« dépendre.2 », définition dans le dictionnaire Littré

dépendre

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dépendre [2]

(dé-pan-dr') v. n.
  • 1Être dans certain rapport qui enchaîne une chose à une autre. L'effet dépend de la cause. La conclusion dépend des prémisses. De là ne dépendent pas les destinées de la France, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 7. Souviens-toi… Que tes jours me sont chers ; que les miens en dépendent, Corneille, Cinna, I, 3. Comme si le salut de la religion en dépendait, Pascal, Prov. 18. C'est faire dépendre le christianisme de la politique, Bossuet, Var. XV, § 133. Tout dépend du secret et de la diligence, Racine, Iphig. IV, 10. Leur sûreté [des rois] souvent dépend d'un prompt supplice, Racine, Athal. II, 5. Il vit que son salut dépendait de lui plaire, et bientôt il lui plut, Racine, Baj. I, 1. Mon bonheur dépendait de l'avoir pour époux, Racine, Mithr. III, 5. Nécessités dont ils font dépendre tout leur bonheur, Fénelon, Tél. VIII. On vit manifestement, pendant le peu de temps que dura la tyrannie des décemvirs, à quel point l'agrandissement de Rome dépendait de sa liberté, Montesquieu, Rom. 1.

    Impersonnellement. Il ne dépendra pas de vous de me laisser ici ; plutôt mourir que de vous voir partir sans moi, Fénelon, Tél. IV.

  • 2Se rattacher à. Dans les choses qui dépendront de notre métier, Molière, Mal. imag. II, 6.
  • 3Faire partie de quelque chose. Ce territoire ne dépend pas de la France. Ce parc dépend de votre propriété.

    Appartenir à. Cette cure dépend de tel diocèse. Ces juges dépendent de tel tribunal.

    En matières bénéficiales. Ce prieuré dépend de telle abbaye, la nomination en appartient au titulaire de telle abbaye.

    Terme de jurisprudence féodale. Relever de. Ce fief dépend de telle baronie.

  • 4Être sous la domination, l'autorité de. Mais peut-être qu'un jour je dépendrai de moi, Corneille, Nic. II, 3. Dépendre, c'est selon la plus claire notion et la plus évidente être tenu d'obéir, Bourdaloue, Exhortation sur l'obéissance relig. t. I, p. 262. Il est triste de dépendre de gens qu'on n'aime point, Maintenon, Lettre à Mme de Caylus, 27 fév. 1716. Vous dépendez ici d'une main violente, Racine, Mithr. IV, 2. Ces gardes, cette cour, l'air qui nous environne, Tout dépend de Pyrrhus et surtout d'Hermione, Racine, Andr. III, 1. Quand de mes seules mains ce cœur voulait dépendre…, Racine, Bér. IV, 5. Les rois ne pouvant jamais s'accoutumer à dépendre des autres et à leur être soumis, Rollin, Hist anc. Œuvres, t. VIII, p. 389, dans POUGENS. Ma mère qui était la seule dont je dépendais alors, car mon père était mort…, Marivaux, Paysan parv. t. II, 4e part. p. 105, dans POUGENS.

    Absolument. Les faibles veulent dépendre afin d'être protégés. Il faut suer, veiller, fléchir, dépendre, pour avoir un peu de fortune, La Bruyère, VI.

    Par extension, être à la merci de. On dépend servilement d'un serrurier et d'un menuisier, selon ses besoins, La Bruyère, XIV.

  • 5 Terme de mer. On dit du vent qu'il dépend de l'un des quatre vents cardinaux ou de l'un des huit vents principaux, quand sa direction le rapproche de l'un de ces vents. Le vent dépend du tribord, il vient de tribord.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et de toutes ces choses traiterons nous en cest chapitre, parce que l'un depend de l'autre, Beaumanoir, XV, 1.

XIVe s. Accident est derivé et depend de substance, Oresme, Eth. V, 10. Aucunes operacions faites selon vertus morales dependent et viennent pour cause du corps, Oresme, ib. 318. Et toutes teles amistés dependent et viennent de amisté paternel, Oresme, ib. 250.

XVe s. Le duc de Berry remontra au destroit conseil des nobles de France, auxquels principalement pour le temps de adonc les choses du royaume toutes se dependoient, et dit ainsi…, Froissart, II, III, 47. Et les autres maux qui dependent de la guerre, Commines, II, 6.

XVIe s. Le bonheur qui depend de la tranquillité de l'esprit, Montaigne, I, 67. Quand il visitoit les villages qui despendoient de luy, Montaigne, I, 247. L'honneur d'un homme tiendroit à bien peu de chose, s'il dependoit du fait d'une femme, Despériers, Contes, VI.

ÉTYMOLOGIE

Lat. dependēre, de la préposition de, et pendēre, être suspendu (voy. PENDRE, v. n.).