« résistance », définition dans le dictionnaire Littré

résistance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

résistance

(ré-zi-stan-s') s. f.
  • 1Qualité par laquelle un corps résiste à l'action d'un autre corps. Cette étoffe n'a point de résistance. L'art des corps les plus durs dompte la résistance, Delille, Trois règnes, IV.

    Chose de résistance, chose qui dure longtemps.

    Pièce de résistance, pièce de viande où il y a beaucoup à manger.

  • 2 Terme de physique. Résistance des solides, force par laquelle ils résistent au choc, à l'impression d'un corps en mouvement. Un corps ne saurait employer un degré de force à surmonter la résistance d'un autre corps, sans en perdre lui-même une quantité égale à celle qu'il y a employée, Brisson, Traité de phys. t. I, p. 104.

    Solide de la moindre résistance, solide circulaire tel, que, mû dans un fluide, il trouve moins de résistance que tout autre solide circulaire de même base. Bernoulli, effrayé des calculs de Fatis, se mit à chercher par une autre voie le solide de la moindre résistance, et ne fut pas longtemps à le trouver, D'Alembert, Éloges, Bernoulli.

    Terme de charpentier. Force avec laquelle les bois supportent sans se rompre le poids dont on les charge. Tous les auteurs qui ont écrit sur la résistance des solides en général et du bois en particulier, ont donné comme fondamentale la règle suivante : la résistance est en raison inverse de la longueur, en raison directe de la largeur, et en raison doublée de la hauteur, Buffon, Hist. nat. Introd. Œuv. t. VIII p. 253. Il résulte de toutes ces expériences, que la résistance du bois n'est point en raison inverse de sa longueur, comme on l'a cru jusqu'ici, Buffon, ib. p. 231.

    Résistance des milieux, des fluides, difficulté qu'un corps en mouvement a à les traverser. La seconde des deux grandes théories sur lesquelles roule le livre des Principes, est celle de la résistance des milieux au mouvement qui doit entrer dans les principaux phénomènes de la nature, Fontenelle, Newton. Tous les corps tomberaient avec la même vitesse, s'ils ne trouvaient point de résistance, Condillac, Art de rais. II, 4. La loi de la résistance que l'air oppose aux boulets était un des objets les plus essentiels et en même temps le plus difficile de ces recherches, Condorcet, d'Arci. La résistance des fluides dépend de la vitesse du mobile, Brisson, Traité de phys. t. I, p. 86.

  • 3 Terme de mécanique. Nom donné à toute force qui agit en sens contraire d'une autre, dite puissance, dont elle détruit ou diminue les effets.
  • 4Obstacle, difficulté. Je voulus pousser la porte, mais je sentis quelque résistance. Quelques personnes, si l'on en croit Racine le fils, prétendent que Lulli, chargé de mettre en musique l'idylle du grand Racine sur la paix, trouva dans la force des vers une résistance que la poésie de Quinault ne lui avait pas fait éprouver, D'Alembert, Éloges, Lamotte, note 5.
  • 5Défense de l'homme et des animaux contre ceux qui les attaquent. Opposer une longue résistance. L'ennemi ne fit que peu de résistance. Quelle vaine résistance à son puissant appareil ! Malherbe, II, 2. Et sans autre assistance Ce chef des révoltés vous a fait résistance, Du Ryer, Scévole, I, 3. Il y a des nouvelles [de Wolf commandant dans Stettin] qui confirment en tout ce qu'on disait de la résistance admirable de cette place, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 302. Comme ces vaisseaux étaient mal gardés, et qu'on ne se défiait de rien, il s'en saisit sans résistance, Fénelon, Tél. XVI. Il [Coigny] les attaque [les Autrichiens] dans la ville et dans les lignes [de Wissembourg]… on se battait dans les places et dans les rues ; elles étaient couvertes de morts ; la résistance dura six heures entières, Voltaire, Louis XV, 11.
  • 6 Fig. Défense contre ce qui est comparé à un assaillant. Puisqu'après tant d'efforts ma résistance est vaine, Je me livre en aveugle au transport qui m'entraîne, Voltaire, Andr. I, 1. Je vois qu'en combattant vos peines, vous souffrez à la fois du mal et de la résistance, Rousseau, Hél. III, 23.

