« difficile », définition dans le dictionnaire Littré

difficile

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

difficile

(di-fi-si-l') adj.
  • 1Qui n'est pas facile. Il est difficile d'imaginer rien de plus beau. Vous avouerez à la fin qu'il n'y a peut-être rien de si difficile que de rendre hérétiques ceux qui ne le sont pas, Pascal, Prov. 18. Les fautes des sots sont quelquefois si lourdes et si difficiles à prévoir, qu'elles mettent les sages en défaut, La Bruyère, XI.
  • 2Difficile se dit aussi des lieux, chemins, fleuves dont le parcours n'est pas commode. Ainsi vous élargirez un peu les voies du ciel et rétablirez le chemin que sa hauteur et son âpreté rendront toujours assez difficile, Bossuet, Reine d'Anglet. L'entrée de la rivière de Surinam est assez difficile à cause de ses bancs de sable, Raynal, Hist. phil. XII, 27. Le Pérou est un pays très difficile, où il faut continuellement gravir des montagnes, marcher sans cesse dans des gorges et des défilés, Raynal, ib. VII, 5.
  • 3Qui donne peine, effort, labeur. Un travail difficile. Un problème difficile à résoudre. Un auteur, un texte difficile. De si hautes leçons, seigneur, sont difficiles, Corneille, Sertor. III, 2. La musique aujourd'hui n'est plus que l'art d'exécuter des choses difficiles, et ce qui n'est que difficile ne plaît point à la longue, Voltaire, Candide, 25.
  • 4Qui donne du tourment. Nos passions avaient été difficiles et pénibles ; notre vertu devient commode et tranquille, Massillon, Car. Passion. J'ai lieu de soupçonner qu'elle est dans une situation difficile, Marivaux, Marianne, XIe part.

    Temps difficiles, les temps de troubles, de misère et de guerre, durant lesquels les gouvernements ont peine à régir les peuples, et les particuliers à se conserver dans leur état et à vivre. Qu'on dise après cela que les temps sont difficiles, qu'on a bien de la peine à se maintenir dans son état, Bourdaloue, 3e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 101.

  • 5Homme difficile, difficile à vivre, homme d'un caractère exigeant, capricieux, peu liant, peu accommodant. Depuis quelque temps vous devenez si difficile à servir, Baron, Homme à bonnes fort. I, 4. Il fut, quelque temps après, obligé de répudier Azora, qui était devenue trop difficile à vivre, Voltaire, Zadig, 3.

    Cheval difficile, cheval ombrageux.

    Cheval difficile à ferrer, cheval qui résiste quand on veut le ferrer.

    Fig. Il est difficile à ferrer, se dit d'un homme qui se laisse difficilement persuader, conduire.

  • 6D'une délicatesse exigeante. Être difficile sur tout. Difficile sur le choix des mots. Ne soyons pas si difficiles ; Les plus accommodants, ce sont les plus habiles, La Fontaine, Fabl. VII, 4. L'ordinaire destin des beautés difficiles Est d'avoir des retours de chagrins inutiles, Boursault, Ésope à la cour, I, 4. Je crains furieusement le chagrin où vous met votre maladie, et qui vous rendrait peut-être assez difficile pour ne rien trouver de bon dans mon ode, Racine, Lettres à quelques amis, III. Peut-être trop d'amour me rend trop difficile, Racine, Baj. I, 3. Le roi est content de vous ; mais cela ne suffit pas ; il faut que Dieu le soit aussi, et il n'est pas plus difficile que les hommes, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 10 oct. 1685. Je savais qu'elle était difficile en conversations et qu'elle avait droit de l'être, Rousseau, Confess. X. Il ne faut pas être difficile sur les repas, lorsqu'on est si près de Sparte, Chateaubriand, Itin. 30.

    Substantivement. Faire le difficile. Que si les Luthériens font encore ici les difficiles et ne veulent pas se laisser persuader aux sentiments de Calixte, qu'ils nous montrent donc ce qu'a fait depuis Luther l'Église romaine pour déchoir du titre de vraie église, Bossuet, Var. XV, § 169.

    PROVERBE

    Jeunesse est difficile à passer, c'est-à-dire dans la jeunesse on a bien de la peine à modérer ses passions.

REMARQUE

Avec le verbe être se rapportant à un sujet déterminé, difficile veut à devant les verbes : Il est difficile à contenter. Mais quand le verbe être est pris impersonnellement, il faut mettre de : Il est difficile de bien écrire.

HISTORIQUE

XVe s. Ce qui me sembloit mal-aisé à faire, mais je ne vouloye rien rompre, ne faire difficile, Commines, VIII, 7.

XVIe s. Il pourroit sembler à aucuns que ceste superbe nation feroit la difficile à entrer en alliance avec les chrestiens ; mais c'est au contraire, Lanoue, 371. Ce grand mal si enraciné est difficile à arracher, Lanoue, 255. Et m'ayant dit qu'il estoit difficile à vomir, je luy conseillay qu'il crapulast [s'enivrât], Paré, XXI, 14.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. difficil ; espagn. dificil ; ital. difficile ; du latin difficilis, de di… préfixe, et ficilis pour facilis, de facere, faire. Si le mot était ancien, il aurait, à cause de l'accent latin difficilis, la forme difeile, comme fraile, de fragilis.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DIFFICILE. - REM. Ajoutez :

2. J. J. Rousseau a dit : Je suis obligé de vous écrire tout ceci ; car il est difficile d'avoir de conversation tranquille dans les courts intervalles que j'ai à passer près de vous, Lett. à Mme d'Épinay, août 1756. Traiter difficile comme s'il impliquait une négation, et, pour cela, construire le substantif suivant partitivement est une construction forcée ; et il aurait mieux valu mettre : aucune conversation.