« lit », définition dans le dictionnaire Littré

lit

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lit

(li ; le t ne se lie guère dans la conversation ; au pluriel, l's se lie : des li-z élégants) s. m.
  • 1Ensemble des diverses pièces qui composent le meuble sur lequel on s'étend et on dort. Une chambre à deux lits. Placer le lit dans une alcôve. Tout à coup, on voit arriver le moment fatal où la terre n'a plus rien pour elle que des pleurs : que peuvent tant de fidèles domestiques empressés autour de son lit ? Bossuet, Mar.-Thér. T'accommodes-tu mieux de ces douces ménades, Qui, dans leurs vains chagrins, sans mal toujours malades, Se font des mois entiers, sur un lit effronté, Traiter d'une visible et parfaite santé ? Boileau, Sat. X. Les gardes, son palais, son lit [de l'empereur Claude] m'étaient soumis, Racine, Brit. IV, 2. Lit, siéges, table y sont [dans un réduit] portant de toutes parts Livres, dessins, crayons, confusément épars, Chénier, Élég. XXIV. Dans mon réduit où l'on voit l'indigence Sans m'éveiller assise à mon chevet, Grâce aux amours bercé par l'espérance, D'un lit plus doux je rêve le duvet, Béranger, Dieu des bonnes gens.

    Au lit, couché dans un lit. Elle [la joueuse] plaint le malheur de la nature humaine, Qui veut qu'en un sommeil où tout s'ensevelit, Tant d'heures sans jouer se consument au lit, Boileau, Sat. X.

    Se mettre au lit, se déshabiller et se coucher. Nous arrivâmes comme le maître du logis allait se mettre au lit, Sévigné, 351.

    Ils font lit à part, se dit d'un mari et d'une femme qui couchent séparément. Le roi qui faisait lit à part, La Fontaine, Mul. Assurément votre frère se donne la liberté de citer assez souvent les bons frères qui ordonnent le lit à part dans la canicule, Sévigné, 16 nov. 1689.

    Ils ne font qu'un lit, se dit d'un mari et d'une femme qui couchent ensemble.

    Il va du lit à la table et de la table au lit, se dit d'un homme qui n'a d'autre occupation que de manger et de dormir.

    Garder le lit, ne pas quitter le lit, demeurer au lit à cause de quelque incommodité. Tout le jour elle a gardé son lit, Sévigné, 10. Un mal de tête qui l'obligeait à garder le lit, Hamilton, Gramm. 9.

    Prendre le lit, se dit de quelqu'un qui, se sentant malade, se couche. Il a pris le lit il y a huit jours, et depuis lors la fièvre ne l'a pas quitté.

    Au saut du lit, en sautant à bas du lit. Ce fameux duc de Valstein, que l'empereur Ferdinand fit si proprement tuer au saut du lit par quatre honnêtes Irlandais, Voltaire, Lett. au roi de Prusse, 2 sept. 1742.

    Prendre quelqu'un au saut du lit, se rendre de bon matin chez lui et à son lever.

    Être au lit, être couché. Il était encore au lit à neuf heures du matin.

    Être au lit, signifie aussi être couché pour cause de maladie. Je suis au lit depuis un mois avec la fièvre continue, Dancourt, la Trahison punie, III, 2.

    Fig. Être au lit de la mort, au lit de mort, sur son lit de mort, être à l'extrémité. Représentez-vous au lit de la mort une âme fidèle, Massillon, Avent, Mort du péch. Toutes les ressources dont nous pouvons nous flatter au lit de la mort sont d'ordinaire des illusions, Massillon, Car. Mort.

    À son lit de mort, avant de mourir, en mourant. À son lit de mort, il s'est réconcilié avec son fils. Ma mère au lit de mort a reçu nos promesses, Voltaire, Tancr. V, 3.

    Mourir dans son lit, mourir d'une mort naturelle, sans être tué à dessein ou accidentellement. Il [Sylla] osa se démettre de la dictature pour vivre en simple particulier, et il termina ses jours dans son lit, Rollin, Traité des Ét. 3e part. ch. 1. Cet exemple et celui du maréchal de Marillac font assez voir que quiconque est à la tête des armées ou des affaires, est rarement sûr de mourir dans son lit ou au lit d'honneur, Voltaire, Comm. Œuv. aut. Henr.

