« pension », définition dans le dictionnaire Littré

pension

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pension

(pan-sion ; en vers, de trois syllabes) s. f.
  • 1Tribut, péage (vieilli en ce sens). Viviers et réservoirs lui [au cormoran] payaient pension, La Fontaine, Fabl. X, 4.
  • 2Gages en général. M. d'Elbœuf avait été douze ou quinze ans en Flandre, à la pension d'Espagne, Retz, I, 239. Il donne pension à un homme qui n'a point d'autre ministère que de siffler des serins au flageolet, et de faire couver des canaries, La Bruyère, XIII.
  • 3Somme annuelle que paye un État, un souverain, un particulier à quelqu'un comme récompense ou libéralité. Pension sur l'État. Pension viagère. Pension de retraite. Ci gît, oui gît, par la morbleu, Le cardinal de Richelieu, Et ce qui cause mon ennui, Ma pension avecque lui, Benserade, dans RICHELET. Les pensions que l'on donne en France ne valent jamais rien qu'un an ou deux, d'autant qu'elles ne sont point assurées, Patin, Lett. t. II, p. 15. Le cardinal [de Richelieu], le voyant [Vaugelas, à qui il venait de donner une pension] entrer dans sa chambre, s'avança avec cette majesté douce et riante qui l'accompagnait presque toujours, et s'adressant à lui : Hé bien, monsieur, lui dit-il, vous n'oublierez pas du moins dans le dictionnaire le mot de pension, Pellisson, Hist. de l'Acad. III. Interdire à mes vers… L'entrée aux pensions où je ne prétends pas, Boileau, Sat. IX. Le roi donna hier une pension de deux mille livres à Mlle de Scudéry, Maintenon, Lett. à Mme de Brinon, t. II, p. 178, dans POUGENS. Au lieu de pensions, ils [les anciens rois de l'Orient] donnaient à ceux qu'ils voulaient gratifier des villes, et quelquefois même des provinces qui, sous le nom de pain, de vin, devaient leur fournir tout ce qui était nécessaire pour entretenir leur maison, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 336, dans POUGENS. On ne sait pas assez que Fontenelle, en 1713, fut sur le point de perdre ses pensions, sa place et sa liberté pour avoir rédigé en France, vingt ans auparavant, le traité des Oracles du savant Van Dale, Voltaire, Dict. phil. Philosophe. Louis XIV donnait six mille livres de pension aux Valincourt, aux Pellisson, aux Racine et aux Despréaux pour faire son histoire qu'ils ne firent point, Voltaire, Lett. d'Argenson, 8 janv. 1740. On m'a ôté, je ne sais comment, du moins on ne me paye plus, une pension de deux mille livres que j'avais avant que Louis XV fût sacré, Voltaire, Lett. d'Argental, 4 août 1777. Vous avez dans Paris une voix prépondérante, et Alexandre voulait plaire aux Athéniens ; je ne sais si c'est en donnant douze cents francs de pension qu'il s'écriait : ô gens d'Athènes, voyez ce qu'il m'en coûte pour être loué de vous, Voltaire, Lett. d'Alembert, 19 déc. 1777. Le roi a renvoyé à l'académie des sciences la pension vacante par la mort de Clairaut, due à d'Alembert, qui n'est pas riche, et contestée par Vaucanson, qui a quarante mille livres de rente, Diderot, Mém. t. II, p. 265, dans POUGENS.

    Pension alimentaire, celle qu'on donne à une personne pour assurer sa subsistance.

  • 4En matière bénéficiale, somme à prendre annuellement sur les fruits d'un bénéfice. Un bénéficier peut [disent les casuites] désirer la mort de celui qui a une pension sur son bénéfice, Pascal, Prov. VII.
  • 5Somme que l'on donne pour être logé et nourri. Le roi me conta, il y a deux jours, qu'il payait la pension de trois filles dans un couvent : il en est mort une il y a cinq ans, et ces bonnes filles reçoivent la pension de trois, Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 22 nov. 1705. De pauvres personnes qui ont des affaires à Paris, et trop peu de bien pour donner de grosses pensions dans des couvents, Maintenon, Lett. à Mme de Villette, 13 août 1708.

    Demi-pension, ce que donne celui qui ne fait que prendre ses repas, sans coucher au lieu où il est en pension.

    Lieu où l'on est logé et nourri pour un certain prix. J'avais quelquefois envie de me mettre en pension ; mais cette façon de vivre a ses désagréments, Marivaux, Paysan parv. 2e part.

    Demi-pension, maison où l'on reçoit des demi-pensionnaires.

    Populairement. Être en pension, se dit d'une chose engagée. Pour avoir mis, sans réflexion, Le portrait de madame une heure en pension Chez cette chienne-là que Lucifer confonde, Regnard, le Joueur, v, 8.

    On dit aussi : tenir, mettre des chevaux, des chiens en pension. On voit, dans les Indes, des hôpitaux de souris qu'on met en pension et qu'on nourrit comme personnes de mérite, Fénelon, t. XIX, p. 56.

  • 6Maison d'éducation où les élèves sont nourris et couchés. Maître de pension.

    Tous les élèves d'une pension. Une pension nombreuse.

    Être en demi-pension, se dit d'un élève qui est externe, mais qui prend ses repas avec les pensionnaires.

    Demi-pension, maison où l'on reçoit des demi-pensionnaires.

    Demi-pension, ce que paye un demi-pensionnaire.

HISTORIQUE

XIVe s. Il y en avoit plusieurs [cardinaux] qui estoient à luy [Charles V] et de sa pension, Chr. de St Denis, t. III, f° 40. À mestre Jehan le mie [mire, médecin] pour se [sa] pension de le demie année, x livres, Caffiaux, Abattis de maisons, p. 11.

XVe s. On ne le tient pas [Charles VI] en estat ni en forme de roi, car il ne peut faire du sien sa volonté ; on l'a mis à pension et la roine aussi, Froissart, II, III, 77. Et le roy luy eust donné à sa vie certaine pension, Deschamps, Suppl. au roi.

XVIe s. Le gouverneur d'un elephant desrobboit à touts les repas la moitié de la pension qu'on luy avoit ordonnée, Montaigne, II, 176. À maistre Mathée Dalnassar, de Veronne, graveur dudit seigneur [le roi] la somme de 615 livres tournois par forme de pention et bienfaict, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 479.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. pensio ; espagn. pension ; ital. pensione ; du lat. pensionem, payement, qui vient de pensum, supin de pendĕre, payer, peser (voy. POIDS).