« écorce », définition dans le dictionnaire Littré

écorce

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écorce

(é-kor-s') s. f.
  • 1Enveloppe de la tige des plantes ligneuses. L'écorce du chêne.

    Écorce du Pérou, le quinquina. Du temps de la Fontaine on disait l'écorce du kin : Ce dieu, dis-je, touché de l'humaine misère, Produisit un remède au plus grand de nos maux : C'est l'écorce du kin, seconde panacée ; Loin des peuples connus Apollon l'a placée, La Fontaine, Quinquina, I.

    Dans le langage précis de la botanique, enveloppe extérieure du tronc et des branches des plantes dicotylédones, composée de quatre parties distinctes : l'épiderme, le liége, la couche herbacée et le liber.

  • 2 Par extension, enveloppe de certains fruits. Écorce d'orange, de grenade.

    Familièrement. Quand on a pressé l'orange, on jette l'écorce, c'est-à-dire on néglige celui dont on n'a plus besoin.

  • 3L'écorce du globe, les couches de terrain qui forment la croûte solide et la superficie du globe terrestre.
  • 4 Fig. La superficie des choses, l'apparence. Le vulgaire s'arrête à l'écorce et aux apparences, Patru, Plaidoyer 7, dans RICHELET. Le peuple qui voit tout seulement par l'écorce, Corneille, Hor. V, 2. Ceux qui parlent avec tant de facilité ne s'attachent d'ordinaire qu'à l'écorce des choses, Saint-Évremond, dans RICHELET. Nous ne connaissons que la surface et l'écorce de la plupart des choses, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, ch. 8. Il plaît, il charme, il touche, à n'en voir que l'écorce ; Au fond, l'esprit et lui sont peut-être en divorce, Boursault, Ésope, I, 3. Ici [chez les grands] se cache une séve maligne et corrompue sous l'écorce de la politesse, La Bruyère, IX. Nous pensions voir à fond les vérités que Dieu nous a révélées, et nous n'en touchions que l'écorce grossière, Fénelon, t. XVIII, p. 7. Vous regarderez cette régularité apparente qui vous rassurait, cette écorce de vertu comme un linge souillé, Massillon, Conf. Retraite. Le pécheur ne voit de tout ce qui est autour de lui que la surface et l'écorce, Massillon, Panég. St Ben. L'abbé de Polignac était amusant en récit, possédait l'écorce de tous les arts, Saint-Simon, 153, 239. J'ai vu mille peines cruelles Sous un vain masque de bonheur, Mille petitesses réelles Sous une écorce de grandeur, Gresset, Chartreuse. Croyez-vous qu'en ne me donnant pas plus de peine que je n'en prends, je pourrai un jour avoir du moins l'apparence de quelques talents… l'écorce ? c'est tout ce que je voudrais, Genlis, Théâtre d'éduc. l'Enf. gâté, I, 3. Il est bien naturel que, dans le sein du monde où l'on a le plus de désir et d'intérêt de se faire valoir, toutes les écorces soient séduisantes et tous les moyens de plaire et d'intéresser mieux calculés qu'ailleurs, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 115, dans POUGENS.
  • 5 Terme d'architecture. La partie latérale des volutes du chapiteau ionique.
  • 6Écorce de citron, belle espèce de cône, sorte de coquille.

PROVERBES

Il ne faut pas juger de l'arbre par l'écorce, il ne faut pas juger d'après les apparences.

Juger du bois par l'écorce, juger du dedans par le dehors. On juge du bois par l'écorce Et du dedans par le dehors ; Considérez de près nos corps, Et jugez quels nous devons être, Scarron, Virg. trav. liv. VII.

Il ne faut point mettre le doigt entre l'arbre et l'écorce, et, plus souvent, avec inversion, entre l'arbre et l'écorce il ne faut pas mettre le doigt, c'est-à-dire il n'est jamais prudent d'intervenir dans les querelles de famille. Molière a plaisamment interverti le proverbe : Apprenez que Cicéron dit qu'entre l'arbre et le doigt il ne faut pas mettre l'écorce, Molière, Méd. m. lui, I, 1.

HISTORIQUE

XIIIe s. Les escus [il] froisse et fent, com s'il fussent d'escorce, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 19. Biaus noiaux gist soz foible escorce, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 67. Car ce que l'en a pour noiant [rien], Tant le va l'en plus viltoiant, L'en nel prise pas une escorce, la Rose, 13909.

XIVe s. Souffert avoint trop de meschance, Gardant le royaume de France D'oppression, de tort, de force ; Des vis [de visages] sembloint à une escorsse, Liv. du bon Jehan, 2796.

XVe s. Dessoubz sure escorche gist le doux miel, et la souffrance est bonne quant en la fin elle tourne en joye, Perceforest, t. III, f° 39.

XVIe s. L'esperance, qui est toujours compagne du malheur, lui tint escorce [le trompa, l'abusa], l'assurant que s'amie portoit bien la part de cet ennui, Yver, p. 540. On ne doit mettre le doigt entre l'escorce et le bois, H. Estienne, De la précell. du lang. fr. p. 194. …Tout l'imparfait de mon escorce humaine, Ronsard, 89. Leurs bastiments [des peuplades du nouveau monde] sont fort longs, et capables de deux ou trois cents ames, estoffez d'escorces de grands arbres, Montaigne, I, 237.

ÉTYMOLOGIE

Picard, écorche ; wallon, hoise ; anc. wallon, xhorche, xhoise ; namur. choiche ; provenç. escorsa ; catal. escorxa ; ital. scorza ; du latin corticem, écorce, avec la prosthèse de l's ou es déterminée par excorticare, écorcher.