« mémoire », définition dans le dictionnaire Littré

mémoire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mémoire [1]

(mé-moi-r') s. f.
  • 1Faculté de rappeler les idées et la notion des objets qui ont produit des sensations. En mémoire aussitôt me tomba la Gascogne, Régnier, Sat. X. Mais, ou vous n'avez pas la mémoire fort bonne, Ou vous n'y mettez rien de ce qu'on vous ordonne, Corneille, Nicom. III, 6. Pourquoi faut-il que nous ayons assez de mémoire pour retenir jusqu'aux moindres particularités de ce qui nous est arrivé, et que nous n'en ayons pas assez pour nous souvenir combien de fois nous les avons contées à une même personne ? La Rochefoucauld, Max. 313. Est-il possible que cinq ou six années m'aient ôté de votre mémoire ? Molière, Pourc. I, 6. Vous n'avez point de mémoire, Pascal, Prov. II. La mémoire est nécessaire pour toutes les opérations de l'esprit, Pascal, Pens. XXV, 14, éd. HAVET. Je la vois la vieillesse, m'y voilà… dans ce chemin des infirmités, des douleurs, des pertes de mémoire, des défigurements qui sont près de m'outrager, Sévigné, 30 nov. 1689. …Pour désemplir un peu ma tête de moi et de mes maux passés ; les Rochers sont tout propres à les conserver dans la mémoire, Sévigné, 18 mars 1676. Gens qui, à force de cultiver leur mémoire, laissent leur jugement en friche, Antimenagiana, p. 234. Pour connaître les grandeurs de Dieu, les hommes n'avaient à consulter que leur raison et leur mémoire, Bossuet, Hist. II, 2. C'est la dernière parole qu'il laissa gravée dans leur mémoire, Bossuet, Louis de Bourbon. Ô prince, le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire, Bossuet, ib. Rappelez en votre mémoire, avec quelle circonspection elle ménageait le prochain, Bossuet, Reine d'Anglet. Cette imagination autrefois si vive ne lui représentait plus le monde qu'en éloignement ; cette mémoire qui avait été si prompte et si présente devint toute vide des espèces et des images du siècle, Fléchier, Mme de Mont. D'un conte odieux Vous avez, comme moi, sali votre mémoire, Boileau, Sat. X. Sa mémoire est fidèle ; et, dans tout ce qu'il dit, De vous et de Joad je reconnais l'esprit, Racine, Ath. II, 7. Théocrine… est moins profond que méthodique : il n'exerce que sa mémoire, La Bruyère, I. Le rivage de Tyr n'est guère mieux dans ma mémoire, Fénelon, Tél. IX. La mémoire de ce sage vieillard, qui avait vécu trois âges d'homme, était comme une histoire des anciens temps gravée sur le marbre et l'airain, Fénelon, ib. X. La mémoire, ennemie presque irréconciliable du jugement, ne dominait pas en lui, Fontenelle, Ozanam. Un défaut de mémoire qui se montrait également par la difficulté d'apprendre et par celle de retenir, Mairan, Éloge de Petit. Sa mémoire [du cardinal de Polignac] ne le laissa jamais hésiter sur un mot, sur un nom propre, ou sur un passage d'auteur, ou sur un fait quelque éloigné ou détourné qu'il pût être, Mairan, Élog. du card. de Polignac. Quelle main place des idées dans notre mémoire, les y garde comme dans un registre, et les en tire tantôt à notre gré et tantôt malgré nous ? Voltaire, Dict. phil. âme. Que les sensations toutes seules ne suffisent pas pour produire la mémoire, et qu'elle n'existe en effet que dans la suite des idées que notre âme peut tirer de ces sensations, Buffon, Disc. nat. anim. Œuvres, t. V, p. 319. La mémoire n'est que la sensation transformée, Condillac, Traité sens. ext. rais. Œuv. t. III, p. 17, dans POUGENS. La mémoire est une suite d'idées qui forment une espèce de chaîne, Condillac, ib. t. II, p. 20. Une grande mémoire suppose une grande facilité d'avoir à la fois ou rapidement plusieurs idées différentes, Diderot, Lett. sur les sourds et muets, Œuvres, t. II, p. 312, dans POUGENS. Sa mémoire [de Sénèque] était prodigieuse : il pouvait répéter jusqu'à deux mille mots dans le même ordre qu'il les avait entendus, Diderot, Claude et Nér. I, 1. Avec de si rares talents pour l'éloquence, la nature avait doué Bossuet d'une mémoire prodigieuse, D'Alembert, Éloges, Bossuet. Nous avons déjà dit que la mémoire de Crébillon était surprenante : elle le fut jusqu'à la fin de sa vie, il n'écrivait jamais ses pièces qu'au moment où il fallait les faire représenter, D'Alembert, Éloges, Crébillon. Malheur au mortel qu'on renomme ! Vivant, nous blessons le grand homme ; Mort, nous tombons à ses genoux : On n'aime que la gloire absente, La mémoire est reconnaissante, Les yeux sont ingrats et jaloux, E. Lebrun, à Buffon.

