, Mar.-Thér. Et relevant la naissance de notre illustre duchesse, j'irais chercher dans l'histoire ancienne les sources de la noble famille d'Angennes, dont la gloire, la grandeur et l'ancienneté sont assez connues, Fléchier, Duch. de Montaus. Platon, en plus d'un endroit, prend à tâche de relever la journée de Marathon, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 152, dans POUGENS. Homère relève dans ses héros la force, l'adresse ou l'agilité, Montesquieu, Rom. 2. Ce qui m'a paru le plus beau dans le discours de M. le prince de Beauvau, c'est le secret qu'il a trouvé de relever tous les services que M. le duc de Choiseul a rendus à l'État, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 5 avr. 1771. Les livres saints, pour relever la sagesse de Salomon, mettent en opposition avec elle la sagesse des Orientaux, Diderot, Opin. des anciens philos. Arabes.
  • 20Faire remarquer en bien ou en mal. Ce qu'il dit ne chut pas à terre, Maître Aenéas le relevant, Scarron, Virg. VII. Il y a une grande différence entre lire un livre toute seule, ou avec des gens qui relèvent les beaux endroits et qui réveillent l'attention, Sévigné, 68. Cela ne méritait pas d'être relevé, Bossuet, Lett. quiét. 408. L'Église ne foudroie pas toujours les erreurs naissantes ; elle ne les relève point, tant qu'elle peut espérer qu'elles se dissiperont par elles-mêmes, Bossuet, Variat. XV, 128. Une parole qu'il a dite dans le sens le plus juste et avec l'intention la plus pure et la plus innocente, ils la relèvent, ils l'empoisonnent, Bourdaloue, Exhort. Faux témoign. rendus contre J. C. t. II, p. 7. Nous autres satiriques, Propres à relever les sottises du temps, Nous sommes un peu nés pour être mécontents, Boileau, Épître VIII. Polybe relève, dans la conduite des Messéniens à l'égard de Sparte, un ancien défaut qui fut la cause de tous leurs malheurs, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V, p. 400, dans POUGENS. Il ne m'échappait pas un mot qu'ils ne relevassent comme un trait admirable, Lesage, Gil Bl. I, 16. Par bonheur pour nous, il [Mazarin] ne parle pas bien français… nous relevâmes, il y a quelques jours, une faute de grammaire si grossière, qu'on en fit des farces par tous les carrefours, Montesquieu, Lett. pers. 111. C'est ici le cas de relever un étrange conte que font nos historiens, Voltaire, Mœurs, 51. Les mêmes spectateurs qui applaudissaient aux pièces médiocres des autres auteurs, relevaient les moindres défauts de Molière avec aigreur, Voltaire, Vie de Molière. Aujourd'hui la prononciation des gens du monde est si simple, que ceux qui la choquent légèrement ne peuvent être relevés que par peu de personnes, Condillac, Conn. hum. II, I, 7. Qu'il fallait mépriser ces choses-là, et qu'elles tombaient d'elles-mêmes lorsqu'on ne les relevait point, Marmontel, Mém. VII. On lui connaissait [à Mme de Maintenon] une mémoire prodigieuse ; elle serait là [comme gouvernante] pour relever les contradictions, les inconséquences, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 110, dans POUGENS.

    Familièrement. Relever un mot piquant, répondre vivement à celui qui l'a dit.

    Relever quelqu'un de quelque chose, le reprendre de quelque chose. Si vous remarquez dans vos maisons un domestique oisif, vous savez bien le relever du désordre de la paresse, Bourdaloue, Dim. de la Septuagés. Dominic. t. I, p. 373. J'aime autant une personne qui me relève d'une erreur, qu'une autre qui m'apprend une vérité, parce qu'en effet une erreur corrigée est une vérité, Buffon, Quadrup. t. IX, p. 158.

    Absolument. Relever quelqu'un, le reprendre avec aigreur ou sévérité, en lui faisant voir qu'il a parlé mal à propos. Si quelqu'un allait attaquer quelque honnête citoyen, il ne serait pas mal relevé, Montesquieu, Lett. pers. 36. Ni moi, ni l'illustre savant qui me relève si bien, ne savons précisément combien de temps Mahomet fut facteur de la veuve Cadige, qu'il épousa depuis, Voltaire, Fragm. sur l'hist. XXVI.

