« pris », définition dans le dictionnaire Littré

pris

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pris, ise

(prî, pri-z') part. passé de prendre
  • 1Saisi, retenu. Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris, La Fontaine, Fabl. I, 8.

    Fig. Venez et ouvrez les yeux, et voyez les liens cachés dans lesquels votre cœur est pris, Bossuet, Sermons, Impénit. 1. Elle avait entrepris De l'arrêter au piége où son cœur était pris, Racine, Alex. I, 3.

    Pris dans le licou, se dit d'un cheval enchevêtré dans le licou de manière à se blesser.

    Terme de marine. Un bâtiment qui vire de bord est dit pris lorsque ses voiles sont masquées et qu'il continue à lofer.

    Pris de calme, de mauvais temps, par les glaces, se dit d'un navire qui se trouve en mer, sous l'influence du calme, d'un mauvais temps, ou qui est enfermé par les glaces.

  • 2Qu'on tient, qu'on occupe. Mais je trouve à mon tour la place déjà prise, Th. Corneille, Engag. du has. V, sc. dern. Au repas qu'on leur sert, là-bas, ma place est prise, Delavigne, Fille du Cid, II, 8.
  • 3Il se dit des aliments, des boissons. Un repas pris à la hâte. Un peu de vin pris modérément est un remède pour l'âme et pour le corps, Voltaire, Memnon.
  • 4Considéré. Prise dans toute son étendue, cette région est bornée, à l'occident, par la mer Caspienne et la Perse, Raynal, Hist. phil. V, 17.

    Pris ensemble, se dit d'objets que l'on considère simultanément. [Chez un singe] la queue aussi longue que la tête et le corps pris ensemble, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 168.

  • 5Surpris. Plusieurs brigades, prises de la nuit, couchèrent en colonne comme elles se trouvaient, Saint-Simon, 12, 144.
  • 6Emprunté, tiré de. La double reconnaissance qui finit le cinquième acte est prise du roman de D. Pélage ; elle eut d'abord grand éclat sur le théâtre, Corneille, D. Sanche, Examen. Quoique la maxime soit admirable et prise même du Seigneur, de dire qu'à chaque jour suffit son mal, Sévigné, juill. 1690. [Chez Milton] on se bat dans le ciel à coups de canon ; encore cette imagination est-elle prise de l'Arioste, Voltaire, Dict. phil. Épopée.
  • 7Fixé, arrêté, déterminé. Et l'heure est prise enfin pour nous donner les mains, Rotrou, Vencesl. IV, 6. Le dessein en est pris ; je le veux achever, Racine, Andr. III, 1. Le jour fatal est pris pour tant d'assassinats, Racine, Esth. I, 3. Sur cette idée assez légèrement prise, mon départ fut résolu, Rousseau, Conf. IV.

    Parti pris, voy. PARTI 3, n° 7.

  • 8Affecté de, en parlant de quelque maladie. Pris de la fièvre.

    Pris de vin, ivre. Des Allemands déboutonnés, plus en désordre, plus pris de vin et plus barbouillés de tabac que des petits-maîtres français, Lesage, Diable boit. 1.

    Terme d'hippiatrique. Pris de chaleur, se dit d'un cheval auquel survient une congestion pulmonaire.

    Pris de la fumée, se dit d'un cheval qui éprouve un commencement d'asphyxie.

  • 9Séduit. [Judith] ayant paru devant Holoferne, il fut aussitôt pris par les yeux, Sacy, Bible, Judith, X, 17. Julien fut pris par ces apparences, Bossuet, Hist. II, 12.

    Qui éprouve le sentiment de l'amour. Lorsque le cœur est pris, on n'écoute plus rien, Hauteroche, Espr. follet, I, 7. Tu es prise, pauvre cousine, tu ne peux plus t'en dédire, Rousseau, Hél. V, 13. Ah la pauvre petite ! comme elle tremble en chantant ! elle est prise, monseigneur, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 6.

