« zèle », définition dans le dictionnaire Littré

zèle

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zèle

(zê-l') s. m.
  • 1Affection vive, ardente pour le service de quelque chose, de quelqu'un, de Dieu. Le révérend père Petau, que je nomme volontiers à cause de sa grande doctrine, de son zèle à la religion…, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Julien. Le plus violent bouillon de mon zèle serait refroidi par la crainte de vous fâcher, Sévigné, 9 févr. 1683. Qui pourrait assez exprimer le zèle dont elle brûlait pour le rétablissement de cette foi [catholique] dans le royaume d'Angleterre, où l'on en conserve encore tant de précieux monuments? Bossuet, Duch. d'Orl. Un zèle inquiet de la perfection d'autrui, tandis qu'on néglige la sienne propre, Bourdaloue, Domin. Serm. pour le 10e dim. après la Pentec. sur l'État de vie, t. III, p. 226. Le zèle pour le bien de l'Église est encore moins rare que le zèle pour le bien de la patrie, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 24 nov. 1716. C'est lui, c'est ce ministre infidèle et barbare Qui, d'un zèle trompeur à vos yeux revêtu…, Racine, Esth. III, 4. Une grande habileté ne suffit pas pour oser se charger d'un événement considérable ; il faut encore un zèle vif qui veuille bien courir les risques de l'injustice des hommes, toujours portés à ne donner leur approbation qu'aux succès, Fontenelle, Chazelles. Le zèle du salut des âmes est comme le premier devoir d'un pasteur, Massillon, Confér. Zèle pour le salut des âmes. Ce zèle tendre qui donne l'âme à tout, et qui répand dans les cœurs le plus divin des sentiments, l'envie de rendre service, Voltaire, Lett. Thiriot, 9 janv. 1739.

    Zèle indiscret, zèle inconsidéré, zèle qui n'est pas réglé par la prudence. Aux zèles indiscrets tout paraît légitime, Corneille, Tite et Bérén. v. 5. Mais surtout ne va point, par un zèle indiscret, Découvrir à ses yeux mon funeste secret, Racine, Iphig. I, 1.

    Dans le langage de l'Écriture. Le zèle de la maison de Dieu le dévore, il a un zèle extrême pour le service de Dieu. Étant transporté du zèle de la loi, comme le fut Phinée lorsqu'il tua Zamri fils de Salomi, Sacy, Bible, Machabées, I, II, 26.

    Jugement de zèle, se dit, dans la législation de Moïse, du supplice de la lapidation, qu'on infligeait, sans aucune forme de procès, aux blasphémateurs, aux adultères, aux idolâtres, etc.

  • 2Faire du zèle, se montrer trop zélé, dépasser la mesure dans l'exécution d'un ordre, d'une mission, d'une fonction, aller plus loin qu'il ne convient à ceux qui ont donné l'ordre ou la fonction. Surtout, messieurs, pas de zèle, mot attribué à Talleyrand recevant les employés du ministère des affaires étrangères.
  • 3Particulièrement, le zèle, le zèle pour la religion. Ces gens… Qui savent ajuster leur zèle avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, plein d'artifices, Molière, Tart. I, 6. Quatre sortes de personnes : zèle sans science ; science sans zèle ; ni science ni zèle ; zèle et science, Pascal, Pens. XXIV, 25, éd. HAVET. Tandis que les prophètes ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent ; mais, depuis qu'il n'y a plus eu de prophètes, le zèle a succédé, Pascal, ib. XV, 13 bis. Ô filles de Lévi, troupe jeune et fidèle, Que déjà le Seigneur embrase de son zèle, Racine, Athal. I, 3. Parce qu'il [le monde] a vu souvent des zèles déplacés, il ne lui en faut pas davantage pour conclure qu'il n'en est point de solide et de véritable, Massillon, Confér. Conduite des clercs dans le monde. Le chrétien qui déchira publiquement l'édit de l'empereur Dioclétien, et qui attira sur ses frères la grande persécution… n'avait pas un zèle selon la science, Voltaire, Pol. et lég. Des martyrs. D'un côté la haine sous le nom de zèle, de l'autre le zèle sans discernement ou sans lumières, se soulevèrent et se réunirent contre les Lettres persanes, D'Alembert, Élog. Montesq.

    Faux zèle, zèle aveugle et mal entendu pour la religion. S'ils mêlent avec la dévotion… le faux zèle de leurs intérêts, les vues et les intrigues de leur ambition, Bourdaloue, 1er avent, sur le scandale, p. 134. Le faux zèle prend la défense Des crimes qu'il a consacrés, Lamotte, Odes, t. I, p. 110, dans POUGENS. Un zèle faux et amer, passion la plus aveugle de toutes, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 78, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XVIe s. Quant à ceux qui ont des zeles inconsiderez, qui souvent les esmeuvent à des jugemens et condamnations iniques, qu'ils se souviennent de ce que dit saint Paul, Lanoue, 79. Les factions des princes sur le subject de la theologie sont armées non de zele, mais de cholere, Montaigne, I, 399. Le bon zele et affection de ceulx qui ont gardé malgré le temps la devotion à la franchise, La Boétie, Servit. vol. Telle est l'hypocrisie, Qui parle doucement, puis sur son dos bigot Va par zelle porter au buscher un fagot, D'Aubigné, Tragiques, éd. LALANNE, p. 136.

ÉTYMOLOGIE

Lat. zelus, de ζῆλος, jalousie, de ζέω, bouillir ; sansc. yas, suer, s'efforcer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ZÈLE. - HIST. Ajoutez : XVe s. Zele d'amours ayons au redempteur Qui l'Eglise conduit tant saigement, Jean Joret, le Jardrin salutaire, p. 133.