    Familièrement. Relever quelqu'un du péché de paresse, lui reprocher de manquer à ses devoirs et le contraindre à les remplir.

  • 21 Terme de vénerie. Relever le défaut, ou, simplement, relever, retrouver la voie qu'on avait perdue, et lancer la bête une seconde fois
  • 22Noter, consigner, enregistrer. Tous les voyageurs modernes ont visité Éleusis ; toutes les inscriptions en ont été relevées, Chateaubriand, Itin. part. I. J'ai relevé sur les registres de l'Observatoire royal les observations faites pendant onze années, Bouvard, Inst. Mém. sé. t. VII, p. 269.
  • 23 Terme d'hydrographie. Déterminer la position d'un objet que l'on aperçoit. Le 22, nous relevâmes à midi le cap des Vierges, à quatre lieues dans l'ouest, La Pérouse, Voy. t. II, p. 46, dans POUGENS.

    Terme de marine. Relever une côte, en dessiner la vue ou l'aspect. La veille au soir, on avait aperçu du haut des mâts une petite île qui fut relevée depuis le nord-ouest jusqu'au nord-ouest-quart-ouest du compas, Bougainville, Voy. t. II, p. 193. Les brumes m'ont empêché de relever les Kuriles au nord de Marikan, La Pérouse, Voy. t. IV, p. 217, dans POUGENS.

    Terme d'arpentage. Déterminer avec la planchette, avec la boussole, des positions sur le terrain.

  • 24Remplacer une autre personne dans une occupation. Je suis fatigué de lire, relevez-moi.
  • 25 Terme de guerre. Mettre un homme, une troupe en place d'un homme, d'une troupe pour un service déterminé. Relever la garde. On releva la troupe qui était à la tranchée. Relever de garde une compagnie.

    Fig. Sénèque et Burrhus sont deux soldats en sentinelle qui doivent garder leur poste jusqu'à ce que la mort vienne les en relever, Diderot, Claude et Nér. I, 46.

    Absolument. On vient de relever cette compagnie.

    On dit dans le même sens : relever les tranchées, les postes.

    Relever une sentinelle, un factionnaire, et relever de sentinelle, ôter un soldat qui est en sentinelle, et en mettre un autre à sa place.

    Il se dit aussi du corps, de la troupe même qui succède à une autre dans un poste. Cette troupe va relever telle compagnie. Les voltigeurs furent relevés par les grenadiers.

    Cela se dit également du soldat qui prend la place de celui qu'on ôte de sentinelle. C'est un tel qui a relevé son camarade de sentinelle ; et absolument : c'est lui qui a relevé un tel. Fig. On le relèvera bien de sentinelle, on prendra garde à ses actions, on ne le laissera pas faillir impunément. J'admire que le jésuite se livre comme il fait ayant nos frères les jansénistes pour auditeurs, qui tout d'un coup le relèveront de sentinelle, au moment qu'il y pensera le moins, Sévigné, 16 sept. 1676. Langlade vous mande qu'une autre fois… il la releva bien de sentinelle sur des sottises qu'elle lui disait, Sévigné, 12 févr. 1672.

    Terme de marine. Relever le quart, le timonier, les changer.

  • 26 Terme de cuisine. Remplacer un service ou un plat par un autre. Il se souvient exactement de quels plats on a relevé le premier service, La Bruyère, XI.
  • 27Relever un plant, le tirer de terre pour le repiquer. Lorsqu'on le relève [le plant de frêne] à un an, il faut lui donner le moyen de se fortifier encore une année, en le mettant en rigole, Bosc, Instit. Mém. scienc. 1808, p. 221.
  • 28 Terme de jurisprudence. Libérer d'un engagement. Le pape le relève [Valdemar roi de Danemark] d'un serment fait en prison et par force, Voltaire, Ann. emp. Frédéric II, 1227. Je crois que cette raison seule devrait engager le souverain pontife à relever au moins de leurs vœux tous les jésuites français, espagnols et portugais, D'Alembert, Œuv. t. V, p. 236. J'écrirai à l'évêque de Québec ; il a les pouvoirs nécessaires pour vous relever de vos vœux, Chateaubriand, Atala, Le drame.

