« réflexion », définition dans le dictionnaire Littré

réflexion

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réflexion

(ré-flè-ksion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Phénomène qui a lieu lorsqu'un corps doué d'une certaine vitesse en rencontre un autre qui lui fait obstacle, et qui le force de suivre une autre direction. Au même endroit où le canon ne peut aller que de bond et par réflexion, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 303. Elle [la lune dans son plein] est belle alors et fort lumineuse, quoique sa lumière ne soit que la réflexion de celle du soleil, La Bruyère, XVI. Il [Newton] a donné l'invention et le dessin d'un télescope par réflexion, qui n'a été bien exécuté que longtemps après, Fontenelle, Newton. Cette lumière blanchâtre qui nous vient de la lune est la lumière même du soleil, mais elle ne peut venir de la lune que par une réflexion, Fontenelle, Mondes, 2e soir. Dans les plaines sablonneuses de l'Afrique, la réflexion de la lumière est si vive qu'il n'est pas possible d'en soutenir l'effet, sans courir risque de perdre la vue, Buffon, De la vue. L'angle de la réflexion de la lumière est toujours égal à son angle d'incidence, Brisson, Traité de phys. t. II, p. 290.

    Fig. Que le prince envoie tant qu'il lui plaira une réflexion de sa grandeur sur les sujets qui ont trouvé grâce devant ses yeux, qu'il leur communique des rayons de sa puissance, Guez de Balzac, De la cour, 7e disc. Ces sortes de satires tombent directement sur les mœurs, et ne frappent les personnes que par réflexion, Molière, Critique, 7.

  • 2 Terme de marine. Instruments de réflexion, instruments astronomiques dont on se sert pour prendre la hauteur des astres au-dessus de l'horizon.

    Cercle de réflexion, instrument d'astronomie.

  • 3 Fig. Acte de l'esprit qui réfléchit ; suite de pensées et de jugements qui découlent les uns des autres. Après y avoir fait assez de réflexion [à certaines lois de Dieu], Descartes, Méth. V, 1. J'avais cru le contraire sans y faire de réflexion, Pascal, Prov. VII. Faites un peu de réflexion à toute la puissance de cette famille [Colbert], Sévigné, 22 nov. 1679. Il est véritable que qui ôte à l'esprit la réflexion, lui ôte toute sa force, Bossuet, Sermons, Véritable conversion, 1. Qui sait si l'Angleterre étant revenue de ses erreurs prodigieuses touchant la royauté, elle ne poussera pas plus loin ses réflexions [jusqu'à la religion] ? Bossuet, Reine d'Anglet. La réflexion est appelée l'œil de l'âme, parce que, l'acte direct n'étant le plus souvent assez aperçu, la réflexion en l'apercevant s'affermit avec connaissance et comme par un jugement confirmatif, Bossuet, Ét. d'orais. V, 5. Régulièrement parlant, un péché commis avec réflexion a plus de malice, Bossuet, ib. V, 16. Y avez-vous jamais fait… je ne dis pas toute la réflexion nécessaire, mais quelque réflexion ? Bourdaloue, Car. I, Pens. de la mort, 47. Les expériences sont inutiles aux princes amollis et inappliqués qui vivent sans réflexion, Fénelon, Tél. XII. Notre liberté est faible et bornée comme toutes nos autres facultés ; nous la fortifions en nous accoutumant à faire des réflexions, et cet exercice de l'âme la rend un peu plus vigoureuse, Voltaire, Traité de métaph. 7. On a vu souvent des signes de réflexion dans le moment même d'une mort violente, Buffon, De la vieillesse et de la mort. L'entendement, une fois exercé à la réflexion, ne peut plus rester en repos, Rousseau, Émile, IV. La réflexion sert de sauvegarde au caractère, sans le corriger, comme les règles en servent au génie, sans l'inspirer, Duclos, Consid. mœurs, 13. Quand il [l'homme] saura conduire sa réflexion, pour remonter des effets aux vrais principes, Condillac, Traité des syst. 5. Réflexion, par exemple, a premièrement désigné le mouvement d'un corps qui revient après avoir heurté contre un autre ; et ensuite il est devenu le nom qu'on donne à l'attention, lorsqu'on la considère comme allant et revenant d'un objet sur un objet, d'une qualité sur une qualité…, Condillac, Art d'écr. II, 6. Lorsque l'attention se porte sur ce qui se passe au dedans de nous-mêmes, elle s'appelle réflexion, Marmontel, Œuv. t. V, p. 287.

    Dans le langage des précieuses. Attachez un peu sur ces gants la réflexion de votre odorat, Molière, Préc. 10.

    Faire réflexion, considérer attentivement. Je ferais bien de vous dire… ce que je souffre tous les jours quand je fais réflexion en quel endroit la Providence nous a placées pour la passer [la vie], Sévigné, à Mme de Grignan, 10 juin 1671. Il faut faire réflexion sur l'état de ceux qui sont plus malheureux que nous, pour souffrir patiemment nos disgrâces, Sévigné, 15 oct. 1674.

    À la réflexion, en y réfléchissant. Ulysse délibéra s'il ne punirait pas sur l'heure les femmes de la reine ; mais, à la réflexion, il s'apaisa, Fénelon, t. XXI, p. 466.

    Toute réflexion faite, ayant bien examiné la chose dont il s'agit. Toute réflexion faite, je ne sortirai pas.

    Faire ses réflexions, réfléchir mûrement. Elle avait fait là-dessus toutes ses réflexions morales et chrétiennes, Sévigné, 6. Ce que je ferai [vous écrire], quand j'aurai trouvé le temps de faire mes réflexions, Bossuet, Lett. Alb. 122.

    C'est un homme de réflexion, homme qui ne fait rien sans y avoir bien songé.

  • 4Ce qui résulte de l'action de l'esprit réfléchissant, pensée. Nous avons fait ensemble des réflexions chrétiennes, Sévigné, 43. Croyez-moi, ma fille, ce n'est pas inutilement qu'il [M. de la Rochefoucauld mourant] a fait des réflexions toute sa vie ; il s'est approché de telle sorte ces derniers moments, qu'ils n'ont rien de nouveau, ni d'étranger pour lui, Sévigné, 15 mars 1680. Vanité des vanités, et tout est vanité ; c'est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur, Bossuet, Duch. d'Orl. Si nous habitions la lune… pourrions-nous bien nous figurer quelque chose [le genre humain] qui eût des passions si folles et des réflexions si sages, une durée si courte et des vues si longues… ? Fontenelle, Mondes, 2e soir. Chaque âge écrit et lit à sa manière : la jeunesse aime les événements ; la vieillesse, les réflexions, Diderot, Claude et Nér. I, à M. Naigeon. Dans un roman comme dans une histoire, les longues réflexions impatientent et glacent le lecteur, D'Alembert, Éloges, Marivaux, note 21.

HISTORIQUE

XIVe s. Souvent avient [dans les plaies de poitrine] que le sang et la boe [le pus] cheent [tombent] dessoubz sur la reflexion du dyafregme, Lanfranc, f° 33. En tel corps la lumiere se profunde peu ou nient, mez elle retourne par reflexion ou par infraction, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Et dict on que le coup du soleil et du vent est plus poisant par reflexion qu'à droict fil, Montaigne, III, 363.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. reflexio ; espagn. reflexion ; ital. riflessione ; du lat. reflexionem, de reflectere (voy. RÉFLÉCHIR).