« avis », définition dans le dictionnaire Littré

avis

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

avis [1]

(a-vî ; l's se lie devant une voyelle ou une h muette : un avis important, dites : un avi-z-important) s. m.
  • 1Manière de voir, opinion. Ils étaient d'avis différents, Fénelon, Tél. V. Volonne dit son avis comme un autre, Sévigné, 401. Vous êtes seule de votre avis, Sévigné, 215. Aristote est de l'avis du père Beauny, Pascal, Prov. 4. Ils sont de contraires avis, Pascal, ib. 5. Chacun a son avis, Corneille, Pomp. I, 1. Je voudrais bien que notre bon ***… choisît ce genre d'écrire, où, à mon avis, il réussirait parfaitement, Guez de Balzac, Liv. VI, lett. 4. Cependant les avis ne sont point partagés ; tout le monde tient qu'il y a eu quelque chose de surnaturel dans les oracles, Fontenelle, Oracl, 1re dissertation.

    Il lui est avis, il pense. Il lui fut avis que le diable…, La Fontaine, Ann.

    Familièrement. M'est avis. M'est avis que cet enchaînement de sottises et d'atrocités qu'on appelle histoire ne mérite guère l'attention des hommes sensés, Courier, Lett. I, 145.

  • 2Opinion dans une délibération. Ouvrir un avis dans le sénat. Les avis des membres de la commission furent unanimes.

    Avis du conseil d'État, opinion du conseil d'État en interprétation d'un règlement.

    Avis de parents, délibération d'un conseil de famille.

    Avis de médecins, consultation de plusieurs médecins.

  • 3Vote, dans une assemblée. Donner son avis. Recueillir les avis.
  • 4Conseil. Donner des avis. S'il veut suivre vos avis. Recevoir très mal les avis. Elle donnera dans un jour cent avis, et dans toute une année elle n'en voudra pas recevoir un seul, Bourdaloue, Pensées, t. I, 432. Mais je ne veux d'avis que d'un cœur tout à moi, Corneille, Héracl. II, 7. De cet hymen tes amis indignés Vengeront sur ton sang leurs avis dédaignés, Corneille, Pomp. V, 4. De Maxime et de toi j'ai pris les seuls avis, Corneille, Cinna, V, 1. Un salutaire avis agit avec lenteur, Corneille, Othon, V, 2. La nuit porte avis, Corneille, le Ment. III, 6. Il prend l'avis du reste de la famille, Fénelon, Tél. VIII. Phèdre, dans ce palais tremblante pour son fils, De ses amis troublés demande les avis, Racine, Phèd. II, 1. Je ne prends avis que de ma passion, Molière, D. Garc. IV, 7.

    Donneur d'avis, homme qui a la manie de donner des conseils sans qu'on lui en demande.

    Donneur d'avis se disait particulièrement autrefois de celui qui proposait un moyen pour faire venir de l'argent dans les coffres du roi. Enfin c'est un avis d'un gain inconcevable, Et que du premier mot on trouverait faisable, Molière, Fâch. III, 3.

    Familièrement. Sauf meilleur avis ; si l'on ne conseille rien de mieux.

  • 5Parti qu'on prend. Le meilleur avis qui me reste, C'est de me séparer de toi, Malherbe, V, 5. Et je suivrai l'avis que vous prendrez pour moi, Corneille, Sertor. IV, 3.

    Peu usité en ce sens.

  • 6Avertissement. Il ne faut pas que le vieillard néglige les avis que la nature lui donne. Je reçois vingt avis qui me glacent d'effroi, Boileau, Épît. VI. Je devais, ce dis-tu, te donner quelque avis Qui te disposât à la chose : J'aurais trouvé ton testament tout fait, La Fontaine, Fabl. VIII, 1. Les Dieux qui m'inspiraient et que j'ai mal suivis, M'ont fait taire trois fois par de secrets avis, Racine, Mithr. IV, 2.

    Avis au lecteur, préface d'un livre ; et figurément, conseil ou reproche adressé d'une manière générale et indirecte. Français, ce trait s'appelle un avis au lecteur, Andrieux, Procès du sénat de Capoue.

    Terme de commerce. Avertissement par écrit à celui qui doit payer une lettre de change, de la création de cette lettre, ou Lettre d'avis, lettre missive qui contient cet avertissement.