    Se faire relever de ses vœux, faire déclarer ses vœux nuls.

    Relever quelqu'un d'une interdiction, lever l'interdiction portée contre lui. Un moine ayant été rebuté un jour par Théodose II qu'il importunait, le moine excommunia l'empereur ; et ce césar fut obligé de se faire relever de l'excommunication par le patriarche de Constantinople, Voltaire, Mœurs, 11.

    En termes d'ancienne pratique, relever un appel, se faire autoriser, par lettre du sceau ou par un arrêt, à poursuivre l'appel qu'on avait interjeté d'une sentence.

    Ancien terme de jurisprudence. Relever l'appelant, l'autoriser à ne pas appeler tout de suite d'un jugement. À moins qu'il n'y ait grande et évidente cause de relever l'appelant, Montesquieu, Esp. XXIX, 16.

  • 29 Terme de féodalité. Relever le fief, donner au seigneur féodal ce que la coutume a réglé pour avoir l'investiture d'un fief comme vacant par la mort du vassal.
  • 30 V. n. Terme de manége. Lever les pieds très haut en galopant. Les chevaux anglais ne relèvent point.
  • 31 Terme de féodalité. Être dans la mouvance d'une seigneurie. Ce fief relevait du comte de Champagne. Naples, qui relevait du pape après avoir relevé des empereurs, Voltaire, Mœurs, 185.

    Par extension, dépendre. Car, ne relevant pas de mon autorité, Le crime qu'elle a fait est d'autre qualité, Rotrou, Antig. IV, 4. Et vous pourriez n'oublier pas Que vous avez un cœur et des appas Qui relèvent de ma puissance, Molière, Psyché, V, 5. Vous dites des merveilles, ma fille, en parlant de la fierté et de la confiance de la jeunesse ; il est vrai qu'on ne relève que de Dieu et de son épée ; on ne trouve rien d'impossible, Sévigné, 555. Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, Bossuet, Reine d'Anglet. Un roi qui ne relevait de personne, et qui n'avait à répondre de ses actions qu'à lui-même, Fléchier, Hist. de Théodose, I, 27.

  • 32Relever de maladie, commencer à se porter mieux, n'être plus alité. On me mande encore que cette H… est à la cour… elle relève d'une maladie, Sévigné, 441. Vos maladies, dieu merci, sont passagères ; je ne relèverai pas de la mienne qui conduit tout doucement dans l'autre monde, Voltaire, Lett. Laharpe, 25 févr. 1772.

    Fig. Au sortir de Pharsale un si grand capitaine Saurait mal son métier, s'il laissait prendre haleine, Et s'il donnait loisir à des cœurs si hardis De relever du coup dont ils sont étourdis, Corneille, Pomp. II, 4.

    On ne croit pas qu'il en relève, il n'y a pas apparence qu'il relève de là, il est bien malade et l'on croit qu'il n'en réchappera pas. Vous ne relèverez point du lit où vous êtes, mais vous mourrez très certainement, Sacy, Bible, Rois, IV, I, 4.

  • 33Sortir de la maison après ses couches, aller entendre la messe et recevoir la bénédiction du prêtre. Madame une telle relèvera demain. On s'établira à Versailles pour y faire les couches de Mme la Dauphine, elle en relèvera à la fin d'août, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 20 févr. 1682.

    Cette femme relève de couches, ou, absolument, est relevée, elle est rétablie de ses couches, elle ne garde plus le lit, elle commence à sortir. Mme de Soubise vient encore d'accoucher ; mais elle relève trop grasse, cela fait qu'on n'a nulle pitié d'elle, Sévigné, 6 janv. 1672. Mandez-moi en quel état vous êtes relevée, si vous avez le teint beau, Sévigné, à Mme de Grignan, 8 mars 1676.

  • 34 Terme de chasse. Se dit de la bête qui sort le soir de son buisson pour aller viander.
  • 35Se relever, v. réfl. Se lever après avoir été à terre. Laissez cet enfant se relever. Relève-toi, Rodrigue, Corneille, Cid, V, 8. Le tyran se relève, il blesse le héros, Voltaire, Mérope, V, 6. Qui tombe sans frayeur se relève intrépide, Delille, Parad. II.

