« répondre », définition dans le dictionnaire Littré

répondre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

répondre

(ré-pon-dr'), je réponds, tu réponds, il répond ; je répondais ; je répondis ; je répondrai ; je répondrais ; réponds, répondons ; que je réponde, que nous répondions ; que je répondisse ; répondant ; répondu v. a.
  • 1Faire une réponse à ce qui a été dit, écrit ou damandé. Il ne répondit que deux mots. Vous m'écriviez des folies, et je vous en répondais, Sévigné, à Bussy, 9 juin 1669. Est-ce vous, comte, qui n'avez point aimé ma dernière lettre ? est-ce vous qui m'y avez répondu ce que voilà ? Sévigné, ib. 9 juin 1669. Il [Lamoignon] répondit à ceux qui le priaient de se ménager, que sa santé et sa vie étaient au public et non à lui, Fléchier, Lamoignon.

    Répondre un mémoire, une lettre, y faire réponse. Le mémoire [de Stairs] fut répondu de manière qu'on en fut content en Angleterre, Saint-Simon, 438, 112. L'éloignement du bureau de la poste me force toujours de mettre un grand intervalle entre les lettres que je reçois et celles que je réponds, Voltaire, Lett. Damilaville, 11 déc. 1767. J'ai continuellement un grand nombre de lettres à répondre, Rousseau, Lett. à Mme Latour, 25 déc. 1763.

    Impersonnellement, au passif. Il a été répondu que, ce lieu [Nimègue] ayant été accepté par toutes les parties, on n'en pouvait nommer un autre, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 429.

    Répondre une requête, se dit du juge qui met son ordonnance au bas d'une requête.

    Répondre une pétition, un placet, écrire ou faire mettre au bas sa résolution, sa décision sur l'objet dont il s'agit.

    Réfuter. Les difficultés de la synagogue y sont exposées et répondues avec force et clarté, L'Abbé Houteville, dans DESFONTAINES.

  • 2Répondre la messe, prononcer à haute voix les paroles contenues au missel, et que doit dire celui qui sert la messe. J'allais et venais pour eux, et c'était moi qui répondais leurs messes, Lesage, Gil Blas, X, 10.
  • 3 V. n. Faire une réponse. Répondre à propos, sur-le-champ. Songez à répondre résolûment sur tout ce qu'il vous pourra dire, Molière, Scapin, I, 4. Il emprunta la voix de son confesseur pour en demander [de ses fautes] pardon au monde, à ses domestiques et à ses amis ; on lui répondit par des sanglots ; ah ! répondez-lui maintenant en profitant de cet exemple, Bossuet, Louis de Bourbon. Il écoutait avec patience et répondait avec douceur, Fléchier, Lamoignon. Je ne vous répondrai qu'en vous obéissant, Racine, Mithr. II, 4. Pourquoi vous pressez-vous de répondre pour lui ? Racine, Ath. II, 7.

    Fig. L'état où vous me voyez, lui dis-je, répond pour moi : je rachèterais votre vie de la mienne propre, Mme de Tencin, Œuv. t. V, p. 203, dans POUGENS.

    Répondre à ses pensées, faire une réponse non à ce qui est dit, mais à ce qu'on pense soi-même. Ils répondaient à leurs pensées, plutôt qu'à ce qu'on leur disait ; ce qui ne manque presque jamais en ceux qui savent qu'on peut leur reprocher quelque chose avec justice, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 440, dans POUGENS.

    Familièrement. Répondre ad rem, répondre précisément à la question proposée.

    Vous ne répondez point, ce n'est pas répondre, votre réponse est embarrassée.

    Répondre en Normand, ne répondre ni oui ni non. Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère, Et tâchez quelquefois de répondre en Normand, La Fontaine, Fabl. VII, 7.

  • 4 Terme de marine. Un bâtiment répond aux signaux qu'on lui adresse, par d'autres signaux de convention, qui indiquent qu'il les a aperçus.

    Le timonier répond qu'il a compris les commandements de l'officier de quart, en répétant ces mêmes commandements.

