« sceau », définition dans le dictionnaire Littré

sceau

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sceau

(sô) s. m.
  • 1Grand cachet sur lequel sont gravées en creux la figure, les armoiries, la devise d'un souverain, d'un État, d'un prince, d'un corps, d'une communauté, d'un seigneur, dont on fait des empreintes sur des lettres, des diplômes, des actes publics, etc., pour les rendre authentiques. Mettre, apposer son sceau. Le sceau de l'Académie française. Le sceau des juges de paix, des notaires. Le sceau de l'État. Exilé et banni de ce pays pour avoir été convaincu de crime de faux sceaux, dont il pensa être pendu, Patin, Lett. t. II, p. 531. [Lettres patentes, 1635, pour la fondation de l'Académie française] scellées du grand sceau de cire verte, sur lacs de soie rouge et verte, Pellisson, Hist. Acad. I. Le roi dès l'heure même Mit dans ma main le sceau de son pouvoir suprême, Racine, Esth. II, 1. On se tient bien sûr de les posséder [les actes du concile de Bâle] en Sorbonne, et l'on y a de quoi réfuter hautement Bellarmin [qui les accusait de faux] en les faisant voir avec leurs attaches et leurs sceaux entiers et pendants, Mém. de Trévoux, 1725, t. I, p. 429. La cire pour les sceaux est jaune, rouge ou verte ; la première est naturelle ; l'autre est teinte, l'une avec du vert-de-gris, l'autre avec du vermillon, Genlis, Maison rust. t. I, p. 397, dans POUGENS.

    Dans l'ancienne monarchie, le grand sceau, celui qui servait à sceller les édits, les priviléges, grâces et patentes.

    Le petit sceau ou sceau de petite chancellerie, se disait de celui qui, portant seulement les armes du roi, servait à expédier les actes de justice.

    Le sceau dauphin était un grand sceau particulier pour les expéditions de la province du Dauphiné.

  • 2L'empreinte même faite par le sceau. Le sceau est à peine visible.
  • 3 Absolument, les sceaux, les sceaux du souverain de l'État, ceux qu'on appose à tous les actes émanés directement de l'autorité souveraine. Scanderberg sut qu'un secrétaire qui portait les sceaux du sultan passait près de son camp, Voltaire, Mœurs, 90.

    La cassette des sceaux, la cassette où ils sont renfermés.

    Le garde des sceaux, le ministre à qui les sceaux sont confiés, le chancelier ou le ministre de la justice.

    Les sceaux, fonction de chancelier. M. d'Aligre a les sceaux ; il a quatre-vingts ans : c'est un dépôt ; c'est un pape, Sévigné, 134. Le chancelier [Séguier] se meurt ; il a renvoyé les sceaux au roi par le duc de Coislin, Sévigné, 114.

    Rendre les sceaux, donner sa démission de garde des sceaux. Plutôt que de voir les affaires languir avec lui, si ses forces ne lui revenaient, il se condamnait, en rendant les sceaux, à rentrer dans la vie privée, Bossuet, le Tellier.

    On dit dans un sens analogue : On lui a ôté, repris les sceaux.

  • 4Le pape a deux sceaux, l'un qui s'appelle l'anneau du pêcheur, et qui est un gros anneau où est la figure de saint Pierre tirant ses filets remplis de poissons ; il sert pour les brefs apostoliques et pour les lettres secrètes ; l'autre, qui est pour les bulles, porte la tête de saint Pierre à droite, et celle de saint Paul à gauche, avec une croix entre deux, et de l'autre côté le nom du pape avec ses armes.

    Le sceau des brefs s'imprime sur la cire rouge, et celui des bulles sur du plomb.

  • 5Le sceau, l'action de sceller, le temps et le lieu où l'on scelle. Il y aura sceau tel jour. Tenir le sceau. Donner le sceau. 30 octobre 1685 : j'appris qu'on se servait, au sceau, de trois sortes de cire : de la verte pour tous les arrêts, de la jaune pour toutes les expéditions ordinaires, et de la rouge seulement pour ce qui regarde le Dauphiné et la Provence ; il y a une quatrième cire, qui est la blanche, dont on se sert pour les chevaliers de l'ordre ; mais c'est le chancelier qui fait ces expéditions-là, et non le chancelier ou garde des sceaux de France, Dangeau, I, 241.