    Absolument. Sortir du lit où l'on était couché. Dieu se compare à cette femme des Proverbes, qui se relève la nuit sans laisser éteindre sa lampe, Bossuet, 2e instr. past. 22. Il faut se relever, rallumer la lampe…, Genlis, Théât. d'éduc. Retour de Tobie, sc. 2.

    Sortir de son lit après une maladie. Vaincue par les transports de sa rage, la marquise tomba malade et ne se releva plus, Rousseau, Hél. VI, 3.

  • 36Se mettre droit, se dresser. La Mollesse, en pleurant, sur un bras se relève, Ouvre un œil languissant…, Boileau, Lutr. II.

    Être mis droit, être redressé. Ce banc est à peu près horizontal ; il se relève cependant de quelques degrés contre le sud-est, Saussure, Voy. Alpes, t. VIII, p. 25, dans POUGENS.

  • 37Être remis dans sa position naturelle. Le navire, qui penchait, se releva lentement.
  • 38 Terme de marine. Se relever d'une côte, parvenir à s'en éloigner.
  • 39Sortir de ses ruines. C'est Hector qui produit ce miracle en votre âme : Il veut que Troie encor se puisse relever Avec cet heureux fils qu'il vous fait conserver, Racine, Andr. IV, 1. Son temple se relève et ses fêtes renaissent, Delille, Pit. IV.
  • 40Reprendre des forces, de la puissance, du crédit. Le superbe est tombé et ne se relèvera pas, disait Jérémie, Bossuet, Hist. II, 4. La Judée, qui commençait à Peine à se relever de sa ruine, Bossuet, ib. I, 8. Les Juifs ayant perdu tout espoir de se relever après les vains efforts que l'empereur Julien avait faits pour les rétablir, Fléchier, Hist. de Théodose, III, 35. L'infanterie espagnole ne s'était jamais relevée depuis la bataille de Rocroy, Hamilton, Gramm. 5. La France, tant de fois prête de succomber, se releva toujours, Voltaire, Mœurs, 163.

    Se relever se dit de l'espérance, du courage. Plus on est poussé au désespoir [pécheurs pénitents], plus l'espérance se relève, Bossuet, Ét. d'orais. X, 17.

    Cette pièce qui avait été froidement accueillie, s'est relevée aux représentations suivantes. On aura beau faire, la pièce ne se relèvera jamais, Genlis, Veill. du chât. t. III, p. 181, dans POUGENS.

    Cela se dit aussi d'un livre. On ne pense pas que le livre de M. Audry se relève jamais du coup mortel qui lui fut porté dans cette rencontre, Mairan, Éloges, Lémery.

    Se relever de quelque perte, de quelque échec, etc. se remettre de quelque perte. Il fallait un homme [Mazarin] qui sût, selon les occasions, profiter de ses avantages, ou se relever de ses pertes, Fléchier, le Tellier.

    Se relever d'un état d'abaissement, de décadence, etc. ou, absolument, se relever, sortir d'un état d'abaissement, de décadence, etc.

  • 41 Fig. Reprendre l'élévation morale, l'innocence morale. Nous [il s'agit d'une fille de Bussy] avons aimé un homme… nous avons été si sotte que de l'épouser… par bonheur nous avons fait le mariage le plus insoutenable du monde ; c'est ainsi que la Providence nous a laissée tomber, et nous présente ensuite les moyens de nous relever, Sévigné, 23 janv. 1682. Ils résistent rarement aux tentations, ils y succombent aisément, ils se relèvent difficilement, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 232. Il est bien plus glorieux de se relever ainsi, que de n'être jamais tombé, Fénelon, Tél. XI. On se relève aisément d'une première chute, Massillon, Carême, Rechute, 1. Il est difficile de se relever après être retombé, Massillon, ib. Il est juste, et d'un gouvernement sage, qu'une famille qui s'est perdue par des fautes puisse se relever par des services, Duclos, Œuv. t. VI, p. 157. Tant l'âme qui a rampé a de peine à se relever ! Duclos, ib. t. V, p. 291.

    Se relever d'un ridicule, échapper au ridicule encouru. Érasme, quoique longtemps moine, ou plutôt parce qu'il l'avait été, jeta sur les moines, dans la plupart de ses écrits, un ridicule dont ils ne se relevèrent pas, Voltaire, Mœurs, 127.

