« familier », définition dans le dictionnaire Littré

familier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

familier, ière

(fa-mi-lié, liè-r' ; au XVIIe s. Chifflet, Gramm. p. 188, dit qu'on prononçait familier comme enfer, hiver ; la prononciation a tout à fait changé) adj.
  • 1Qui vit avec quelqu'un sans façon et comme en famille. C'est un de ses amis les plus familiers. Ne regardez pas la femme d'un autre ; ne vous rendez point familier avec sa servante, et ne vous tenez point auprès de son lit, Sacy, Bible, Ecclésiast. XLI, 27. Le chevalier, familier avec tout le monde, Hamilton, Gramm. 6.
  • 2 Terme de mythologie romaine. Dieux familiers, dieux lares des maisons de chaque particulier.

    Il se dit, dans un sens analogue, des petits génies, lutins, kobolds germaniques, qu'on croyait habiter la maison.

    Esprit, démon, génie familier, être surnaturel que l'on disait être attaché à une personne pour l'inspirer, la diriger. Non, je sais tout cela d'un esprit familier, Corneille, Suite du Ment. IV, 6. Ô l'heureux temps que celui de ces fables, Des bons démons, des esprits familiers, Des farfadets aux mortels secourables ! Voltaire, Ce qui plaît, etc.

    Fig. Ce sont [les hommes de talents éminents] les anges tutélaires des royaumes et les esprits familiers des rois, Guez de Balzac, De la cour, 1er disc.

  • 3Qui se familiarise, qui se comporte avec familiarité. Quelle autre a mieux pratiqué cet art obligeant qui fait qu'on se rabaisse sans se dégrader, et qui accorde si heureusement la liberté avec le respect ? douce, familière, agréable autant que ferme et vigoureuse…, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Qui a trop de familiarité. Voyez-vous ? il se rend familier, Racine, Plaid. I, 8. Cet homme me paraît familier, Voltaire, Écoss. II, 5. Il est également importun, bavard et familier, Genlis, Ad. et Théod. t. I, lett. 43, p. 372, dans POUGENS.

    Être familier comme les Épîtres de Cicéron, se dit d'une personne qui se rend trop familière, par allusion aux lettres écrites par Cicéron à ses amis et dites Épîtres familières.

  • 4Il se dit des choses qui ont un caractère de familiarité. Ils vivent dans un commerce très familier. Il a des manières un peu trop familières. Des gens d'un caractère libre et familier. Le commerce plus familier qu'on a à la campagne me la fit mieux connaître, et toujours à son avantage, Duclos, Confess. Comte de ***, Œuv. t. VIII, p. 142, dans POUGENS. Malgré le ton familier du nouveau venu, Rousseau, Conf. VI. La demande est un peu familière, Collin D'Harleville, M. de Crac, sc. 10.
  • 5Animal familier, se dit des animaux qui ne s'effarouchent pas, qui viennent près de l'homme, qui ont de la tendance à s'apprivoiser. Les bengalis sont des oiseaux familiers et destructeurs, Buffon, dans le Dict. de BESCHERELLE. Parmi les animaux, les uns paraissent être plus ou moins familiers, plus ou moins sauvages, plus ou moins doux, plus ou moins féroces, Buffon, ib.
  • 6Qui est du parler de la conversation. Langage familier. Style familier. Dans les discours familiers et dans les discours de science, Pascal, Espr. géom. I. Ce n'est pas qu'il faille condamner des vers familiers dans ces pièces de poésie ; au contraire, ils y sont nécessaires comme les jointures dans le corps humain, ou plutôt comme des repos dans un voyage, Voltaire, Conseils à un journaliste.

    Terme, mot familier, locution, expression familière, terme, mot, locution, expression qui ne peuvent entrer que dans le langage familier.

    Être familier, avoir un ton familier. Il était familier de l'inquisition ; milord Boldmind n'était familier que dans la conversation, Voltaire, Dict. phil. Liberté de penser.

