« séditieux », définition dans le dictionnaire Littré

séditieux

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séditieux, euse

(sé-di-si-eû, eû-z') adj.
  • 1Qui fait une sédition, qui prend part à une sédition. Populace séditieuse. Les plus séditieux sont déjà loin du bord, Racine, Mithr. IV, 5.

    Enclin à la sédition. Je les peignis [les Juifs] puissants, riches, séditieux, Racine, Esth. II, 1. L'Anglais, naturellement libre ou séditieux, Duclos, Œuvr. t. II, p. 347.

    Substantivement. Claude [le ministre protestant] était un séditieux qui les confirmait dans leurs erreurs, Maintenon, Lett. à Mme de St-Géran, 25 oct. 1685. Et si le sceau de la victoire N'eût consacré ces demi-dieux, Alexandre aux yeux du vulgaire N'aurait été qu'un téméraire, Et César qu'un séditieux, Lamotte, Odes, t. Ier, p. 143, dans POUGENS. Les séditieux qui n'ont ni la volonté ni l'espérance de renverser l'État, ne peuvent ni ne veulent renverser le prince, Montesquieu, Esp. V, 11.

  • 2Qui a le caractère de la sédition, qui provoque à la sédition. Dans tous vos sujets Ces cris séditieux sont autant de forfaits, Corneille, Nicom. V, 7. L'esprit turbulent et séditieux qui avait été conçu et qui s'était conservé dans l'hérésie, Bossuet, 5e avert. 3. Il est vrai que tout se tourne en révoltes et en pensées séditieuses, quand l'autorité de la religion est anéantie, Bossuet, Reine d'Anglet. Ce prétendu règne de Christ, inconnu jusques alors au christianisme, qui devait anéantir toute la royauté et égaler tous les hommes, songe séditieux des indépendants et leur chimère impie et sacrilége, Bossuet, ib. Lui [Mardochée], fièrement assis et la tête immobile… Présente à mes regards un front séditieux, Racine, Esth. II, 1. Un auteur dont les séditieux écrits respiraient l'austérité républicaine, Rousseau, 1er dial.
  • 3 Fig. Il se dit de ce qui trouble moralement comme une sédition trouble un État. Conservez à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions, qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, Bossuet, 1er serm. Purific. 2. Que me sert en effet qu'un admirateur fade Vante mon embonpoint, si je me sens malade, Si dans ce même instant un feu séditieux Fait bouillonner mon sang et pétiller mes yeux ? Boileau, Ép. IX. Ce fruit séditieux [le fruit défendu] Qui le séduit [Adam] bien moins qu'un regard de ses yeux [d'ève], Delille, Parad. perdu, IX.

HISTORIQUE

XIVe s. Grant multitude de peuple requerans la paiz par cri sedicieus, Bercheure, f° 41, verso. Cité seditieuse, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Seditieux, troubleurs de paix, malveillans, Du Cange, tribulare.

XVIe s. …De laquelle opinion je laisse à penser aux autres combien elle est dangereuse et seditieuse, Calvin, Inst. 1202.

ÉTYMOLOGIE

Lat. seditiosus (voy. SÉDITION).