« sonnette », définition dans le dictionnaire Littré

sonnette

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sonnette

(so-nè-t') s. f.
  • 1Clochette dont on se sert pour appeler ou pour avertir. Tirer la sonnette. Agiter la sonnette. La sonnette du président, dans une assemblée délibérante. Je vous prie de me faire présent d'une sonnette d'argent, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 105, dans POUGENS. L'abbé Fleury suppléait souvent aux sonnettes [en allant lui-même], avant qu'on en eût l'invention, Saint-Simon, 63, 51. Je crois à présent V. A. R. sur les bords [de la Baltique] où l'on ramasse ce bel ambre dont nous avons, grâce à vos bontés, des écritoires, des sonnettes, des boîtes de jeu, Voltaire, Lett. au pr. roy. de Pr. 12 août 1739. N'abusez jamais de l'usage des sonnettes : songez que, si vous rendez vos domestiques des esclaves, vous vous mettez vous-mêmes dans la plus honteuse dépendance, Genlis, Mais. rust. t. II, p. 257, dans POUGENS. Un son terrible parvint à son oreille, c'est celui de la sonnette funèbre qui précède et qui annonce les derniers sacrements que l'on porte aux mourants, Genlis, Mlle de Clermont, p. 152, dans POUGENS.

    Être assujetti à la sonnette, être à la sonnette, être obligé d'aller, de venir au bruit d'une sonnette, comme est un domestique.

    Populairement. à la sonnette de bois, sans bruit. Déménager à la sonnette de bois.

  • 2Boulette de cuivre ou d'argent, creuse et fendue, dans laquelle il y a un petit morceau de métal qui sonne et fait du bruit quand on l'agite. Il [un mulet] marchait d'un pas relevé, Et faisait sonner sa sonnette, La Fontaine, Fabl. I, 4. Dans les villages par où nous passions, nos mulets faisaient orgueilleusement entendre leurs sonnettes, Lesage, Gil Blas, XII, 12.

    Au fig. Car d'attacher partout ces cymbales et ces sonnettes, cela sentirait trop son sophiste, Boileau, du Sublime, XI. Boileau entend par là les pluriels répétés pour faire concevoir une plus grande idée des choses.

    Serpent à sonnettes, voy. SERPENT.

    Battre les sonnettes, s'est dit pour faire sonner les sonnettes dans certaines danses. M. de Chaudebonne est fort chagrin à cette heure, pour bien battre les sonnettes [dans la danse des matassins], Voiture, Lett. 54.

    Fig. C'est bien le plus bouffon personnage dont la tête ait dansé les sonnettes, Cyrano de Bergerac, Pédant joué, III, 3.

    Terme de fauconnerie. Piquer après la sonnette, se dit du fauconnier qui suit l'oiseau.

    Dérober les sonnettes, se dit de l'oiseau qui s'en va sans être congédié.

  • 3Machine composée d'un bloc de bois ou de métal, nommé mouton, qui peut glisser entre deux coulisses verticales ; on le soulève et on le laisse retomber de son propre poids. La sonnette est employée principalement pour enfoncer les pilotis. De nombreuses sonnettes, existant à Vienne, où l'on exécute beaucoup de travaux en rivière, avaient été réunies devant Ebersdorf pour l'enfoncement des pilotis, Thiers, Hist. de l'Emp. XVII.

    Sonnette à tiraude : le mouton est soulevé par des hommes qui tirent sur un cordage qu'ils lâchent ensuite pour laisser retomber le mouton.

    Sonnette à déclic : le mouton est soulevé au moyen d'un treuil, et un mécanisme automoteur en détermine la chute au moment opportun.

  • 4Marteau pour prendre au poinçon l'empreinte en creux sur la matrice.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quiconques veut estre ovriers d'estain, c'est à savoir fesieres de miroirs d'estain, de fremaus d'estain, de souneites, de aneles d'estain…, Liv. des mét. 43. Ne sambla pas estre recluse : Partout regarde, partout muse, Por conoitre liquel sont fol ; Ne li covient sonete à col : Bien fist semblant qu'ele estoit fole, Rutebeuf, II. 112.

XIVe s. Les ras sont chasiés par une sonnete qui est pendue au col d'un [rat], quant il la fait sonner et il court entre iceux, H. de Mondeville, f° 87, verso. Anciennement, quant la lune failloit, les femmes et les enfans couroient par les villes à bacins et à sonnetes faisans grans sons, Bercheure, f° 2. Et luy fault [au faucon] deux sonnettes, affin qu'on le puisse oyr remuer et grater, Modus, f° LXXXVIII, verso.

XVe s. Les supplians oyrent venir après eulx aucuns compaignons ayans des sonnettes de feste sur eulx, Du Cange, sonella. Ung petit pourceau d'or en une sonnete, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 365.

XVIe s. …Fait un present de sonnettes à qui est moins fol que luy, Du Bellay, J. III, 35, verso. Attacher la sonnette à l'oreille du chat, Cotgrave À fol ne faut point de sonnette, Cotgrave Nous louons… un levrier de sa vistesse, non de son collier, un oyseau de son aile, non de ses longes et sonnettes, Montaigne, I, 324.

ÉTYMOLOGIE

Dimin. de son 3.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SONNETTE.
3Ajoutez :

Le chant de la sonnette. Ce double mouvement [d'élévation et de chute du mouton de la sonnette à tiraude] qui doit s'effectuer très exactement, est d'ordinaire réglé sur un chant, le chant de la sonnette, Gaz. des Trib. 20 oct. 1875, p. 1009, 2e col.

La sonnette est ainsi dite, parce que les ouvriers qui soulèvent à la corde et laissent retomber le mouton, font absolument la manœuvre des sonneurs d'église. On lit à la colonne suivante de la Gazette des Tribunaux : Sur l'ordre… de suspendre le travail de la sonnette, il aurait dû s'arrêter immédiatement et ne pas finir la volée, qui est de douze coups.

5Fils passés dans une étoffe en guise de signets. Que, sous l'article 17 du cahier des charges, il est dit expressément que, pour faciliter le contrôle de la commission, des sonnettes seront placées par le fournisseur [d'effets d'habillement] à tous les endroits où le timbre d'acceptation a été apposé, Arrêt de la Cour d'appel de Paris, chambre correct. du 18 fév. 1874, Gaz. des Trib. 19 fév. p. 173, 3e col.
6Ancien terme populaire. Des sonnettes, ce qui sonne, des pièces de monnaie. On n'engage pas un tas de vauriens sans leur fournir des sonnettes, Lett. du P. Duchêne, 44e lettre, p. 2.