    Lit d'ange, lit qui était sans quenouilles ou piliers, et dont on retroussait les rideaux. M. de Coulanges vous parlera de votre lit d'ange, Sévigné, 11 juill. 1672.

    Lit à la duchesse, voy. DUCHESSE.

    Autrefois le grand lit, le lit pour dormir la nuit ; le petit lit, le lit pour la sieste. On s'asseyait sur le pied du petit lit, et cette habitude s'est conservée jusque assez avant dans le XVIIe siècle.

    Lit à tombeau, s'est dit d'un lit dont le ciel était plus élevé vers la tête que vers les pieds. Son logement [de d'Alembert] chez la vitrière était une petite chambre mal éclairée, mal aérée, avec un lit à tombeau très étroit, Marmontel, Mém. VII.

    Aujourd'hui, lit en tombeau, lit dont le bois a la forme carrée d'un monument sépulcral.

  • 2Place dans une salle d'hôpital pour un malade. Cet hôpital a cent lits. On m'a promis deux voix à l'Académie, et deux lits aux Incurables, Picard, Trois quartiers, III, 2.
  • 3Lit de travail, lit de misère ou petit lit, lit sur lequel on place la femme pendant le travail de l'accouchement.

    Lit de douleur, lit dans lequel est couchée une personne souffrante, gravement malade. Lorsqu'étendus sur un lit de douleur, vous combattiez ainsi entre la vie et la mort, Massillon, Carême, Impén. Qu'importe au chrétien… de mourir… dans le lit de sa douleur ou dans le sein des ondes, pourvu qu'il meure dans la piété et dans la justice ? Massillon, ib. Mort.

    Lit de parade, lit tendu dans une chambre plutôt pour l'ornement que pour l'usage. Le lit à parer est le lit de parade, et c'est à la fin du moyen âge, et surtout à l'époque de la renaissance, qu'il devint, par ses sculptures, ses incrustations et ses peintures, un véritable objet d'art, De Laborde, Émaux, p. 366.

    Lit de parade, lit sur lequel on expose, pendant quelques jours, certains morts, rois, princes, grands seigneurs, hommes illustres. On ne fait ordinairement les funérailles de nos rois que quarante jours après leur mort ; on expose, pendant ces quarante jours, leur image en cire, à la vue du peuple, sur un lit de parade, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 156, dans POUGENS.

    Lit de repos, sorte de petit lit bas et sans rideau, où l'on se repose pendant le jour. Mettez-vous sur votre lit de repos, Sévigné, 539.

    Lit de sangle, lit fait de sangles, et plus souvent d'un morceau de coutil attaché à deux longues pièces de bois, soutenues par des pieds ou jambages qui se croisent.

    Lit de camp, petit lit dont le bois se démonte de manière qu'on peut le transporter facilement. Chacun couché, pour la belle on mettait Un lit de camp, La Fontaine, Berc. J'avais un petit lit de camp tout prêt dans l'endroit qui m'était réservé, Marivaux, Paysan parv. 2e part.

    Le lit de camp est aussi une espèce de couchette formée de planches inclinées, qui sert de lit dans un corps de garde.

    Lit de veille, lit qu'on dresse dans la chambre d'un malade pour le veiller.

    Lit orthopédique ou extensif, lit sur lequel on couche les enfants affectés de quelque dérangement dans la taille, et qui porte un appareil propre à tenir le corps dans une extension continue.

    Lit nuptial, le lit où les nouveaux mariés couchent la première nuit de leurs noces.

  • 4Lit, nom de la couche sur laquelle les anciens se mettaient pour prendre leur repas dans la salle à manger.

    Lit de roses, lit parsemé de feuilles de rose sur lequel les anciens Sybarites aimaient à se reposer.

    Fig. N'être pas sur un lit de roses, être en proie à des tourments physiques ou moraux (par allusion au lit de roses des Sybarites).

  • 5La couchette, c'est-à-dire les supports et le fond d'un lit. Un lit de bois de noyer, d'acajou. Monter, démonter un lit.

    Lit de fer, couchette qui est en fer au lieu d'être en bois.

