« religieux », définition dans le dictionnaire Littré

religieux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

religieux, euse

(re-li-ji-eû, eû-z') adj.
  • 1Qui appartient à la religion. L'Église enseigne que tout culte religieux se doit terminer à Dieu comme à sa fin nécessaire ; et, si l'honneur qu'elle rend à la sainte Vierge et aux saints peut être appelé religieux, c'est à cause qu'il se rapporte nécessairement à Dieu, Bossuet, Expos. doctr. cath. 3. Nous ne saurions peindre l'émotion que nous causèrent ces chants religieux, Chateaubriand, Génie, III, V, 3. C'est dans les grands événements de la vie que les coutumes religieuses offrent aux malheureux leurs consolations, Chateaubriand, ib. III, V, 6. Les anciens même avaient fait aussi du jour de repos un jour religieux, Chateaubriand, ib. IV, I, 4. Chez les divers peuples de la terre, les cérémonies religieuses sont nées du sacrifice, Chateaubriand, ib. IV, I, 5.

    Chez les anciens Égyptiens, année religieuse ou secrète, année solaire ou fixe de 365 jours et un quart, d'après laquelle les prêtres égyptiens marquaient les fêtes.

    Maladies religieuses, maladies qui portent sur le système nerveux, et qui naissent sous l'empire des émotions et des idées religieuses ; elles sont essentiellement épidémiques.

  • 2Conforme à la religion. Il [le cardinal de Retz] se porte très bien, et fait une vie très religieuse, Sévigné, 31 juill. 1675. Lorsque, pour seconder ses soins religieux [de Titus], Le sénat a placé son père entre les dieux, Racine, Bérén. I, 4. Ayez vous-même un noble et religieux respect pour les vérités de la religion, Massillon, Pet. carême, Resp. que les gr. doivent à la relig. Votre réponse est bien religieuse, repartit le docteur, Bernardin de Saint-Pierre, Ch. ind. Le sentiment religieux unit intimement les hommes entre eux, quand l'amour-propre et le fanatisme n'en font pas un objet de jalousie et de haine, Staël, Corinne, X, 5. Celle [la cloche] qu'une religieuse frayeur balançait dans nos campagnes pour écarter le tonnerre, Chateaubriand, Génie, IV, I, 1. L'aube… offre de douces consonnances avec les idées religieuses, Chateaubriand, ib. IV, I, 2.
  • 3Qui vit selon les règles de la religion. La sage et religieuse princesse qui fait l'objet de ce discours, Bossuet, Reine d'Anglet. C'est une chose délicate à un prince religieux, de réformer la cour, et de la rendre pieuse, La Bruyère, XIII. Celui à qui l'on demande quelle est sa religion, et qui répond la religion du prince, se montre plus courtisan que religieux, Diderot, Opin. des anc. philos. (éclectisme). La médisance ou la calomnie accusait l'homme en place de n'être pas fort religieux, D'Alembert, Éloges, de Houttev. Des anciens rois quand revint la famille, Lui [Chateaubriand], de leur sceptre appui religieux, Crut aux Bourbons faire adopter pour fille La Liberté qui se passe d'aïeux, Béranger, à Chateaubriand.
  • 4Exact, ponctuel, scrupuleux, au point de s'en faire une sorte de religion. Je les vois [les gens de Port-Royal] si religieux à se taire, que je crains qu'il n'y ait en cela de l'excès, Pascal, Prov. XVIII. Peut-être que les Juifs étaient plus dociles que les autres peuples, ou qu'ils étaient moins religieux à conserver leurs saints livres ? Bossuet, Hist. II, 13. Les Grecs étaient fort religieux à s'acquitter de ce devoir [la sépulture des morts], Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 2e part. p. 402, dans POUGENS. Les Romains étaient le peuple du monde le plus religieux sur le serment, Montesquieu, Rom. 1.
  • 5Qui appartient à un ordre monastique. L'amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi-même, c'est ce qui fait la vie nouvelle du christianisme ; et c'est ce qui, étant porté à la perfection, fait la vie religieuse, Bossuet, la Vallière. Elle aimait tout dans la vie religieuse, jusqu'à ses austérités et à ses humiliations, Bossuet, Anne de Gonz. La retraite religieuse peut nous préserver de tous les autres dangers du monde ; mais la charité n'y est pas toujours plus en assurance qu'ailleurs, Bourdaloue, Instruct. charité, Exhort. t. II, p. 365. Plus vous avancerez dans la profession religieuse, plus vous devez croître dans la grâce de votre état, dans le désir de votre perfection, dans l'amour de vos devoirs et de vos règles, Massillon, Profess. relig. Serm. 2. Le dépouillement religieux y met [dans les couvents] à couvert de la tentation des richesses, premier écueil de la vie humaine, Massillon, ib.
  • 6 S. m. et f. Personne engagée par des vœux monastiques. Il s'est fait un miracle à une religieuse de Pontoise, qui, sans sortir de son couvent, a été guérie d'un mal de tête extraordinaire par une dévotion à la Sainte-Épine, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 9. C'est la première fois que j'ai vu une religieuse parler et penser en religieuse ; j'en ai bien vu qui étaient agitées du mariage de leurs parentes, qui sont au désespoir que leurs nièces ne soient point encore mariées, qui sont vindicatives, médisantes, intéressées, prévenues ; cela se trouve aisément ; mais je n'en ai point encore vu qui fût véritablement et sincèrement morte au monde, Sévigné, 388. Les prêtres et les religieux, zélés et infatigables pasteurs de ce troupeau affligé [les catholiques anglais], Bossuet, Reine d'Anglet. La princesse Anne n'aspirait plus qu'au bonheur d'être une humble religieuse d'une sœur [qui était abbesse] dont elle admirait la vertu, Bossuet, Anne de Gonz. Les religieux n'ont pas l'esprit ni le cœur tourné comme les autres hommes du monde, ni même comme les ecclésiastiques ; ils sont unis à moins de choses, mais ils y sont naturellement plus fortement attachés, Malebranche, Rech. V, 3. Une mère, je ne dis pas qui cède et qui se rend à la vocation de sa fille, mais qui la fait religieuse, se charge d'une âme avec la sienne, La Bruyère, XIV. La mort de cet homme qui avait passé une assez longue vie à la guerre, dans les cours, dans le tumulte du monde, fut celle d'un religieux de la Trappe, Fontenelle, Renau. Il [Bossuet] présentait un jour à Louis XIV le P. Mabillon, comme le religieux le plus savant de son royaume… ajoutez et le plus humble, dit l'archevêque de Reims, le Tellier, qui croyait faire une épigramme bien adroite contre la modestie du prélat, D'Alembert, Éloges, Bossuet. Cette multitude de religieux et de religieuses dévoués au service des hôpitaux, Chateaubriand, Génie, IV, III, 6.

