« bon.2 », définition dans le dictionnaire Littré

bon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bon [2]

adv.
  • 1De la bonne manière, bien. Sentir bon, avoir une odeur agréable.
  • 2Tenir bon, résister, se soutenir. Comment tenir bon Contre ce dernier adversaire ? La Fontaine, Coupe. Le seul Mathatias tint bon contre les autels étrangers, Massillon, Vices. Les autres six chevaux ont tenu bon jusques ici, Sévigné, 56. Oui, partout de son nom chaque place munie Tient bon contre le vers, en détruit l'harmonie, Boileau, Ép. IV.
  • 3 Terme de fauconnerie. Voler bon, être bien dressé ou affaité, en parlant des oiseaux de proie.
  • 4Bon ! bon ! exclamation qui exprime la surprise et, en plus, l'approbation ou le désappointement. Bon ! vous arrivez bien. Allons bon ! je me suis encore trompé.

    Ne parlez pas ainsi. Bon ! vous voulez m'en faire accroire. Bon ! bon ! il a de l'argent de reste pour se tirer d'affaire, Lesage, Turc. V, 16.

HISTORIQUE

Xe s. Buona pulcella fut Eulalia, Eulalie.

XIe s. Dist Blancardins : mout bon plait en avrez, Ch. de Rol. VI. Franceis sont bon, si ferront vassalment, ib. LXXXIII. Après [il] escrie : cil sont bon à confondre, ib. CXV.

XIIe s. Une bone cité, Ronc. p. 19. Ainc n'ot [il n'y eut] si buen [haume], ib. p. 30. Nos bons Franzois n'ont cure de fuïr, ib. p. 60. Bon sont à vaincre, de verté le sachez, ib. p. 70. Sempres sera son bon droit desrainiez [soutenu], ib. p. 12. Les deux boens pailes gentement [elle] raloua, ib. p. 174. Ma seror te donai par bone volonté, ib. p. 198. Mais à dame de valor, Bele et bone et acesmée [parée], Couci, I. Amer [aimer] toute la meillor Qui soit par les bons louée, ib. [Cela] Me fait ressouvenir De là où tuit mi bon desir Sont et seront jusqu'au mourir, ib. XVIII. Merci [je] lui cri, qu'onc ne fis vilenie ; Car vilains fait bone amour desevrer, ib. XXII. De ce [je] sui en bone atente Que je son homage [amoureux] pris, DAME DE FAIELE, dans Couci. Beaus services ne sera jà peris à fin amant qui en bon lieu l'emploie, Couci, p. 124. Se vous ma volonté et mon bon voulez faire, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 22. Car s' [si] un seul jour à mon bon [je] vous avoie [avais], ib. p. 28. Puis [elle] lui a son vouloir et son bon enchargé [l'a chargé de ses intentions], ib. p. 33. [Les deux statues] Si disoient par nigromance De tout leur bon, de leur enfance, ib. p. 59. Et s'eles [les dames] font, par mal conseil, folage, à lasches gens et mauvais le feront ; Car tuit li bon iront en cest voiage [croisade], Quesnes, Romancero, p. 94. Nuls ne pourroit de mauvaise raison Bone chanson ne faire ne chanter, ib. p. 100. On ne connoit boin servise, Tant qu'on ait autre esprouvé, Auboins de Sezanne, ib. p. 127. Li dux Miles le voit, ne lui fu mie bon, Sax. VIII. Quant li cuens les i sut, moult lui fu bel et bon, ib. XXII. Et s'il dit que jo ne li plais, prest sui, face de mei tut sun bon, Rois, 176. Alsi com ce est grevalz pechiez nient estre bon entre les bons, alsi est-ce granz los estre bon entre les malz, Job, 441. Cume bons est li rois d'Israel à icels chi sunt de dreit cuer, Liber psalm. p. 95.

