« rebelle », définition dans le dictionnaire Littré

rebelle

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rebelle

(re-bè-l') adj.
  • 1Qui se soulève contre une autorité légitime. Vous ne deviendrez pas rebelle à sa puissance [de votre père], Corneille, Hor. I, 4. Ce fut incontinent après la défaite de Cannes qu'elle [Rome] assiégea Syracuse et Capoue, l'une infidèle aux traités et l'autre rebelle, Bossuet, Hist. III, 6. Il ne faut point s'étonner, s'ils [les Anglais, devenus hérétiques] perdirent le respect de la majesté et des lois, ni s'ils devinrent factieux, rebelles et opiniâtres, Bossuet, Reine d'Anglet. Le chanoine, surpris de la foudre mortelle [la bénédiction], Se dresse, et lève en vain une tête rebelle, Boileau, Lutr. V. La reine de Navarre, Jeanne d'Albret, présenta son fils à l'armée, le fit reconnaître chef du parti [protestant] ; de sorte que Henri IV, le meilleur des rois de France, fut, ainsi que le bon Louis XII, rebelle avant que de régner, Voltaire, Mœurs, 171. Ces peuples [les Suisses, soulevés contre l'Autriche], que l'on regardait comme rebelles, parce qu'ils n'étaient pas encore les plus forts, Duclos, Œuvr. t. V, p. 51.

    Les esprits rebelles, les démons.

  • 2 Par analogie, il se dit d'un soulèvement moral contre ce qui est comparé à une autorité. Jamais à ses désirs mon cœur ne fut rebelle, Corneille, Poly. II, 1. Mais qui m'assurera qu'en ce long cercle d'ans, à leurs fameux époux vos aïeules fidèles Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ? Boileau, Sat. V. Rebelle à tous nos soins, sourde à tous nos discours, Voulez-vous sans pitié, laisser finir vos jours ? Racine, Phèdre, I, 3. Ne trouvant que des cœurs… rebelles aux vérités qu'il leur annonçait, Massillon, Carême, Dégoûts.

    Rebelle à, avec un infinitif. Ne soyez pas rebelle à seconder mes vœux, Corneille, le Ment. V, 7.

    En style de dévotion, la chair est rebelle à l'esprit, les sens se révoltent contre l'âme.

  • 3Dans le style de la galanterie, qui ne cède pas à l'amour, qui ne répond pas à l'amour. Attale : La qualité de roi qui me rend digne d'elle… - Flaminius : Ne rendra pas son cœur à vos vœux moins rebelle, Corneille, Nicom. IV, 5. Vos yeux ont su dompter ce rebelle courage, Racine, Phèdre, V, 3.
  • 4 Fig. Il se dit des choses qui n'obéissent pas, ne se laissent pas manier. Mais lorsqu'on la néglige, elle [la rime] devient rebelle, Et pour la rattraper le sens court après elle, Boileau, Art p. II.

    Des pieds rebelles, des pieds qui n'obéissent pas aux leçons de la danse. Ma robe rend mes pieds rebelles ; Un peu plus haut relevons-la, Béranger, Éducation.

    Difficile à guérir. Un ulcère rebelle. Dans les fièvres intermittentes rebelles, Genlis, Mais. rust. t. II, p. 349.

    Difficile à traiter. Un sujet rebelle à la poésie.

    Terme de métallurgie. Métaux rebelles, métaux qui résistent à l'action du feu. Les plus rebelles de toutes les mines de cuivre, les plus difficiles à extraire, les plus dispendieuses à traiter, Buffon, Min. t. V, p. 155.

  • 5 S. m. et f. Un rebelle, une rebelle, celui, celle qui se révolte. Il revenait au fort quand une sentinelle Dans l'ombre de la nuit reconnut le rebelle, Mairet, Mort d'Asdrub. III, 3. Cette seule rebelle, entre tous mes sujets, Censure mes édits, attaque mes projets, Rotrou, Antig. IV, 6. Il [Charles Ier] a montré qu'il n'est pas permis aux rebelles de faire perdre la majesté à un roi qui sait se connaître, Bossuet, Reine d'Anglet. Des rebelles ramenés par la douceur, ou réduits à l'obéissance par la force, Fléchier, Hist. de Théodose, I, 1. Comment ! battre un huissier ! mais voici la rebelle, Racine, Plaid. II, 5. Ces sciences [les mathématiques] ont eu jusqu'à présent si peu de réputation d'utilité que la plupart de ceux qui s'y sont appliqués ont été des rebelles à l'autorité de leurs parents, Fontenelle, Hartsoeker.

HISTORIQUE

XIIIe s. C'est à entendre quant il font tenir en lor terre l'establissement ; car, s'il en sunt rebelle ou negligent, et li rois, par lor defaute, y met la main, il en pot lever les amendes, Beaumanoir, XLIX, 4.

XIVe s. Et quand nous i venimes, Diex si bien nous aida ; Tolue lui estoit icelle ville là, Et li estoit rebelle, ne vous mentirai jà, Baud. de Seb. IX, 859. Or sont devant Nimaye li prinche et li baron ; Li rebelle bourgois s'escrient à haut ton : Ahi ! sire Esmeret…, ib. IV, 209.

XVe s. Les maroniers [mariniers] de ce faire furent tout rebelles, Froissart, II, II, 22.

XVIe s. Ne cachez pas un cueur dur et rebelle Sous tel beauté, Marot, I, 352. Il s'en retourna contre les rebelles, Amyot, Péric. 44. Chancre rebelle et malin, Paré, V, 25. Elle sçait, la rebelle ingratement hautaine, Si mon cœur, son esclave, est ferme à l'adorer, Desportes, Imitation de la complainte de Bradamant.

ÉTYMOLOGIE

Lat. rebellis, de re, et bellum, guerre : qui recommence la guerre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

REBELLE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Il [Adam] sentit enz es tormenz, si come rebelles sers, Deu estre son sanior [seigneur], li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 296.