  • 5Parler à ceux qui appellent, à ceux qui frappent à la porte, à ceux qui se présentent. Ce portier est obligé de répondre à une foule de gens. On vous appelle ; que ne répondez-vous ?
  • 6Il se dit de voix, de sons qui répondent l'un â l'autre. Le canon que nous entendions n'était que celui du fort de Knotzenbourg, et peut-être celui de la ville qui répondait, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 205. Si, à Venise, dans une barque, quelqu'un récite une stance de la Jérusalem délivrée, la barque voisine lui répond par la stance suivante, Voltaire, Dict. phil. Épopée.

    Des chœurs de musique qui se répondent, des chœurs qui chantent alternativement. Les rossignols se répondent les uns aux autres, Bossuet, Connaiss. V, 5.

    Fig. Nos cœurs se répondent, ils se comprennent. Les âmes se répondent, Marivaux, Marianne, 3e part. L'étonnement, l'effroi, le plaisir se confondent, Et par un même cri tous les cœurs se répondent, Delille, Trois règ. 1.

  • 7Renvoyer le son. L'écho seul lui répond. L'Olympe en retentit, et les monts lui répondent, Delille, Én XI.
  • 8Raisonner au lieu d'obéir, alléguer des prétextes, des excuses, des récriminations, au lieu de convenir de son tort. Faites ce qu'il commande, et ne répondez point. Voyez comme raisonne et répond la vilaine ! Molière, Éc. des fem. V, 4. Je suis prompt, violent ; et, s'il me répondait, Je ne sais pas, monsieur, ce qu'il arriverait, Ph. Poisson, Procureur arbit. sc. 3. Et vous êtes perdu si vous me répondez, Racine, Mithr. III, 1.
  • 9Subir un examen. Ce candidat a bien répondu. Répondre en philosophie, en droit. C'est aujourd'hui l'acte du pauvre abbé : quelle folie ! on s'en va disputer contre lui, le tourmenter, le pointiller ; il faut qu'il réponde à tout, Sévigné, 128.
  • 10Écrire à une personne de qui l'on a reçu une lettre. Je trouve étrange qu'elle… m'appelle ingrat, de ce que je… ne lui écris point des lettres qu'elle voudrait de bon cœur n'avoir pas reçues, toutes les fois qu'il y faudrait répondre, Voiture, Lett. 56. Je ne sais, mademoiselle, de quelle manière je dois répondre à votre obligeante lettre, après avoir même demeuré assez longtemps sans y avoir répondu, Lett. du duc de Saint-Aignan à Mlle de Scudéry, dans SÉV. t. I, p. 497, édit. RÉGNIER. La dernière lettre que vous m'avez écrite avant celle que je reçus hier de vous, ma belle cousine, était du 20 mai de l'année passée, à quoi je répondis sur-le-champ, du 23 mai… et je réponds aujourd'hui à votre lettre du 6 de ce mois, Bussy-Rabutin, Lett. à Mme de Sévigné, 9 juin 1668, dans SÉV. t. I, p. 501, édit. RÉGNIER.
  • 11Parler ou écrire pour réfuter. Répondre à des objections, à des critiques. Personne sur la terre n'ose entreprendre, ce semble, de répondre aux impies qui attaquent Dieu avec une audace si insensée ; mais Dieu répondra lui-même…, Bossuet, la Vallière. Quoi que je puisse aujourd'hui vous en rapporter [des merveilles de la vie du prince de Condé], toujours prévenu par vos pensées, j'aurais encore à répondre au secret reproche que vous me ferez d'être demeuré beaucoup au-dessous, Bossuet, Louis de Pourbon. Il va nous inonder des torrents de sa plume ; Il faut, pour lui répondre, ouvrir plus d'un volume, Boileau, Lutr. IV. Lorsque sur un défaut ils pensent me confondre, C'est en me guérissant que je sais leur répondre, Boileau, Ép. VII. C'est un argument auquel on n'a jamais répondu, Voltaire, Dial. 27.
  • 12Réaliser les espérances qu'on a fait naître. Il n'a pas répondu à l'attente publique. Si vous répondez par vos vertus à votre haute destinée, Fénelon, Tél. XXII. Si vous ne répondez pas à ce dessein de Dieu sur vous, Massillon, Carême, Aum.
  • 13Payer de retour, faire de son côté ce qu'on doit. C'est mal répondre à tout ce qu'on a fait pour vous. C'est à vous de répondre à son généreux zèle, Corneille, Héracl. II, 6.

