« révoquer », définition dans le dictionnaire Littré

révoquer

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révoquer

(ré-vo-ké), je révoquais, nous révoquions, vous révoquiez ; que je révoque, que nous révoquions, que vous révoquiez v. a.
  • 1Rappeler, destituer d'une fonction. Révoquer un préfet.
  • 2En parlant des choses, annuler, déclarer nul. De grâce, révoquez une si dure loi, Corneille, Cid, V, 7. J'ai ouï dire… qu'il [le cardinal de Richelieu] fut très fâché de cette élection [de Porchières-Laugier, qu'il haïssait] ; qu'on lui offrit de la révoquer, et qu'il eut cette modération de se contenter d'un règlement pour l'avenir, Pellisson, Hist. Acad. v. Il [le roi d'Angleterre] révoque les lettres circulaires qu'il avait déjà envoyées pour assembler son parlement au mois de novembre, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 379. Vous aurez vu sans doute l'édit par lequel le roi révoque celui de Nantes ; rien n'est si beau que tout ce qu'il contient, et jamais aucun roi n'a fait et ne fera rien de plus mémorable, Sévigné, à Bussy, 28 oct. 1685. Et forcez votre père à révoquer ses vœux, Racine, Phèdre, V, 1. Il arriva que la cour voulut révoquer les dons qui avaient été faits ; cela mit un mécontentement général dans la nation, Montesquieu, Esp. XXXI, 1. S'il était question de révoquer aujourd'hui l'édit de Nantes, personne n'oserait proposer une injustice si funeste, Voltaire, Pol. et lég. Paix perp. 3. L'indignation qu'il [Louis XIV] conserva toujours dans son cœur contre les excès auxquels le parlement s'était porté dans sa minorité, le détermina même à venir dans la grand' chambre pour y révoquer les priviléges de noblesse accordés aux cours supérieures par la reine sa mère, Voltaire, Hist. parl. LVIII. Ne soyez point prodigue en refus [à l'égard des enfants], mais ne les révoquez jamais, Rousseau, Ém. II.

    On ne peut révoquer le passé, on ne peut faire qu'une chose qui a été faite ne l'ait point été. Je lui dis qu'on ne pouvait révoquer le passé, qu'il y avait aussi des choses que je voudrais n'avoir jamais été faites, Villemain, Littér. franç. 18e siècle, 1re leçon.

  • 3Révoquer en doute, contester, mettre en doute. Vouloir révoquer en doute le rapport des sens, Pascal, Prov. XVIII. C'est bien en dire assez… de révoquer en doute s'il y a eu des oracles où les démons aient eu part, Fontenelle, Oracl. Préf.
  • 4Se révoquer, v. réfl. Être révoqué. Mais, puisque le passé ne peut se révoquer…, Corneille, Pomp. IV, 2.

HISTORIQUE

XIVe s. Camillus fut revoqué de exil du commandement du peuple, Bercheure, f° 114.

XVe s. Si revoqua ce pape toutes graces en devant faites, Froissart, II, II, 21. Mais en lieu de mon bailliaige Me fist l'en tresorier sauvaige Qui fors huit jours ne me dura, Revoquez fu ; avisez là Comment et à qui vous servez, Deschamps, Poésies mss. f° 339. Ung roy ne doit riens aliener de son demaine, et, s'il l'a fait, le doit revoquer, Bibl. des ch. 6e série, t. II, p. 141. Elle congneut que la pucelle au cercle d'or ne se revoqueroit [rétracterait] en nulle maniere, ainçoys soustiendroit la partie, Perceforest, t. VI, f° 84.

XVIe s. Ils revocquoyent en usage l'antique jeu des tales, Rabelais, Garg. I, 24. La ferveur de tes estudes requeroyt que de longtemps ne te revocasse de cestuy philosophicque repous, Rabelais, ib. I, 29. Et fut ordonné que les heraults revoqueroient les execrations qu'ilz avoient fulminées encontre luy [Alcibiade], Amyot, Alc. 68. On revoqua le superbe tiltre de Capitolinus qu'on avoit auparavant donné à M. Manlius, Montaigne, IV, 160. Mais quel besoin est-il de cercher de grandes preuves et confirmations de ceci, veu que nul ne le revoque en doute ? Lanoue, 110. Poltrot mené à Paris est tenaillé et tiré à quatre chevaux, ayant revoqué sa premiere deposition, D'Aubigné, Hist. I, 181.

ÉTYMOLOGIE

Prov. et espagn. revocar ; port. revogar ; ital. rivocare ; du lat. revocare, de re, et vocare, appeler (voy. VOYELLE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RÉVOQUER. Ajoutez :
5Se révoquer, rétracter une résolution. La raison ne se révoque jamais, quand elle a fait un jugement, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.

HISTORIQUE

Ajoutez : XIIe s. Ge aesme [estime] cest miracle estre plus grant de toz altres miracles, ke li mort repairent à vie, et ke lur anrmes [âmes] de repons [d'un lieu caché] sont revochies à la char, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 148.