  • 7Information, nouvelle. Par un avis secret. Sur l'avis de nos correspondants. Il vint au gouverneur de sûrs avis sur les projets de l'ennemi. Quel coup de foudre, ô ciel ! et quel funeste avis ! Racine, Phèdr. IV, 5. Je vous en donne avis, de peur d'une surprise, Corneille, Cinna, I, 4. Sans m'en donner avis, Molière, Fest. I, 3. Pour te donner avis d'un secret important, Molière, l'Étour. III, 6. Nous donner avis de ce rare bonheur, Molière, D. Garc. III, 3. Ayant eu avis qu'elle s'en allait, Sévigné, 12.

PROVERBES

Il y a jour d'avis ; c'est-à-dire rien ne presse.

Autant de têtes, autant d'avis ; chacun a sa manière de voir.

HISTORIQUE

XIIe s. Dont m'ert avis [il m'était avis] que j'ere [étais] en un moustier, Ronc. p. 164. Vostre clairs vis, qui sembloit fleur de lis, Est si alés ore de mal en pis Qu'il m'est avis que me soiez emblée, Quesnes, Romancero, p. 108. Mout firent grant folie li mès [messagers], ce m'est avis, Quant tel chose apporterent à nous en cest pays, Sax. XXVI.

XIIIe s. Avis m'est qu'il afiere Qu'il soit de ceste chose et maistre et conseillere, Berte, XI. Por lui morrai, au mien avis, Qu'il n'en istra [sortira], ce croi, jà vis [vivant], la Rose, 4135. Il m'est avis et as autres aussi, que tex coustumes sont bones et pourfitables à escrire et à registrer, Beaumanoir, 14.

XIVe s. Je ai donné et doin à mon filz, pour le avis et pour l'assignement de son mariage, toute la terre, Du Cange, avisum. Ne scevent li aucuns prendre certain avis De rendre la cité ; moult y furent pensis : Li uns s'y assentoit et li autres envis, Guesclin. 15235. Ceux de Cambray se defendoient vassalement et par grant avis, Froissart, I, I, 83. Là estoient ces archers d'Angleterre habiles et legers et qui traioient par art et par avis, et de tel ravine que grand laideur estoit à regarder, Froissart, I, I, 306. Le duc de Normandie respondit à la premiere fois qu'il en auroit avis [qu'il prendrait avis de son conseil], Froissart, I, I, 118. Si firent les chevaliers de Hainaut et leur conseil plusieurs bonnes ordonnances, par grand avis, pour eux mieux garder et defendre, Froissart, I, I, 31. Et s'avisa que… et ainsi qu'il jeta son avis, il le fit, et ferit son cheval des esperons, Froissart, I, I, 140. Et ordonnerent [capitaines, ceux de Gand] quatre, à leurs avis, les plus oultrageux, hardis et entreprenants de tous les autres, Froissart, II, II, 57. Quant Jeunesse vit que point ne parloye, Car tout advis et sens perdu avoye, Pour moi parla…, Orléans, 1.

XVIe s. Laquelle [cause du Christ] aujourd'hui est en telle maniere du tout deschirée et foulée en vostre royaume, qu'elle semble, advis, desesperée, Calvin, Instit. Dédic. Les noms de Michel et Gabriel, qui sont en l'Escriture, et le nom de Raphaël qui est en l'histoire de Thobie, semblent, avis, par la signification qu'ils emportent, avoir esté imposez aux anges à cause de nostre infirmité, Calvin, ib. 108. Je seroye d'advis qu'on evitast tous vocables esquels il y a quelque absurdité, Calvin, ib. 186. Il m'a semblé advis bon de faire un traité particulier pour mieux discuter ceste matiere, Calvin, ib. 323. Ô monde heureux ! il m'est advis que je y suys, Rabelais, Pant. III, 4. Par ce voyez que Dieu grant advis eust Envers les dames premier qu'en croix mourut, Marot, J. V, 297. Estre d'advis qu'on fasse, Montaigne, I, 15. Comme Lamachus fust d'advis que d'arrivée on allast droit devant Syracuse, Amyot, Nicias, 25. Il se laissa aller à la renverse sur le lict, où il estoit à table, comme ne prenant plus d'advis à ce qu'ilz faisoient et disoient, Amyot, Sertor. 40. Incontinent après, ayant changé d'advis, il en sceut fort mauvais gré à Eumenes, Amyot, Eumènes, 3.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. aivi ; Berry, évis ; provenç. avis ; espagn. aviso ; ital. avviso ; de à et de vis (voy. VIS, s. m.) de visum, vu : mot à mot ce qui est vu, ce qui semble.