    On dit dans un sens analogue : Répondre aux politesses, aux caresses de quelqu'un.

    Répondre à l'affection de quelqu'un, lui témoigner une affection égale à la sienne. La bergère… répondit mal à tant de passion, La Fontaine, Cloch. Cet obligeant amour a de quoi me confondre ; Et j'ai regret, monsieur, de n'y pouvoir répondre, Molière, Femm. sav. V, 1. Et s'il faut qu'à mes feux votre flamme réponde, Molière, Mis. V, 8. Mon cœur est content d'apprendre que vous répondez à cette inclination que j'ai pour vous depuis si longtemps, Sévigné, 8. Cependant le fils se jette à son cou, et est tout étonné que son père réponde si mal à sa tendresse, Fénelon, Tél. V.

    Répondre au salut de quelqu'un, le lui rendre.

    On dit dans le même sens : Les vaisseaux saluèrent le fort, qui répondit par tant de coups de canon.

  • 14Opposer quelque chose comme défense, résistance. Je me résolus de répondre par l'art à l'artifice, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 442, dans POUGENS.
  • 15Être caution, être garant en justice, être garant pour quelqu'un. Il a répondu de la somme qui m'est due. Ôtez le vêtement à celui qui a répondu pour un inconnu, et emportez des gages de chez fui, parce qu'il s'est obligé pour des étrangers, Sacy, Bible, Prov. de Salom. XX, 16. Télémaque et moi, nous vous offrons à être des otages qui vous répondent de la bonne foi d'Idomenée, Fénelon, Tél. X.

    Être responsable, en parlant de personnes ou d'objets. Mais sachez que vos jours me répondront des siens, Corneille, Héracl. V, 3. Songez que c'est pour moi que vous gouvernerez, Et que je répondrai de ce que vous ferez, Corneille, Cinna, II, 1. Personne ne répond de mes lettres que moi, et je ne réponds de rien que de mes lettres, Pascal, Prov. XVII. Le fils me répondra des mépris de la mère, Racine, Andr. I, 4. Le seul bien qui puisse répondre à mes nièces des clauses de leurs contrats de mariage, Voltaire, Lett. d'Argental, 18 mars 1770. Personne ne répond de nos articles que nous, et nous ne répondons que de nos articles ; l'Encyclopédie est à cet égard dans le même cas que les recueils de toutes nos académies, D'Alembert, Préf. 3e vol. Encycl. Œuv. t. I, p. 384, dans POUGENS.

    Être garant de quelqu'un, de quelque chose qui a été commis à notre garde, et que nous sommes tenus de représenter. Répondre d'un prisonnier corps pour corps. Et ne dédaigne pas de m'instruire en ta foi, Ou toi-même à ton Dieu tu répondras de moi, Corneille, Poly. V, 2. Vous en répondrez sur votre tête, Fénelon, Télém. III. Cortez, ayant d'un côté mille Espagnols à combattre et le continent à retenir dans la soumission, laissa quatre-vingts hommes pour lui répondre de tout le Mexique, et marcha suivi du reste contre ses compatriotes, Voltaire, Mœurs, 147. Mettre quelqu'un dans un lieu où l'on répondra de lui, le mettre en prison. L'on s'en va vous mettre en lieu où l'on me répondra de vous, Molière, Méd. malgré lui, III, 10.

