« quatre », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
quatre
- 1Deux fois deux.
Je ferai venir contre Élam les quatre vents des quatre coins de la terre
, Sacy, Bible, Jérémie, XLIX, 36.Nous sommes quatre à partager la proie
, La Fontaine, Fabl. I, 6.À table comptez-moi, si vous voulez, pour quatre
, Molière, le Dép. V, 1.Vous avez un homme pâle et livide [Guillaume d'Orange]… que l'on croirait jeter à terre au moindre souffle, il fait néanmoins plus de bruit que quatre autres
, La Bruyère, XII.Elle a du bien pour nous deux, moi de l'amitié pour quatre
, Marivaux, Pays. parv. part. 3.On peut parier 12968 contre 509, ou environ 25 1/2 contre 1, qu'un enfant de quatre ans vivra un an de plus
, Buffon, Prob. de la vie, Œuvr. t. X, p. 267.Pour m'agrandir m'irai-je battre ? Trois arpents sont assez pour moi : Alcinoüs en avait quatre, Mais Alcinoüs était roi
, P. Lebrun, Poés. t. II, Vallée de Champrosay.Quatre au cent, les quatre unités que la coutume est d'ajouter à un cent que l'on vend.
Le sieur Dupont… s'élève contre l'usage qui consiste à obliger le cultivateur vendant certains de ses produits, à livrer à l'acheteur quatre unités en sus de la centaine ; en d'autres termes, il demande la suppression de l'usage des quatre au cent
, Baron de Ladoucette, au Sénat, Moniteur, 6 avril 1867, p. 413, 2e col.Cela est clair comme deux et deux font quatre, cela est évident.
Terme de danse. En avant quatre, se dit, à la danse, de quatre danseurs, deux cavaliers et deux dames qui s'avancent au-devant les uns des autres.
Terme de musique. Morceau à quatre mains, composé pour être exécuté par deux personnes sur un même piano.
Tirer un criminel à quatre chevaux, écarteler un criminel, à l'aide de chevaux dont chacun est attaché à l'un de ses membres.
Fig. et avec un jeu de mots.
Il [Marin le gazetier] a tant fait par ses journées, qu'enfin nous avons vu de nos jours le corsaire allant à Versailles, tiré à quatre chevaux sur la route
, Beaumarchais, 4e mémoire.Être tiré à quatre épingles, être ajusté avec soin.
Fig. Couper du fil en quatre, s'occuper de choses petites et futiles.
Fig. Fendre un cheveu en quatre, être trop subtil.
Fig. N'y pas aller par quatre chemins, voy. CHEMIN, n° 1.
Les quatre épices, voy. ÉPICES.
Quatre épices se dit aussi de la poudre du fruit du myrtus pimenta.
Quatre-fleurs, voy. FLEURS.
Vinaigre des quatre voleurs, voy. VINAIGRE.
Les quatre fruits, voy. FRUITS.
Les quatre jeux, espèce de jeu de cartes.
- 2Il s'emploie quelquefois pour un petit nombre indéterminé.
À quatre pas d'ici je te le fais savoir
, Corneille, Cid, II, 11.Parbleu, pour un moment laissez-nous en repos, Afin que nous puissions nous dire quatre mots
, Hauteroche, les Appar. tromp. I, 9.J'écris quatre lignes à Mme de la Fayette : appelez-vous cela écrire ?
Sévigné, 7 oct. 1687.Je vous envoie un morceau d'une lettre de votre frère ; vous y verrez en quatre mots l'état de son âme
, Sévigné, 432.Si je croyais mon cœur, j'enverrais paître toutes mes petites affaires… et, pour quatre jours qu'on a à vivre, je vivrais à ma mode et suivrais mon inclination
, Sévigné, 21 août 1675.Un homme qui ne rougit pas de se donner pour savant, tombe dans une erreur qu'un théologien de quatre jours aurait évitée
, Bossuet, 1er avert. 12.Ainsi, recommençant un ouvrage vingt fois, Si j'écris quatre mots, j'en effacerai trois
, Boileau, Sat. II.Je conclus que, pour faire la plus petite fortune, il valait mieux dire quatre mots à la maîtresse d'un roi que d'écrire cent volumes
, Voltaire, Mém. Volt.Ma boutique à quatre pas d'ici, peinte en bleu, vitrage en plomb, trois palettes en l'air
, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 6.Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent !
