« contenir », définition dans le dictionnaire Littré

contenir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

contenir

(kon-te-nir), je contiens, tu contiens, il contient, nous contenons, vous contenez, ils contiennent ; je contenais ; je contins ; je contiendrai ; contiens, qu'il contienne, contenons ; que je contienne, que nous contenions ; que je continsse ; je contiendrais ; contenant ; contenu v. a.
  • 1Avoir une certaine contenance, une certaine étendue. Ce vase contient tant de litres. Ce terrain contient tant d'hectares.
  • 2Renfermer. Cette urne que je tiens contient-elle sa cendre ? Corneille, Pomp. V, 1. Les anciennes prisons ne pouvaient contenir les prisonniers, Maucroix, Schisme, liv. III, dans RICHELET. Avant que de passer outre, je dois donner ici quelque idée de la situation et de la grandeur de Carthage, qui contenait, au commencement de la guerre contre les Romains, sept cent mille habitants, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. I, p. 544, dans POUGENS.
  • 3Avoir, être composé de. Ce volume contient quatre cents pages. Cette loi contient douze articles.

    Par extension. Ce livre contient toute la doctrine de Platon. Cette maxime contient toutes les autres. Cette lettre sincère D'un malheureux amour contient tout le mystère, Racine, Baj. V, 4. Ces détails doivent trouver grâce aux yeux des lecteurs philosophes, par la quantité de traits intéressants et curieux que les mémoires contiennent, D'Alembert, Éloges, Trublet. Un savant de ce siècle-ci contient dix fois un savant du siècle d'Auguste ; mais il a eu dix fois plus de commodités pour devenir savant, Fontenelle, Digr. anc. mod. Œuvres, t. IV, p. 195, dans POUGENS.

  • 4Retenir. Les gardes avaient peine à contenir la foule. Eussé-je espéré… De contenir un fleuve inondant une terre ? Rotrou, St-Gen. III, 5.

    Fig. Maintenir dans le calme, la modération, le devoir. Ici mon seul respect contient votre caprice, Rotrou, Vencesl. I, 1. Elle a peine à contenir sa joie, Sévigné, 286. Pourra-t-il contenir l'horreur qu'il a pour moi ? Racine, Phèd. III, 1. Le peuple à contenir, ces vainqueurs à conduire, Voltaire, Orphel. V, 7. Elle a établi que chaque corps serait composé de moitié Chinois et moitié Tartares, afin que la jalousie les contienne dans le devoir, Montesquieu, Esp. X, 15. La présence de maîtres si respectés contient tout le monde, et n'empêche pas qu'on ne soit à son aise et gai, Rousseau, Hél. V, 7.

    Absolument. Il est plus aisé d'opprimer que de contenir.

  • 5Se contenir, v. réfl. Se retenir, se maîtriser. Contenez-vous, madame, il sort de son palais, Corneille, Médée, II, 1. Ô mon cœur, contiens-toi, Briffaut, Ninus II, II, 9.

    Se modérer sur les choses qui peuvent être préjudiciables à la santé. Il est plus aisé de s'abstenir que de se contenir. Le café lui est nuisible, mais il a bien de la peine à se contenir et à n'en pas prendre.

    Être un obstacle, un frein l'un à l'autre. Les deux nations se contiennent l'une l'autre, Montesquieu, Esp. X, 15.

REMARQUE

Contenir n'est jamais verbe neutre ; et il faut dire : cela ne tiendra pas dans cette corbeille ; et non : cela ne contiendra pas.

HISTORIQUE

XIe s. Pour Pinabel [ils] se cuntienent plus quei [cois], Ch. de Rol. CCLXXVII.

XIIe s. Si te cuntiene cum bon vassal, e cumbatuns pur nostre pople e pur la cited nostre seignur, Rois, 153. Cousins, dist-il, bien puissiés vous venir ; Que fait li rois, comment se contient-il ? Raoul. de C. 255.

XIIIe s. Lors parlerent cil de l'ost ensemble, et pristrent conseil comment il se contendroient, Villehardouin, CI. Por que sagement [il] se contengne, la Rose, 7696. Ou tierz degré sont contenues trente deus personnes par degrez, qui sont entendues par quatre manieres, Liv. de just. 226. Si doit il estre contenu es chartres des francises qu'il lor done, Beaumanoir, L, 2. Largement et liberalment se contenoit le roy aus parlemens et aus assemblées des barons et des chevaliers, Joinville, 298.

XIVe s. Et par vertu nous nous contenons si comme nous devons en toutes delettacions et tristesces, Oresme, Eth. 38. Et tel homme portera très noblement et très bien toutes les fortunes, et en tout et pour tout se contendra et fera sagement, Oresme, ib. 24. Mais saiz-tu, quant la paix vient, Comment tel peuple se contient ? Liv. du bon Jehan, 39. Selonc la fourme des dites letres et dou mandement contenu en ycelles, Bibl. des Chartes, 4e série, t. III, p. 272.

XVIe s. Celui qui ne se peut contenir se doit marier, Calvin, Instit. 304. Que jamais vous ne m'esloigniez de votre bonne grace, que vous me conteniez [conserviez] au degré où je suis, vous fiant en moi plus qu'en nul autre, Marguerite de Navarre, Nouv. X. Tantost les rivieres s'espandent d'un costé, tantost d'un aultre, tantost elles se contiennent, Montaigne, I, 232. Toute leur science ethique ne contient que ces deux articles, Montaigne, I, 238. Contenir sa langue sous les lois de sa secte, Montaigne, II, 211. Que les Huguenots ne se contiendroyent [ne pourroient être contenus] tant qu'ils auroient des retraites, Lanoue, 691. Ils esperoient que sa personne refreneroit et contiendroit un petit peuple, qu'il ne fust si insolent envers eulx, Amyot, Lyc. VII. L'empire de tous costez est environné de nations barbares, lesquelles il faut contenir et arrester par armes, Amyot, Numa, 32. Les nobles ne se pouvans plus contenir, ains estans par cholere transportez hors d'eulx mesmes, Amyot, Cor. 27. Ces cartilages sont contenus [continus] avec les deux os externes du nez, Paré, IV, 7. On approche et contient les levres des playes par suture ou ligature, Paré, VII, 5.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. contener, contenir ; espagn. contener ; ital. contenere ; du latin continere, de cum, avec, et tenere, tenir (voy. TENIR).