« second », définition dans le dictionnaire Littré

second

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

second, onde

(se-gon, gon-d' ; au XVIIe siècle, Marg. Buffet, Observ. p. 131, regarde comme une faute de prononcer le c comme un g ; au contraire, Chifflet, Gramm. p. 225, dit que le c se prononce comme un g ; le d se lie : un se-gon-t avis ; Chifflet dit que le d ne se lie jamais, quoi qui le suive ; au pluriel, l's se lie, les se-gon-z et les combattants) adj.
  • 1Deuxième, qui suit immédiatement le premier. Il n'est pas premier, il n'est que second. Remporter le second prix. Se marier en secondes noces. …ô bon Dieu, Nous te sommes si chers qu'entre les créatures, Si l'ange est le premier, l'homme a le second lieu, Malherbe, I, 1. Seconde partie : Que l'homme sans la foi ne peut pas connaître le vrai bien ni la justice, Pascal, Pens. VIII, 2, éd. HAVET. Et quoique le roi d'Angleterre, dont le cœur égale la sagesse, sût que la princesse sa sœur, recherchée de tant de rois, pouvait honorer un trône, il lui vit remplir avec joie la seconde place de France, que la dignité d'un si grand royaume peut mettre en comparaison avec les premières du reste du monde, Bossuet, Duch. d'Orl. La princesse Anne n'était point heureuse pour avoir la confiance de Philippe et des deux princesses qui ont fait successivement avec lui la seconde lumière de la cour, Bossuet, Anne de Gonz. Utique était la seconde place d'Afrique, fort riche et fort opulente, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. I, p. 527, dans POUGENS. L'impression est le juge naturel du premier moment ; la discussion l'est du second, D'Alembert, Œuv. t. III, p. 428.

    Terme de classe. Cet écolier est second, ou, substantivement, le second, il est celui que le professeur a jugé avoir le mieux fait une composition après un autre élève.

    Terme de vénerie. Ce cerf est à sa seconde tête, il prend trois ans.

    Se dit, dans certains calendriers, d'un mois embolismique.

    Pain second, voy. PAIN, n° 1.

    En chimie, eau seconde, eau-forte affaiblie.

    Causes secondes, les créatures, autant qu'elles sont causes elles-mêmes, comparativement au Créateur qui est la cause première. Dieu agit par les causes secondes ; il a voulu que ces causes produisissent leurs effets, et que ces effets devinssent causes à leur tour, Bonnet, Causes prem. II, 8.

    Causes secondes se dit aussi des lois irréductibles ou effets généraux auxquels l'expérience conduit.

    La seconde main, un intermédiaire. Acheter une chose de la seconde main, l'acheter à celui qui l'a achetée au producteur.

    Fig. Ne tenir une nouvelle que de la seconde main, de seconde main, ne l'avoir apprise que par un intermédiaire.

    Érudition de seconde main, érudition qui est puisée non aux sources, mais aux compilations.

  • 2Il se dit de celui qui, dans une série de mêmes noms, y est le deuxième. Le second des Césars, le premier des humains, C'est Auguste…, Delille, Én. VI.
  • 3 Fig. Autre. Pour lui les plus beaux jours sont de secondes nuits, La Fontaine, Poés. mêlées, XVIII, Élégie pour Fouquet. Qui ne voit combien courtes et fragiles sont encore ces secondes vies que notre faiblesse nous fait inventer pour couvrir en quelque sorte l'horreur de la mort ? Bossuet, Duch. d'Orl. Marly sera bientôt un second Versailles, Maintenon, Lett. au cardin. de Noailles, 19 juil. 1698. Qu'ils cherchent dans l'Épire une seconde Troie, Racine, Andr. I, 2. Une manière de faire des grâces qui est comme un second bienfait, La Bruyère, X.
  • 4 Fig. Qui s'ajoute à. C'est un second crime de tenir un serment criminel. Que Joad mette un frein à son zèle sauvage, Et ne m'irrite point par un second outrage, Racine, Athal. II, 5.
  • 5Inférieur, surtout au féminin. Qu'avec une valeur à nulle autre seconde…, Malherbe, II, 10. Sa gloire à danser et chanter …à nulle autre n'était seconde, Malherbe, IV, 5. Mon cœur vous trouve en vérité Femme à peu de femmes seconde, Voltaire, Ép. 29.
  • 6 Poétiquement. Sans seconde, sans pareille. Mais puisque par sa perte à jamais sans seconde, Corneille, Pomp. III, 5. Notre gloire, il est vrai, deviendra sans seconde, Si nous faisons, sans eux, la liberté du monde, Corneille, Sertor. II, 2. Ah ! quelle audace sans seconde De marcher à l'heure qu'il est ! Molière, Amph. I, 1. Notre gloire est sans seconde ; Français, où sont nos rivaux ? Béranger, Bon Franç.

