« proprement », définition dans le dictionnaire Littré

proprement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

proprement

(pro-pre-man) adv.
  • 1Précisément, exactement. La fourbe n'est le jeu que des petites âmes, Et c'est là proprement le partage des femmes, Corneille, Nicom. IV, 2. Proprement, toute notre vie Est le curé Chouart qui sur son mort comptait, Et la fable du pot au lait, La Fontaine, Fabl. VII, 11. C'est proprement un charme [la fable], La Fontaine, ib. VII, à Mme de Montespan. Je viens de recevoir votre petit billet, ma chère madame, et je vous remercie toujours de vos soins qui sont proprement des charités, Sévigné, à Mme de Guitaut, 25 janv. 1693. Mon zèle se refroidit ; et, soit une bonne ou une sotte chose, je ne veux pas surpasser la mère de Chantal, qui serait proprement vouloir aller par delà paradis, Sévigné, à Guitaut, 9 févr. 1683. C'était la femme prudente qui est donnée proprement par le Seigneur, Bossuet, Mar.-Thér. Si la vigne, le lierre… choisissent si bien les petits creux, et s'entortillent si proprement aux endroits qui sont capables de les appuyer, Bossuet, Conn. V, 2. Je n'en suis proprement [des biens que je possède] que l'économe et le dispensateur, Bourdaloue, Exhort. Char. env. les pauv. t. I, p. 6. Sparte était proprement un camp où les citoyens, abandonnant aux esclaves la culture des terres, s'exerçaient uniquement au métier des armes, Condillac, Hist. anc. I, 14.
  • 2 Terme de grammaire. Dans le sens propre, par opposition à : dans le sens de figuré. Ce mot s'emploie proprement et figurément. Vous ne parlez pas proprement, me dit-il, Pascal, Prov. v.

    On dit plus souvent : au propre.

    Parler proprement, parler avec correction, avec pureté, en bons termes. Il y a des gens qui parlent un moment avant que d'avoir pensé : il y en a d'autres qui ont une fade attention à ce qu'ils disent …ils sont puristes …ils parlent proprement et ennuyeusement, La Bruyère, V.

    Proprement dit, se dit de certains termes pris dans leur signification expresse et particulière. Le genre de la comédie proprement dite. La fable, la comédie proprement dite.

    La Grèce proprement dite, le Peloponnèse, l'Attique, la Béotie, etc. par opposition à la Grande Grèce et autres pays grecs situés hors de la Grèce.

    L'Asie proprement dite, l'Afrique proprement dite, les deux provinces d'Asie et d'Afrique sous la domination des Romains, par opposition au reste de l'Asie et de l'Afrique.

    À proprement parler, proprement parlant, loc. adv. Pour parler en termes précis, exacts. L'histoire des arts et des sciences et de ceux qui s'y sont distingués par un mérite particulier est, à proprement parler, l'histoire de l'esprit humain, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. x, p. 397, dans POUGENS. À proprement parler, les Arabes ou Sarrasins n'ont point eu de philosophie avant l'établissement de l'islamisme, Diderot, Opin. des anc. phil. sarrasins.

  • 3D'une manière bienséante, convenable. S'habiller proprement. J'ai fait dessein de me mettre aujourd'hui un peu proprement. - Toi, proprement ! et avec quoi ? Brueys, Av. Patelin, I, 3. Je suis bien aise que mademoiselle soit proprement mise, Marivaux, Marianne, part. 1.

    Avec régularité et netteté, avec grâce et adresse. Travailler proprement. Madelon : Il a la taille tout à fait élégante. - Cathos : Et a la mine de danser proprement, Molière, Préc. 13. Cette marquise qui, à cinquante-cinq ans, danse le menuet aussi proprement qu'une fille de quinze ans, Dancourt, Femme d'intrigues, I, 4. Je suis fâché qu'Ali-Bey, le prince Héraclius… ne sachent pas danser le menuet proprement, Voltaire, Lett. à Catherine, 1er janv. 1772.

    En termes d'arts. Cela est fait proprement, cela est exécuté avec justesse et élégance. Chanter ou jouer proprement, c'est exécuter une mélodie française avec les ornements qui lui conviennent, Rousseau, Dict. de musique.

  • 4Avec propreté. Cette maison est tenue proprement. Ils [Traumaphile et Nosophuge] s'appliquaient à les tenir [les soldats malades] proprement, à empêcher le mauvais air par cette propreté, Fénelon, Tél. XVII. Bien faire ce qu'elle fait n'est que le second de ses soins ; le premier est toujours de faire proprement, Rousseau, Ém. V.

HISTORIQUE

XIIe s. Or eswarde [regarde] cum proprement se concordent altres paroles encor de l'apostle à ces trois choses, Saint Bernard, p. 570.

XIIIe s. Eglise est assemblée de genz feels [fidèles] proprement, Psautier, f° 33. Pource que je weil que nulz face jamez bien pour le guerredon de paradis avoir, ne pour la paour d'enfer ; mez proprement pour l'amour de Dieu avoir, qui tant vaut et tout le bien peut faire, Joinville, 258.

XIVe s. L'en ne porroit translater proprement tout latin en françois, Oresme, Prol.

XVe s. On me pourroit demander, qui voudroit, dont telles choses me viennent à savoir, pour en parler si proprement et si vivement, Froissart, II, III, 70. Et firent si grand bruit… qu'il sembloit proprement que tous les diables d'enfer fussent là venus, Froissart, I, I, 42. Ny nommeray les années ny proprement le temps que les choses sont advenues, Commines, III, 4.

XVIe s. Comme si le baptesme, à parler proprement, n'estoit point sacrement de penitence, Calvin, Instit. 1051. Il l'estimoit si proprement sienne, que…, Montaigne, I, 5. Nous semblons proprement [à vrai dire] celuy qui, ayant besoing de feu, en iroit querir chez son voisin, Montaigne, I, 144. J'essuyay et nettoyay sa plaie le plus proprement que je peus, Montaigne, II, 193. Scribonia, conseillant son nepveu de se tuer plutost que d'attendre la mort de la justice, luy disoit que c'estoit proprement faire l'affaire d'aultruy que de conserver sa vie pour la remettre entre les mains de ceulx…, Montaigne, II, 32.

ÉTYMOLOGIE

Propre, et le suffixe ment ; bourg. prôpeman ; prov. propriamen ; espagn. propiamente ; ital. propriamente.