    Il s'est dit, par plaisanterie, des femmes consacrées dans l'antiquité au culte de certaines divinités. Le royaume de Thoas où la belle Iphigénie fut si longtemps religieuse, Voltaire, Lett. à Cath. 86.

    À la religieuse, chacun à part. Ils étaient six-vingts à table ; ils furent traités à la religieuse, chacun à part ; ils eurent chacun quinze plats, Patin, Lett. t. II, p. 604.

    Religieuse, nom d'une espèce de sarcelle. Une robe blanche, un bandeau blanc avec coiffe et manteau noirs ont fait donner le surnom de religieuse à cette sarcelle de la Louisiane, Buffon, Ois. t. XVII, p. 410.

    Religieuse, nom donné par Belon à la bernache.

HISTORIQUE

XIIe s. Li religius prince, qui volt bonté amer, Deit noveles iglises drescier e alever, Th. le mart. 73.

XIIIe s. N'ai-ge dont aussi bien chanté Anuit à vespres comme vous ? E autant sui religious Et nez [net] et prodom de ma main, Ren. 21408. Cist a robe religieuse, Donques est-il religieus, la Rose, 11090. On apele liex [lieux] religieus les manoirs enclos de murs qui sont as gens de religion, Beaumanoir, XI, 22. Car plein d'orgueil et d'envie Sunt cil qui semblent meillor ; Par dehors ont religious atour, Et par dedens sunt plein d'ypocrisie, cité dans COUSSEMAKER, l'Art harmonique, p. 217. Se li pecheor vont en enfer, donc vont li religious en paradis, Latini, Trésor, p. 539.

XVe s. Vous avez la noble couronne de Portingal donnée à un clerc, homme religieux et bastard, Froissart, II, III, 4. Mais soit bonne et religieuse, Et de sa besongne songneuse De son hostel à droit tenir, Deschamps, Poés. mss. f° 492.

XVIe s. Vous estes de la religion [protestant] ? - Oui, monsieur, et ne suis pas si bon religieux que je devrois, D'Aubigné, Faen. I, 10. Les Lacedemoniens, religieux observateurs des ordonnances de…, Montaigne, I, 126. [Le phénix] Oiseau religieux aux manes de son pere, Ronsard, 662.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. religios, relegios ; espagn. et ital. religioso ; du lat. religiosus (voy. RELIGION). Une religieuse, en latin religiosa, ne se trouve dans les inscriptions qu'au commencement du VIe siècle, Le Blant, Inscr. chrét. de la Gaule, Préface, p. 10. Auparavant on disait puella domini.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RELIGIEUX. Ajoutez :
7La religieuse, un des noms vulgaires de la mantis religiosa, orthoptère.