« épouser », définition dans le dictionnaire Littré

épouser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

épouser

(é-pou-zé) v. a.
  • 1Prendre pour époux ou pour épouse. Cette veuve a épousé un jeune homme. Il épousera sa cousine. Près d'épouser la sœur, il faut tuer le frère, Corneille, Hor. II, 3. Il [Claude] n'osait épouser la fille de son frère, Racine, Brit. IV, 2. Il était défendu à un homme qui avait soixante ans d'épouser une femme qui en avait cinquante, Montesquieu, Esp. XXIII, 21.

    Absolument. Je prends loi de Cassandre, épousons dès ce soir, Rotrou, Vencesl. III, 2. L'hymen détruit la tendresse ; Il rend l'amour sans attraits ; Voulez-vous aimer sans cesse, Amants, n'épousez jamais, Quinault, Alceste, v, 3. C'est, dans son caractère, une espèce parfaite ; Un ambigu nouveau de prude et de coquette, Qui croit mettre les cœurs à contribution, Et qui veut épouser, c'est là sa passion, Regnard, Joueur, I, 6.

    Il s'est laissé épouser, se dit, avec quelque ironie, d'un homme à qui on a fait les avances d'un mariage, et qui s'est laissé faire.

    Épouser la mer, se disait, dans la république de Venise, d'une cérémonie annuelle où figurait le doge, et qui était la célébration d'un droit de souveraineté sur l'Adriatique conféré au doge en 1277 par le pape Alexandre III.

  • 2Il se dit des choses qu'on reçoit en épousant une femme. Épouser une grosse dot.

    Il épouse la misère, se dit en parlant d'une personne qui se marie à une autre très pauvre.

  • 3Marier, rendre époux ; sens archaïque, aujourd'hui inusité. Aucun des curés ne voulut les épouser, Scarron, Rom. com. III, 14.
  • 4 Fig. S'attacher par choix à, prendre parti pour. Dieux seuls que je réclame, épousez ma défense, Mairet, Mort d'Asdrubal, III, 2. Il fallut épouser les passions du frère, Corneille, Perth. I, 1. On ne montera point au rang dont je dévale, Qu'en épousant ma haine au lieu de ma rivale, Corneille, Rodog. II, 2. Le mien [mon maître] me fait ici épouser ses inquiétudes, Molière, Sicil. 1. Et sur les questions qu'on pourra proposer, Faire entrer chaque secte et n'en point épouser, Molière, F. sav. III, 2. Dois-je épouser ses droits contre un père irrité ? Racine, Phèdre, I, 1. Tu épouseras mes intérêts, Lesage, Gil Blas, X, 11. Quelques vengeurs pourtant, armés d'un noble zèle, Ont de ces morts fameux épousé la querelle, Gilbert, Le 18e siècle.
  • 5On dit quelquefois dans le langage familier, épouser une étude, un instrument, s'y appliquer.
  • 6S'épouser, v. réfl. S'unir par mariage. Ils s'aimaient depuis longtemps, enfin ils se sont épousés. Tu vois que c'en est fait, ils se vont épouser, Racine, Baj. III, 3. On s'épouse de tout temps, on s'épousera toujours ; on n'a que cette honnête ressource quand on aime, Marivaux, le Legs, sc. 2.

PROVERBES

Tel fiance qui n'épouse pas, se dit pour exprimer que les affaires manquent qu'on tenait pour les plus assurées ; on n'achève pas tout ce qu'on commence.

Qui épouse la femme épouse les dettes.

HISTORIQUE

XIIe s. Du meillor homme serez vous esposée, Ronc. p. 161.

XIIIe s. Espousa rois Pepins Berte la belle et gente, Berte, X. Dont vont entre els no barons devisant là où on espouseroit [marierait] la demoiselle, et quant, H. de Valenciennes, XI. Il me mena à un prestre en secrè liu qui m'espousa, et je ne l'ozai veer [refuser], [de peur] qu'il ne m'ocesist, Beaumanoir, XXX, 98.

XVe s. [Leur fille] ayant depuis peu de jours esté espousée avec le roy de Portugal, Commines, VIII, 17.

XVIe s. Les filles n'osent espouser [se marier] qu'elles n'ayent…, Montaigne, I, 113. Il ne fault pas seulement loger la science chez soy, il la fault espouser, Montaigne, I, 199. Il fault [pour la vérité d'un récit] un homme qui n'ayt rien espousé [sans parti pris], Montaigne, I, 233. C'est trahison de se marier sans s'espouser, Montaigne, III, 323. Qui espouse le corps espouse les dettes, Loysel, 110. Il permit à qui voudroit de prendre et espouser la querelle de celuy que l'on auroit oultragé, Amyot, Solon, 32. Il avoit tousjours continué à espouser leurs affaires, ne plus ne moins que si c'eussent esté ses alliez, Amyot, P. AEM. 62. Le fit prendre prisonnier avec monsieur de Montmorency au bois de Vincennes, et puis espouser [confiner] à la bastille pour seize ou dix sept mois, Brantôme, Cap. fr. t. II, p. 315, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, sipozé ; provenç. espozar ; catal. esposar ; ital. sposare ; du latin sponsare, de sponsum (voy. ÉPOUX). Dans l'ancienne langue, espouser voulait dire aussi marier.