« restreindre », définition dans le dictionnaire Littré

restreindre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

restreindre

(rè-strin-dr' ; dans son édition de Malherbe, Ménage a imprimé rétreindre ; ce qui montre qu'alors on ne prononçait pas l's : Mais voyant tous les jours ses chaisnes se rétraindre, Désolé que je suis ! Que ne dois-je point craindre, Ou que puis-je espérer ? MALH. V, 21 ; aujourd'hui encore, on ne prononce pas l's en Normandie), je restreins, tu restreins, il restreint, nous restreignons, vous restreignez, ils restreignent ; je restreignais : je restreignis ; je restreindrai ; je restreindrais ; restreins, qu'il restreigne ; que je restreigne, que nous restreignions, que vous restreigniez ; que je restreignisse ; restreignant ; restreint v. a.
  • 1Resserrer (sens propre qui est peu usité). Restreindre un lien.

    Absolument. Médicament qui restreint.

  • 2 Fig. Réduire à des limites plus étroites. J'eus honte de brûler pour une âme glacée, Et, sans me travailler à lui faire pitié, Restreignis mon amour aux termes d'amitié, Malherbe, VI, 32. Se soumettant aux sévères lois de la pénitence chrétienne, et ne songeant qu'à restreindre et à punir une liberté qui n'avait pu demeurer dans les bornes, Bossuet, Anne de Gonz. Je restreins les crimes contre la tranquillité aux choses qui contiennent une simple lésion de police, Montesquieu, Esp. XII, 4. Est-il bien vrai qu'on va restreindre le ressort du parlement de Paris à l'Ile de France ? Voltaire, Lett. d'Alemb. 13 février 1771. La nature a pourvu à conserver et à restreindre les espèces ; elle ressemble aux Parques, qui filaient et coupaient toujours ; elle n'est occupée que de naissances et de destructions, Voltaire, Dictionn. phil. Population. L'autorité cherche toujours à renverser les barrières qui la restreignent, Voltaire, Mœurs, 164. Nous aurions restreint celui-ci [un oiseau] sous la loi du climat, et n'aurions pas cru sur une simple dénomination qu'il se trouvât au Sénégal, si…, Buffon, Ois. t. XVI, p. 260. Ils étendent ou restreignent mal à propos la signification des mots, Condillac, Art de pens. II, 5. Les fortunes divisées restreignent les sciences et les arts à l'utile, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 165, dans POUGENS. Les gouvernements… ont cru que des sociétés fondées la plupart sur l'intérêt particulier d'une nation ou d'un seul homme devaient restreindre à leur métropole toutes les liaisons de leurs colonies, Raynal, Hist. phil. XIV, 47. Celui qui a formé une demande excédant cent cinquante francs ne peut plus être admis à la preuve testimoniale, même en restreignant sa demande primitive, Code Nap. art. 1343.
  • 3Se restreindre. v. réfl. Être serré davantage (sens peu usité). Des chaînes qui se restreignent.

    Fig. Ce désir se restreint à ceux qui nous plaisent, Bossuet, Sermons, Char. fratern. 1.

  • 4Se réduire, se borner à. Mais, dira-t-on, pourquoi vous restreignez-vous à dire que les erreurs seront toujours exterminées dans l'Église ? Bossuet, 1re instr. past. 7. D'où nous pouvons conclure sans rien craindre, Qu'au présent seul l'homme doit se restreindre, Rousseau J.-B. Ép. II, 5.

    Absolument. Réduire sa dépense. Les temps sont durs, il faut se restreindre.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il apert qu'il restraint les dix livres à cent saus [sous], Beaumanoir, XII, 42. Le [la] deerraine procuration qui vient en cort, restraint le premiere se ele en fait mention, Beaumanoir, IV, 10. Des prelas vous dirai ; mais qu'il ne vous anuit, Diex leur a commandé veillier et jor et nuit, Et restraindre leur rains, et porter fuelle et fruit, Et lumieres ardans ; mais ne sont pas tel tuit [tous], Rutebeuf, 237. Generaument plus sont de cils qui se repentent de trop doner que de trop restreindre, Latini, Trésor, p. 418.

XIVe s. Bien pourveu de tout ce qu'est mestier à restraindre le flus de sanc, H. de Mondeville, f° 100, verso.

XVe s. Adonc ressanglerent leurs chevaux, et restreignirent leurs armures, et chevaucherent tous serrés, Froissart, I, I, 79. Mais quant ce vint au fait de la despense, Il restraingnit eufs, chandelle et moustarde, Deschamps, Admin. de l'hostel du prince.

XVIe s. Ceste sedition fust bien tost sortie en evidence, n'eust esté la guerre des alliez qui survint là dessus, et la restraignit pour un temps, Amyot, Mari s, 58. Pourtant l'effusion du sang se restraignit un peu quand il fut couché, Amyot, Anton. 99. Cete jalousie nous rend plus espargnants et restrains envers nos entants, Montaigne, II, 71. Pourquoy Dieu auroit-il restreint ses forces à certaine mesure ? Montaigne, II, 261. La vertu d'asseicher ou restreindre, Montaigne, II, 358. Cela estoit dissiper et rompre l'unité de Dieu et restreindre son infinité, Calvin, Inst. 69. … Estans prests de commettre toute vilenie et turpitude, sinon que l'horreur de la loy les restreint, Calvin, ib. 263. Ceux qui ont mestier [besoin] de bride pour estre restreints, Calvin, ib. 264. L'amitié que nous portons à nos femmes, elle est très legitime ; la theologie ne laisse pas de la brider pourtant et de la restreindre, Montaigne, I, 225.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, rastreind, serrer, plier ; norm. rétreint, resserré, constipé ; provenç. restrenher ; catal. restrenyer ; espagn. restriñir ; ital. ristringere, ristrignere ; du lat. restringere, de re, et stringere (vov. ÉTREINDRE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RESTREINDRE. Ajoutez :
5Se restreindre dans, s'assujettir à, se renfermer dans. Quand on se restreint dans la servitude de traduire mot à mot, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Pour ce qui est de l'intérêt, il [Richelieu] n'en connaît point d'autre que celui du public… il s'y restreint comme dans une ligne écliptique, et ses pas ne savent point d'autre chemin, Malherbe, ib.