Beaumarchais, Mar. de Figaro, V, 3. - 3À quatre, quatre ensemble.
Sur le pauvre arbre ils se mettent à quatre
, La Fontaine, Gag.Il faut le tenir à quatre, se dit d'un fou, d'un furieux qui ne peut être contenu que par les efforts de plusieurs personnes ; et aussi d'un homme qui se débat, qui fait une grande résistance.
Ce Frangipany se trouva si incapable de supporter la mort en public, qu'il le fallut traîner au supplice, et le tenir à quatre ; voilà justement tout comme je ferais
, Sévigné, 58.Fig. Il faut le tenir à quatre, on a de la peine à le contenir, à l'arrêter.
Il fallut tenir Monseigneur à quatre ; il voulait être à la tranchée
, Sévigné, 472.Fig. Se tenir à quatre, faire un grand effort sur soi-même.
Il faut que je me tienne à quatre pour ne pas vous dire en bon français ce que je pense
, Mme du Deffant, Lett. à Walpole, t. II, p. 232, dans POUGENS.Se faire tenir à quatre, opposer la plus vive résistance, le refus le plus déterminé.
MM. de Novion et Bellièvre menèrent M. d'Elbœuf, qui se faisait encore tenir à quatre dans la seconde chambre
, Retz, II, 211.Je considère qu'il ne se faut pas faire tenir à quatre, quand les gens reviennent de bonne grâce
, Bussy-Rabutin, dans SÉV. 20 janv. 1678, édit. RÉGNIER.Voici bien un autre embarras ! L'auteur, dans les foyers, se fait tenir à quatre ; Il ne veut point laisser jouer sa pièce…
, Regnard, Fol. amour. Prologue, 3.En un autre sens. Se faire tenir à quatre, faire le furieux et le méchant, et au fond ne l'être pas beaucoup témoigner en apparence qu'on se veut battre, et au fond n'en avoir pas grande envie.
Je me ferais tenir à quatre Comme quand on va pour se battre
, Scarron, Virg. II. - 4Descendre, monter un escalier quatre à quatre, avec une grande vitesse (locution elliptique : quatre marches par quatre marches).
Ce jeune monsieur qui était avec vous ? le voilà qui descend les montées quatre à quatre
, Dancourt, Femm. d'intr. IV, 9.Quatre à quatre et le reste en gros, se dit d'une chose faite à la hâte, sans grand examen.
- 5 Fig. et familièrement. Comme quatre, beaucoup, excessivement.
…Non pas le moi d'ici, Mais le moi du logis qui frappe comme quatre
, Molière, Amph. II, 1.Que j'aurai là une habile femme ! elle a de l'esprit comme quatre
, Molière, G. Dand. II, 6.J'ai jeté tout par terre et couru comme quatre
, Molière, Princ. d'Él. I, 2.Comme les quatre chats, d'une façon très peu soignée.
J'aime mieux être dans ces bois faite comme les quatre chats (hélas ! vous en souvient-il ?), que d'être à Vitré avec l'air d'une madame
, Sévigné, 240. - 6En quatre, de façon qu'il y ait quatre parties. Feuille pliée en quatre.
Terme de marine. Cordage en quatre, dans le commettage duquel il entre quatre torons.
Populairement et fig. Du fil en quatre, de la mauvaise eau-de-vie de cabaret, ainsi dite probablement parce qu'elle est forte comme est fort du fil en quatre, c'est-à-dire à quatre brins.
Fig. Se mettre en quatre, voy. QUARTIER, n° 1.