    On dit dans un sens analogue : La division du sceau au ministère de la justice. Au conseil, comme au sceau, la multitude, la variété, la difficulté des affaires n'étonnèrent jamais ce grand magistrat, Bossuet, le Tellier.

    Ces lettres de grâce ont passé au sceau, on les a scellées.

    Ces lettres ont été refusées au sceau, on n'a pas voulu les sceller.

    S'opposer au sceau, s'opposer à ce que des lettres soient scellées.

    On dit dans le même sens : Il y a opposition au sceau On a fait opposition au sceau.

    Officiers du sceau, ceux dont les fonctions particulières ont rapport au sceau.

    Assistance au sceau, droit en vertu duquel les secrétaires du roi nouvellement établis assistaient au sceau. Ma famille illustre De l'assistance au sceau ne tire point son lustre, Boileau, Sat. X.

  • 6 Terme de l'Écriture sainte. Les sept sceaux, les sceaux qui scellaient le livre décrit dans l'Apocalypse. Je vis, dans la main droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, et scellé de sept sceaux, Sacy, Bible, Apocal. V, 1.

    Par extension. L'Agneau sans tache, qui rompt les sept sceaux du livre de mort, est le dernier sceau qui remplit et ferme celui de mes iniquités, Massillon, Avent, Disp. à la comm.

    Fig. Votre mère a l'âme scellée des sept sceaux de l'Apocalypse ; sur son front est mis Mystère, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 10 mai 1759.

  • 7 Fig. Ce qui ferme, scelle. C'est ce qu'ont fait Jésus-Christ et les apôtres ; ils ont levé le sceau, ils ont rompu le voile et découvert l'esprit [des prophéties], Pascal, Figuratifs, 20, édit. FAUGÈRE. Il [Job] le voyait [le Seigneur] …compter tous les pas d'un pécheur, et garder ses péchés comme sous le sceau, pour les lui représenter au dernier jour, Bossuet, Anne de Gonz.
  • 8 Fig. Ce qui donne une marque éminente, une perfection. C'est lui [Dieu] aussi qui nous a marqués de son sceau, et qui pour arrhes nous a donné le Saint-Esprit dans nos cœurs, Sacy, Bible, St Paul, 2e épît. aux Corinth. I, 22. …destinée par sa glorieuse naissance et ensuite par sa malheureuse captivité à l'erreur et à l'hérésie ; mais le sceau de Dieu était sur elle…, Bossuet, Duch. d'Orl. Dieu mit sur toutes les passions de saint Louis le sceau de sa modération et de sa sagesse, Fléchier, Panég. de St Louis. N'est-il pas juste d'imprimer le sceau douloureux de la croix sur une chair qui a été marquée tant de fois du caractère de la bête ? Massillon, Carême, Jeûne. Non ; le Dieu qui m'a fait ne m'a point fait en vain ; Sur le front des mortels il mit son sceau divin, Voltaire, Loi nat. I. Il se ressouvint d'avoir laissé dans les cabanes quelques malades qui n'avaient point encore reçu le sceau du christianisme, Chateaubriand, Génie, IV, IV, 8. [Nos morts] Ils ont souffert ; c'est une autre innocence ! Ils ont aimé ; c'est le sceau du pardon ! Lamartine, Harm. II, 1.

    Le sceau de, le caractère éminent de. Vos repas se sentent-ils de la frugalité de ce temps de pénitence, et sont-ils marqués, par quelque endroit, du sceau de la mortification ? Massillon, Carême, Jeûne. La trahison, le meurtre est le sceau du mensonge, Voltaire, Henr. II. Après avoir ménagé entre lui [le prince de Condé] et les Guise une réconciliation qui n'était et ne pouvait être que le sceau de la haine et de la vengeance, Voltaire, Mœurs, 170.

    Mettre le sceau de, imprimer sur. Le citoyen obscur, en imitant la licence des grands, croit mettre à ses passions le sceau de la grandeur et de la noblesse, Massillon, Pet. carême, Exemples. L'ouvrage [sur la Russie] ne paraîtra qu'après que vous y aurez mis le sceau de votre approbation, Voltaire, Lett. au pr. roy. de Pr. 20 déc. 1737. Mets le sceau de ta prudence au mystère de tes amours, Rousseau, Hél. I, 62.