  • 6Le tour du lit. Un lit de damas, d'indienne. Un lit d'été, d'hiver. On voit encore, parmi les meubles de la couronne, un superbe lit travaillé en soie, en or, en petites perles fines et petites pierreries, fait par Mme de Maintenon pour Louis XIV, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 266, dans POUGENS.
  • 7Il se prend aussi pour les matelas et le lit de plume sur lesquels on couche. Un bon lit. Un lit trop mou, trop dur. Défaire, découvrir, bassiner un lit. Border le lit.

    Faire le lit, faire un lit, le mettre en tel état que l'on puisse s'y coucher. On dit aussi : accommoder un lit.

  • 8Lit de plume, taie de toile ou de coutil pleine de plume. Dans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée S'élève un lit de plume à grands frais amassée, Boileau, Lutrin, I. Suis-je mieux nourri, suis-je dans ma chambre à l'abri du nord, ai-je un lit de plume, après vingt ans entiers qu'on me débite [qu'on vend mes ouvrages] dans la place ? La Bruyère, XII.
  • 9Toute chose sur laquelle on se couche. Un lit de feuillage. La terre était son lit.

    Fig. Un homme est malade en son lit ; on le vient avertir de donner ordre à ses affaires… il me semble que mon Sauveur a fait quelque chose de semblable sur le lit sanglant de la croix, Bossuet, 2e serm. Compass. de la Ste Vierge, Préambule. L'enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glacé du tombeau, Lamartine, Harm. II, 1.

    Mourir au lit d'honneur, voy. HONNEUR, n° 1.

  • 10Lit de justice, trône sur lequel s'assoit un roi rendant la justice. Il y avait au milieu de la galerie un parquet où était son lit de justice, Sacy, Bible, Rois, III, VII, 8.

    Dans le moyen âge, lit de justice, ou lit de parement, lits ornés d'une façon particulière, qui étaient dans la chambre à coucher du roi ; car c'était là que le roi faisait ses réceptions solennelles.

    Particulièrement. Trône sur lequel le roi s'asseyait dans le parlement de Paris, lorsqu'il y tenait une séance solennelle.

    La séance même. Charles V tint un lit de justice en 1374, pour faire enregistrer la loi qui fixe la majorité des rois à quatorze ans, Voltaire, Dict. phil. Parlement de France.

  • 11 Fig. Union conjugale. Les enfants du premier, du second lit. Et moi, comme à son lit je me vis destinée, Corneille, Poly. I, 3. Celle qu'un lien honnête Fait entrer au lit d'autrui, Doit se mettre dans la tête, Malgré le train d'aujourd'hui, Que l'homme qui la prend ne la prend que pour lui, Molière, Éc. des femmes, III, 2. Une loi moins sévère Mit Claude dans mon lit et Rome à mes genoux, Racine, Brit. IV, 2. Et vous croiriez pouvoir, sans blesser nos regards, Faire entrer une reine au lit de nos Césars, Racine, Bérén. II, 2. Les Parques à ma mère, il est vrai, l'ont prédit, Lorsqu'un époux mortel fut reçu dans son lit, Racine, Iphig. I, 2. Ai-je dû mettre au jour l'opprobre de son lit ? Racine, Phèdre, V, 1. Le lit de son prochain était pour lui inviolable, Massillon, Carême, Riche. Je suis né de Claude, duc de Saint-Simon, et de sa seconde femme, Charlotte de l'Aubespine, unique de ce lit, Saint-Simon, I, 19. Un père altier que seul l'intérêt touche, Vous a jetée au lit d'un vieil époux, Béranger, Canthar.

    Terme d'ancienne jurisprudence. Le lit entier, le mari et la femme. Frère, sœur de lit entier, enfants nés du même père et de la même mère, par opposition à frère, sœur de demi-lit, qui se disait pour consanguin et utérin.

    Lit brisé, mariage dissous.

