« expédier », définition dans le dictionnaire Littré

expédier

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

expédier

(èk-spé-di-é), j'expédiais, nous expédiions, vous expédiiez ; que j'expédie, que nous expédiions, que vous expédiiez v. a.
  • 1Faire partir pour une destination. Expédier un ballot par le chemin de fer. Expédier un courrier, une estafette. Lui qui faisait quelquefois expédier des lettres de cachet, Voltaire, l'Ingénu, 20. En 1601, une société formée en Bretagne expédia deux navires pour prendre part, s'il était possible, aux richesses de l'Orient, que les Portugais, les Anglais et les Hollandais se disputaient, Raynal, Hist. phil. IV, 2.
  • 2Hâter l'exécution d'une chose, la fin d'une affaire. S'agit-il de la conscience, on n'y regarde pas de si près, et il semble que ce soit une de ces affaires qu'on peut expédier dans l'espace de quelques moments, Bourdaloue, Pensées, t. 1, p. 319. Ceux qui expédient le plus d'affaires, Fénelon, Tél. XXII. Il y a ici trop de monde ; on expédie les audiences trop rapidement, Voltaire, l'Ingénu, 15. Xénophon, au livre des Revenus, voudrait qu'on donnât des récompenses à ceux des préfets du commerce qui expédient le plus vite les procès, Montesquieu, Esp. XX, 18.

    Absolument, en ce sens. Nous n'aurions jamais fait ici, si nous voulions appuyer autant sur chaque nouvelle ; il faut expédier, expédiez à notre exemple, Sévigné, 198.

    En ce sens il se dit aussi des personnes. Ce juge expédie promptement les parties. Il est là embarrassé à expédier quelques malades, et je vais lui dire que vous êtes ici, Molière, Pourceaugn. I, 7. S'il y a plusieurs personnes qui n'aient pas plus de droit d'être expédiées l'une que l'autre, le juge qui prendra quelque chose de l'une à condition de l'expédier la première, péchera-t-il ? Pascal, Prov. 8. Je vous conduirai à mon maître, d'abord que j'aurai expédié ce bon laboureur, Lesage, Gil Blas, III, 3. Quoique je n'aie plus guère besoin de pratiques, il est toujours bon d'expédier les vieilles ; quelque profession que l'on quitte, il en faut sortir avec honneur, Dancourt, la Femme d'intrigue, IV, 12. Ils perdent plus de temps à me remettre qu'ils n'en auraient mis à m'expédier, Rousseau, Hél. III, 23.

  • 3Déclarer à la hâte. J'entends à demi-mot, achève et m'expédie Promptement le motif de cette maladie, Corneille, Mél. IV, 1. De prime abord sont par la bonne dame Expédiés tous les péchés menus, La Fontaine, Mari conf.
  • 4 Familièrement. Expédier de l'argent, des provisions, les dépenser promptement. Il a expédié son dîner en quelques minutes. Après avoir expédié une partie du gibier, Lesage, Gil Blas, VI, 1.
  • 5Se débarrasser de. Si vous pensiez m'expédier, en me mandant des merveilles de votre santé…, Sévigné, 421. L'on voit des gens brusques, inquiets, suffisants, qui, bien que oisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles et ne songent qu'à se dégager de vous, La Bruyère, V.

    Par extension. Je me souviens de ce que je souffris à la maladie de ma pauvre tante, et comme vous me fîtes expédier cette douleur, Sévigné, 225.

  • 6Mettre à mal, ruiner. Ils avaient porté beaucoup d'argent au jeu, ils furent promptement expédiés. C'est le coup, scélérat, par où tu m'expédies, Et voilà couronner toutes tes perfidies, Molière, Tart. v, 7. Tandis qu'on l'expédiait insensiblement, la fidèle Fatime qui s'aperçut de sa décadence, rêva une nuit qu'elle le quittait et le lendemain elle le quitta, Marmontel, Cont. mor. Mauv. mère.

    Faire mourir. La maladie l'aura bientôt expédié. C'est de la meilleure foi du monde qu'il [un médecin] vous expédiera, Molière, Mal. imag. III, 3. Ce portier du logis était un chien énorme, Expédiant les loups en forme, La Fontaine, Fabl. IX, 10. Il n'en faut pas davantage, avec une direction d'intention, pour expédier un homme en sûreté de conscience, Pascal, Prov. 7. Les habitants d'Avila se font une grande joie de voir expédier aujourd'hui quelqu'un de ces voleurs, Lesage, Estev. Gonz. ch. 8.

    Expédier un homme en forme commune (voy. COMMUN), ou l'expédier en bref, lui gagner tout son argent, le mettre à mal, le faire mourir. Eh ! messieurs, laissez-moi mourir ; Permettez qu'en forme commune La parque m'expédie, et finissez vos pleurs, La Fontaine, Fabl. XII, 6.

  • 7 Terme de pratique. Faire la copie littérale d'un acte. Passez chez votre notaire afin qu'il expédie votre contrat.
  • 8S'expédier, v. réfl. Se hâter, se dépêcher. Allons, qu'on s'expédie.

    Être fait à la hâte. Cela ne peut pas s'expédier ainsi.

    Être fait promptement. Par ce moyen [la division des affaires] tout s'expédie avec ordre et distinction, Bossuet, Polit. X, II, 4.

HISTORIQUE

XIVe s. Un seul ne pourroit entendre, nebien delivrer ou expedier toutes les causes et les controversies d'un grant pueple, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Et crioient à ceulx qui estoient sur l'eschaffaut qu'ilz les expediassent, et incontinent ilz eurent tous deux les testes trenchées, Commines, V, 17.

XVIe s. Puys patenostres en avant ; pour lesquelles mieux en forme expedier…, Rabelais, Garg. I, 22. Et pour avoir plus tost expédié, je presupose, qu'en courage, experience et nombre, les deux esquadrons soyent esgaux, Lanoue, 310. Les grands travaux [maux] expedient et depeschent promptement l'homme, et les longs ne sont pas grands, Amyot, Comm. lire les poëtes, 55. Il fera acheter de vieils beufs es marchés d'alentour, afin de s'en servir à boutées [coups de travail] pour expedier ses labours et semences, De Serres, 298.

ÉTYMOLOGIE

Latin fictif, expeditare, fréquentatif de expedire (voy. EXPÉDIENT 1).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EXPÉDIER.
8S'expédier… Ajoutez :

Être expédié, envoyé. Les bénéfices, qui s'expédient ordinairement pour les Français sur simples signatures, et desquels l'on veut dorénavant les obliger de prendre bulles, Richelieu, Lettres, etc. t. VI, p. 53 (1638)