    Mettre le sceau à une chose, la consommer, la rendre entière. Il [Mézeray] écrivit sur l'origine des Français ; et cette dernière production, estimée de tous les connaisseurs, mit le sceau à la gloire qu'il s'était acquise, D'Olivet, Hist de l'Acad. t. II, p. 200, dans POUGENS.

    Le sceau du génie, de la perfection, se dit des ouvrages que le génie seul a pu produire, où la perfection est portée à un très haut degré.

    Sceau de réprobation, sorte de note d'infamie qui fait qu'un homme est repoussé ou évité par les autres.

    On dit quelquefois dans le style soutenu : Marquer du sceau de sa colère, du sceau de sa vengeance. À vos sujets proscrits le ciel va vous unir ; Votre front est marqué du sceau de sa colère, Chénier M. J. Charles IX, V, 3.

  • 9Sous le sceau du secret, à condition que le secret en sera inviolablement gardé. Mais songez sous quel sceau je vous l'ai révélé, Racine, Phèdre, V, 1. Un trésor… Par votre roi David autrefois amassé, Sous le sceau du secret au grand prêtre laissé, Racine, Athal. V, 1.

    On dit dans le même sens : sous le sceau de la confession. Quand, après cela, M. de Cambrai me fait rompre le sceau sacré de la confession, par un sacrilége punissable, s'il l'a prouvé, qu'on me châtie, Bossuet, Remarques sur la rép. de M. de Cambrai, III, 22.

    On dit aussi : sous le sceau de l'amitié. Il détailla à Thérèse plusieurs circonstances que je savais seul, que je n'avais dites qu'au seul Diderot sous le sceau de l'amitié, Rousseau, Conf. X.

  • 10 Anciennement. Marque de fabrique. Les draps du sceau de Rouen, Darnetal, Dieppe, etc. Règlem. des manuf. août 1669, mesure et qualité des étoffes, art. 2. Si ces couleurs sont trouvées bonnes, elles pourront être marquées d'un sceau où le nom de la ville et du facturier sera gravé, Instruct. gén. pour la teint, 18 mars 1671, art. 235.
  • 11Sceau de Salomon, polygonatum vulgare, DESFONT. Grand sceau de Salomon, polygonatum multiflorum, DESF.
  • 12Sceau de Notre-Dame, tamus communis, L.
  • 13 Terme d'ancienne chimie. Sceau des sceaux ou sceau d'Hermès, fermeture hermétique.
  • 14Drap du sceau, mauvaise orthographe pour drap d'Usseau, voy. USSEAU.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Freint le seel, geted en ad la cire, Ch. de Rol. XXXVI.

XIIe s. Vous porterez ma chartre où li seax d'or pend, Sax. XX. Ses letres à seel pendant l'en ad dunées, Qui sunt à ses justises e à sun fil alées, Th. le mart. 118.

XIIIe s. Porce que li seax de la baillie est autentiques et creus de che qui est tesmoigné par li en lettres, li baillis n'est pas sages qui songneusement ne le garde, Beaumanoir, I, 40. Gentilz gens ou ommes de religion qui portent seaus, Beaumanoir, XII, 10.

XIVe s. Sauge c'est le ciau nostre dame, H. de Mondeville, f° 70. Pour faire et brouder les bourses aux seaulx du secret du roy, de la royne et de la duchesse d'Orleans, Du Cange, sigillum.

XVe s. Oultre et davantage envoya ung seelle audit duc par lequel il luy promettoit de le servir et secourir et tous ses amys et allyez, Commines, IV, 6.

XVIe s. …Et a suivi long-temps chancellerie Sans profiter rien touchant sellerie ; Car vous savez que tout aquit sans seel Sert beaucoup moins qu'un potage sans sel, Marot, II, 83. Les seaux et cachets s'impriment aiseement en de la cire molle, Amyot, Com. nourrir les enfants, 8. Seau de Salomon, autrement dit polygonaton, se loge en lieu haut, loin d'humidité, De Serres, 619. La circoncision leur estoit [aux Juifs] un seel de la justice de foy, Calvin, Instit. 1043. Que le roi Charles VI seroit sacré en la ville de Reims… que le fait de la justice se conduiroit sous son nom et scel, Pasquier, Recherches, II, 19.

ÉTYMOLOGIE

Lat. sigillum, dimin. de signum, signe.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SCEAU. Ajoutez :
15 Terme d'antiquité. Sceau amphorique, voy. TIMBRE au Supplément.