- 7Avoir la tête en quatre, l'avoir comme si elle était fendue en quatre, l'avoir extrêmement fatiguée.
Hélas ! je les ai lues [ces belles choses], quoique j'aie la tête en quatre
, Sévigné, 17 déc. 1664. - 8Faire le diable à quatre, faire beaucoup de bruit, causer beaucoup de désordre (locution qui provient d'une représentation scénique du moyen âge qu'on appelait la grande diablerie à quatre personnages ; celle où il n'y en avait que deux se disait la petite diablerie).
Il y a fait le diable à quatre, il s'est beaucoup tourmenté pour…
- 9Courir les quatre coins et le milieu de la ville, faire bien du chemin pour quelque affaire.
Je suis excédé de fatigue, j'ai fait aujourd'hui les quatre coins de Paris, et j'ai vu, je crois, toute la terre
, Diderot, Mém. Est-il bon ? est-il méchant ? II, 3. - 10Marcher a quatre pattes, marcher sur les mains et les pieds.
- 11Entre quatre yeux (prononcez entre quatre-z-yeux), tête à tête. Je lui dirai cela entre quatre yeux.
- 12De quatre parties, loc. En totalité, tout à fait (locution vieillie).
Si les médecins n'avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n'eussent des bonnets carrés et des robes trop amples de quatre parties, jamais ils n'auraient dupé le monde
, Pascal, Pensées, III, 3, édit. HAVET. - 13Quatre pour quatrième. Henri Quatre (on écrit ordinairement Henri IV). La page quatre. Chapitre quatre.
- 14 S. m. Quatre multiplié par deux donne huit.
On dit de même : le nombre quatre ou de quatre.
Il m'a parlé d'un peuple de Thrace tellement grossier qu'il ne peut compter au delà du nombre quatre
, Barthélemy, Anach. ch. 31.Le quatre du mois, le quatrième jour du mois.
La ville sera prise vers le quatre ou le cinq de ce mois
, Maintenon, Lett. à Mme de Veillhant, mai 1692. - 15Caractère qui marque en chiffre le nombre quatre. Le chiffre quatre. Un quatre de chiffre, un quatre en chiffre, ou, simplement, un quatre.
Il ne prend point l's au pluriel. Quarante-quatre s'écrit par deux quatre.
On dit de même : numéro quatre.
Quatre de chiffre, piége pour prendre des rats, des souris, des oiseaux, etc. ainsi nommé à cause de sa ressemblance avec un quatre chiffre.
Un poids de cinq livres posé sur un quatre de chiffre
, Voltaire, Lett. Maupertuis, 22 juin 1740. - 16 Terme de jeu. Le quatre, carte marquée de quatre cœurs, de quatre trèfles, etc.
Il ne prend point d's au pluriel. J'ai tous les quatre dans mon jeu.
- 17Face de dé marquée de quatre points.
- 18 Terme de généalogie. Être du cinq au quatre, voy. ÊTRE 1, n° 8.
- 19Le quatre à la livre, variété de cerisier.
HISTORIQUE
XIe s. D'or et d'argent quatre cenz muls chargez
, Ch. de Rol. III.
XVe s. Mais on ne vous tient pas si saige Des quatre pars comme on souloit
, Patelin, 8.
XVIe s. Mais, monseigneur, ce que demander j'ose, Des quatre pars n'est pas si grande chose
, Marot, Ép. au Dauphin. La grande diablerie à quatre personnages estoit bien [le diable était] en ce que possible n'estoit longuement les reserver [les tripes]
, Rabelais, I, 4.
ÉTYMOLOGIE
Wallon et bourguig. quate ; Berry, quat (t prononcé) ; provenç. quatre, catre ; espagn. cuatro ; ital. quattro ; du lat. quatuor ; comparez le grec τέσσαρες ou τέτταρες, l'éolien πίσυρες, le gothique fidvor, le persan tchehâr, le russe tchetire, le sanscrit catur.