« chose », définition dans le dictionnaire Littré

chose

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chose

(cho-z') s. f.
  • 1Désignation indéterminée de tout ce qui est inanimé. Les belles choses de la terre. C'est une chose choquante. Chose étrange, inouïe, incroyable. Quelque chose qu'on ait dite de lui. Il fit de grandes choses. Arrière, vaines chimères, Soupçons de choses amères, Éloignez-vous de nos cœurs, Malherbe, II, 2. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin, Malherbe, à Duperrier. C'est chose à mon esprit impossible à comprendre, Malherbe, I, 4. Toutes les grandes choses coûtent beaucoup, les grands efforts abattent et les puissants remèdes affaiblissent, Voiture, Lett. 74. Chose étrange de voir comme avec passion Un chacun est chaussé de son opinion, Molière, Éc. des f. I, 1. L'aurore aux cheveux d'or, au visage de roses, Déjà comme à demi découvrait toutes choses, Régnier, Ép. I. Trois ou quatre choses de celles que vous me dîtes l'autre jour, Voiture, Lett. 75. Je me puis vanter d'avoir fait la plus difficile chose du monde, Voiture, Lett. 81. Ne point errer est chose au-dessus de mes forces, La Fontaine, Ép. XVI. Chose ne leur parut à tous plus salutaire, La Fontaine, Fabl. II, 2. Vous qui devez savoir les choses de la vie, La Fontaine, ib. III, 1. Qu'un ami véritable est une douce chose ! La Fontaine, ib. VIII, 11. Le ciel sur nos souhaits ne règle pas les choses, Corneille, Pomp. V, 2. Pendant que l'âme demande une chose, le plaisir en exige une autre ; ainsi l'âme, devenue captive du plaisir, devient en même temps ennemie de la raison, Bossuet, la Vallière. Ô Dieu ! qu'est-ce donc que l'homme ? est-ce un assemblage monstrueux de choses incompatibles ? Bossuet, ib. Dieu se réserve à lui seul les choses d'en haut, il partage avec vous les choses d'en bas, Bossuet, Marie-Thér. Asservi par toutes les choses qu'il croit posséder, Bossuet, la Vallière. Dieu qui, fécond en moyens, emploie toutes choses à ses fins cachées, Bossuet, Reine d'Anglet. On ne peut se rendre maître des choses en les possédant toutes ; il faut s'en rendre le maître en les méprisant toutes, Bossuet, Pensées chrét. 21. Ce sont des bagatelles dont les pauvres diables de commis s'embarrassent la tête, parce qu'ils ne sont pas faits pour les grandes choses, Lesage, Turcaret, III, 11. Les petites considérations sont le tombeau des grandes choses, Voltaire, Lett. Damilaville, 6 août 1766. La nation est capable d'aussi grandes choses et de plus grandes encore que sous Louis XIV, parce que le génie et le commerce se fortifient toujours quand on les encourage, Voltaire, Louis XIV, 30. … Vis sans cœur, sans pensée et sans foi ; Vis pour l'or, chose vile, et l'orgueil, chose vaine, Hugo, Voix intér. XIX.

    L'auteur des choses, Dieu.

    Les choses humaines, l'ensemble de ce qui existe et de ce qui se fait parmi les hommes. Comme la religion et le gouvernement politique sont les deux points sur lesquels roulent les choses humaines, Bossuet, Hist. Dessein général.

    Choses de flot, choses de la mer, tout ce que la mer rejette sur ses bords.

    Appeler les choses par leur nom, parler franchement et sans réticence.

    Dire à quelqu'un bien des choses, lui faire ses compliments. Elles vous disent des choses bien obligeantes, Sévigné, 546.

    C'est la même chose, il n'y a pas de différence. Venir, voir et vaincre est même chose en moi, Corneille, Pomp. IV, 3.

