« varier », définition dans le dictionnaire Littré

varier

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

varier

(va-ri-é), je variais, nous variions, vous variiez ; que je varie, que nous variions, que vous variiez v. a.
  • 1Faire subir des changements successifs ou alternatifs. Sans cesse en écrivant variez vos discours, Boileau, Art p. I. Quel secret doit avoir eu la nature pour varier en tant de manières une chose aussi simple qu'un visage ? Fontenelle, Mond. 3e soir. Une société choisie, composée au gré de ma femme, y venait successivement varier mes loisirs, et jouir avec nous de cette opulence champêtre…, Marmontel, Mém. X. Tel, dans l'airain brillant où flotte une eau tremblante, Le soleil, variant sa lumière inconstante, Va, vient, monte, descend, et se relève encor, Delille, Én. VIII.

    Varier la phrase, exprimer la même pensée en d'autres termes. C'est une chose si nouvelle que de varier la phrase, qu'il a pris l'occasion que Voiture souhaitait pour écrire moins ennuyeusement à monsieur le Prince, Sévigné, 207. Faites-leur bien tous mes compliments, à chacun selon l'amitié qu'il a pour moi ; vous saurez varier les phrases, Sévigné, 566.

  • 2 Terme de musique. Varier un air, le changer, en y ajoutant des ornements qui laissent subsister le fond de la mélodie et le mouvement.

    Fig. À la fin, le courage le plus robuste se lasse de varier toujours le même thème, Th. Gautier, Feuilleton du Monit. univ. 4 juin 1868.

  • 3 V. n. Présenter des variations. Le temps varie continuellement. L'accusé varia dans ses réponses. J'avais donné pour fondement à l'Histoire des Variations, que varier dans l'exposition de la foi était une marque de fausseté et d'inconséquence dans la doctrine exposée, Bossuet, 1er avert. 3. Ce saint docteur [Vincent de Lérins] s'étonne qu'on puisse penser à varier dans la foi, Bossuet, ib. 5. Calvin ne laisse pas d'avoir varié non-seulement dans ses écrits particuliers, mais encore dans les actes publics qu'il a dressés au nom de tous les siens, ou qu'il leur a inspirés, Bossuet, Var. IX, 85. Après les mauvais succès des premiers commencements, Pierre Ier remporta quelques avantages assez considérables, et la fortune varia, ce qui honorait déjà assez ses armes, Fontenelle, Czar Pierre. Dieu varier ! Dieu changer ! cette idée me paraît un blasphème, Voltaire, Dial. 19.

    Il se dit aussi d'une chose qui diffère d'elle-même, ou de plusieurs choses qui ont des formes, des qualités différentes selon les circonstances. Les mœurs varient selon les pays.

  • 4Il se dit de plusieurs personnes qui sont d'un avis différent, qui rapportent diversement un même fait. Les auteurs varient beaucoup sur l'époque de l'établissement de Carthage, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 233, dans POUGENS.
  • 5S'écarter du nord, ou s'en rapprocher, en parlant de l'aiguille aimantée.
  • 6Se varier, v. réfl. Se donner à soi-même des variations. Tous les temps ont leurs défauts et leurs vertus, c'est toujours l'homme ; mais la nature se varie dans l'homme ; et l'art, qui n'est qu'une imitation de la nature, se doit varier comme elle, Saint-Évremond, dans RICHELET.

HISTORIQUE

XIIIe s. Si cum variout la colurs, [ils] Aveient diverses luurs, Marie de France, Purgat. 1625. Cil qui veult raconter une estoire vielle et usée, il est bon de reborser [rebrousser] son droit cors [cours] et varier son ordre, en tel maniere que ele semble toute nouvele, Latini, Trésor, p. 483. Se tu de chou point me varies [tu ne me détournes pas de cela], Du Cange, variare.

XIVe s. Se les choses doivent estre traites [tirées] par incision, il convient varier l'oevre, si comme le propos le requiert, H. de Mondeville, f° 104, verso. Pour ce est la cure d'icelles [piqûres] aucun poi [peu] variée, H. de Mondeville, f° 86, verso. [Les philosophes s'exposaient à tout plutôt que]… on peüst parcevoir Que leur bon propos variassent, Ne que verité declinassent, Machaut, p. 94. Laquelle femme contre le propos et intention dudit exposant varia tant [contredit tant]…, Du Cange, variare.

XVe s. Et se je varicie au rendre Mes liçons, j'estoie batus, Froissart, Espinette amour. Quand il les sentit sur lui, si fut tout esbahi, et voulsist bien estre ailleurs ; ils l'environnerent de tous costés, et lui demanderent où il alloit ainsi… il commença à varier et ne repondit point bien à leur propos, Froissart, II, III, 119. Combien que pas ne se varie [pèche] Quant à Dieu cilz qui se marie, Deschamps, Poésies mss. f° 546.

XVIe s. Cestuy exemple me faict entre espoir et crainte varier, Rabelais, Pant. III, Prol. Qu'est-ce qu'un nom ? trois ou quatre traicts de plume si aysez à varier que…, Montaigne, I, 348. La fortune tourne et varie diversement, Amyot, Sert. 1. Et puis il varioit en ses pensemens, quand il consideroit la grande hardiesse de ce qu'il entreprenoit, Amyot, César, 42.

ÉTYMOLOGIE

Génev. varier, avoir des vertiges, défaillir : le cœur lui varie ; variement de cœur, défaillance ; prov. vairar, variar ; esp. variar ; it. variare ; du lat. variare, de varius, divers. Varius avait donné l'adjectif vaire. Les vaines vaires et diverses [de la terre], Latini, Trésor, p. 116.