« succession », définition dans le dictionnaire Littré

succession

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

succession

(su-ksè-si-on) s. f.
  • 1Série de personnes ou de choses qui se suivent sans interruption ou à peu d'intervalle l'une de l'autre. La succession de Moïse et des patriarches ne fait qu'une même suite avec celle de Jésus-Christ, Bossuet, Hist. II, 13. Cette succession [dans l'Église catholique] ne convient pas aux calvinistes, qui, dans leurs dogmes particuliers, n'ont pas plus de succession ni d'antiquité que les sociniens, Bossuet, Var. XV, 94. Ceux qui paraissent mépriser l'argument de la succession [des pasteurs] en sentent malgré eux la force, Fénelon, t. II, p. 5. Les voies de la grâce dans la conversion des pécheurs ne sont pas toujours les mêmes, mes frères : tantôt c'est un rayon vif et perçant… tantôt c'est une clarté plus tempérée, qui a ses progrès et ses successions, Massillon, Carême, Samarit. Comme il n'y a point de succession dans Dieu, si l'on admet qu'il ait voulu quelque chose une fois, il l'a voulu toujours et dès le commencement, Montesquieu, Lett. pers. 113. Je sais bien qu'une succession infinie d'êtres qui n'avaient point d'origine est aussi absurde [que l'idée de néant] ; Samuel Clarke le démontre assez, Voltaire, Phil. ignor. 20. J'avoue que la succession de nos idées est, par rapport à nous, la seule mesure du temps, Buffon, Hist. nat. hom. Œuvr. t. IV, p. 373. Quelque longue qu'on voulût imaginer la succession des temps, quelque nombre de générations qu'on admette et qu'on suppose, Buffon, Époq. nat. Œuvr. t. XII, p. 39. Moments précieux et si regrettés ! ah !… coulez plus lentement dans mon souvenir, s'il est possible, que vous ne fîtes réellement dans votre fugitive succession, Rousseau, Conf. VI, 1re part. L'être pour qui les temps n'ont point de succession [Dieu], Rousseau, Hél. VI, 6. Les plaisirs de l'oreille consistent principalement dans la mélodie, c'est-à-dire dans une succession de sons harmonieux auxquels la mesure donne différents caractères, Condillac, Traité sens. I, VIII, 6.

    Par succession de temps, par une longue suite de temps. Ces anciennes cités, qui, n'ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues, par succession de temps, de grandes villes, Descartes, Méth. II, 1.

  • 2Hérédité, les biens qu'une personne laisse en mourant. Venir à la succession de quelqu'un. L'ouverture, le partage de la succession. Je crois que Vardes vous mènera le Grand Maître, qui s'en va recueillir une petite succession de quatre cent mille écus, Sévigné, 302. Je vous ai toujours ouï dire que les grandes successions étouffaient les sentiments de la nature : si cela est, tout doit rire dans cette maison, Sévigné, Lett. à Bussy, 28 oct. 1685. Contraint de défendre les droits de sa succession contre des prétentions illégitimes, Fléchier, le Tellier. Les successions s'ouvrent par la mort naturelle et par la mort civile, Code civ. art. 718. Toute succession échue à des ascendants ou à des collatéraux se divise en deux parts, l'une pour les parents de la ligne paternelle, l'autre pour les parents de la ligne maternelle, ib. art. 733. On ne peut vendre la succession d'une personne vivante, même de son consentement, ib. art. 1600. Le mot succession a deux acceptions différentes : il signifie le plus souvent la transmission des biens d'une personne morte à une personne vivante ; quelquefois la réunion [l'ensemble] même de ces biens ; les biens sont transmis ou par la volonté de l'homme ou par le seul effet de la loi : dans le premier cas, la succession est testamentaire ou contractuelle ; dans le second, légitime ou ab intestat ; cette dernière succession se divise en régulière (succession des descendants, des ascendants et des collatéraux) et en irrégulière (enfants naturels, conjoint survivant, l'État, les hospices), Dalloz, Répertoire abrégé de législation, v° succession.

    Fig. Elle [la mère de M. de Lamoignon] crut qu'elle ne pouvait leur laisser [à ses enfants] un bien plus solide que la succession de sa charité, Fléchier, Lamoignon. Il ne recueillit de ses pères qu'une succession d'innocence et de candeur, Massillon, Panég. saint Franç. de Paule.

    Poudre de succession. Lesage, la Voisin, la Vigoureux et d'autres complices encore étaient en prison, accusés d'avoir vendu des poisons qu'on appelait la poudre de succession, Voltaire, Louis XIV, 26.

    Succession à l'empire, à la couronne, prise de possession de l'autorité souveraine par droit héréditaire. Elle allait unir la maison de France à celle des Stuarts, qui étaient venus à la succession de la couronne d'Angleterre par une fille de Henri VII, Bossuet, Reine d'Anglet. Dans les États où il n'y a point de lois fondamentales, la succession à l'empire ne saurait être fixe, Montesquieu, Esp. v, 14. L'ordre de succession n'était point dans l'Asie une loi reconnue comme dans les nations de l'Europe, Voltaire, Mœurs, 194.

  • 3Il se dit aussi du mode de transmission des hérédités. Succession directe. Succession collatérale. Succession sous bénéfice d'inventaire.
  • 4Guerre de la succession d'Espagne ou, absolument, guerre de la succession, guerre suscitée à Louis XIV par les prétentions de l'Autriche sur le trône d'Espagne. Ce prélat [Belluga] avait rendu les plus grands services à Philippe V dans la guerre de la succession, Duclos, Œuvr. t. v, p. 421.

    Acte de succession, décision du parlement d'Angleterre qui exclut les catholiques du trône (1701).

HISTORIQUE

XIIIe s. Il fut jugié… qu'il venroient à le [la] succession du pere et de le [la] mere, Beaumanoir, XVIII, 18.

XIVe s. Par succession de temps, Oresme, Eth. 301.

XVe s. Je [France], qui à toy suis par succession, Deschamps, Sur quels points doit durer ce royaume.

XVIe s. Plusieurs successions de vies d'hommes les uns après les autres, Amyot, Péric. 26. La succession au royaume appartenoit au filz ainé, Amyot, Agésil. 1. Une nation en laquelle il n'y a… nuls contracts, nulles successions, nuls partages…, Montaigne, I, 236. M. Crassus et Q. Hortensius… ayant esté pour certaines quotitez appelez par un estrangier à la succession d'un testament fauls, Montaigne, III, 14.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. successio ; espagn. sucesion ; ital. successione ; du lat. successionem, de successum, supin de succedere, succéder.