    Autre chose, une chose différente. On ne pouvait attendre autre chose de lui. Autre chose est de parler, autre chose d'agir. N'avez-vous, Nicomède, à lui dire autre chose ? Corneille, Nicom. II, 3. Moi cesser d'être amant ! et puis-je être autre chose ? La Fontaine, Élégie v. Et celle [la maladie] que nous appelons la dernière, qu'est-ce autre chose, à le bien entendre, qu'un redoublement et comme le dernier accès du mal que nous apportons en naissant ? Bossuet, Marie-Thér.

    C'est autre chose, c'est différent. Un époux beau, bien fait, jeune et tout autre chose Que le défunt…, La Fontaine, Fab. VI, 21.

    Aller au fond des choses, ne pas s'arrêter à un examen superficiel.

    On dit dans le même sens le bout des choses. Il leur promit de leur faire un beau livre de philosophie, écrit fort menu pour leur usage, et que dans ce livre ils verraient le bout des choses, Voltaire, Microm. 7.

    Ne pas faire les choses à demi, ne pas épargner la dépense, donner tout ce qui doit être donné.

    Faire bien les choses, faire les choses de bonne grâce, s'acquitter convenablement d'une obligation, d'une corvée ; et aussi, payer convenablement ce qui doit être payé, faire les dépenses nécessaires. Je croyais qu'il ferait mieux les choses.

    Sur toute chose, avant toute chose, loc. adv. Avant tout. Et sur toute chose, Observe exactement la loi que je t'impose, Corneille, Cinna, V 1. Apprenons, avant toutes choses, à n'être pas éblouis du bonheur qui ne remplit pas le cœur de l'homme, Bossuet, Anne de Gonz.

  • 2Chose se dit quelquefois des personnes. J'avais toujours fait compte, aimant chose si haute, De ne m'en séparer qu'avecque le trépas, Malherbe, V, 29. … Et semblable aux abeilles à qui le bon Platon compare nos merveilles, Je suis chose légère, et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet, La Fontaine, Épît. XVI. Je la révère [une dame] comme la plus noble, la plus belle et la plus parfaite chose que j'aie jamais vue, Voiture, Lett. 25.
  • 3La chose publique, l'État.
  • 4Ce dont il s'agit. Je vais vous expliquer la chose. Voilà quel est l'état des choses. Devant elle [la justice] à grand bruit ils expliquent la chose ; Tous deux avec dépens veulent gagner leur cause, Boileau, Ép. II. L'homme au trésor caché, qu'Ésope nous propose, Servira d'exemple à la chose, La Fontaine, Fabl. IV, 20. Je [la Mort] devais, ce dis-tu, te donner quelque avis Qui te disposât à la chose ; J'aurais trouvé ton testament tout fait, La Fontaine, ib. VIII, 1. Les titres différents ne font rien à la chose, Corneille, Sert. III, 2. C'est en cela que consiste tout l'agrément de la chose, Voltaire, Lett. d'Argental, 1er août 1763.

    La chose parle d'elle-même, il y a évidence, il n'est pas besoin de plus ample explication.

  • 5 Terme de droit. Chose jugée, ce qui a été résolu par une décision judiciaire en dernier ressort, ou ce qui n'est plus susceptible d'appel ou d'opposition ; ce qui est décidé, mis hors de contestation. Cela a force, ou est passé en force de chose jugée.
  • 6 Terme de droit. Bien, propriété, possession. L'esclave était la chose du maître. Soigner sa chose. Vendre la chose d'autrui. Division des choses en corporelles et incorporelles. Choses hors du commun.
  • 7 En termes de grammaire, chose se dit par opposition à personne. Le pronom quoi se rapporte toujours à des choses, il ne se rapporte jamais à des personnes.
  • 8Ce qui est en fait, en réalité, par opposition à ce qui est un mot, un nom. Vous ne nous donnez que des mots, et nous voulons des choses. Rien n'est plus commun que le nom, Rien n'est plus rare que la chose, La Fontaine, Fabl. IV, 17. Que la grandeur et la gloire n'étaient parmi nous que des noms pompeux, vides de sens et de choses, Bossuet, Duch. d'Orl. La pauvreté, la honte, la mort sont pour les hommes du monde des choses trop effectives et trop réelles ; pour nous, ce sont seulement des noms, Bossuet, ib.