  • 42Se rétablir de ses couches. Elles [les Groenlandaises] accouchent aisément, et se relèvent dès le jour même pour travailler, Buffon, Suppl. à l'hist. nat. Œuv. t. XI, p. 253.
  • 43Se remplacer, se relayer. Nous nous relevions d'heure en heure. On ne sait [chez les Juifs] en quel rang placer les gens de guerre qui se relevaient, au nombre de vingt-quatre mille, à chaque premier jour du mois, avec douze commandants, Bossuet, Polit. IX, VI, 12. Les capucins de Meudon se relevèrent à prier Dieu auprès du corps [de Monseigneur], Saint-Simon, 295, 26.
  • 44Être rehaussé, recevoir plus de relief. Et quand tu vois ce beau carrosse, Où tant d'or se relève en bosse, Qu'il étonne tout le pays, Cotin, dans MOL. Femm. sav. III, 2.
  • 45Se rattacher à, se rendre dépendant de (emploi qui n'est peut-être que dans Pascal). Toute notre dignité consiste dans la pensée : c'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée, Pascal, Pens. I, 6, éd. HAVET.

REMARQUE

On ne croit pas que notre cousine s'en relève ; dites en relève, pour se rétablir, guérir.

HISTORIQUE

XIe s. Isnelement sur lor piez [ils] releverent [se relevèrent], Ch. de Rol. CCLX.

XIIe s. N'est pas sages qui chiet [tombe] quant ne volt relever, Th. le mart. 41. Berars de Mondidier devant Karle est venuz ; à ses piez s'agenoille, ses hom est devenuz ; L'empereres le baise et le releve sus, Sax. I. 83. Li murs de une des citez le rei fut chaüd [tombé], e li reis cumandad as ducs et as princes de la terre, que il le relevassent, Rois, p. 279.

XIIIe s. Nostre sires relieve touz ceux qui trebuchent, Psautier, f° 175. Dou leon conte li escriz, Ki deffais ert [était] et enveilliz ; Malades jut mult longuement, Del relever n'i ot noient, Marie de France, Fable 15. Pere, trestout li anchiien [les anciens] Sont mort ; mais il releveveront, Quant il le cor corner oront [ouïront], Ke li sains angles [ange] sonnera, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 159. Mal est à celui qui va seul ; car, se il chiet, il n'a qui le relieve, Latini, Trésor, p. 588. Fortune, qui l'ot mise jus, L'a moult tost relevée sus, Fl. et Bl. 3335. À chiaus [ceux] qui sont foible et relievent de maladies, Alebrand, f° 8. La royne, qui nouvelement estoit relevée de dame Blanche dont elle avoit geu à Jaffe, arriva à Sayete, Joinville, 279. Il nous fust avis que la terre Vosist [voulût] emprendre estrif et guerre Au ciel d'estre mieux estelée ; Tant iert par ses flors relevée, la Rose, 8466.

XIVe s. Les Volsques relevez de la paour que il avoient eu, Bercheure, f° 35, recto. L'autre dit que, depuis ce qu'ils estoient couchiés, il avoit fait relever sa femme, Ménagier, I, 6. Ont grevé les povres es assietes des fouages, et relevez les plus grands et les plus riches ou au moins imposez à moindre somme qu'il ne deussent estre, Du Cange, rellevare. Jourdain Garnier ala en l'ostel de Jehan Decquetot, pour ce que la femme dudit Jehan, qui estoit cousine de sa femme, devoit relever cellui jour, et là fut ledit Jourdain et sa femme au diner, Du Cange, relevata.

XVe s. Et fut informé que le royaume d'Escoce mouvoit de luy en fief, et que le jeune roy d'Escoce, son serurge [beau-frère], ne l'avoit encores relevé ne faict hommage, Froissart, I, I, 55. Messire Pierre de Berne a de usage que de nuit en dormant il se releve, et s'arme, et trait son espée, et se combat, et ne sait à qui, Froissart, II, III, 14. Le roi respondit fellement qu'il n'en feroit rien ; le comte depuis n'osa relever le mot, mais se departit du roi et s'en alla à son hostel, Froissart, II, II, 203. Icelle Monnette qui relevoit laditte accouchée [la conduisait à l'église lors de ses relevailles], Du Cange, relevata.