    On dit de même : N'avoir point de seconde, en parlant d'un objet du genre féminin. Leur fureur n'a point de seconde, La Fontaine, Tabl.

    On le trouve au masculin, avec un nom masculin. [Chez Marie-Thérèse], de fort beaux cheveux blonds, Une vive blancheur, les plus beaux yeux du monde, Et d'autres appas sans seconds D'une personne sans seconde, La Fontaine, Lett. I.

  • 7 Terme de musique. Épithète qui, entre deux parties ou voix égales, indique la plus basse. Second violon. Second ténor.

    On dit seconde basse pour baryton ou basse moins grave que la basse proprement dite.

  • 8 Terme de marine. Second foc, synonyme de faux foc.

    Second pont, pont supérieur au premier, pont qui porte la seconde batterie.

    Second entre-pont, faux entre-pont.

    La seconde ancre, celle qui est immédiatement inférieure en grosseur à la maîtresse ancre.

  • 9 S. m. Le second, le second étage d'une maison. Il demeure au second. Lisette : Du côté de la place Maubert, chez un marchand de café, au second. - Frontin : Une place Maubert, une madame Dorman, un second ! non, mon enfant, je ne connais point cela, et je prends toujours mon café chez moi, Marivaux, l'Épreuve, sc. 12.

    Les personnes qui habitent cet étage. Le second était brouillé avec le troisième.

  • 10 Terme de jeu de paume. Ouverture de la galerie qui est entre le dernier et la porte.
  • 11Celui qui tient le second rang. Jonathas demandait pour toute grâce à David d'être le second après lui, Bossuet, 5e avert. 28. Je vous fis… Le second de la terre, et non pas mon égal, Voltaire, Sémir. II, 7.

    Celui qui, dans une partie de paume, tient le second lieu d'un côté.

  • 12Celui qui accompagnait un homme dans un duel et se battait contre l'homme amené par l'adversaire. Meillancour, écuyer de mon frère qui me servait de second, et qui avait été blessé dans le petit ventre et désarmé, et le chevalier du Plessis, second de Praslin, nous vinrent séparer, Retz, Mém. t. I, liv. I, p. 12, dans POUGENS. M. de Nemours estima assez Villars pour le prendre pour second au duel qu'il eut contre M. de Beaufort, Saint-Simon, 3, 50. Ils [les ducs de Beaufort et de Nemours] s'appelèrent en duel, ayant chacun quatre seconds, Voltaire, Louis XIV, 5.

    Aujourd'hui les seconds ne sont plus en usage ; dans un duel il y a des témoins qui ne se battent pas.

  • 13Celui qui fait société à un autre. L'homme seul est quelque chose d'imparfait ; il faut qu'il trouve un second pour être heureux, Pascal, Pass. de l'amour.
  • 14Celui qui aide un autre dans une entreprise, dans une affaire. Ce sont [les esprits de premier ordre] les seconds des Alexandres et des Césars ; ils soulagent le prince dans ses grands travaux…, Guez de Balzac, De la cour, 1er disc. Avec de tels seconds rien n'est pour vous douteux, Corneille, Nicom. III, 6. Mon fils, dit-il, tout sceptre est un grand poids : Sois mon second, prends la férule, Béranger, Denys.

    Celui qui appuie ou soutient quelqu'un dans une discussion. Mon second, soutenant mon discours, lui dit : Vous feriez bien, mon père…, Pascal, Prov. IV. Je viens à la hâte vous donner un avis, César, et je mène avec moi un bon second pour vous persuader ; c'est Catilina, Fénelon, Dial. des morts anc. Dial. 38.

  • 15 Terme de marine militaire. Le second, ou, plus souvent, le matelot d'un vaisseau, le vaisseau qui est destiné à en soutenir un autre dans le combat. Second de l'avant, second de l'arrière se dit pour marquer le poste que le second doit prendre dans le combat. M. du Quesne, qui avait MM. de Valbelle et de Tourville pour ses seconds, était au centre de notre corps de bataille, Mém. de Villette, 1675, dans JAL.

    Le second se dit du second capitaine ou lieutenant.

    Terme de marine marchande. L'officier qui commande après le capitaine. Le capitaine et le second.

