« débiter », définition dans le dictionnaire Littré

débiter

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débiter

(dé-bi-té) v. a.
  • 1Vendre en détail ou fréquemment. Débiter des denrées. La lettre que vous débitâtes par tout Paris pour faire croire que le livre de la fréquente communion…, Pascal, Prov. 15. Ai-je un lit de plume après vingt ans qu'on me débite sur place ? La Bruyère, XII. Les libraires ne m'ont ni envoyé le livre, ni averti qu'ils le débitaient, Voltaire, Lett. Prusse, 52.

    Fig. Débiter sa marchandise, avoir du succès, réussir. Pour débiter notre marchandise, il faudrait faire revenir les Augustes et les Antonins, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 3.

    Il débite bien sa marchandise, il sait faire valoir ce qu'il dit.

    Absolument, détailler. On ne débite pas dans cette maison.

    Fig. La louange est à prix, le hasard la débite, Régnier, Sat. X.

  • 2 Terme de commerce. Inscrire quelqu'un comme débiteur d'un article ou d'une somme. Je vous ai débité de mille francs.
  • 3 Terme de métier. Débiter le bois, le couper de longueur, après avoir refendu les pièces.

    Mesurer les pièces avec la règle et le compas, marquer les grandeurs avec la craie et les approprier aux différentes destinations dont on a besoin. Débiter le bois en planches, en poutres, en cerceaux.

    Débiter la pierre, la scier pour en faire du carreau. Débiter le marbre, le scier suivant les besoins.

    Débiter un bœuf, le couper en pièces de boucherie.

  • 4 Populairement, débiter de l'ouvrage, en exécuter beaucoup.
  • 5Réciter. Débiter des vers. Cet enfant débita très bien son compliment. Un comédien qui débite son rôle. Ces discours qu'il débite avec tant d'emphase, Massillon, Carême, J. de Pâq.

    Dire, exposer, mais avec un sens péjoratif d'ironie ou de blâme. Débiter une morale pernicieuse. Un homme de mon âge a cru légèrement Ce qu'un homme du tien débite impudemment, Corneille, Ment. V, 3. C'est un secret d'amour et bien grand et bien rare ; Mais il faut de l'adresse à le bien débiter, Corneille, ib. I, 1. Tous ces blondins sont agréables et débitent fort bien leur fait, Molière, Avare, III, 8. Débiter dans une chaire chrétienne de pareilles propositions et s'appuyer sur de semblables preuves pour conclure précisément de là que très peu entreront dans l'héritage céleste…, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 130. Chacun a débité ses maximes frivoles, Boileau, Sat. III. Ils ne disent point la vérité ; car ils ont instruit leurs langues à débiter le mensonge, Sacy, Bible, Jérémie, IX, 5. Cydias, après avoir toussé, relevé sa manchette, étendu la main et ouvert les doigts, débite gravement ses pensées quintessenciées, La Bruyère, V. Enfin nous qui débiterons peut-être encore des rêveries, Fontenelle, les Mondes, 1er soir. Elle a été vous débiter mille impostures pour se venger, Lesage, Turcar. II, 3. Ce que l'on a débité sur la longue vie des cerfs n'est appuyé sur aucun fondement, Buffon, Cerf. Eustathe, disciple de Jamblique et d'Édedius, fut un homme éloquent et doux, sur le compte duquel on a débité beaucoup de sottises, Diderot, Opin. des anc. phil. Éclectisme.

    Absolument. Vertu de ma vie ! comme vous débitez ! il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre, Molière, D. Juan, I, 2. Il [M. Lémery] avait une facilité merveilleuse à débiter et à mettre en œuvre son savoir, Mairan, Éloges, Lémery.

  • 6 Terme de musique. Exécuter un passage de chant, en le modifiant suivant le sens des paroles.
  • 7 Terme d'hydraulique. Fournir une certaine quantité d'eau en un temps donné, en parlant d'une fontaine ou d'un cours d'eau. Cette fontaine débite tant de litres par jour.
  • 8Se débiter, v. réfl. Être vendu. Cette marchandise se débite très bien. Quand ce recueil se débitera, Sévigné, 74. Quand un livre au palais se vend et se débite, Boileau, Sat. IX. Des denrées qui sont à très grand marché [à vil prix] sur le lieu et se débiteraient très bien à dix, vingt et trente lieues de là, Vauban, Dîme, p. 32.

    Être dit et répandu. Cette nouvelle se débite de tous côtés. Le blâme et la louange au hasard se débite, Régnier, Sat. V.

    Être coupé, taillé. Ce bois se débite facilement.

HISTORIQUE

XVIe s. Des gelées si aspres que le vin de la munition se coupoit à coups de hache, se debitoit aux soldats par poids, etc…, Montaigne, I, 261. Ils [les rois] leur permirent [aux nobles] de donner et debiter de leurs terres à des païsans à droits de rente et de censive, Lanoue, 226. Pourveu que ses reparations soient raisonnablement inventées, mieux ne pourroit-il debiter son revenu, De Serres, 35. Gardant le reste de ses bleds pour debiter petit à petit jusques à la cueillette, De Serres, 137.

ÉTYMOLOGIE

Débit ; wallon, dibiter.