« voisin », définition dans le dictionnaire Littré

voisin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

voisin, ine

(voi-zin, zi-n') adj.
  • 1Qui est proche, qui demeure près de. Nation voisine. Pour rendre vos États plus voisins l'un de l'autre, L'Euphrate bornera son empire et le vôtre, Racine, Bérén. III, 1. Fusses-tu par de là les colonnes d'Alcide, Je me croirais encor trop voisin d'un perfide, Racine, Phèd. IV, 2. Il est rapporté dans Vittorio Siri qu'on n'avait pas manqué, à la naissance de Louis XIV, de faire tenir un astrologue dans un cabinet voisin de celui où la reine accouchait, Voltaire, Vie de Molière.

    Voisin à, au lieu de voisin de, construction poétique et archaïque (voy. l'historique). Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine, La Fontaine, Fabl. I, 22.

    Substantivement. Voisin, voisine, celui, celle qui demeure près d'un autre. Nous sommes vos voisins, nos filles sont vos femmes, Corneille, Hor. I, 4. J'ai le bien d'être de vos voisins, Et j'en dois rendre grâce à mes heureux destins, Molière, Éc. des mar. I, 5. Il observe les mouvements des ennemis, il relève le courage des alliés, il ménage la foi suspecte et chancelante des voisins, Fléchier, Tur. De toutes parts pressé par un puissant voisin, Que j'ai su soulever contre cet assassin, Racine, Ath. II, 5. Souvenez-vous que tous les hommes doivent s'entr'aimer ; que la terre est trop vaste pour eux ; qu'il faut bien avoir des voisins, et qu'il vaut mieux en avoir qui vous soient obligés de leur établissement, Fénelon, Tél. XX. Pardonnez : je songeais que de votre héritage Vous avez beau vouloir élargir les confins ; Quand vous l'agrandiriez trente fois davantage, Vous aurez toujours des voisins, Rousseau J.-B. Odes, III, 6.

  • 2Il se dit de ce qui est près dans le temps. Tous les auteurs du temps ou des temps voisins gardent un pareil silence, Bossuet, Déf. Var. 1er disc. 63.
  • 3 Fig. Qui a de l'analogie, qui est sur le point de. Tout vaincu que je suis et voisin du naufrage, Je médite un dessein digne de mon courage, Racine, Mithr. II, 2. Les gobe-mouches, dont le genre est très voisin de celui des fauvettes, Buffon, Ois. t. IX, p. 237. S'il est arrivé à mes idées d'être voisines des vôtres, c'est comme un lierre à qui il arrive quelquefois de mêler sa feuille à celle du chêne, Diderot, Lett. sur les sourds-muets.

PROVERBES

Qui a bon voisin, a bon matin, qui a un bon voisin, vit en repos.

Bon avocat, mauvais voisin, on est en danger d'être chicané quand on a pour voisin un homme de pratique.

Grand chemin, grande rivière, grands seigneurs sont très mauvais voisins.

Voisin sait tout.

HISTORIQUE

XIIe s. En ces deus orent paien mauvais voisin, Ronc. p. 51.

XIIIe s. Por ce dist on : qui a felon voisin Par maintes feiz en a mavez matin, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 498. [Ma fille] Se fait ainsi haïr [de] gent voisine et lointaine, Berte, LXXIV. Ce que voisin set, ce sevent tuit, Ce dit li vilains, Proverbes du vilain, ms. de St Germ. f° 75, dans LACURNE.

XIVe s. Selon justice, les parens doivent à leur filz unes choses, et les freres ensemble unes autres, et les citoiens ou voisins ensemble unes autres, Oresme, Éth. 245.

XVe s. Et estoient plentureusement pourvus de tous vivres qui leur venoient tous les jours de Valenciennes et du pays de Hainaut voisin à eux, Froissart, I, I, 116. Le pays de Cecile est voisin au royaume de Naples, d'une lieue et demie, Commines, VIII, 16. Si tost que le chevalier ouyt ce, le cueur luy revint par ung peu d'espoir, pour ce que les parolles avoient esté si voisines [favorables] à ses amours, Perceforest, t. VI, f° 63.

XVIe s. En chose voisine [analogue], Montaigne, I, 15. Un roy de nos voysins, Montaigne, I, 22. Nous estions de taille fort voisine, Montaigne, I, 95. Ces nations sont encores fort voisines de leur naïfveté originelle, Montaigne, I, 235. Pour grasse que soit la geline, Elle a besoing de sa voisine, Cotgrave Tenir ne faut pour bon voisin Un ami de table et de vin, Cotgrave L'on est dit voisin de laditte ville en vue des trois manieres qui s'ensuivent : c'est à sçavoir quand aucun est fils ou fille natif de laditte ville ; secondement, quand un estranger se vient marier en laditte ville et prend une fille en mariage d'un voisin ou voisine de laditte ville, ou fille estrange se vient marier avec un voisin au fils de voisin, et demeurent et habitent ensemble en laditte ville ; tiercement, quand un estranger ou estrangere veut habiter en laditte ville, et ledit maire et conseil l'admettent et reçoivent voisin de grace, Coust. gén. t. II, p. 721.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. voisan ; norm. vésin ; provenç. vezin, vezi ; catal. vehi ; espagn. vecino ; portug. vicinho ; ital. vicino ; du latin vicinus, dérivé de vicus (archaïque, veicus), rue, qui se rattache au grec οἶϰος, sanscr. vēça, maison.