« attenter », définition dans le dictionnaire Littré

attenter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

attenter

(a-tan-té)
  • 1 V. n. Commettre un attentat. Ils avaient déjà attenté sur sa vie, Bossuet, Déf. Il avait osé attenter sur le trône de son créateur, Bossuet, II, Démons. 2. Ces pauvres qui attenteront contre les riches, Fléchier, Serm. I, 56. De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ? Racine, Phèd. I, 3. Et l'on craint… Que sa douleur bientôt n'attente sur ses jours, Racine, Brit. V, 8. Vous croyez que… Je prétends attenter à votre liberté, Racine, Mithr. I, 2. Vous attentez enfin jusqu'à ma liberté, Racine, Brit. IV, 2. Qui conserva le fils attente sur le père, Corneille, Héracl. III, 2. On a dix fois sur vous attenté sans effet, Corneille, Cinna, II, 1. Je recevrais de lui la place de Livie Comme un moyen plus sûr d'attenter à sa vie, Corneille, Cinna, I, 2. C'est attenter sur nous qu'ordonner de sa vie, Corneille, Nic. V. Sous promesse de ne plus attenter à sa vie, Pascal, Prov. 7.

    Absolument. Guise attenta, quel que fût son projet, Trop peu pour un tyran, mais trop pour un sujet, Voltaire, Henr. III.

    Commencer l'exécution. Un Marsyas songea qu'il coupait la gorge à Denys ; celui-ci le fit mourir… c'était une grande tyrannie, car quand même il y aurait pensé, il n'avait pas attenté, Montesquieu, Espr. XII, 11.

    Faire une tentative sur. Chassez des corps les maladies les plus obscures ; n'attentez pas sur celles de l'esprit ; laissez à Corine, à Trimalcion, la passion ou la fureur des charlatans, La Bruyère, 14.

  • 2 V. a. Ils ne voulaient rien attenter contre le roi ni contre la reine, Bossuet, Var. 10. Pour qu'on n'attente rien les uns sur les autres, Bossuet, Polit. Ayant attenté le plus grand de tous les crimes, Vaugelas, Q. C. 341. Jusqu'à plus attenter que je n'aurais osé, Corneille, Pomp. III, 2. Il n'attentera rien tant qu'il craindra pour lui, Corneille, Nicom. V, 5. Et si ma main pour vous n'avait tout attenté, Corneille, Rod. II, 3.

HISTORIQUE

XVIe s. Si nous attentons de penetrer au decret eternel de Dieu, ce nous sera un abysme pour nous engloutir, Calvin, Inst. 774. Oser attenter un tel acte, Calvin, ib. 795. Quantes victoires ont esté tollues des mains des vaincqueurs, quand ilz ont attenté destruire totallement leurs ennemyz, Rabelais, Garg. I, 43. Haïssant ceulx qui attenteroient de changer l'estat present de la chose publique, Amyot, Solon, 61. Et luy commanderent de les conduire tout chaudement à l'encontre de ces tyrans, qui avoient attenté et entrepris sur la liberté du peuple, Amyot, Alc. 53. Plustost mourir que d'attenter à sa vie … Qu'il veuille attenter jusques-là de rompre la paix et remettre le royaume en trouble, Carloix, IX, 36. Combien ce Dieu qui noz esprits resveille, Faisant plus haut mes desirs attenter, Du Bellay, J. V, 36, recto.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. attentar ; ital. attentare ; du latin attentare, de ad, à, et de tentare, tenter.