    Préoccupé. J'étais toute prise de cette pensée en écrivant à madame de Vins, Sévigné, 434. Corbinelli a été charmé de la peinture au naturel de votre savantas… cet homme pris et possédé de son savoir, qui ne se donne pas le temps de respirer ni aux autres…, Sévigné, 26 janv. 1689.

  • 10Trompé. Mais vous seriez bien pris, si quelque événement Allait mettre à l'épreuve un si doux compliment, Molière, le Dép. II, 2. Enfin jamais portrait ne ressemblera mieux ; Tout autre y serait pris, Th. Corneille, Galant doublé, III, 3.
  • 11Interprété. Ces propositions pouvaient être prises au sens de la grâce efficace, Pascal, Prov. XVII. Voilà, monseigneur, de ces avis que je vous donnerai, afin que vous sachiez comment les choses sont prises ici, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 10 nov. 1695.

    Bien pris, mal pris, dont on se fait une bonne, une mauvaise opinion. L'opinion de l'immortalité de l'âme, mal prise, a engagé les amis à se tuer, Montesquieu, Esp. XXIV, 19.

    Pascal a employé pris au sens de conçu. S'ils y pensaient sérieusement, ils verraient que cela [l'incrédulité] est si mal pris, si contraire au bon sens, si opposé à l'honnêteté, Pascal, Pens. IX, 1, édit. HAVET.

  • 12Une personne bien prise dans sa taille, une personne bien faite, bien proportionnée. La comtesse partout emportera le prix ; Dans sa petite taille elle a l'air si bien pris, Th. Corneille, Comt. d'Orgueil, IV, 7. J'étais bien pris dans ma petite taille, Rousseau, Conf. II.

    On dit dans le même sens : avoir la taille bien prise, être de taille bien prise. Covielle : Pour sa taille, elle n'est pas grande. - Cléonte : Non, mais elle est aisée et bien prise, Molière, le Bourg. III, 9. Il ajoute que le teint des hommes et des femmes [à Siam] est basané, que leur taille n'est pas avantageuse, mais qu'elle est bien prise et dégagée, Buffon, Hist. nat. Hom. Œuv. t. V, p. 35.

    Ce cheval est bien pris, il a le corsage bien fait.

    Pris des épaules, se dit d'un cheval dont les mouvements des membres antérieurs sont peu libres.

  • 13Gelé. Toutes nos rivières sont prises : le Rhône, ce Rhône si furieux n'y résiste pas, Sévigné, 3 fév. 1695. Dans le fond des grandes rivières, qui sont celles qui charrient le plus de glaçons (car les petites sont assez promptement prises en entier), on ne trouve jamais de glaçons, Brisson, Traité de phys. t. II, p. 208.

    Il se dit des objets saisis par les glaces. Un navire pris dans les glaces. On trouva son corps [de Charles le Téméraire] couvert de boue et pris dans la glace, Duclos, Œuv. t. III, p. 128.

  • 14Coagulé. Dès que le lait est suffisamment pris, Genlis, Maison rust. t. II, p. 57, dans POUGENS.
  • 15Au jeu de lansquenet, il est pris, sa carte est prise.

    Premier pris, le coupeur, lorsque sa carte est amenée la première par celui qui tient la main ; ce qui est un coup très malheureux.

    Un premier pris, un homme qui a éprouvé au lansquenet ce coup malheureux. Le voici ! ses malheurs sur son front sont écrits : Il a tout le visage et l'air d'un premier pris, Regnard, le Joueur, IV, 13.

    Fig. Un premier pris, un homme de contenance triste et embarrassée (locution qui vieillit).

PROVERBES

À parti pris point de conseil.

C'est autant de pris sur l'ennemi, c'est obtenir un avantage là où l'on n'en espérait plus, c'est tirer quelque parti d'une mauvaise affaire.

Aussitôt pris, aussitôt pendu, se dit des personnes ou des choses sur lesquelles on prend une prompte décision, qu'on emploie aussitôt qu'elles se présentent.