« seoir.2 », définition dans le dictionnaire Littré

seoir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

seoir [2]

(soir), v. n. déf. qui ne s'emploie plus guère qu'aux troisièmes personnes suivantes : il sied, ils siéent ; il seyait, ils seyaient ; il siéra, ils siéront ; il siérait, ils siéraient ; qu'il siée, qu'ils siéent ; au part. seyant ou séant ; il ne forme aucun temps composé, le part. passé sis n'étant pas usité en ce sens.
  • 1Être convenable, bien aller. Ces couleurs vous seyant ou séant si bien, vous devez les préférer aux autres. Si près de voir sur soi fondre de tels orages, L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages, Corneille, Hor. I, 1. Mme de la Fayette lui répondit bonnement : ha ! mon Dieu, madame, ne le faites point, cela ne sied bien qu'aux jeunes personnes, Sévigné, 37. Mais, hélas ! en ce temps d'opprobre et de douleurs, Quelle offrande sied mieux que celle de nos pleurs ? Racine, Athal. I, 3. Il les donnait [ses mémoires] avec une modestie et une espèce de timidité qui seyait tout à fait bien à un homme de guerre transplanté dans une assemblée de savants, Fontenelle, Lafaye. Des sociétés qui ne siéent ni à votre rang ni à votre sexe, Massillon, Carême, Emploi du temps. Ce qui sied bien au corps sied très mal à la bourse, Montfleury, Femme juge et part. III, 2. Un peu d'aide souvent sied bien à la beauté, ID. ib. IV, 2. La voilà dans un âge où un mari ne lui siéra pas mal, Lamotte, Magnifique, I, 1. Voici l'âge d'or qui succède à l'âge de fer ; cela donne trop envie de vivre, et cette envie ne me sied point, Voltaire, Lett. Dupont, 23 mars 1776. Je commence à croire que nous devenons trop Anglais, et qu'il nous siérait mieux d'être Français, Voltaire, Lett. Richelieu, 10 oct. 1769. Elle n'aime point ce qui brille, mais ce qui sied, Rousseau, Ém. V. La marquise : Voilà un drôle de bonnet. - Mlle Ledoux : Je l'ai inventé et fait cette nuit ; il siérait bien à madame, Genlis, Théât. d'éduc. Dangers du monde, I, 5.

    Impersonnellement. Quoi ! vous iriez dire à la vieille Émilie Qu'à son âge il sied mal de faire la jolie ? Molière, Mis. I, 1. Sied-il bien à des dieux de dire qu'ils sont las ? Molière, Amph. prolog. C'est à toi, Lamoignon… Qu'il sied bien d'y veiller pour le maintien des lois, Boileau, Épître VI. Mais siérait-il, Abner, à des cœurs généreux, De livrer au supplice un enfant malheureux ? Racine, Athal. V, 2. Quand je vous traite avec bonté, il vous sied mal de montrer de la hauteur, Mme Riccoboni, Œuv. t. III, p. 187, dans POUGENS. Il vous sied, mon amie, D'être dans mon malheur toujours plus raffermie, Hugo, Hernani, II, 14.

    Ironiquement. Il sied bien… Trop aveugle ministre, Il te sied bien d'avoir en de si jeunes mains, Chargé d'ans et d'honneurs, confié tes desseins ! Racine, Bajaz. IV, 7. Perfide, il vous sied bien de tenir ce discours ! Racine, Mithr. IV, 4.

  • 2Concorder, aller ensemble. Avecque la beauté mon humeur ne sied pas, Régnier, Élég. II. Oui, c'est lui qui le dit ; et cette vanité, Monsieur, ne sied pas bien avec la piété, Molière, Tart. II, 2.

REMARQUE

St-Simon a dit seyé au participe ; mais cela est barbare : J'avais avec eux la liberté de leur tout dire qui n'eût pas seyé de même à la dévotion du duc de Charost, 302, 285.

HISTORIQUE

XIIe s. Bien li sistrent les armes, si s'en sut bien aidier, Sax. IV.

XIIIe s. Car quant chascun jadis veoit La fame qui miex li seoit, la Rose, 14112. Grailles li flancs, basses les hance, Moult li siet bien sa destre mance, Fl. et Bl. 2907.

XIVe s. Il n'est nul quelconque à qui il siece ou appartienne plus assavoir meilleurs choses et plusieurs, que il appartient au prince, Oresme, Prol.

XVe s. Et, si Dieu m'aist, le courage m'en sied trop bien que nous en viendrons à notre dessus, Froissart, I, I, 17.

XVIe s. Pensez qu'à Ambres bien sierroit, Ou à Carris, qui les verroit Combattre en ordre et equipage, L'un un valet et l'autre un page, Marot, VI, 54. Un critique dit là dessus : …Mais si tu leur bailles ung eschec Du mot serroit, qui n'est mot grec, Et du latin n'a delivrance ; Parle françois, ou cloz le bec, Car serroit n'est receu en France, Marot, ib. VI, 94. Il siet mal à un homme qui n'a plus de ville ny de maison, de prescher ceulx qui en ont de les abandonner, Amyot, Thémist. 21. Il avoit la langue un peu grasse, ce qui ne luy seoit pas mal, Amyot, Alc. 2. Il n'est homme à qui il siese si mal de…, Montaigne, I, 33. La mort la plus muette me semble la mieux seante, Montaigne, II, 55. Il vous siera mieux de vous resserrer dans le train accoustumé, Montaigne, II, 314.

ÉTYMOLOGIE

Le même que seoir 1, parce que ce qui est bien assis est séant.