    Dire le mot et la chose, se laisser aller à quelques plaisanteries un peu libres. Ces soupers étaient très gais ; on y disait le mot et la chose, Rousseau, Confess. v.

    Par extension, en termes de littérature, pensées de valeur, notions réelles et positives. Livre, style plein de choses. On dit peu de choses solides quand on veut en dire d'extraordinaires. Mes vers sont durs, d'accord, mais forts de choses, Voltaire, Goût. Je conviens qu'où il n'y a pas de choses, il ne peut y avoir de style, Diderot, Térence.

  • 9Quelque chose, s. m. Certaines choses. D'un prince malheureux ordonnez quelque chose, Corneille, Cinna, IV, 3. Non, non, j'ai quelque chose aussi bien à vous dire, Corneille, Nic. III, 6. Il est bon qu'un mari nous cache quelque chose, Corneille, Poly. I, 3.

    Quelque chose suivi d'un adjectif, qui est toujours au masculin, avec la préposition de, qui est indispensable. Il faut que vous gardiez quelque chose d'excellent pour vous, puisque vous faites de ces présents à vos amies, Voiture, Lett. 79. Il y a en vous quelque chose de surnaturel, Voiture, ib. 80. Si d'aventure il y a quelque chose d'aussi beau qu'elle, Voiture, ib. 28. La pauvreté est quelque chose de bien dur, Patru, Plaid. 6, dans RICHELET.

    Autre chose s'emploie de même, c'est-à-dire avec la préposition de et un adjectif au masculin. Montrez-nous autre chose de beau. Dites-nous autre chose de gai.

    Quelque chose est devenu masculin à cause du sens vague qui y est attaché ; mais naturellement il était, quand on a commencé à s'en servir en ce sens, féminin. Il est rarement arrivé qu'on m'ait objecté quelque chose que je n'eusse point du tout prévue, Descartes, Méth. 6, 5. Je ne fais point difficulté de parler, quand j'ai dans la bouche quelque chose meilleure que le silence, Guez de Balzac, liv. III, lett. 3. Dis-je quelque chose assez belle ? L'antiquité toute en cervelle Me dit : je l'ai dit avant toi. C'est une plaisante donzelle ; Que ne venait-elle après moi ? J'aurais dit la chose avant elle, De Cailly, Épigr.

    Difficulté, brouille. On me mande qu'il y a eu quelque chose entre le roi et Monsieur, Sévigné, 440.

    Faire quelque chose, obtenir quelque succès. Pensez ; à votre Dieu laissez venger sa cause ; Si vous saviez penser, vous feriez quelque chose, Gilbert, Le 18e siècle.

    Faire quelque chose, avoir une profession. Ce jeune homme ne peut pas rester plus longtemps oisif ; il faut qu'il fasse quelque chose.

    C'est quelque chose, il y a quelque mérite, quelque intérêt. Enfin, si dans mes vers je ne plais et n'instruis, Il ne tient pas à moi, c'est toujours quelque chose, La Fontaine, Fabl. V, 1. Ce que vous dites là est quelque chose, Fontenelle, Didon, Stratonice.

    Être de quelque chose à quelqu'un, être de sa parenté. Il me semble qu'elle vous est de quelque chose, Sévigné, 552. Tous les Provençaux me sont de quelque chose, Sévigné, 128. Naissance, position distinguées. Il serait honteux d'être né quelque chose et de ne pas songer à s'élever, Massillon, Car. Prosp. Je pourrais m'estimer quelque chose de plus que je n'étais, Guez de Balzac, liv. I, lettre 4. Si l'on m'eût fait faire une étude sérieuse de l'histoire, j'aurais pu y devenir quelque chose, Saint-Simon, I, 21.

