« survivre », définition dans le dictionnaire Littré

survivre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

survivre

(sur-vi-vr') v. n.

Il se conjugue comme vivre.

  • 1Demeurer en vie après quelque personne ou quelque chose. Et, si la vérité se peut dire sans crime, C'est avecque plaisir qu'on survit à sa mort [d'un mauvais roi], Malherbe, II, 1. Heureux l'homme qu'un doux hymen unira avec elle ! il n'aura à craindre que de la perdre et de lui survivre, Fénelon, Tél. XXII. Charles IX ne survécut pas longtemps à ces horreurs [Saint-Barthélemy], Voltaire, Hist. parl. XXVIII. Mme de Maintenon survécut quatre ans au roi, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 275, dans POUGENS.

    Activement (cas auquel il a pour complément un nom de personne). Il a survécu tous ses enfants, Vaugelas, Q. C. 430. Je plains bien moins les morts que ceux qui les survivent, Mairet, Soliman, v, 11. On ne peut avoir, en servant ces sortes de malades [les pestiférés] que la malheureuse consolation de les voir mourir, ou la triste espérance de les survivre de quelques jours, Fléchier, Duch. de Mont. La Vauguyon ne la survécut [sa femme] que d'un mois, Saint-Simon, 14, 164.

  • 2 Fig. Vivre après la perte de quelque chose de précieux. Il n'est point permis de dire : survivre sa gloire, survivre sa réputation ; il faut dire toujours : survivre à sa gloire, à sa réputation, Acad. Observ. sur Vaugel. p. 182, dans POUGENS. La Providence a voulu que la reine survécût à ses grandeurs, afin qu'elle pût survivre aux attachements de la terre, Bossuet, Reine d'Anglet. Que craint-on d'un enfant [Astyanax] qui survit à sa perte ? Racine, Andr. III, 4. Quelques auteurs, au rapport de Suétone… disent qu'à son retour de Grèce… il [Térence] perdit cent trente-huit pièces qu'il avait traduites de Ménandre, et qu'il ne put survivre à un tel accident, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. I, p. 224. Est-il une mort plus cruelle que de survivre à l'honneur ? Rousseau, Hél. I, 68.
  • 3 Fig. En parlant des choses, subsister après. Mais que ma cruauté survive à ma colère ? Que, malgré la pitié dont je me sens saisir, Dans le sang d'un enfant je me baigne à loisir ? Non, seigneur, Racine, Andr. I, 2. Il est si rare que l'amitié survive ou succède à l'amour, Duclos, Œuvr. t. VIII, p. 183.

    Activement. Quoi ! ta rage, dit-il, n'est donc pas assouvie, Et tes déloyautés ont survécu ta vie ! Rotrou, Antig. III, 2.

  • 4Se survivre, v. réfl. Vivre après sa mort.

    Se survivre dans ses enfants, dans ses ouvrages, laisser après soi des enfants, des ouvrages qui perpétuent le souvenir du nom qu'on portait.

    Conserver son autorité après sa mort. [Louis XIV] voulant se survivre à lui-même, semblait avoir prétendu régner encore après sa mort, Montesquieu, Lett. pers. 92.

  • 5Se survivre à lui-même, survivre à soi-même, perdre avant la mort l'usage des facultés naturelles. Il y avait longtemps qu'il avait le chagrin de se survivre à lui-même, Grimm, Corresp. t. I, p. 447.

    Fig. Tomber dans l'oubli. Le fameux cardinal Portocarrero mourut en ce temps-ci, après s'être longtemps survécu, Saint-Simon, 249, 59.

REMARQUE

Dans le XVIIe et le XVIIIe siècles on disait encore au parfait défini : je survéquis ; aujourd'hui on ne dit plus que je survécus. Sa femme [d'Attalus, roi de Pergame] le survéquit, Malherbe, le XXXIIIe livre de T.-Live, ch. 21. Pas un ne survéquit d'un combat si funeste, Mairet, Mort d'Asdr. v, 2. L'amour qui nous unissait survéquit à l'espérance, Rousseau, Hél. III, 18.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Tut survesquiet e Virgile Omer, Ch. de Rol. CLXXXV.

XIIIe s. Et il la prendroit à feme, et seroit roine d'Angleterre, si elle sourvivoit le roi son pere, Chron. de Rains, p. 12. Et aussi ont li aucun laissié aucune fois à lor femes, ou les femes à barons [maris], par tele condition que cil qui sorvivroit ne se remariast pas, Beaumanoir, XII, 55.

XVIe s. Impatient de survivre à cette perte, il se tua, Montaigne, II, 35. Combien survivent à leur propre reputation ? Montaigne, III, 25. Quand de deux freres jumeaux l'un meurt et l'autre survit, le survivant s'appelle Vopiscus, Amyot, Cor. 15. Le meilleur est qu'un chef d'ost pour sa gloire, Ayant vaincu, survive sa victoire, Amyot, Pélop. et Marcell. comp. 5. C'est vergogne à un roi de survivre vaincu, Garnier, les Juives, 4.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, surviké ; provenç. sobreviure ; catal. sobreviurir ; espagn. sobrevivir ; portug. sobreviver ; ital. sopravvivere ; du lat. supervivere, de super, sur, et vivere, vivre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SURVIVRE. Ajoutez :
6 V. a. Survivre quelqu'un, lui survivre. S'il fût mort, vous ne l'eussiez pas voulu survivre, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Ayant survécu longtemps Métrodorus, Malherbe, ib.