« populaire », définition dans le dictionnaire Littré

populaire

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populaire

(po-pu-lê-r') adj.
  • 1Qui est du peuple, qui concerne le peuple, qui appartient au peuple. Opinion populaire. Qu'a de fâcheux pour toi ce discours populaire ? Corneille, Cid, IV, 2. Dans ce jour de tempête [juillet 1830] où le vent populaire Déracina la royauté, Barbier, ïambes, la Curée.

    Gouvernement, état populaire, état où l'autorité est entre les mains du peuple. Le pire des états c'est l'état populaire, Corneille, Cinna, II, 1. L'état populaire qui est le pire de tous, Bossuet, 4e avert. 49. Les enfants commencent entre eux par l'état populaire : chacun y est le maître, La Bruyère, XI.

    Il se dit, dans le même sens, des institutions. La jalousie [entre deux ordres, à Rome] fait qu'on résout d'un commun accord une ambassade en Grèce, pour y rechercher les institutions des villes de ce pays, et surtout les lois de Solon qui étaient les plus populaires, Bossuet, Hist. III, 7.

    Éloquence populaire, éloquence propre à faire impression sur la multitude. L'unique règle de l'éloquence populaire est de s'accommoder au naturel, au génie, au goût du peuple à qui l'on parle, Marmontel, Œuv. t. VI, p. 382.

    Tragédie populaire, nom qui a été quelquefois donné au drame. La tragédie populaire a donc ses avantages, comme l'héroique a les siens, Marmontel, ib. t. X, p. 339.

  • 2Qui est usité, répandu parmi le peuple. Il est dangereux en philosophie de s'écarter du sens usuel et populaire des mots, Diderot, Claude et Néron, II, 69. Tout bruit populaire qui suppose dans une denrée [soumise au monopole] des qualités dangereuses favorise la haine du peuple, Condorcet, Montigni.

    Erreur populaire, erreur accréditée parmi le peuple. Elle-même a semé cette erreur populaire D'un faux Héraclius qu'elle accepte pour frère, Corneille, Hér. I, 3.

    Devenir populaire, se répandre parmi le peuple. Il savait qu'après avoir obtenu la gloire de reculer les bornes des sciences, il restait au philosophe l'obligation de les rendre utiles, et qu'elles n'étaient utiles qu'autant qu'elles devenaient populaires, Condorcet, Linné.

    Rendre une science populaire, la répandre en tous lieux, la rendre accessible à tous les esprits.

    Maladies populaires, certaines maladies épidémiques ou contagieuses qui courent parmi le peuple. Si l'apôtre se plaignait autrefois que les maladies populaires, les morts, les accidents funestes n'étaient qu'une suite des communions indignes…, Massillon, Carême, Commun. indignes. La facilité qu'a cette maladie [lèpre] à se rendre populaire, nous doit faire sentir la sagesse de ces lois [des Égyptiens et des Juifs], Montesquieu, Esp. XIV, 11.

  • 3Vulgaire, bon pour le peuple, qui ne s'élève pas au-dessus de la portée du peuple. La lecture apprend à écrire ; je connais des lieutenants généraux dont le style est populaire ; c'est pourtant une jolie chose que de savoir écrire ce que l'on pense, Sévigné, 17 juillet 1689. Ce n'est pas assez pour le monde de violer la loi sainte du jeûne et de l'abstinence… on la regarde comme une dévotion populaire, Massillon, Carême, Mot. de conv. L'événement est arrivé après la comète : donc il est arrivé à cause de la comète ; c'est un sophisme populaire, Dumarsais, Œuv. t. V, p. 347. Ce n'a été que depuis Malherbe, Balzac et Corneille que la différence du style noble et du familier populaire s'est fait sentir, Marmontel, Œuv. t. VIII, p. 508.
  • 4Qui recherche, qui se concilie l'affection du peuple. Il [Périclès] n'était pas naturellement populaire, mais il l'était devenu par politique, Rollin, Traité des Ét. V, III, 2. Manlius, pour se rendre populaire, allait retirer des mains des créanciers les citoyens qu'ils [les patriciens] avaient réduits en esclavage, Montesquieu, Esp. XII, 21. En des lieux où, voyant des princes populaires…, Gilbert, Ode à Monsieur.

    Fig. Cloris, on le prétend, se montre populaire ; Oui, déposant l'orgueil de ses douze quartiers, Madame en ses amours déroge volontiers, Gilbert, Le 18e siècle.

    Se dit des manières, du langage. C'est trop de monde à la fois [chez Mme de Grignan] ; pour moi, je n'y pourrais résister avec toutes mes vertus populaires, Sévigné, 30 oct. 1680. La véritable grandeur est libre, douce, familière, populaire, La Bruyère, II.

  • 5 S. m. Le commun des hommes, le vulgaire, la foule. Pour tromper le jaloux populaire, Régnier, Élég. III.

HISTORIQUE

XIVe s. Si com je truis [trouve] escript par certene cronique Et par la renommée populaire et publique, Girart de Ross. V. 5314. Et aussi vouloient les populaires [les plébéiens] que les peres [sénateurs] se combatissent et prissent armes, Bercheure, f° 36, reclo. Servilius, de qui l'engin estoit plus populaire et plus amiable, Bercheure, ib. Noz bons et loiaux subgez, tant prelaz et autres gens d'eglise, dux, contes, barons et autres nobles, et les populaires de nostre royaume, Du Cange, popularis.

XVIe s. Loin du tumulte et du bruit populaire, Desportes, Bergeries, chanson. Si n'estoit point besoing de difference de vestemens pour discerner un populaire d'avec un patricien, Amyot, Cor. 31. Les plus vieux et plus populaires d'entre les nobles…, Amyot, ib. 29. …Sois content du jugement de ceux Qui peuvent t'avancer en estats et offices, Qui te peuvent donner les riches benefices, Non ce vent populaire et ce frivole bruict Qui de beaucoup de peine apporte peu de fruict, Du Bellay, J. le Poëte courtisan. Domination populaire, Montaigne, I, 18. La poesie populaire et purement naturelle a des naïfvetez et graces par où elle se compare à la principale beauté de la poesie parfaicte selon l'art, Montaigne, I, 54. C'est le naturel du menu populaire… il est soupçonneux à l'endroict de celuy qui l'aime, et simple envers celuy qui le trompe, La Boétie, Servit. volont.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. popular ; ital. popolare ; du lat. popularis, de populus, peuple (voy. PEUPLE 1).