« conclure », définition dans le dictionnaire Littré

conclure

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conclure

(kon-klu-r'), je conclus, tu conclus, il conclut, nous concluons, vous concluez, ils concluent ; je concluais, nous concluions ; je conclus, nous conclûmes ; je conclurai ; je conclurais ; conclus, concluons ; que je conclue, que nous concluions ; que je conclusse, que nous conclussions ; concluant ; conclu, conclue v. a.
  • 1Arrêter, régler définitivement. Mais pourquoi consulter des choses résolues Et ne poursuivre pas comme on les a conclues ? Rotrou, Bélis. II, 8. Nous n'avons rien conclu, mais ce n'est pas ma faute, Corneille, Sertor. IV, 3. Si j'y pouvais porter quelque faible espérance D'y conclure un accord d'une telle importance, Corneille, ib. III, 2. Il approuve sa flamme et conclut l'hyménée, Corneille, Poly. I, 3. Amis, leur ai-je dit, voici le jour heureux Qui doit conclure enfin nos desseins généreux, Corneille, Cinna, I, 3. Un même instant conclut notre amour et la guerre, Corneille, Hor. I, 3. Vous pouvez conclure affaire avec madame, Molière, Mis. V, 5. Avant qu'on eût conclu ce fatal hyménée, Racine, Andr. V, 1. Vous qui depuis un mois brûlant sur ce rivage Avez conclu vous-même et hâté leur voyage, Racine, Iphig. II, 7.
  • 2Terminer, en parlant d'un discours, d'un récit. Milton est le premier qui ait conclu l'épopée par le malheur du principal personnage, Chateaubriand, Génie, II, I, 3.

    Absolument. C'est assez parler, il faut conclure.

  • 3 Terme de logique. Déduire, inférer d'une chose. Et de là que conclura-t-on ? Bossuet, Hist. II, 13. On a conclu de la pauvreté de ces pays que, pour que le peuple fût industrieux, il fallait des charges pesantes, Montesquieu, Esp. XIII, 2. L'homme seul a, dis-tu, la raison en partage ; Il est vrai, de tout temps la raison fut son lot ; Mais de là je conclus que l'homme est le plus sot, Boileau, Sat. VIII. De sorte qu'au lieu que vous concluiez de votre passage supposé que Lessius n'était pas de ce sentiment, il se conclut fort bien de son véritable passage qu'il est de ce même sentiment, Pascal, Prov. 13.

    Absolument. Conclure du particulier au général.

    Avec un nom de chose pour sujet. Ces passages concluent seulement que nous recevrons quelque chose. L'inspiration ne conclut rien pour la prophétie, Bossuet, Nouv. myst. Cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, Pascal, dans COUSIN.

  • 4 V. n. Donner son avis, prendre une décision après délibération. Et si la loi des dieux fait conclure à sa mort…, Rotrou, St-Gen. III, 7. Et nous conclûmes tous d'attacher nos efforts Sur un cerf que chacun nous disait cerf dix cors, Molière, Fâch. II, 3. Il conclut en disant qu'il était d'avis…, Vertot, Révol. rom. liv. XIII, p. 256. Bref tous conclurent à la mort, La Fontaine, Cord. Ils conclurent à faire baptiser l'ingénu, Voltaire, l'Ingénu, 2.

    Terme de procédure criminelle et civile. Demander les fins de sa demande, après avoir déduit le fait et les raisons. L'avocat conclut à ce que, etc. Avocat, concluez. De vingt-deux juges, il n'y en eut que neuf qui conclurent à la mort, Voltaire, Louis XIV, 25.

    Terme de pratique. Présenter, prendre des conclusions.

  • 5Être concluant. L'argument conclut bien. Cela conclut contre de certaines gens qui l'entendent bien, Pascal, Juifs, 13.
  • 6Se conclure, v. réfl. Être conclu, arrêté. En même temps que cette paix se conclut. Les hommes ont tant de peine à s'approcher sur les affaires, sont si épineux sur les moindres intérêts… que j'avoue que je ne sais par où et comment se peuvent conclure les mariages, les contrats, les acquisitions, la paix, la trêve, les traités, les alliances, La Bruyère, XI. La paix se conclut donc ; on donne des otages, Les loups, leurs louveteaux ; et les brebis, leurs chiens, La Fontaine, Fabl. III, 13.
  • 7Être déduit. Le vrai se conclut souvent du faux. Les principes se sentent, les propositions se concluent, Pascal, dans COUSIN.

    Impersonnellement. Il se conclut de ce passage que…, Pascal, Prov. 13. Il se conclut fort bien de vos maximes qu'en évitant les dommages de l'État on peut tuer les médisants en sûreté de conscience, Pascal, ib. 7.

HISTORIQUE

XIIIe s. Qant ge l'oi fait dou tot conclus, Ge m'en parti, il n'i ot plus, Ren. 21129. Jurés fort et la foi bailliés, Ains que conclus vous en ailliés, la Rose, 7490. Car riens qu'il voil, el ne refuse ; S'il opose, el se rent concluse ; S'ele commande, il obeïst, ib. 21442. Et cele, qui ot grant esmoi, Au miex que pot de ce s'excuse ; Mais la dame la fist concluse Par les resons qu'el li sot rendre, Si que plus ne se pot defendre, Rutebeuf, 268.

XIVe s. Doncques puis je bien encore conclure que la consideracion et le propos de nostre bon roy Charles est à recommander, qui fait les bons livres et excellens translater en françois, Oresme, Prol. Et de celles choses faire ses moyens et aussi conclurre telles conclusions, Oresme, Eth. 111. Nous en avons conclu par raison, Oresme, ib. 17. Une raison sophistique qui nie et conclude faulz, Oresme, ib. 194. Et pour ce n'est il pas comme nous concludion en une doubte ou raison dessus mise, Oresme, ib. 211. Et ce que ceste raison conclut est bien verité selon les vertus natureles, Oresme, ib. 190. Et pour ce vouloit il conclurre que l'en [l'on] ne le devoit pas lier ne enchainer, Bercheure, f° 69, verso.

XVe s. Voulez-vous que ces besognes se concludent ? Froissart, II, III, 72. Fut conclud envoyer devers eulx et entreprendre la pacification, Commines, I, 8. Quelque chose que sçaivent faire les hommes en telles matieres, Dieu y conclud à son plaisir, Commines, III, 2. Vos semblans et decevantes paroles m'ont conclue et rendue en vostre obeissance, Louis XI, Nouv. XXXIII.

XVIe s. Par quoy un faict courageux ne doibt pas conclure un homme vaillant, Montaigne, II, 7. Aprez plusieurs remontrances, il conclud que le plus beau estoit…, Montaigne, II, 36. Des humeurs des princes, ils en concluent les conseils, Montaigne, II, 110. Cette incitation est si mal concluante, que je la treuve plus forte au revers, Montaigne, III, 133. Les capitaines des Thebains ayans desja conclud de se retirer, Amyot, Agésil. 54. Si fut pour ce jour là l'assemblée rompue sans y rien arrester ny conclurre, Amyot, Pomp. 40. Et concluant à mort contre elle, la feit condemner et executer, Amyot, Démosth. 21. De là ils commencerent de traitter avec respect, pour conclure sans seureté ; ils en faisoient assés pour offense, non pour defense, D'Aubigné, Conf. II, 5. Et tout en l'instant la paix fus conclucte et arrestée par sa dicte majesté, Carloix, IX, 51.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. concluire, conclure ; catal. conclouer ; espagn. concluir ; ital. conchiudere ; du latin concludere, de cum, et cludere pour claudere, fermer (voy. CLORE).