« héritier », définition dans le dictionnaire Littré

héritier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

héritier, ière [1]

(é-ri-tié, tiè-r') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui, d'après la loi, hérite ou qui doit hériter de quelqu'un. Héritier naturel, légitime. Quoiqu'étant sortis de la boue, ils [certains favoris] ne soient, à bien dire, parents de personne, ils croient être héritiers de tout le monde, Guez de Balzac, De la cour, 7e disc. Je le fais roi de Pont et mon seul héritier, Corneille, Nicom. IV, 4. Je ne veux d'héritiers que votre Rome, ou vous, Corneille, Sertor. V, 7. Reconnais l'héritier et le vrai fils d'Atrée, Racine, Iphig. V, 4. Déplorable héritier de ces rois triomphants, Racine, Athal. I, 1. L'héritier prodigue paye de superbes funérailles et dévore le reste, La Bruyère, VI. Tous les hommes, par les postes différents, par les titres et par les successions, se regardent comme héritiers les uns des autres, et cultivent par cet intérêt, pendant tout le cours de leur vie, un désir secret et enveloppé de la mort d'autrui, La Bruyère, ib. Que me sert-il d'avoir une avide cohorte D'héritiers qui toujours veille et dort à ma porte, De gens qui, furetant les clefs du coffre-fort, Me détendront mon lit peut-être avant ma mort ? Regnard, Légat. I, 4. Non, je ne connais pas de plus charmant plaisir Que de voir d'héritiers une troupe affligée, Le maintien interdit et la mine allongée, Lire un long testament où, pâles, étonnés, On leur laisse un bonsoir avec un pied de nez, Regnard, ib. Tous les descendants qui vivaient sous la puissance du père qu'on appela héritiers-siens, Montesquieu, Esp. XXVII, 1.

    Héritier bénéficiaire, celui qui accepte la succession sous bénéfice d'inventaire. Héritier fidéicommissaire, héritier institué pour rendre la succession à une autre personne.

    Héritier présomptif, voy. PRÉSOMPTIF.

    Adjectivement. Car telle est la gent héritière ; Vous lui laissez des monceaux d'or ; Elle plaint au défunt le bûcher ou la bière, Lamotte, Fabl. I, 19.

  • 2Il se dit par rapport à la chose dont on hérite. Héritier d'une grande fortune. On la regardait [Marie - Thérèse] en Espagne non pas comme une infante, mais comme un infant ; car c'est ainsi qu'on y appelle la princesse qu'on reconnaît comme héritière de tant de royaumes, Bossuet, Mar.-Thér. Le crime d'en avoir dépouillé l'héritière [du trône], Racine, Brit. II, 3.

    Fig. Se montrer le digne héritier de la gloire de ses ancêtres. Ces deux syllabes précieuses Qui font ensemble votre nom [Condé], Seront [après votre mort] de tout votre renom Les héritières glorieuses, Voiture, Œuvres, t. II, p. 201. Il est né l'enfant du miracle, Héritier du sang d'un martyr, Lamartine, Médit. I, 15.

  • 3Se dit pour enfant, à cause que les enfants sont les héritiers naturels. Sa femme ne lui a point donné d'héritier. Talestris, reine des Amazones, avoua à Alexandre qu'elle se croyait digne de donner des héritiers à son empire, Vaugelas, Q. C. VI, 5. Latin d'héritier n'avoit point, Qui portât chausses et pourpoint ; Mais il avait une héritière, Fille sans tache et fort entière, Scarron, Virg. VII. L'empire vainement demande un héritier, Racine, Brit. II, 2. Ma famille ne craint rien tant que de me voir un petit héritier, et je fais tout mon possible pour leur donner ce chagrin-là, Dancourt, la Gazette, sc. 11.
  • 4 S. f. Héritière, fille unique qui doit hériter d'une grande succession. Cette belle vaut mieux que la plus grande héritière de France, Sévigné, 8. La plupart des riches héritières, pour qui l'équitable nature semble avare de ses richesses, à mesure qu'elles sont comblées de celles de la fortune, Hamilton, Gramm. 7. Mme de Richelieu était franche héritière, c'est-à-dire riche, laide et maussade, Saint-Simon, 353, 157.
  • 5 S. f. Héritière, nom donné successivement 2 plusieurs plantes, en souvenir du botaniste l'Héritier.

    PROVERBE

    Il a affaire à la veuve et aux héritiers, c'est-à-dire il a affaire à plusieurs parties, il faut qu'il réponde à plusieurs personnes.

HISTORIQUE

XIIe s. Tant qu'en France mourut li rois sans heritier, Sax. IV.

XIVe s. C'est [la lèpre] une maladie contagieuse et heritiere, car elle passe d'un à autre et en heritage, Lanfranc, f° 44.

XVe s. Et veoient [ceux d'Évreux], si voir vouloient, leur jeune heritier [c'est-à-dire qui tenait leur ville en héritage] Charles de Navarre, Froissart, II, II, 27.

XVIe s. L'heritier à plain, c'est à dire heritier simple, n'est tenu d'acquiescer au testament du dit deffunt et iceluy accomplir en ce que le testateur auroit disposé outre et par dessus ce qui leur est permis par la ditte coustume, Coust. génér. t. I, p. 524.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. heretier, eretier ; espagn. heredero ; portug. herdeiro ; du lat. hereditarius, de hereditare, hériter.