« tissu », définition dans le dictionnaire Littré

tissu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tissu [1]

(ti-su) s. m.
  • 1Il se dit de certains petits ouvrages tissus au métier. Un tissu d'or et de soie. Tristement dégarni du tissu de cheveux Dont la main d'un barbier coiffa son front crasseux, Voltaire, Marseill. et Lion.

    Par extension. Un long tissu de fleurs, ornant sa tresse blonde, La Fontaine, Adonis. Le temps n'a pas encor bruni l'étroite pierre, Et sous le vert tissu de la ronce et du lierre On distingue un sceptre brisé, Lamartine, Médit. II, 7.

  • 2Étoffe tissue. Des tissus de laine. Et toi, fatal tissu, malheureux diadème…, Racine, Mithr. v, 1. Les fils et les tissus de chanvre, de lin et de soie doivent être regardés comme des composés de fibres blanches unies à une certaine quantité de matière colorante, Thenard, Traité de chim. t. III, p. 314, dans POUGENS. Puis c'étaient des bijoux, des colliers, des merveilles… Des tissus plus légers que des ailes d'abeilles, Hugo, Orient. 33.

    Fig. Ainsi le grand vieillard, en images hardies, Déployait le tissu des saintes mélodies, Chénier, l'Aveugle.

  • 3 Dans le moyen âge, le galon, le ruban, ou le morceau d'étoffe qui formaient le corps et la partie résistante d'une ceinture, d'une jarretière ou d'un tiroir de livre ; sur ce tissu on fixait, soit à l'aiguille, soit avec des clous, les pièces en or, quelquefois à charnières, gravées, niellées ou émaillées, qui en faisaient l'ornement et le prix ; alors le tissu était dit ferré d'or ou d'argent, De Laborde, Émaux, p. 517.
  • 4Il se dit par extension pour tissure, texture. Le tissu de cette étoffe est lâche.
  • 5Espèce de corde plate, dont on fait des sangles pour les bêtes de somme.
  • 6 Terme d'anatomie. Parties solides du corps formées par la réunion d'éléments anatomiques enchevêtrés, ou simplement juxtaposés. Tissu musculaire. Tissu fibreux. J'ai observé le tissu extérieur d'une langue de mouton, Montesquieu, Esp. XIV, 2.

    Tissu dartoïque ou dartoïde, nom donné à toutes les parties de l'économie se contractant sous l'influence de certaines impressions morales, du froid, du chatouillement, etc. comme fait le dartos. Il est reconnu aujourd'hui que c'est non un tissu particulier, mais le tissu lamineux ou le tissu dermique contenant des fibres-cellules, à la contraction desquelles est dû le phénomène.

    Tissus accidentels, tissus qui se développent et vivent dans l'économie animale, quoiqu'ils ne fassent pas partie de la composition du corps, dans les circonstances normales.

    En botanique, tissu se dit aussi en parlant des différentes parties qui constituent les végétaux. Le tissu végétal, Fourcroy, Conn. chim. t. I, p. CXXXVI.

    Il se dit aussi, en minéralogie, de la manière dont les particules sont disposées. En général, les grès les plus purs et les plus durables sont aussi ceux qui ont le grain le plus fin et le tissu le plus serré, Buffon, Min. t. I, p. 207.

  • 7 Fig. Il se dit de ce qui est comparé à un tissu. Laissez-nous faire à loisir le tissu de notre roman, Molière, Préc. 5. Un saint Justin, un saint Irénée… tant d'autres qui passaient les jours et les nuits à méditer l'Écriture sainte, dont leurs écrits ne sont qu'un tissu, Bossuet, 1er avert. 16. Je pourrais me jeter dans une plus haute contemplation du tissu des Écritures que Dieu a voulu composer exprès d'obscurité et de lumière, Bossuet, Explic. de la proph. d'Isaïe, 3e lettre. Un tissu d'énigmes leur serait une lecture divertissante [à certains esprits amoureux d'une excessive brièveté], La Bruyère, I. Ce [la tragédie] n'est pas un tissu de jolis sentiments, de déclarations tendres, d'entretiens galants, de portraits agréables, de mots doucereux, La Bruyère, I. Il est d'une nécessité absolue que nous sachions démêler quel est, dans le tissu d'un discours, l'emploi grammatical de chaque mot, D'Olivet, Essai gramm. I, 3. Les pièces espagnoles étaient des tissus d'aventures incroyables, Voltaire, Comm. Corn. Cid, Préf. Comment.
  • 8 Fig. Suite, enchaînement de diverses choses. Quel tissu de malheurs forme ta destinée ! Tristan, M. de Chrispe, v, 5. Il lira seulement l'histoire de ma vie ; Là, dans un long tissu de belles actions, Il verra comme il faut dompter des nations, Corneille, Cid, I, 6. Comptez, ma bonne, que cette année et toutes celles de ma vie sont à vous ; c'est un tissu, c'est une vie tout entière qui vous est dévouée jusqu'au dernier soupir, Sévigné, 8 janv. 1674. L'histoire de l'empire grec, c'est ainsi que nous nommerons dorénavant l'empire romain, n'est plus qu'un tissu de révoltes, de séditions et de perfidies, Montesquieu, Rom. 21. Je n'envisage pour le reste de ma vie qu'un tissu de douleurs qui ne sera adouci que par ma patience à les supporter, Voltaire, Lett. Mme de Bernières, octobre 1724.

HISTORIQUE

XIIIe s. Bien le ceint Blonde d'un tissu Qu'ele meïsmes ot tissu, Bl. et Jehan, 3984.

XIVe s. Deux tissus [ceintures] ferrez d'argent, Du Cange, texus.

XVe s. Le tiers coup de la jouste fut bel… de ce coup tous deux se deheaumerent si nettement, que les tissus des heaumes rompirent, et volerent jus sur la prée par derriere les croupes des chevaux, Froissart, IV, p. 54, dans LACURNE. Fins tissus, Petit J. de Saintré, p. 146, dans LACURNE. Fins cuevrechiefs à or batus, à pierres et perles dessus, Tyssus de soie et de fin or, Deschamps, Miroir de mariage, p. 20.

XVIe s. Mauldit et malheureux tissu [diadème], ne me serviras-tu point à ce triste service [s'étrangler] ? Amyot, Lucul. 32.

ÉTYMOLOGIE

Tissu 2.