  • 12Canal par où coule une rivière, par comparaison du fond sur lequel est la rivière avec le lit où l'homme s'étend. Le lit des ruisseaux sera sec à sa source même, Sacy, Bible, Isaïe, XIX, 7. Comme je hais cette rivière [la Durance], il me semble qu'elle me hait aussi ; la dernière fois que je l'ai vue, elle était hors de son lit comme une furie déchaînée, Sévigné, 17 avr. 1680. Une rivière [l'Eure] qui est détournée de son chemin par une armée de quarante mille hommes ; il n'en faut pas moins pour lui faire un lit [on voulait l'amener à Versailles], Sévigné, 13 déc. 1684. Un pont sur de telles rivières n'est guère possible, parce qu'elles changent de lit sans cesse et s'élèvent bien au-dessus du niveau de la plaine, Staël, Corinne, XIX, 6.

    On dit aussi : le lit de la mer, de l'Océan. L'autre opinion qui prétend que, dans la période de deux millions d'années, l'axe de la terre, se relevant continuellement et tournant sur lui-même, a forcé l'Océan de changer son lit, n'est pas moins contraire à la physique, Voltaire, Physique, changements du globe. Les eaux soudain s'écoulèrent Dans le lit creusé des mers, Lamartine, Médit. I, 30.

  • 13 Terme de marine. Le lit de la marée ou d'un courant, le lieu où la marée, le courant ont plus de force et de vitesse.

    Le lit du vent, synonyme de direction du vent, rumb ou aire (Nicot écrit lis du vent, et M. Jal y voit l'abrégé de lisière). C'est là que, croisant sous voiles et voyant sans être vus, ils ont toujours l'avantage du vent sur les bâtiments auxquels la force et le lit constant des vents ne permettent pas de passer au-dessus de l'île, Raynal, Hist. phil. XIII, 38.

    Tenir le lit du vent, aller à six quarts de vent près du rumb d'où il souffle.

  • 14Lit de pierre, masse de pierre étendue comme un lit dans le sein de la terre. Sur la montagne de Castravan il y a un lit de pierre blanche, mince comme de l'ardoise, dont chaque feuille contient un grand nombre et une grande diversité de poissons, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor. terr. Œuv. t. I, p. 409. Dans tous les vallons étroits où l'on découvre des rochers, on verra que les mêmes lits de pierre ou de marbre se trouvent des deux côtés à la même hauteur, Buffon, ib. p. 367.

    Le lit d'une pierre, la situation où la nature l'a placée dans la carrière. Les pierres ont deux lits : celui de dessus qui s'appelle lit tendre, et celui de dessous qui s'appelle lit dur.

    Lit brut, celui qui n'est pas ébousiné.

  • 15 Terme de maçonnerie. Faces par lesquelles des pierres sont superposées, tandis qu'on appelle joints les faces par lesquelles elles sont contiguës latéralement.

    Lit d'une assise dans une construction de pierre, le dessus et le dessous d'une assise.

  • 16Couche d'une chose quelconque qui est étendue sur une autre. L'édifice résiste et dure en son entier : Après un lit de bois est un lit de mortier ; Chaque castor agit ; commune en est la tâche, La Fontaine, Fabl. X, 1. Il se rencontre dans les onyx diverses couleurs qui sont par lit les unes au-dessus des autres, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 1re part. p. 78, dans POUGENS.
  • 17 Terme militaire. Lit de pont, se dit du plancher ou fascinage sur lequel passent les voitures, les chevaux et les piétons.
  • 18 Terme de vénerie. Au lit, au lit, chiens, exclamations pour faire quêter les chiens, lorsqu'on veut lancer un lièvre.

PROVERBES

Comme on fait son lit, on se couche, c'est-à-dire on a du bien ou du mal suivant qu'on a eu prévoyance et précaution.

Le lit est une bonne chose ; si l'on n'y dort, l'on y repose.

Le lit est l'écharpe de la jambe, quand on a mal à la jambe, il faut se tenir au lit.

REMARQUE

À plat de lit, gisant dans le lit, locution qui paraît être génevoise ; du moins J. J. Rousseau s'en est servi : Il n'y avait que l'excuse d'être à plat de lit qui pût me dispenser de courir à son premier mot, dans le Dict. de BESCHERELLE.

HISTORIQUE

XIIe s. E iceles qui estoient es liz de lor mariz ploroient, Machab. I, 1. E li liz saint Thomas esteit apareillez, Desus un chaelit qui tut esteit quiriez [garni de cuir], D'une cuilte [couette] purpointe, d'un poi d'estraim junchiez, E de chiers linges dras e blancs e deliez, Th. le mart. 102. En paradis… Sont li lit fait où nous devons coucher, Ronc. p. 98.