    Rafraîchir la mémoire, rappeler en l'esprit des souvenirs. J'ai rafraîchi ma mémoire de tout ce que vingt-deux jours de fièvre m'avaient un peu effacé, Sévigné, 4 mai 1676. Le chevalier de Grammont était tout plein de ces façons honnêtes de rafraîchir la mémoire de ceux qui l'avaient un peu tardive sur le payement, Hamilton, Gramm. 9.

    De mémoire, en usant de la mémoire, et sans avoir la chose sous les yeux. Il récita de mémoire tout un livre de l'Énéide. Assurément de mémoire on l'a fait [mon portrait], La Fontaine, Confid. Ils [les spectateurs] s'accordent tous à le [le Cid] savoir de mémoire, et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent, La Bruyère, I.

    Bonne mémoire, mémoire qui retient fortement ce qu'on lui confie. Je me souviens, car j'ai bonne mémoire, Du premier jour où je te mis, Béranger, Mon habit. J'avais oublié cette histoire. - Celui dont le flanc saigne, a meilleure mémoire ; L'affront que l'offenseur oublie en insensé, Vit et toujours remue au cœur de l'offensé, Hugo, Hernani, IV, 4.

    Si j'ai bonne mémoire, si mes souvenirs sont exacts. Certain jeune garçon De Lamporech, si j'ai bonne mémoire, La Fontaine, Mazet.

    On dit de même : si j'ai mémoire. Il m'appelle jacobin, révolutionnaire, plagiaire, voleur, empoisonneur, faussaire, pestiféré ou pestifère… c'est tout, si j'ai mémoire, Courier, Lett. particul. II.

    Avoir une mémoire de lièvre, voy. LIÈVRE.

    Maître de la mémoire, officier du palais des Césars, chef des secrétaires qui tenaient note de toutes les actions et de tous les dits remarquables de l'empereur.

  • 2Mémoire locale, voy. LOCAL.

    Mémoire artificielle, méthode destinée à aider la mémoire naturelle.

