« semblable », définition dans le dictionnaire Littré

semblable

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semblable

(san-bla-bl') adj.
  • 1Qui est de même apparence. Ces deux idées que je conçois du soleil [sa petitesse apparente et sa grandeur réelle] ne peuvent pas être toutes deux semblables au même soleil ; et la raison me fait croire que celle qui vient immédiatement de son apparence est celle qui lui est le plus dissemblable, Descartes, Médit. III, 9. Ô générosité qui n'a point de semblable ! Mairet, M. d'Asdrub. IV, 4. Du titre de clément rendez-le [Louis XIV] ambitieux ; C'est par là que les rois sont semblables aux dieux, La Fontaine, Poésies mêlées, 28. Tous les hommes sont semblables par les paroles, et ce n'est que les actions qui les découvrent différents, Molière, l'Av. I, 1. L'épée a frappé au dehors ; mais je sens en moi-même une mort semblable, Bossuet, Reine d'Anglet. Souvent, sans y penser, un écrivain qui s'aime Forme tous ses héros semblables à lui-même, Boileau, Art p. III. C'est l'effet ordinaire de notre ignorance de nous peindre tout semblable à nous, et de répandre nos portraits dans toute la nature, Fontenelle, Hist. théât. fr. Œuv. t. III, p. 27, dans POUGENS. S'il faut de l'ordre dans les choses, il faut aussi de la variété ; sans cela l'âme languit ; car les choses semblables lui paraissent les mêmes, Montesquieu, Goût, variété.
  • 2Il se dit quelquefois pour tel. Et, pour être approuvés, De semblables projets veulent être achevés, Racine, Mithr. III, 1.
  • 3 Par extension, qui est le même qu'un autre objet. Comme on ne peut trouver deux visages qui se ressemblent entièrement, on ne peut trouver deux imaginations tout à fait semblables, Malebranche, Rech. vér. II, II, 1. Un sage, selon vous, serait comme nous autres morts, pour qui le présent et l'avenir sont parfaitement semblables ; et le sage par conséquent s'ennuierait autant que je fais, Fontenelle, Dial. 6, Morts mod. Nous ne connaissons point [disent les leibnitziens] deux corps entièrement semblables dans la nature ; et il ne peut en être ; car, s'ils étaient semblables, cela marquerait dans Dieu tout-puissant et tout-fécond un manque de fécondité et de puissance… les newtoniens répondaient : il est faux que plusieurs êtres semblables marquent de la stérilité dans la puissance du créateur, Voltaire, Phil. Newt. I, 3.
  • 4 Terme de géométrie. En général, figure semblable, figure ainsi définie : si d'un point pris dans le plan d'une figure on mène des rayons à tous ses points, si sur chacun de ces rayons on porte des longueurs proportionnelles à la distance comprise entre le centre de similitude et les points de la figure donnée, on obtient une seconde figure qui lui est dite semblable.

    Particulièrement. Triangles, polygones semblables, ceux qui ont les angles égaux et les côtés homologues proportionnels.

    Polyèdres semblables, ceux qui sont compris sous un même nombre de plans semblables, et qui ont les angles solides égaux chacun à chacun.

    Terme d'algèbre. Quantités semblables, celles qui contiennent les mêmes lettres affectées des mêmes exposants.

  • 5 S. m. Le semblable, la même chose. Il n'y a point d'autre animal [que l'homme], tant parfait et tant heureusement né qu'il puisse être, qui fasse le semblable [qui parle], Descartes, Méth. V, 9. Comme de mouvoir le cœur, de digérer les viandes, et semblables, Descartes, Fœtus, 1.
  • 6Être semblable à un autre être. Chaque arbre porte des semences propres à engendrer son semblable, Bossuet, Conn. V, 2. Voilà où M. Jurieu et ses semblables ont entrepris de mener tous les fidèles, Bossuet, 3e avert. 20. On rapporte des pièces de l'un [Corneille] le désir d'être vertueux, et des pièces de l'autre [Racine] le plaisir d'avoir des semblables dans ses faiblesses, Fontenelle, Parall. Corn. Rac. Je n'ai point de complice ; et ces noms méprisables Sont faits pour vos suivants, sont faits pour vos semblables, Voltaire, Triumv. V, 2.

    N'avoir pas son semblable, se dit d'une personne ou d'un objet qu'on ne peut comparer à rien. Cet homme n'a pas son semblable. Une musique, à mon gré, bien supérieure à celle des opéras, et qui n'a pas sa semblable en Italie, Rousseau, Conf. VII.

  • 7Se dit, avec l'adjectif possessif, d'un ou de plusieurs hommes par rapport aux autres hommes. On sait que, dans tous les peuples du monde, sans en excepter aucun, les hommes ont sacrifié leurs semblables, Bossuet, Hist. II, 3. Le bonheur de mes semblables, à quelque distance qu'ils existassent de moi, ne m'a jamais été indifférent, Raynal, Hist. phil. XVII, 30. Aidé, pour tout secours, des soins d'un misérable, Qui dans moi, par pitié, vit encor son semblable, Ducis, Roméo, IV, 5.

HISTORIQUE

XIVe s. Chose semblable aime son semblable, Oresme, Eth. 239.

XVe s. …Et …comme dict le proverbe commun : que chacun aime son semblable…, Bouciq. I, 11. …Si ceulx là leur prestoient l'oreille, que toute la reste des villes de ce royaulme feroient le semblable, Commines, I, 5.

XVIe s. Les pasteurs ont une semblable charge qu'estoit celle des apostres, Calvin, Instit. 849. Si un semblable païsan que celui qui habitoit es rivages du Danube… s'eslevoit aujourd'hui parmi nous…, Lanoue, 347. Je vous juray ma foy, vous feistes le semblable, Ronsard, 251.

ÉTYMOLOGIE

Sembler ; provenç. semblable, semlable ; ital. semblabile, sembiabile.