XIIIe s. Cendre de chesne metez i, Et espiz de orge autresi, De l'estreim d'orge une littere, E puis la cendre, qu'ele i pere [de manière à ce qu'elle y paraisse], E puis l'estreim e puis la cendre ; De lit en lit devez entendre, Ms de St-Jean. Il [le Nil] ist [sort] outre le lit de son cours çà et là, tant qu'il arouse toute la terre, Latini, Trésor, p. 153. En son lit, ce dit l'Escriture, se doit on repentir et plorer ses pechiez, Psautier, f° 11. Coument querreiz à Dieu merci, Se la morz en vos liz vous tue [si vous n'allez pas mourir à la croisade pour la cause de Dieu] ? Rutebeuf, I, 61. L'anemi [le diable] l'avoit par raison Mis en escrit ; En enfer estoit fait son lit ; Mais sa femme le garantit, Mart. Hapart, dans JUBINAL, t. II, p. 203. Constance, dit Symons, faites lui faire un lit, Berte, LIII. Cil qui morra des nos, bien en soit chascun fis [certain], Avoec les innocens sera parés ses lis, Ch. d'Ant. II, 516. Il pot avenir que uns mariages est dessevrés par sainte Eglise quant au lit, Beaumanoir, XVIII, 6. Si en voloit ele porter se [sa] plus bele robe à parer et son plus bel lit furni, Beaumanoir, XIII, 21. Li lis as dames et as demiseles, et lor robes à cascun jor, deffendons nous qu'on les prengne en nule maniere, Beaumanoir, LIV, 7. Comment porra gesir ou feu qui art et fume [en enfer], Qui ne puet ci dormir fors que sus lit de plume ? J. de Meung, Test. 1950.

XVe s. Cil messire Jacquemes de Werchin… eust esté vaillant homme, s'il eust vescu longuement ; mais il mourut jeune et sur son lit, Froissart, II, II, 63. Fut establi qu'en remembrance De ce miracle et celle pais [des barons et de la reine Blanche, qui leur présenta Louis IX enfant], Seroit le lit à tousjours mais, En tous lieux où les roys seroient Pour jugement et que tendroient [tiendraient] De France la saincte couronne, Fait, et pour ce encore on l'ordonne Et l'appell'on lit de justice, Qui est à ramembrer propice, Toutefois que roys proprement Doit venir en son parlement, Ou qu'il siet pour justice aillours, Deschamps, Miroir de mariage, p. 120. Au temps passé on laissoit les roys trois jours morts en leur lict, le visage descouvert, Juvénal Des Ursins, 1422. Et tant estoit en la grace de la reine du pays, qu'elle estoit son demi lit, les nuits que la dite reine point ne couchoit avec le roi, Louis XI, Nouv. XXVII. Il se coucha sur son lit de camp, Commines, III, 10.

XVIe s. Aians mis hors la voile latine et le trinquet, ils s'esloignerent aisement des autres qui ne pouvoient approcher qu'aux lis du vent, et aloveant [louvoyant], D'Aubigné, Hist. II, 301. Ils estoient joyeux de mourir au lict d'honneur, Paré, III, 704. Il observera les bestes, leurs repaires et gistes, lits, chambres, reposées, bouges, tanieres, De Serres, 993. …Qui, quant ils sont en quelque cholere et different, font deux licts, et ne s'advisent pas d'appeller lors plus que jamais Venus au secours, La Boétie, 305. Achapte le lict d'un grand debteur, car à dormir il porte bonheur, Génin, Récréat. t. II, p. 233. Une garniture de ciel de lict de camp, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 498.

ÉTYMOLOGIE

Norm. liet ; wallon, lét ; namur. leit ; bourguign. lei ; provenç. leit, leich, liech, lieg ; catal. llit ; espagn. lecho ; portug. leito ; ital. letto ; du lat. lectus ; grec, λέϰτρον et λέχος, de λέγειν, mettre, poser. Comparez l'allemand legen, mettre, Lager, un lit, liegen, être couché.