« contenter », définition dans le dictionnaire Littré

contenter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

contenter

(kon-tan-té) v. a.
  • 1Rendre content. Parbleu, dit le meunier, est bien fou du cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père, La Fontaine, Fabl. III, 1. Rien ne la contentait, rien n'était comme il faut : On se levait trop tard, on se levait trop tôt ; Puis du blanc, puis du noir, puis encore autre chose, La Fontaine, Fabl. VII, 2. Ils contentent le monde en permettant les actions, et ils satisfont à l'Évangile en purifiant les intentions, Pascal, Prov. 7.

    En parlant des choses. Contentant ses désirs, punis son parricide, Corneille, Cinna, IV, 2. Pour contenter ses frivoles désirs, L'homme insensé vainement se consume, Racine, Esth. II, 9. Prince, dès ce moment contentez mes souhaits, Racine, Bérén. III, 3. Hé bien, régnez, cruel, contentez votre gloire, Racine, ib. IV, 5. Hé bien, seigneur, allez, contentez votre envie, Racine, Alex. I, 3. Perfides, contentez votre soif sanguinaire, Racine, Iph. V, 4. Contentez mon désir et n'ayez point d'effroi, Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi, Molière, Tart. IV, 5. Une reconnaissance ingénieuse et difficile à contenter n'a pu rien imaginer de plus nouveau et de plus noble qu'un pareil monument, Fontenelle, Viviani. Il pouvait contenter tous ses désirs, Fénelon, Tél. V. Il ne songeait qu'à contenter ses passions, Fénelon, ib. II. Va contenter des dieux l'inhumaine justice, Voltaire, Sémiram. V, 1.

  • 2Apaiser quelqu'un en lui accordant une chose. Cet homme ira se plaindre partout si on ne le contente pas. Faites-vous contenter par ce couple céleste, La Fontaine, Fabl. I, 14.

    Payer. Vous serez pleinement contentés de vos soins, Molière, Éc. des mar. III, 5.

  • 3Plaire à. Cette musique ne contente pas l'oreille. Pendant qu'elle contentait le monde et se contentait elle-même, la princesse Palatine n'était pas heureuse, et le vide des choses humaines se faisait sentir à son cœur, Bossuet, Anne de Gonz.
  • 4Se contenter, v. réfl. Satisfaire son envie, ses désirs. Il y a longtemps que je désire acheter cela, il faut enfin que je me contente. Cherchez… Contentez-vous ; suivez votre humeur inquiète, La Fontaine, Fabl. VII, 12. La viduité est regardée, non plus comme un état de désolation, mais comme un état désirable où, affranchi de tout joug, on n'a plus à contenter que soi-même, Bossuet, Anne de Gonz. Cependant, mes disciples, contentez-vous : si les grands travaux ne rebutent pas votre courage, il peut arriver que la gloire soit votre récompense, La Bruyère, Disc. sur Théophr. Je me contenterai par dire qu'il [le duc d'Uzeda] était…, Saint-Simon, 108, 154.

    S'accommoder de, se borner à. Se contenter de peu. Il se contentait de sa condition. Je ne me contente pas de toutes ces raisons. Contentez-vous de la demande que vous avez faite. Ainsi qui peut vous croire, aisément se contente, Corneille, Nicom. V, 7. Contentez-vous de savoir Qu'aussi bien que ma sœur j'écoute mon devoir, Corneille, Agésil. I, 3. Du moins contente-toi de l'avoir étonnée [ma vertu], Corneille, Hor. II, 6. J'étais heureuse sans amant ; Mon cœur se contentait de régner sur lui-même, Quinault, Proserp. IV, 11. … Mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter, Racine, Athal. V, 5. César, contentez-vous de la toute-puissance, Voltaire, Triumv. V, 3. Il en est venu depuis qui ne se sont pas contentés de rire, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 5.

    Se contenter que, avec le subj. Je me contente que vous ayez vu que…, Bossuet, Hist. III, 6. Les paysans nés esclaves se contentaient qu'une agriculture grossière leur rapportât précisément de quoi vivre, Fontenelle, Czar Pierre.

    Dans un sens plus étroit, en demeurer là, ne pas vouloir faire plus que ce qu'on a fait. Je me contente de lui avoir prêté de l'argent et ne veux pas le cautionner.

HISTORIQUE

XVe s. Leur fit departir moult de florins, tant qu'ils s'en contenterent, Froissart, liv. IV, p. 328, dans LACURNE. Chascun se contenta [fut content] de luy, Commines, I, 12. Ledit roy d'Angleterre et tous les seigneurs de son royaulme se malcontenterent merveilleusement de quoy le duc de Bourgongne le faisoit si long, Commines, IV, 5.

XVIe s. Les plus parfaicts se sont bien contentez d'y aspirer, Montaigne, I, 70. Si mes escripts contentent et toy et les aultres sages, publie-les, Montaigne, II, 227. En quoy, oultre le service du maistre et de vostre debvoir, faictes chose dont le très grand maistre se contente [est content], Marguerite de Navarre, L. 15. Sy les Basques estoient aussy bonnes gens, je suis seure que vous vous en contenteriés [que vous en seriez content], Marguerite de Navarre, ib. 115. Quand on a planté un arbre, on est tousjours soigneux d'y mettre la main, jusques à ce qu'il ait produit du fruit, et alors on se contente, voyant qu'il n'est pas sterile, Lanoue, 114. Il alla presenter la bataille à Lysander, lequel, se contentant de sa premiere victoire, ne luy sortit point à l'encontre, Amyot, Alc. 74. Il ne se contenta pas de la resjouir et honorer seulement, ains à son instance et priere il prit femme, sans toutefois se despartir d'avec sa mere, Amyot, Cor. 5. Martius declara qu'il estoit très aise que son capitaine se contentast si amplement de luy, mais…, Amyot, ib. 13. Encore que l'on presuppose que les dieux soient faciles à contenter, Amyot, P. Aem. 5.

ÉTYMOLOGIE

Content.