  • 3Action, effet de la faculté qui se souvient, souvenir. Il n'est point mémoire d'un plus furieux combat, Vaugelas, Q. C. 333. En cet aveuglement ne perds pas la mémoire Qu'ainsi que de ta vie il y va de ta gloire, Corneille, Cid, V, 1. Mais vous, madame, à qui ressemblez-vous ? À nul objet, et je n'ai point mémoire D'en avoir vu qui m'ait semblé si doux, La Fontaine, Orais. Vous en avez, j'en ai bonne mémoire, La Fontaine, ib. … Je puis avoir fait Des choses dont j'aurais regret, Et dont je n'ai nulle mémoire, Molière, Amph. II, 3. Vous n'en avez pas perdu la mémoire, Pascal, Prov II. Les excès sacriléges [la révolution anglaise] dont nous abhorrons la mémoire, Bossuet, Reine d'Anglet. Si, rappelant la mémoire des siècles passés, j'en fais un juste rapport à l'état présent, Bossuet, ib. Vous avez prétendu que je consacrasse la mémoire de ses vertus, et que je vous proposasse, comme en un tableau, le modèle de sa sainte vie, Bossuet, Bourgoing. Il ne vous reste que le déplaisir de sa perte et la mémoire de ses vertus, Fléchier, Mme de Mont. Si d'un heureux hymen la mémoire t'est chère, Racine, Androm. III, 8. Vous n'en sauriez, seigneur, retracer la mémoire, Ni conter vos malheurs, sans conter votre histoire, Racine, Mithr. II, 6. Que de son nom, que de sa gloire Il ne reste plus de mémoire, Racine, Athal. IV, 6. Je ne serai tranquille que quand je serai oublié ; je voudrais être mort dans la mémoire des hommes, Rousseau, Lett. à M. d'Ivernois, Corresp. t. VI, p. 298, dans POUGENS. L'aspect d'une grande cité déserte, la mémoire des temps passés, la comparaison de l'état présent, tout éleva mon cœur à de hautes pensées, Volney, Ruines, 1. Sa mémoire, à la fois, m'est chère et douloureuse, Collin D'Harleville, Chât. en Esp. III, 2.

    Il n'y a pas de mémoire que… c'est-à-dire personne ne se souvient que… Jamais il n'avait vu aucun spectacle ; il n'y a pas de mémoire qu'il se soit diverti, Fontenelle, Littre.

    De mémoire d'homme (avec la négation), sans qu'aucun homme actuellement vivant en ait mémoire. Thémis n'avait point travaillé, De mémoire de singe, à fait plus embrouillé, La Fontaine, Fabl. II, 3. De mémoire d'homme on n'a point vu de temps si vilain, Sévigné, 157. Mme de Sévigné a employé incorrectement cette locution en disant : Il n'y a point de mémoire d'homme d'un temps si beau et si persévérant, Sévigné, 12 oct. 1677. Dans cette phrase mémoire est pris en deux sens différents : la mémoire de l'homme qui se souvient et la mémoire de la chose dont on se souvient.

    En mémoire de quelque chose, pour en garder le souvenir. On éleva une colonne en mémoire de l'événement.

  • 4 Terme de comptabilité. Pour mémoire ; on écrit ces mots à côté de certains articles qui sont mentionnés, sans être portés en ligne de compte.
  • 5 Terme de liturgie. Commémoration dans l'office du jour. Nous avons appris de nos pères [dit saint Augustin], ce que l'Église universelle observe, de faire mémoire, dans le sacrifice, de ceux qui sont morts en la communion du corps et du sang de Jésus-Christ, Bossuet, Réfut. catéch. Ferry, II, 3. Qu'il ne fallait pas croire qu'on offrît le sacrifice aux saints martyrs, encore que, selon l'usage pratiqué dès de ce temps-là [de saint Augustin] par l'Église universelle, on offrît le sacrifice sur leurs saints corps et à leurs mémoires, c'est-à-dire devant les lieux où se conservaient leurs précieuses reliques, Bossuet, Expos. doctr. cath. 4.

    Se dit d'un autel érigé sous l'invocation d'un saint.