    Environ. Il y a quelque chose comme huit jours qu'on ne vous a vu.

  • 10Peu de chose, s. m. Chose inutile, sans valeur. Ma vie est peu de chose et je vous l'abandonne, Voltaire, Henr. ch. II. Tu me sembles si grand et nous si peu de chose Que…, Malherbe, I, 1. Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ! rien ! - peu de chose, La Fontaine, Fabl. I, 5.

    De peu de chose, d'une famille qui n'a rien de bien relevé. Des Alleurs était un Normand de fort peu de chose, fait à peindre et de grande mine, Saint-Simon, 50, 93.

  • 11Grand'chose, quelque chose qui a de l'importance. On ne lui répondit pas grand'chose, Hamilton, Gramm. 4. À quoi vous servait d'irriter des gens qui, sans être grand'chose, tiennent à quelque chose ? Courier, I, 57. Celle [la voix] de mon mari qui n'est pas grand'chose, Pont de Veyle, le Complaisant, II, 1. Grand'chose ne s'emploie guère que dans des phrases négatives.

    Grand'chose est un archaïsme (grand, dans l'ancienne langue, étant à la fois masculin et féminin) pour grande chose, dont Bossuet s'est servi : Ce n'est pas grande chose, Vie rel. L'apostrophe est inutile, puisque la locution n'était pas grande chose, mais était, à l'origine, grand chose ; l'Académie devrait supprimer cette apostrophe.

  • 12 Familièrement, chose se dit en place d'un terme, d'un nom qui ne revient pas à l'esprit. Monsieur chose. Madame chose. Aussi bien ne peut-on Changer chose en Virgile ou bien l'autre en Platon ? Régnier, Sat. II. Vous voudriez voir la haute société et ne point restituer ? garder l'hôtel de chose et y recevoir le marquis ? Courier, I, 276.
  • 13 Populairement. Être tout chose, être mal disposé soit pour la santé soit pour l'humeur.

    PROVERBE

    À chose faite, conseil pris, c'est-à-dire quand la chose est faite, ce n'est plus la peine de demander conseil.

REMARQUE

1. Quelque chose comme un seul mot est masculin ; il en est de même de autre chose, qui, dans le sens vague, est également employé au masculin. Quelque chose est promis et vous verrez qu'autre chose sera fait, Legoarant Peu de chose est naturellement masculin, puisque peu est un substantif masculin.

2. La prononciation chouse, qui est celle du Berry et qui fut très usitée au XVIe siècle, avait cours encore dans le XVIIe ; Marguerite Buffet la condamne, et Chifflet, Gramm. p. 179, dit : " J'ai vu le temps que presque toute la France était pleine de chouses ; tous ceux qui se piquaient d'être diserts chousoient à chaque période. Et je me souviens qu'en une belle assemblée un certain lisant hautement ces vers : Jetez-lui des lis et des roses, Ayant fait de si belles choses : quand il fut arrivé à choses, il s'arrêta, craignant de faire une rime ridicule ; puis, n'osant démentir sa nouvelle prononciation, il dit bravement chouse. Mais il n'y eut personne de ceux qui l'entendaient qui ne baissât la tête pour rire à son aise, sans lui donner trop de confusion. Enfin la pauvre chouse vint à tel mépris, que quelques railleurs disaient que ce n'était plus que la femelle d'un chou. "

HISTORIQUE

IXe s. Et in cadhuna cosa, Serment.

Xe s. Ne ule cose non la pouret omque pleier [plier], Eulalie.

XIe s. Mais d'une chose vous sui je bien garant, Ch. de Rol. CXIV. De plusors choses à remembrer li prist, ib. CLXXIII. Si alquens [quelqu'un] vienge [vient] à pref [après] pur clamer la jose…, Lois de Guill. 7.

