« avenir », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
avenir [1]
- Échoir, se faire.
S'il m'avient quelquefois de clore la paupière
, Malherbe, V, 21.Ce que les prophètes ont dit devoir avenir dans la suite des temps
, Pascal, J. C. 4.Présupposant pour certains tous les accidents qui sont douteux, ils règlent leurs délibérations comme s'ils devaient avenir
, Guez de Balzac, 5e Disc. s. la cour.Vous bénirez le mal qui vous est avenu
, Mairet, Sophon. V, 6.Même dispute avint entre deux voyageurs
, La Fontaine, Fables, IX, I.Afin qu'il ne m'avienne De mal gîter
, La Fontaine, Orais.Dont il avint que…
, La Fontaine, Berc.Quelque malheur qu'il en puisse avenir, Ce n'est que par ma mort qu'on la peut obtenir
, Racine, Mithr. I, 1.Quoi qu'il en avienne, Si ce peuple une fois enfonce le palais, C'est fait de votre vie
, Corneille, Nicom. V, 7.Qui souhaite la mort, craint peu, quoi qu'il avienne
, Rotrou, Vencesl. IV, 3.Et s'il s'en rencontre une à qui cela n'avienne
, Malherbe, VI, 24.Avenant, part. prés. pris adverbialement, dans le cas où aviendrait.
Si, puis après, avenant confrontation…
, Bossuet, Var. 10.Quelque bien de mon père et le fruit de mes peines, Dont, avenant que Dieu de ce monde m'ôtât, J'entendais tout de bon que lui seul héritât
, Molière, l'Étour. IV, 2.On dit plus ordinairement advenir.
Il se conjugue avec l'auxiliaire être, comme tous les composés de venir.
HISTORIQUE
Xe s. Et poro [pour cela] si vos avient
, Fragm. de Valenc. p. 469.
XIe s. Si ço avent que alquen colpe le poin à altre
, L. de Guill. 13. De cest message nous avendra grant perte
, Ch. de Rol. XX. À deus franceis belement en avint
, ib. CCLV.
XIIe s. Tex honte lor avint devant le roi de France
, Ronc. p. 197. Car joie a courte durée, Qui avient par tel folor
, Couci, I. Mais, se Dieu plaist, ce ne m'avendra mie
, ib. II. Et bien [je] connoi que [je] n'i puis avenir [arriver, réussir]
, ib. VIII. Mais fol desir fait souvent cuer penser En si haut lieu qu'il n'i peut avenir
, ib. X. Et qu'il m'avient souvent Que je m'oublie, pensant [pensif] entre la gent
, ib. XVI. Onques vers lui [elle] [je] n'oi faus cuer ne volage ; Si m'en devroit pour tant mieuz avenir
, ib. XI. Donez moi, sires, que [je] ne soie oubliée Et [que] mes amis aviegne [vienne] à la vesprée
, Romancero, p. 38. Jà nous ferons tous nos plaisirs ; Ainsi avegne à tous amis !
ib. p. 45. Enuit [ce soir] l'en avanra [ce] dont encor [il] ne sait mot
, Sax. XVII. Onc mais n'avint en France nule si granz dolors
, ib. 27.
XIIIe s. Ensi com Diex veult, les aventures avienent
, Villehardouin, CXXXIV. J'en voel faire quanke li autre en vorront faire ; et aviegne que que avenir en porra
, Chr. de Rains, 93. Comment, en quel maniere [ils] i pourront avenir [réussir]
, Berte, XII. Que m'est il avenu ? qu'ont ces gens empensé ?
ib. X. Et pour rien qui aviegne, ne soit ses liz guerpis
, ib. LXXV. Et i ot si grant presse qu'il ne purent tout avenir au hanap [à la coupe]
, Chr. de Rains, 143. Mès fort chose est à avenir ; Ge me puis bien pour fol tenir, Quant j'ai mon cuer mis en tel leu Dont ge n'aten avoir nul preu
, la Rose, 2493. Chascun doit faire en toutes places Ce qu'il set qui miex li avient ; Car los et pris et grace en vient
, ib. 2203. Fai que dois, aviegne que puet
, Barbazan, Fabli. I, 77.
XIVe s. Et aussi au devant ilz ne consideroient pas ne ne voioient les perilz à avenir
, Oresme, Eth. 86. Li homs qui longes vit, souffians à tous costez, Voit en fin avenir partie de ses grés
, Baud. de Seb. IX, 236.
XVe s. Afin que honorables emprises et nobles aventures et faits d'armes lesquelles sont avenues par les guerres de France et d'Angleterre, soient notablement registrées
, Froissart, Prol. Et bien pensoient qu'ils ne pourroient avenir à leur entente sans grand contraire
, Froissart, I, I, 154. Et parquoi ils pussent mieux avenir l'un à l'autre [les vaisseaux], ils avoient grands crocs et havets de fer tenans à chaines
, Froissart, I, I, 121. Il estoit si frique et si joli chevalier, et si bien lui avenoit quant qu'il faisoit, qu'il estoit partout le bien venu d'Angleterre
, Froissart, I, I, 323. Et estoit advenu que messir Falleton avoit prié le seigneur de l'Esparre d'aller en Angleterre
, Froissart, II, II, 4. Le bien qui luy advint
, Commines, II, 3. Ils cuydoient avoir… mais le contraire leur advint
, Commines, II, 13.
XVIe s. Aux femmes aussi mal advient Science, qu'un bast à un bœuf
, Marot, IV, 167. Que si on a quelque regard en la doctrine, c'est pour eslire quelque legiste auquel il adviendroit mieux de plaider en justice, que de prescher en un temple
, Calvin, Instit. 869. Quant est des choses à advenir
, Calvin, ib. 147. Il advient le plus souvent que chascun choisit…
, Montaigne, I, 57. On luy reprocha que c'estoit à la mode du regnard, pour n'y pouvoir advenir
, Montaigne, I, 142. Quand j'entreprendrois de suyvre cet aultre style, je n'y sçaurois advenir
, Montaigne, III, 38. Le malheur qui advint aux Romains, advint pour avoir transgressé cette saincte coustume
, Amyot, Numa, 22. Personne n'approuve le moyen qu'il teint pour advenir à ces fins
, Amyot, Alc. 24.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. éveni ; provenç. et espagn. avenir ; ital. avvenire ; du latin advenire, de ad, à, et venire, venir.