  • 6La réputation bonne ou mauvaise qui reste d'une personne. Payer un tribut de larmes à la mémoire d'une mère. On éleva des monuments à la mémoire de ceux qui succombèrent dans le combat. Il [Louis XIV] assemble dans un temple si célèbre [Notre-Dame de Paris] ce que son royaume a de plus auguste, pour y rendre des devoirs publics à la mémoire de ce prince, Bossuet, Louis de Bourbon. Chrétiens, que la mémoire d'une grande reine, fille, femme, mère de rois si puissants et souveraine de trois royaumes, appelle de tous côtés à cette triste cérémonie, Bossuet, Reine d'Anglet. Pour ne voir pas votre nom terni, votre mémoire abolie, Bossuet, le Tellier. L'histoire de l'Église garde chèrement la mémoire de cette reine, Bossuet, Reine d'Anglet. Mais vos pleurs ont assez honoré sa mémoire, Racine, Bérén. II, 4. Nous ne faisons ce petit portrait du père et de la mère qu'à cause du rapport qu'il peut avoir à celui du fils : il est juste de leur tenir compte de la part qu'ils ont eue à son mérite naturel et d'en faire honneur à leur mémoire, Fontenelle, Dodart. Qu'un autre soit jaloux d'illustrer sa mémoire ; Moi, j'ai besoin d'aimer ; qu'ai-je besoin de gloire ? Chénier, Ép. I.

    À la mémoire, à l'heureuse mémoire, à l'immortelle mémoire de, formules qu'on met quelquefois à la tête des inscriptions et des épitaphes, etc.

  • 7En jurisprudence, réhabiliter, purger la mémoire d'un défunt, faire annuler, par voie de révision, le jugement qui l'a condamné.

    Curateur à la mémoire, personne chargée de défendre la mémoire du défunt.

  • 8Tel prince d'heureuse mémoire, de vertueuse mémoire, de bienfaisante mémoire, de glorieuse mémoire, de triomphante mémoire, espèce de formule employée dans certaines occasions, en parlant d'un prince, d'un souverain qui s'est illustré parses vertus ou par ses victoires. Louis XIII, de glorieuse et triomphante mémoire, Bossuet, le Tellier. Henri IV de glorieuse mémoire, Fléchier, Duc de Mont.

    On le dit, par extension, des simples particuliers. Ce général de glorieuse mémoire.

    On a même détourné cette formule et son emploi pour y introduire d'autres épithètes que des épithètes de louange. Ce magistrat de hideuse mémoire, Boileau, Sat. X.

    Par plaisanterie. Tel homme de chicaneuse mémoire.

  • 9Souvenir de la postérité. Ce choix pouvait combler trois familles de gloire, Consacrer hautement leurs noms à la mémoire, Corneille, Hor. II, 1. Ô siècles, ô mémoire, Conservez à jamais ma dernière victoire ! Corneille, Cinna, V, 3. Heureux si j'avais pu ravir à la mémoire Cette indigne moitié d'une si belle histoire, Racine, Phèdre, I, 1. Je puis choisir, dit-on, ou beaucoup d'ans sans gloire, Ou peu de jours suivis d'une longue mémoire, Racine, Iphig. I, 2. Mon esprit, peu jaloux de vivre en la mémoire, Ne considère point le reproche ou la gloire, Voltaire, Mort de Cés. III, 2. Les siècles pour tant de hauts faits N'auront point assez de mémoire, Béranger, Ch. d'asile. Puissent ainsi dans la mémoire Nos deux noms se graver un jour ! Béranger, Beaucoup d'amour. Quelles journées que celles de Marathon, de Salamine et de Platée dans l'histoire de l'espèce humaine !… dans ces trois journées d'éternelle mémoire, la civilisation eut le dessus pour la première fois, Jouffroy, Fragments, Du rôle de la Grèce.
  • 10La Mémoire (avec une M majuscule), déesse que l'on nommait aussi Mnémosyne. Les Muses, filles de la Mémoire, vous enseignent que sans mémoire on n'a pas d'esprit, Voltaire, Mél. hist. Déf. de mon oncle, ch. XX.

    Les filles de Mémoire, les neuf Muses, parce que les poëtes les supposent nées de Mnémosyne.

    Le Temple de Mémoire, le temple où, suivant les poëtes, les noms des grands hommes sont conservés.

PROVERBES

Mémoire et usage rendent l'homme sage.

Mémoire du mal a longue trace ; mémoire du bien tantôt passe.

SYNONYME

MÉMOIRE, SOUVENIR. La mémoire est la faculté de l'esprit qui retient les choses. Le souvenir est le résultat de cette faculté. Ils deviennent synonymes, quand, par métonymie, on prend la faculté pour son effet.

