« davantage », définition dans le dictionnaire Littré

davantage

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

davantage

(da-van-ta-j') adv.
  • 1Plus. Vous avez de l'argent, mais il en a davantage. Vous promettez beaucoup et donnez davantage, Corneille, Poly. IV, 2. Adieu, madame, adieu, je n'ai pu davantage, Corneille, Héracl. III, 2. On perd souvent l'acquis à vouloir davantage, Corneille, Tois. d'or, IV, 4. S'il eût voulu mourir plus tard, Il aurait vécu davantage, Scarron, Virg. trav. III. Et si j'en savais plus, j'en dirais davantage, Hauteroche, les Appar. tromp. III, 7. Il m'en souvient bien davantage, La Fontaine, Fabl. III, 15. Celui qui s'était vu Coridon ou Tircis Fut Pierrot, et rien davantage, La Fontaine, ib. IV, 2. Ce petit animal T'en avait-il fait davantage [de mal] ? La Fontaine, ib. VI, 15. Tu n'as point l'air d'un donneur de breuvage ; Je n'en dis point là-dessus davantage, La Fontaine, ib. VIII, 18. Je rendrais mon ouvrage Capable de sentir, juger, rien davantage, Et juger imparfaitement, La Fontaine, ib. X, 1. Ce qui existe moins est moins bon et moins un ; ce qui existe davantage est davantage bon et un, Fénelon, Exist. 292. Si les fautes des Anglais furent énormes, celles des Espagnols le furent encore davantage, Raynal, Hist. phil. X, 16.

    Davantage avec de et un substantif. Ceux qui te veulent mal sont ceux que tu conserves ; Tu vas à qui te fuit, et toujours les réserves à souffrir en vivant davantage d'ennuis, Malherbe, I, 4. S'il demande à ses jours davantage de terme, Malherbe, ib. S'il veut davantage de palmes, Qu'il les acquière en votre sein, Malherbe, III, 1. Sans m'obliger à déclarer davantage de mes principes, Descartes, Méth. 6.

    Cette tournure vieillit ; toutefois on ne voit aucune raison pour ne pas l'employer.

    N'en pouvoir davantage, n'en pouvoir mais, n'être pas la cause de ce qui arrive. On renversa la table, on coiffa d'un potage le pauvre Vineville, qui n'en pouvait pas davantage, Retz, III, 6.

  • 2Plus longtemps. Ne me rompez pas davantage la tête, Molière, Mis. IV, 3. Or bien, sans crier davantage, Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis, La Fontaine, Fabl. VII, 16. Qu'il éloignât l'enfant jusques à certain âge, Jusqu'à vingt ans, point davantage, La Fontaine, ib. VIII, 16. Gardes, obéissez sans tarder davantage, Racine, Brit. III, 8. Les crimes de Jugurtha avaient fait trop d'éclat pour que le sénat pût les dissimuler davantage, Vertot, Révol. rom. IX, p. 379.
  • 3Bien plus. En ce sens il tombe en désuétude. Davantage, je ne les vois pas dans les grandes places, Bossuet, Serm. quinq. II. Davantage, peut-on nier que la messe ne fût le service public de l'Église ? Bossuet, Réfut. Les mages résolurent de se rendre ami Poréxarpe, parce qu'il avait tout sujet de haïr Cambyse, davantage était homme grandement estimé des Perses, Courier, II, 188.

REMARQUE

1. Les grammairiens modernes ont décidé que davantage ne pouvait être suivi de que. Toutefois cette décision est en contradiction avec l'usage des meilleurs écrivains : Ils peuvent avancer beaucoup davantage que ceux qui courent, Descartes, Méth. Il ne peut davantage Que soupirer tout bas, Malherbe, I, 4. Oui, vous ne pourriez pas lui dire davantage Que ce que je lui dis pour le faire être sage, Molière, l'Étour. I, 9. Il n'y a rien assurément qui chatouille davantage que les approbations que vous dites ; mais cet encens ne fait pas vivre, Molière, Bourg. I, 1. Il est impossible que cette surprise ne fasse rire, parce que rien n'y porte davantage qu'une disproportion surprenante entre ce qu'on attend et ce qu'on voit, Pascal, Prov. 11. Je puis dire devant Dieu qu'il n'y a rien que je déteste davantage que de blesser la vérité, Pascal, ib. L'une en prisant davantage le temporel que le spirituel, Pascal, ib. 12. Quel astre brille davantage dans le firmament que le prince de Condé n'a fait en Europe ? Bossuet, Louis le Bourbon. Voulez-vous être rare ? Rendez service à ceux qui dépendent de vous ; vous le serez davantage par cette conduite que par ne pas vous laisser voir, La Bruyère, VI. Dieu n'aime donc pas davantage la vertu, la pudeur… que l'impudicité ? Massillon, Car. Avenir. Ces excès ne vous honoraient pas davantage que tous les raffinements de notre siècle, Massillon, Car. Culte. Une tuile qui tombe d'un toit peut nous blesser davantage, mais ne nous navre pas tant qu'une pierre lancée à dessein par une main malveillante, Rousseau, 8e Promen.