    Se dit des femmes qui opposent des refus à leurs amants. Elles ne goûtent jamais le plaisir de la résistance, et elles ne lui fournissent jamais le plaisir de la victoire, Fontenelle, Dial. V, Morts mod. Consultez leurs yeux [des femmes], leur teint, leur respiration, leur air craintif, leur molle résistance ; voilà le langage que la nature leur donne, Rousseau, Ém. V. Oubliant cette adroite et molle résistance, Qu'oppose aux doux ébats la pudeur qui balance, Delille, Parad. perdu, IX.

  • 7Opposition aux desseins, aux volontés d'un autre. M. Jurieu dira peut-être : J'emploie, il est vrai, la résistance de la raison contre la présence réelle ; mais c'est aussi que la raison y résiste plus qu'à la Trinité, à l'Incarnation et aux autres mystères que le socinien rejette, Bossuet, 6e avert. 28. S'il [l'homme qui se convertit] surmonte leur résistance [des pécheurs] par sa fermeté et par son courage, Fléchier, Sermons, 2e dim. de l'Avent. Quels flots de sang pour elle avez-vous répandus ? Quel débris parle ici de votre résistance ? Racine, Iphig. IV, 4. On ne m'opposera que trop de résistance, Racine, Phèd. II, 1. Le parlement pourrait sans doute être fort utile au peuple ; mais il saisit communément fort mal les occasions de résistance, Duclos, Œuv. t. V, p. 310.

    Fig. et familièrement. Il a fait une belle résistance, se dit de quelqu'un qui s'est refusé longtemps aux instances, aux propositions qu'on lui faisait.

  • 8Rébellion contre les agents de l'autorité.
  • 9 Terme de manége. Désobéissance du cheval à la volonté du cavalier.
  • 10Parti de la résistance, se dit des hommes d'État qui craignent de s'engager dans des voies nouvelles, et qui opposent une force d'inertie aux tentatives de réforme.

    On dit aussi absolument la résistance.

  • 11Force avec laquelle on se défend contre la fatigue, la faim. Les jeunes soldats ont moins de résistance que les vieux.

HISTORIQUE

XIVe s. Se tu nous donnes ci endroit station et resistance, je te ferai ci endroit un temple, Bercheure, f° 11. Pluseurs seroient seurmontez qui sont de petite vigueur et ont peu de resistence, Oresme, Eth. 208. Posé que une puissance meuve une resistence par certaine isnelté [vitesse], Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Les fortreces où tel resistence trouveroient que trop convensist perdre de bonnes gens…, Christine de Pisan, Charles V, II, 9. Et à un matin frappa sur eulx, et ne feirent gueres de resistence, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1384.

XVIe s. Vostre bonne grace est la resistance que je treuve en tous les ennuis que puis avoir, Marguerite de Navarre, Lett. XLI. Elle voyant qu'il n'y avoit point de resistance [moyen de résister], se jeta entre les bras de ce serviteur, Marguerite de Navarre, Nouv. X. Theseus descendit en terre sans aucune resistence, et se saisit du port, Amyot, Thés. 23. …Mon ardeur retenue, Au lieu de s'amortir, plus chaude est devenue, Et de ma resistance a pris accroissement, Desportes, Diverses amours, IX, Stances pour Charles IX. Il y a repletion outre mesure, de laquelle s'ensuit tension et renitence ou resistance, Paré, V, 7.

ÉTYMOLOGIE

Prov. et espagn. resistencia ; ital. resistenza ; du lat. resistentia ; de resistere, résister.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RÉSISTANCE. Ajoutez :
1 Terme de construction. Solide d'égale résistance, forme qu'il convient de donner à une pièce quelconque, pour que, sous l'action des forces auxquelles elle est soumise, chacun de ses points ait une même résistance à opposer.
3Ajoutez :

Résistances passives, résistances qu'une machine a à vaincre, sans profit pour l'effet utile qu'on se propose.