XIIIe s. Conquise [la reine Blanche] en a la justice romaine [la cour de Rome], Si qu'ele fait les bons pour maus [mauvais] tenir, Hues de la Ferté, Romancero, p. 184. Il furent bon ami sans mal et sans envie, Berte, II. L'un ot nom Carloman, qui fu de bonne vie, ib. II. Il fait moult bon bien faire, plus n'en puet on porter [emporter], ib. III. Fille, dist la roÿne, bon gré [je] vous en saurai, ib. VII. [Il étoit] Preus et loiaus et sages et de bon escient, ib. IX. Car de li [elle] honorer a chascuns bon talent, ib. Seigneur, ce dist Tybers, cist conseil est mout bons, ib. XXIII. Elle ert [était] sage et courtoise et de bone maniere, ib. X. De bone part [elle] lui sembla, si en a grant pitié, ib. XLV. Bone gent [ils] sont et sage et de grant renommée, ib. XLVI. De bon lieu [famille] [elle] est venue, par amour pensez ent, ib. XLVII. [Dieu] Lui a cestui lundi envoié bone estraine, ib. L. Mout souvent [elle] prie Dieu qu'il envoit bone fin [à] Celui qui…, ib. LV. Et ses filles andeus [toutes deux], Diex leur doint bon destin, ib. LV. Bon se feroit garder, qui pourroit, de mesfaire, ib. LXIX. Bon fust que gehesist [elle avouât] [ce] que Berte est devenue, ib. XCI. Le bon roy de Hongrie, qui le poil ot chenu, ib. CXXIII. Vilain, fait Renart, je n'ai cure De tes poucins, tuit soient ton ; Mès se tu veus faire mon bon, J'auré le coc que je demant, Ren. 5332. Oïl, dam le Deu le vos mire ; C'est bon gré Deu et maugré vostre, ib. 21691. Moult me delite en ma pensée, Et me resbaudissent li membre, Quant de mon bon tems me remembre, la Rose, 13140. Ce ne di-ge pas por les bonnes [femmes], Qui sor vertus fondent lor bonnes [bornes, règles], Dont encor n'ai nules trovées, Tant les aie bien esprovées, ib. 9950. Si est bon qu'on sace, quant on veut faire demande, à quel segneur on en doit traire, Beaumanoir, VI, 33. Or veons, après ce que noz avons parlé des degrés de lignage, de cix qui tiennent heritages par cause de bone foi, ib. XX, 1. Ne ce n'est pas bon à soufrir que li povre paient l'aisement que li rice ont es chozes communes, ib. XXV, 17. On doit croire que chascuns est bons, dusqu'à tant que li contraires est provés, ib. VI, 29. Mais tous voirs [vérité] n'est pas bon à dire, Contenance des femmes.

XIVe s. Par aventure n'est-ce pas une meisme chose estre bon home et estre bon citoien, Oresme, Eth. 145. Ainssin fasoit Girars, es bons prenoit exemple, Girart de Ross. 2996. Avec Bertran estoit de Beaumont sire Alain, Et Jehan de Beaumont qui fu bon de la main, Guesclin. 18352. Bertrans vint à Henry le riche roi de non, Les nouvelles lui dit du noble roi Charlon ; Et quant Henry le sceut, ne lui vint mie à bon, ib. 16939. Ains a dit à Bertran : nous recommenceron. Je le vueil, dit Bertran, j'en ferai vostre bon, ib. 1816.

XVe s. Si firent leur fete par trois jours des bourgeois de Nantes et de bonnes gens de là entour, au mieux qu'ils purent, Froissart, I, I, 148. Ainsi gist la ville d'Audenarde ; il n'y fit oncques si bon [pour la surprendre] qu'il fait maintenant, Froissart, II, II, 213. Et le meilleur et le plus bon conseil que on vous puist donner, c'est que vous fassiez bien garder vos cités et bonnes villes, Froissart, III, IV, 20. Et entendirent [les Anglois] à emplir leurs malles de tout bon et de tout bel, dont ils avoient grant foison, Froissart, II, II, 215. Si se rafreschirent, et puis s'en partirent [de la ville], quand bon leur sembla, Froissart, II, II, 220. Le bon doit amer et affecter le bon, le noble le noble, le vertueux le vertueux, par la consemblableté de mesure qui est entre eux, Chastelain, Exposition sur vérité mal prise. Rien ne m'est bon ; n'autre bien n'assaveure, Fors seulement l'attente que je meure, Chartier, Compl. contre la mort. Et se de mes biens je despens Souventeffoiz à grant largesse, Quant bon me semble, les suspens, Orléans, Bal. 90. C'est beau debat que de deux bons, Orléans, Rondeau. Puisqu'il vous plait que je die de bon [tout de bon], Je le feray à vo commandement, Deschamps, Conseils aux dames. Après furent desnués et devestus grande partie des morts, et fut pris ce qu'il y avoit de bon, Monstrelet, Liv. II, ch. 20. Les gens d'armes firent leurs monstres au long de la dite ville, ce qui faisoit bien bon à voir, J. de Troyes, Chron. 1465. Ma femme se dict mal porveue, Que je perts les byens et la veue, à force de boire du bon, Basselin, Vau de Vire, 38. Et en ce montra bien son bon sens et advis et grande bonté, Bouciq. I, ch. 30. Quand le grand maistre de Rhodes vit que c'estoit à bon, ib. II, ch. 14. Entre les conseilliers se trouvent tousjours largement de bons et notables personnages, Commines, I, 6. Pour tout ce fournir et parfaire, J'ordonne mes executeurs Ausquelz faict bon avoir affaire Et contentent bien leurs debteurs, Villon, Gd Testam. Rond. Finalement en escrivant, Ce soir seullet estant en bonne, Dictant ces laitz [chansons] et descripvant, Je ouyz la cloche de Sorbonne, Villon, Petit Testam. Et voudroit qu'il lui eust cousté bonne chose, et qu'il eust trouvé homme qui bien lui sust oster, Louis XI, Nouv. LXIV.