XIIe s. Les saintes choses sont faites es mains des estrangers, Mach. I, 2. De ceste couse, Ronc. p. 8. Mais d'une chose soiez vous bien certis [certains], ib. p. 72. De pluseurs coses [ils] vont toute jour parlant, ib. p. 163. … Fins cuers qui bée à haute honor Ne se porroit de tel cose desfendre, Couci, XXIV. Car j'ai assez autre chose à penser, Quesnes, Romancero, p. 100. Mais li message [messagers] estoient d'autre chose ententif, Sax. XXIV. Et chose [il] nous demande que nous ne povons faire, ib. XXX.

XIIIe s. D'autre chose [je] vous ai la matiere accueillie, Berte, II. Mais plus hardie chose [que Pepin] ne fut onque choisie [vue], ib. II. Ne de chose que j'aie, jamais [je] ne leur faudrai, ib. VII. Qu'il soit de ceste chose et maistre et conseillere, ib. XI. Car forment le hastoit [il avait hâte] de la chose achever, ib. XVII. Je ne voi que ma chose [mon affaire] à nessun bien s'afruite, ib. XXXVII. Onque si douce chose [que Berte] [je] ne vi ni n'acointai, ib. LVII. Mais si viennent les choses com Dieu plaist et agrée, ib. LXVIII. Bien entent li messages [le messager] que c'est chose passée [decidée], ib… Bon fust que gehesist [elle avouât] [ce] Que Berte est devenue ne quel chose ele en fist, ib. XCI. Sire, font-il au roi, nous vous voulons monstrer Que grant chose est de roi, ib. XCVII. Je ne pris [prise] riens, ne beauté, ne jouvent, Or, ne argent, ne chose que je voie, Anonyme, dans Couci. Car sachiés que toutes vos choses Sunt en vous meïsmes encloses, la Rose, 5357. Plus sont rices, et plus grans mestiers lor est que li quemins et les cozes communes soient amendées, Beaumanoir, XXV, 17. Cheli par qui toutes choses sont fetes et sans qui nule bone œuvre ne porroit estre fete, ce est li Peres, et li Fis et li Saint Esperiz, Beaumanoir, Prologue. Or avint chose, que le conte Henri descendi de ses sales de Troies pour aller oïr messe à Saint Estienne, Joinville, 205.

XIVe s. Il confesse à rendre quid pro quo, chose pour chose, Oresme, Eth. 254. Et semblablement appartiennent à magnificence toutes grans choses qui sont faites pour la chose publique, Oresme, ib. 114. Puisque la chose est faite, on ne la peut changier, Guesclin. 6372. Chose publique, ce n'est autre chose mès que l'estat publique ou commun, et est nom general à touz estaz de terre, païs, roiaumes et citez, Bercheure, f° 1, verso.

XVe s. Longue chose seroit à raconter, Froissart, I, I, 45. Et cil de sa personne estoit assez haut et crueux ; et ne se esbahissoit point pour petit de chose, Froissart, III, IV, 67. Encore leur faisoit-on la chose plus grande et plus perilleuse qu'elle n'estoit, Froissart, II, III, 35. Entre les autres choses il [l'ambassadeur anglais] demanda au duc Aubert…, Froissart, II, II, 223. Quand ces nouvelles lui vinrent en la main [au comte de Valois], lui convint porter ; car autre chose n'en put avoir, Froissart, II, II, 233. Quand les chevaliers virent qu'ils n'en auroient autre chose, ils se despartirent et prirent congé, Froissart, II, II, 207. Très belle fleur, oncques je ne pensay Faire chose qui desplaire te doie, Orléans, Bal. 63. Et pour acheter chevaux, armures et ce qu'à guerre appartient, souvent advient qu'ils vendent leurs choses [biens], Monstrelet, liv. I, ch. 25. Et par saint Jacques je ne fois Gueres autre chose que boire, Patelin. Sire, tout ce lessez ester : Parlon vous et moy d'autre chose, La pass. de N. S. J. C. Et bref le vin prins sobrement Est tousjours une bonne choze, Basselin, Vau de Vire, 60. Considerées les chouses dessus dites, Lettre de Charles VII, Bulletin du comité de la langue, t. III, p. 576. Des deux parties il mourut deux mille hommes du moins, et fut la chose bien combattue, Commines, I, 4. Ce fut grant chose à mon advis de rallyer sur le champ…, Commines, I, 4. Usant de menace et prest à executer grant chose, Commines, II, 9. Et n'eust jamais creu, pour chose que on luy eust sceu dire, les parolles qu'il oyoit, Commines, IV, 8. Pas grant chose je ne demande, Dist le bon seigneur de Cambraye, Villon, 2e Repue franche. C'est grand chose [une bonne chose, un point important] de voir ses enfants alliés [mariés], en la pleine vie, Louis XI, Nouv. XLIV.

