« succomber », définition dans le dictionnaire Littré

succomber

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

succomber

(su-kon-bé) v. n.
  • 1Être accablé sous un fardeau. Ce crocheteur succombait sous le poids.
  • 2 Fig. Être accablé par le poids de quelque chose que l'on compare à un fardeau. Il succombait sans moi sous sa propre faiblesse, Corneille, Sertor. I, 1. Il n'est pas honteux à l'homme de succomber sous la douleur, et il lui est honteux de succomber sous le plaisir, Pascal, Pens. div. 47, édit. FAUGÈRE. Je commence à succomber aux reproches amers de M. de la Trousse qui me dit…, Sévigné, 19 janv. 1680. Le roi même que pouvait-il, lui qui succombait à la douleur avec toute sa puissance et tout son courage ? Bossuet, Duch. d'Orl. J'avoue, messieurs, que je succombe ici sous le poids de mon sujet, Fléchier, Turenne. Je crains que M. d'Argenson ne succombe à la vie qu'il mène, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 16 fév. 1718. Est-ce ainsi que vous soutenez Télémaque contre le vice auquel il succombe ? Fénelon, Tél. VII. Je me meurs… je succombe à l'excès de ma rage, Voltaire, Zaïre, IV, 5. Maintenant qu'on veut connaître à fond les nègres d'Angola et les Samoïèdes, le Chili et le Japon, la mémoire succombe sous le poids immense dont la curiosité l'a chargée, Voltaire, Pol. et lég. Fragm. hist. Inde, 31. Depuis Alexandre le Grand, la Grèce asservie paraît sans force ; elle succombe sous les révolutions qui se succèdent, et on oublie qu'elle a été libre, Condillac, Hist. anc. II, 12. Harassé, fatigué, je succombe au sommeil, Delille, Convers. 1. Ma santé, à la fin, succomba à tant de violentes agitations, Genlis, Vœux témér. t. I, p. 207, dans POUGENS.

    Absolument. J'ai une si grande habitude à être faible, que, malgré vos bonnes leçons, je succombe souvent, Sévigné, 5 juin 1675. Les tourments font succomber le vieil Osias, autrefois le soutien de l'Église, Bossuet, Hist. I, 11. Je croyais ma vertu moins prête à succomber, Racine, Bérén. v, 6. Je suis bien heureux d'avoir un cœur dur, j'aurais succombé, Champfort, Marchand de Smyrne, sc. 9.

  • 3Ne pas résister, se laisser aller à. Succomber à l'envie de vous entendre discourir, Sévigné, 2 fév. 1680. À la tentation succombez donc de grâce, Destouches, Glor. II, 2.

    Succomber à, avec un infinitif, ne pas résister au désir de. Ce contraste [entre les vertus de M. de la Trappe et les désordres de D. Gervaise] m'a paru si effrayant et si complet que j'ai succombé à l'écrire, Saint-Simon, 61, 33.

  • 4 Absolument, il se dit d'une femme qui cède à la séduction. Elle a eu le malheur de succomber avec un indigne roi d'Egypte, Voltaire, Princ. de Babylone, chap. 5. Jamais femme ne succombe qu'elle n'ait voulu succomber, Rousseau, Hél. IV, 13. Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe ! Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe ? Hugo, Crépusc. XI.
  • 5 Fig. Avoir du désavantage dans une lutte ou dans ce qui est comparé à une lutte. Mais aujourd'hui qu'il faut que l'une ou l'autre tombe, Qu'Albe devienne esclave ou que Rome succombe, Corneille, Hor. I, 1. Peut-être en ce dessein pourriez-vous succomber, Corneille, Sophon. II, 3. Le parti de Witt a succombé sous celui de la maison d'Orange, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 217. Malgré la justice et les lois, le faible succombe presque toujours, Bourdaloue, Jugem. dern. 2e avent, p. 370. Le philosophe grec [Socrate] périt par la haine des sophistes, des prêtres et des premiers du peuple ; le législateur des chrétiens succomba sous la haine des scribes, des pharisiens et des prêtres, Voltaire, Pol. et lég. Tolérance, si l'intolérance, etc.
  • 6 Absolument. Mourir, périr. Monsieur Purgon dit que je succomberais, s'il était seulement trois jours sans prendre soin de moi, Molière, Mal. imag. III, 3. Doux bocage, adieu, je succombe, Tu m'avertis de mon destin, De ma mort la feuille qui tombe Est le présage trop certain, Millevoye, Chute des feuilles.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

REMARQUE

Succomber se construit avec les prépositions sous et à.

HISTORIQUE

XVIe s. Que nul ne mesure la grandeur d'icelui à mes paroles, qui sont si debiles, qu'elles succombent beaucoup au dessous, Calvin, Instit. 1098.

ÉTYMOLOGIE

Lat. succumbere, de sub, sous, et cumbere, s'enfoncer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SUCCOMBER. - HIST. Ajoutez : XVe s. Certain procès auquel ladite dame est subcombée, Mantellier, Glossaire, Paris, 1869, p. 60.