2. En recherchant historiquement, on voit que davantage est venu en usage aux XIVe et XVe siècles et qu'alors il n'était pas suivi de que ; il est vrai qu'il paraît signifier : sans ressource, inévitablement. C'est dans le XVIe siècle qu'on lui donne le sens de plus, qu'on en fait un véritable comparatif, ce qui entraîna l'emploi de que ; usage qui fut suivi dans tout le cours du XVIIe siècle et que les grammairiens de la fin du XVIIIe siècle ont réussi à abolir, sous prétexte que ce n'était pas un véritable adverbe et qu'il ne devait pas être suivi de que.

SYNONYME

PLUS, DAVANTAGE. La différence entre ces deux mots, c'est que davantage, s'employant absolument, indique une comparaison avec un terme énoncé d'abord ; tandis que plus, ne s'employant guère absolument, indique la comparaison avec un terme qui s'énonce ensuite. Cette femme est belle ; son amie l'est davantage. Mais on dira cette femme est plus belle que son amie.

HISTORIQUE

(*) XVe s. Seigneurs, le fuir ne nous vaut rien ; et si nous fuyons, nous sommes perdus d'avantage, Froissart, I, I, 327. Et les Anglois ne pouvoient aller jusques à eux [les Escots], qu'ils ne fussent tous morts et tous perdus d'avantage, ou pris à grand meschef, Froissart, I, I, 42. Adonc descendirent les seigneurs et les gens d'armes de leurs navires, et vinrent devant la ville de Carenten, et l'assaillirent vitement et fortement ; quand les bourgeois virent ce, ils eurent grand peur de perdre corps et avoir ; si se rendirent saufs leurs corps, leurs femmes et leurs enfants, malgré les gens d'armes et les soudoyers qui avec eux estoient ; et mirent leur avoir à volonté, car ils savoient bien qu'il estoit perdu d'avantage, Froissart, I, I, 267. [Un grand tourment les prit en mer qui les mit si hors de leur chemin, qu'ils ne surent dedans deux jours, là où ils estoient ; de quoi Dieu leur fit grand grace et leur envoya belle aventure] s'ils se fussent combatus en icelui port qu'ils avoient choisi, ou aucques [un peu] près, ils estoient perdus davantage et chus ès mains de leurs ennemis, Froissart, I, I, 18. Le roi de France avoit fait establir si bonnes gens d'armes et forteresses que les Anglois qui vouloient issir hors, à cheval ou à pied, pour aller fourrer ou aventurer, ne l'avoient mie d'avantage, mais trouvoient souvent des rencontres dures et fortes, Froissart, I, I, 309. Vous povez veoir en lisant ces choses (avec ce que vous en savez davantage) que, de ces mauvais princes, nuls ou peu en demeurent impunis, Commines, III, 4. Jusques environ en l'aage qu'ils sont de cinquante ans tous deux : combien que la roine avoit deux ans davantage, Commines, VIII, 17.

XVIe s. Je foys, dist le moyne, bien d'advantaige, car…, Rabelais, Gar. I, 40. Puys advisa… d'advantaige [en outre] sillogisoyt, disant…, Rabelais, ib. I, 44. Il vault mieulx plourer moins et boyre d'advantaige, Rabelais, Pant. II, 3. Il n'entreprend rien d'avantage sur les autres, qu'il leur permet sur soy, Calvin, Instit. 966. [Après divers arguments] Davantage, pauvre fol que tu es, qui t'a estably les termes de ta vie ? Montaigne, I, 73. Tout ce que vous y recognoissez d'avantage [le plus] c'est…, Montaigne, I, 145. Voylà cinq esclaves, mange les et nous t'en amerrons davantage, Montaigne, I, 229. Pour en renger davantage, je n'en entasse que les testes, Montaigne, I, 290. Il estoit impossible de leur en faire tirer un tour davantage, Montaigne, II, 174. Un bien tout clair, je l'ayme davantage Que je ne fay un grand bien en partage, La Boétie, Poés. div. p. 474. En faisant deux lieues davantage que par le droit chemin, Lanoue, 664. Pherecides dit davantage [de plus], qu'il brisa et gasta les quilles et les carenes de tous les vaisseaux de Candie, Amyot, Thésée, 22. Ceste response l'encouragea encore d'avantage, Amyot, Lyc. 8. De maniere que l'un n'eust en biens rien d'avantage que l'autre, Amyot, ib. 12. Ilz avoient retenu l'office d'avantage que le terme qui leur estoit prefix, quatre mois entiers, Amyot, Pélop. 43. De peur qu'il ne leur commandast d'apprester quelque chose d'avantage que pour lui seul, Amyot, Lucull. 82.

ÉTYMOLOGIE

D' (voy. DE), et avantage.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DAVANTAGE. - HIST. Ajoutez : XIIIe s. Et s'iert en l'ost li quens de Fois, Ki nos ot grevés maintes fois ; Al roi s'en vint, et d'avantage Li dona sen fil en ostage, Philippe Mouskes, Chronique, V. 26679.