XVIe s. Vous ne poviez à heure venir plus opportune, nostre maistre est en ses bonnes : nous ferons tantoust bonne chiere, Rabelais, Pant. IV, 12. Je pense que il luy coustera bon, dont il se passast bien en la paourté où il est, Rabelais, Épi. 1. Bonne [grande] partie de la ville, Montaigne, I, 27. Si la memoire m'eust tenu bon [si j'eusse eu bonne mémoire], Montaigne, I, 34. Une bonne peur, Montaigne, I, 64. Comme lorsqu'il va de bon [qu'on joue sérieusement], Montaigne, I, 108. Un jeune homme d'une bonne maison, Montaigne, I, 128. Tenir bon à [lutter contre], Montaigne, 125. Ô le bon homme [vir probus] ! Montaigne, I, 142. Le bon homme [il parle de son père], Montaigne, I, 196. Sentir bon, Montaigne, I, 391. Elle se donnoit de bons coups de poinçon dans le bras, Montaigne, I, 309. Il faict bon traduire les aucteurs comme celuy là, Montaigne, II, 137. Quand on est attainct d'une bonne fiebvre, Montaigne, IV, 67. Afin de leur vendre bon les plaisirs qu'ils se promettent, Yver, p. 578. Les collecteurs ne doivent estre tenus de faire le mauvais bon [de payer pour les contribuables insolvables], Loysel, 914. Lucullus y renvoya encore un autre de ses lieutenans, Adrianus, avec une bonne troupe, Amyot, Lucull. 30. Ilz estoient fort bons et grands amis, Amyot, ib. 84. Les deux premiers jours Caesar teint bon pour Ciceron, mais le troisieme il se laissa aller, et l'abandonna, Amyot, Cicéron, 58. La joye d'un roy en prosperité ne se cache point, ny son rire quand il est en ses bonnes, Amyot, De la curios. 8. Vous n'allastes plus connillant, ny à cachettes ; vous vous declarastes tout à bon, Sat. Mén. p. 125. J'ay trouvé bon la censure de l'Escole de Medecine de Paris… [édit. orig. les autres édit. mettent bonne], Paré, XX, Préf.

ÉTYMOLOGIE

Picard, boin ; Berry, boun, boune ; provenç. bon ; catal. bo ; espagn. bueno ; portug. bom ; ital. buono ; du latin bonus, anciennement buonus, qu'on dit être le même que fonos dans les Tables Eugubines. On remarquera, dans l'historique, le mot bon employé substantivement pour signifier ce qu'on désire ; il n'est pas sûr que ce soit l'adjectif bon détourné de son sens et de son emploi ; il se pourrait que ce fût un mot germanique : anglo-sax. bén ; ancien scand. bôn, boen ; suéd. et dan. bön, demande, prière ; anglais, boon, don, faveur.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. BON. Ajoutez :
1Bons à trois cinq, à cinq dix, etc. bons non remboursables pendant trois ou cinq ans, et remboursables, à la volonté du gouvernement, pendant les deux années pour le bon trois cinq, ou les cinq années pour le bon cinq dix, restant à courir. Je ne suis point du tout l'inventeur ni l'importateur en France du système américain dont il a parlé, c'est-à-dire les bons à trois cinq et les bons à cinq dix… il s'agissait d'emprunter cinq cent millions pour pourvoir aux premières nécessités de la guerre ; ces mots un peu barbares de trois cinq et de cinq dix ne furent pas compris par le public, Magne, Journ. offic. 17 juin 1873, p. 3937, 3e col.