HISTORIQUE

XIe s. S. Aiuns, seignor, cel saint home en memoire ; Si li preiuns que de toz mals nos tolget [ôte], St Alexis, LXXV.

XIIe s. Que lur memorie seit ostée de l'escrit, Th. le mart. 132. Il fu gariz et respassez, Et ot son san et son memoire, Chev. au lyon, V. 3012.

XIIIe s. …Qui font tant par trop boire, Que il en perdent si le sens et la memoire, Berte. Et se devant moi moriés, Tousjours ou mien [en mon cœur] revivriez Après vostre mort par memoire, la Rose, 8185. Memoire est tresoriere de toutes choses, Latini, Trés. p. 23.

XIVe s. Pour savoir les merites et les faiz et les vies De touz les trespassés dignes de grant memore, Gérart de Ross. Prol. Dou memoire des hommes degradez Et des livres où il ha esté mis…, Machaut, p. 130. Chose notable dont il seroit memoire, Bercheure, f° 83, verso.

XVe s. Afin que honorables emprises et nobles aventures… soient notablement registrées et mises en memoire perpetuelle, Froissart, Prol. Or retournons encore aux provisions qui se faisoient …si grandes et si grosses… que on ne trouveroit point en memoire d'homme, ni par escripture, la pareille, Froissart, II, III, 36. Sy vous prions, doulz roys de gloire, Veuillez nous avoir en memoire, Car nouz sommes en grant misere… Nativité de N. S. J. C. Hugues Aubriot… prevost de Paris… feit plusieurs notables edifices à Paris… et plusieurs autres choses dignes de grand memoire, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1381. Ainsi que le roi [Charles VI], chevauchant de la dite ville du Mans à aller au dit pays de Bretaigne, ses princes et sa chevallerie estant assez près de luy, luy print assez soubdainement une maladie de laquelle il devint ainsi comme hors de sa bonne memoire [bon sens], Monstrelet, t. I, ch. I, p. 1, dans LACURNE. Escripre et mettre par memoire ce que j'ay sceu et congneu des faicts du roy Loys, Commines, Prol. La plus grande [armée] qui ayt esté depuis memoire d'homme ne de long temps paravant, Commines, IV, 5. De fresche memoire et datte, Commines, IV, 10. Quant la jeune damoiselle qui l'escoutoit près l'espinay eut ouy sa complainte et vit que de meschef il estoit issu de sa memoire [de son bon sens], Perceforest, t. I, f° 155. Icellui Pradel getta une pierre à l'encontre du dit Estienne, qui estoit encliné vers terre, et lui en bailla sur la memoire [le derrière] de la teste, et lui en fist une grant plaie, Du Cange, memoria.

XVIe s. Pour memoire de cestuy sien inconvenient Lycurgus edifia un temple à Minerve qu'il surnomma Optiletide, Amyot, Lyc. 17. Les edicts et decrets publiques, qu'ilz feirent à la louange de sa memoire, Amyot, Pélop. 61. Importunent pour vous les filles de Memoire, Ronsard, 665. Si en mon païs on veut dire qu'un homme n'a point de sens, ils disent qu'il n'a point de memoire, Montaigne, I, 33. Bonne memoire est escripture ; elle retient bien sa figure, Génin, Récréat. t. II, p. 236.

ÉTYMOLOGIE

Berry, mimoire (Il n'avoit ne sens ne mimoire, RUTEBEUF cité dans JAUBERT, Gloss.), meinmoire, mainmouère ; provenç. esp. et ital. memoria ; du lat. memoria, qui vient d'un radical qui est dans le sanscrit smarâmi, je me souviens, smrĭti, mémoire. En réalité, dans memoria, memor, c'est mor qui est le radical, et me n'est qu'un redoublement. On remarquera dans les plus anciens textes memoire, dont l'orthographe est purement étymologique, la prononciation étant memore ou memoire comme le montre la mesure du vers.