XVIe s. Je releveray Carpalim d'une poine : je iray inviter Bridoye, si bon vous semble, Rabelais, Pant. III, 29. De clameurs, o Seigneur, j'ay comblé tes oreilles… Vas-tu donc pour les morts tes hauts faits reser vant ? Se releveront-ils pour chanter tes merveilles ? Desportes, Œuv. chrét. XVIII, psal. 88. Une subtilité aiguë et relevée [dans la poésie], Montaigne, I, 266. Nous estions perdus si ce livre [le Plutarque d'Amyot] ne nous eust relevez du bourbier, Montaigne, II, 41. Si j'en estois un coup vaincu et atterré [de peur], je ne m'en releverois jamais bien, Montaigne, IV, 4. Qu'est-il donc de faire pour abolir ces petites guerres qui se font en paix, et qui rallument les haines et relevent les partialitez ? Lanoue, 107. Les catholiques avoyent quatre avantages sur leurs ennemis : à sçavoir l'artillerie, le nombre d'hommes, les bataillons de picques, et la place haute et relevée, Lanoue, 620. La resistance qu'elle [la Rochelle] fit releva les affaires de ceux de la religion, Lanoue, 693. L'heritier du mari doit relever l'heritage sur lequel la femme prend douaire [il en doit foi et relief, comme nu-proprietaire], Loysel, 154. Ce vent là portoit grand dommage aux navires barbaresques, qui avoient les proues relevées et les planchez haultz, Amyot, Thém. 28. Les assistans, prenans ceste cheutte à mauvais presage, s'en troublerent : mais luy, après s'estre relevé, leur dit…, Amyot, Cam. 12. Des ouvrages relevez en bosse, Amyot, P. Aem. 55. Il avoit aussi les cheveux un peu relevez, Amyot, Pomp. 2. Il s'alla mettre au lict, dont il ne se releva oncques puis, Amyot, Cicér 11. Il est venu offrir de merveilleuses richesses pour relever la couronne d'une grande partie de ses debtes, D'Aubigné, Faen. III, 17. L'Estat alloit si mal, que les qualitez les plus relevées estoient opprimées, D'Aubigné, ib. III, 21. [Porter] la moustache trop relevée, D'Aubigné, ib. III, 23. Il chargea d'Aubigné d'aller relever les vedettes, D'Aubigné, Vie, XCVII. De faire sçavoir à mes enfans qui ont esté ici declarez roturiers, que, s'ils n'ont la vertu des nobles pour s'en relever, je consens à l'arrest, D'Aubigné, Hist II, 131. De là le vicomte, relevé d'une petite maladie, resolut le siege de Reolle-ville, D'Aubigné, ib. II, 161. Elle manda à ceux des Païs-bas qu'elle estoit preste de relever [réparer] la faute de son fils, D'Aubigné, ib. II, 456. Fort est qui abbat, et plus fort qui se releve, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Wallon, rilevé ; provenç. et espagn. relevar ; ital. rilevare ; du lat. relevare, de re, et levare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RELEVER. Ajoutez :
46Faire renaître un usage, une tradition. L'empereur, relevant une tradition qui remonte à Henri IV, a repris le titre de premier chanoine de Saint-Jean de Latran, Journ. offic. 2 mai 1870, p. 757, 2e col.
47 Terme de droit. Relever un huis clos, le faire cesser. La cour relève le huis clos ; les portes sont rouvertes, et les débats de la seconde affaire s'engagent, Gaz. des Trib. 29 juin 1876, p. 636, 2e col.
48 V. n. En termes de marine, quitter un port, une rade. La Martinique, paquebot de la compagnie générale transatlantique, est arrivée sur notre rade [Saint-Thomas], le 5 courant ; elle en a relevé le 6 pour la Havane et Vera-Cruz, Journ. offic. 9 déc. 1874, p. 8123, 1re col. On mande de Plymouth, 14 mai : Le paquebot-poste… est arrivé ici à 3 heures et demie, et en a relevé le 14 pour New-York, ib. 15 mai 1876, p. 3278, 2e col. Dans de telles circonstances, le capitaine n'est pas tenu de relever pour un port voisin, mieux pourvu de moyens de réparations, si…, Gaz. des Trib. 28 oct. 1876, p. 1039, 4e col.