XVIe s. Tout ce qu'ils appellent musique rompue et chose faite, et chants à quatre parties, Calvin, Instit. 711. Ceux qui presument de requerir autre chose à Dieu, qui ne soit comprinse et entendue en ceste oraison…, Calvin, ib. 730. Si on nous apporte sous le titre de l'esprit quelque chose qui ne soit contenue en l'Evangile, ne la croyons pas, Calvin, ib. 931. Quelque chose que je voulois estre faicte aprèz ma mort, Montaigne, I, 78. Tout ce que nostre sagesse peult, ce n'est pas grand chose, Montaigne, I, 132. Qu'il soit bien pourveu de choses, les paroles ne suyvront que trop, Montaigne, I, 187. Adonne toi à l'estude des lettres pour en tirer quelque chose qui soit toute tienne, Montaigne, I, 282. Magistrats de la chose publicque [république] emperiere du monde, Montaigne, I, 288. Il s'en retourna sans accepter ne prendre chose qui soit, de tant de presens, Amyot, Pélop. 56. Si d'adventure il y eut adonc quelque chose moins que humainement faitte contre les Syracusains, Amyot, Marcel. 30. Caton se souciant moins que de chose du monde des crieries que l'on faisoit à l'encontre de luy, Amyot, Caton, 38. Mais la main des dieux jalouse N'endura que telle chouse Suivist son train coustumier, Ronsard, 388. Bref on ne voit chose qui vive, Sans estre serve de douleur, Ronsard, 409. Les sciences sont composées de choses, non de paroles, Paré, Au lecteur. Il faut mettre dessus l'aine quelque chose ronde, Paré, XIV, 47. Chose bien donnée n'est jamais perdue, Cotgrave Chose qui plaist est à demy vendue, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Picard, cose ; Saintonge et Berry, chouse ; provenç. espagn. portug. et ital. cosa ; du latin causa (voy. CAUSE), employé avec le sens de chose dans le bas-latin de la loi Salique, de Grégoire de Tours et des Capitulaires.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHOSE.
9Quelque chose, une chose de quelque valeur. Quoi ! lorsque vous voyez périr votre patrie, Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie ? Racine, Esth. II, 1. Tavernier… interrogé par Louis XIV pourquoi il avait choisi une terre en Suisse, répondit : Sire, j'ai été bien aise d'avoir quelque chose qui ne fût qu'à moi, Voltaire, Lett. Moncrif, 27 mars 1757.

Quelque chose, une chose indéterminée. Les Français ont, dans leur caractère et trop souvent dans leur gouvernement, quelque chose qui ne leur permet pas de former de grandes associations heureuses, Voltaire, Pol. et lég. Fragm. sur l'Inde, 20.

REMARQUE

À côté de : dire bien des choses, on emploie aussi dans le langage familier : tout plein de choses. Que te dit-elle alors ? - Eh ! mais tout plein de choses, Collin D'Harleville, Artistes, I, 1.