  • 16 Terme de musique. Partie secondaire ou d'accompagnement dans un duo. Faire le second.
  • 17Mon second, se dit, dans une charade, de la seconde partie du mot décomposé. On dit mieux le dernier : le premier, le dernier et l'entier, à moins que le mot ne soit partagé en plus de deux parties, ce qui est rare.
  • 18En second, loc. adv. qui exprime subordination, infériorité. Il ne tient pas la première place, il n'est qu'en second. L'âme perd sa faculté de juger, et même son empire ; elle ne veut plus qu'en second, et souvent elle veut l'impossible, Buffon, Nature des anim.

    Capitaine en second, le capitaine qui doit commander à défaut du capitaine en pied.

    On dit dans le même sens : colonel en second, lieutenant en second.

    Signer en second, se dit d'un notaire qui signe avec celui qui a reçu, qui a dressé l'acte.

REMARQUE

1. Second se met toujours avant son substantif, excepté quand on parle d'un tome, d'un livre, d'un chant, où l'on peut le mettre avant ou après : le tome second, ou le second tome, le second livre ou le livre second de Télémaque, le second chant ou le chant second de l'Iliade.

2. Deuxième était peu employé au XVIIe siècle ; cependant on le trouve dans Balzac : Aristippe. Discours deuxième, édit. 1658 ; dans Descartes. La deuxième objection n'est qu'une supposition… Réponse aux instances de Gassendi, 4 ; dans la Fontaine : Le premier [ail] passe, aussi fait ce deuxième, Paysan ; et dans Bossuet : Deuxième point, 1er sermon sur la Providence.

3. Deuxième ne se dit guère (si ce n'est dans les nombres composés : vingt-deuxième, cent-deuxième, etc.) ; c'est second qu'on emploie le plus souvent. En faveur de deuxième, on a prétendu qu'il valait mieux que second, pourvu que le nombre des objets dépassât deux, second terminant une énumération après premier, et deuxième indiquant qu'il sera suivi de troisième, etc. Mais cette raison, tout arbitraire, laisse prévaloir l'usage.

HISTORIQUE

XIIe s. L'an secunt que li ber icel eissil suffri, E qu'il out près dous ans esté à Punteigni, Th. le mart. 95.

XIIIe s. Simplece ot [la flèche] nom : c'iert la seconde Qui maint homme parmi le monde Et mainte fame a fait amer, la Rose, 1745. Li secons cas de quoi le [la] juriditions apartient à sainte Eglise, c'est de mariage, Beaumanoir, XI, 3.

XIVe s. Car [les pécheurs] point ne se sont perceü D'aquerre la vie seconde, Pour la foison qui lor habonde De teulz [tels] biens [les biens terrestres]…, Jean de Condé, t. III, p. 59.

XVe s. La dame de Coucy qui seconde estoit de la reyne d'Angleterre, Froissart, liv. IV, p. 333, dans LACURNE. De li veoir m'appareil, Car second n'a ne pareil, Deschamps, Poésies mss. f° 201. Seconde n'a ne premiere En biens, en sens, en maniere, N'en gentil corps fait à tour, Deschamps, ib. f° 196. Faites ainsi, servez-moi de segond ; Serez-vous point, voisin, de la partie ? Basselin, XLI. Nonobstant les privautés et amitiés qui estoient entre ces deux seconds [amis] et compagnons d'armes, Louis XI, Nouv. LXII.

XVIe s. …Es quelz actes Aristides ne fut à nul second, quand à l'effet de mettre vaillamment la main à l'œuvre, Amyot, Arist. et Cat. comp. 10. Les nopces secondes que fit Caton…, Amyot, ib. 12. Les tesmoignages humains lors ne seront point vains, quand ils suivront ce tesmoignage principal et souverain, comme aides et moyens seconds pour subvenir à nostre imbecillité, Calvin, Instit. 46. À mon avis cela est mal entendre quel est le vray office des seconds en different d'honneur ; j'estime qu'ils representent les parrains qui se choisissent es duels, Lanoue, 249. Ceux-ci [généraux en chef] ayans de bons seconds, cela leur faisoit moins craindre le danger de leurs personnes, Lanoue, 595. C'est une espece de lascheté qui a introduict en nos combats singuliers cet usage de nous accompaigner de seconds et tiers et quarts, Montaigne, III, 112.

ÉTYMOLOGIE

Berry, seu ; provenç. segon ; espagn. et portug. segundo ; ital. secondo ; du lat. secundus, de sequi, suivre, (voy. ce mot).