  • 7Qui n'est pas assez respectueux en tant qu'expression. Le terme d'amitié est un terme trop familier avec des personnes placées bien au-dessus de nous.
  • 8Ordinaire, habituel. L'allégorie est très familière aux poëtes grecs. Vous savez qu'il y a des gens opiniâtres sur les petites choses et à qui le terme non est beaucoup plus familier dans de certaines occasions que le terme oui, Voltaire, Lett. Richelieu, 19 juill. 1773.
  • 9Avec quoi l'on se familiarise. Le premier qui vit un chameau S'enfuit à cet objet nouveau ; Le second approcha ; le troisième osa faire Un licou pour le dromadaire ; L'accoutumance ainsi nous rend tout familier, La Fontaine, Fabl. IV, 10.
  • 10Il se dit de ce que l'on connaît pour l'avoir souvent vu, étudié, pratiqué Des notions familières à tout le monde. Son visage m'est familier, La Bruyère, VII. Dans une chambre où il est familier [il a ses habitudes], La Bruyère, XI. Ceux qui parcourent ses ouvrages [de Bacon] le trouveront versé dans toute la littérature ancienne et moderne, et familier avec les auteurs grecs, latins, hébreux, italiens, français, allemands, arabes, Diderot, Opin. des anc. phil. (scolastiques).
  • 11 S. m. et f. Familier, familière, celui, celle qui est dans la familiarité d'une personne éminente. Il fit entrer ses familiers et ses médecins, Vaugelas, Q. C. III, 5. Au sabbat elle est la première, Et du bouc noir la familière, Scarron, Virg. VI. Madame de Maintenon se produisit fort peu au camp [de Compiègne], toujours dans son carrosse avec trois ou quatre familières, Saint-Simon, 10, 13.

    Les familiers de la maison, ceux qui sont reçus habituellement et familièrement dans une maison.

  • 12Celui, celle qui affecte la familiarité avec les personnes d'un rang au-dessus du sien. Il fait le familier avec le ministre. Elle fait la familière avec la princesse. Le [un grand] tirer par son habit, lui marcher sur les talons, faire le familier, prendre des libertés, marquent mieux un fat qu'un favori, La Bruyère, IV. Les petits courtisans se relâchent sur ces devoirs, font les familiers, et vivent comme gens qui n'ont d'exemple à donner à personne, La Bruyère, VIII.
  • 13Officier de l'inquisition. Un familier du saint-office. Les plus adroits s'empressèrent d'être les archers de l'inquisition, sous le nom de ses familiers, aimant mieux être satellites que suppliciés, Voltaire, Mœurs, 140.
  • 14 S. m. Ce qui a le caractère du style familier. Mais prenons garde à la bassesse Trop voisine du familier, Lamotte, Fabl. II, 12. On ne distinguait pas assez les bornes qui séparent le familier du simple : le simple est nécessaire, le familier ne peut être souffert, Voltaire, Comm. Corn. Rem. sur Hor.

    Manières familières. Il a été d'un familier auquel je ne m'attendais guère.

  • 15 S. f. Familière, espèce d'araignée.

HISTORIQUE

XIIIe s. Je Miles de Galathas chevaliers et familiaires dou très noble empereor de Constantinoble, Du Cange, Villeh. append. p. 25. Aucuns de ses familiés groussient de ce que il fesoit de si larges aumosnes, Joinville, 298.

XIVe s. Priver de ses pecunes son familier compaignon est plus dure chose et plus injuste, Oresme, Eth. 245. Il ont fait edifier ung hostel ou maison à leurs depens pour mettre eulx et leurs biens, familiers et serviteurs à sauveté, Du Cange, familiarius.

XVIe s. S'il n'est assez familier des livres pour y trouver tant de beaux discours qui y sont, Montaigne, I, 174. Ils ont donné le prix à celle des vertus qui leur estoit plus familiere, Montaigne, II, 67. Ces langues estoient familieres à mon pere, Montaigne, II, 137. Je suis du camp d'amour pratique chevalier ; Pour avoir trop souffert, le mal m'est familier, Ronsard, 230. Si la dure mere est devenue noire par remedes acres, soient appliqués remedes doux et familiers, Paré, VIII, 18. Le fils familier [le fils de famille], greigneur de vingt ans, peut ester en jugement sans autorité ou licence de pere, Coust. génér. t. II, p. 440.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. familiar ; ital. famigliare ; du latin familiaris, de familia, famille.