    On dit dans un sens analogue : Des verrous m'en répondront, je l'enfermerai sous les verrous. Si la chose éclate, un couvent me répondra de vous, mademoiselle, Pont de Vesle, Somnamb. sc. 15.

    Simplement, être garant de quelqu'un, de quelque chose. Il pria Alexandre d'avoir bon courage, et qu'il répondait de sa guérison, Perrot D'Ablancourt, Arrien, II, 3. Dans le mouvement où seraient les esprits au retour des députés, nous ne pourrions pas répondre d'un quart d'heure à l'autre, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 453, dans POUGENS. Je réponds d'une paix jurée entre mes mains, Racine, Brit. V, 3. Je réponds de sou obéissance, Racine, Bér. III, 1. Non, ce n'est plus à vous qu'il faut que j'en réponde [de Néron], Ce n'est plus votre fils, c'est le maître du monde, Racine, Brit. I, 2. Il répondit de ma conduite sur la bienséance, Hamilton, Gramm. III. Nous avons, grand héros, deux desseins différents, Vous de vaincre vingt rois, et moi vingt concurrents ; Mais l'un de ces desseins est mieux conduit que l'autre ; Que cependant tout irait bien, Si vous me répondiez du mien Comme je vous réponds du vôtre ! Sanlecque, demandant un bénéfice à Louis XIV, dans RICHELET. Je ne vous réponds que de ma sensibilité pour vos bontés, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 juin 1755. Au point du jour, le médecin répondit de sa vie, Genlis, Veillées du château t. II, p. 119, dans POUGENS. Eh ! calmez vos frayeurs ; je vous réponds de tout, Collin D'Harleville, Vieill. et jeunes gens, III, 8. On vous répondait de moi ; je vous réponds de lui ; que pouvez-vous exiger de plus ? Picard, Voy. interrompu, II, 11. Ne répondez plus de personne, Je veux devenir courtisan, Béranger, Hab. de cour.

    Répondre de soi, avoir confiance qu'on ne faillira pas. Répondez-moi de vous, et je vous réponds d'elle, Corneille, Héracl. II, 2. …Réponds-moi d'elle, et je réponds de moi, Racine, Andr. III, 1. Il y a des temps où l'on ne peut répondre de soi, Voltaire, Lett. Argental, 16 sept. 1769. Je réponds de moi, disait-il, jusqu'à un million ; ceux qui le connaissaient auraient bien répondu de lui par de là, D'Alembert, Éloges. Terrasson.

    Il se dit, dans un sens analogue, des choses qui servent de garant. Je le prie de me mander l'estime que je dois avoir de M. de Revel ; il me semble que je suis fort décidée sur celle du marquis : il a une application et une envie de bien faire qui nous en répondent, Sévigné, 575. La Judée asservie et ses remparts fumants… Me répondaient assez que votre grand courage Ne voudrait pas, seigneur, détruire votre ouvrage, Racine, Bérén. II, 2. L'intérêt que je dois prendre à cette affaire ne vous répond que trop de la vérité de mon rapport, Lesage, Gil Blas, X, 10.

    Se répondre, se donner à soi-même assurance, certitude. Si vous voulez vous répondre des événements, et si vous ne pouvez être satisfait que lorsque tout ce qui se pourrait souhaiter vous arrive, vous faites, sans mentir, la guerre à de fâcheuses conditions, Voltaire, Lett. 89. Toute vive qu'elle est [la ferveur] ou qu'elle paraît, je ne saurais me répondre de ma persévérance, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 457. Ce grand ministre [Richelieu]… se répondit moins de l'éternelle durée de son nom pour avoir exécuté avec des succès presque incroyables les ordres reçus de Louis le Juste, que pour avoir établi la célèbre compagnie dont vous soutenez l'honneur avec tant d'éclat, Th. Corneille, Disc. de récep. à l'Acad. Vous, ma chère sœur, que la main du Seigneur conduit dans le lieu saint, vous pouvez avec confiance vous répondre de sa protection et de ses grâces, Massillon, Profess. relig. Serm. 1. Je n'osais me répondre de moi, dans un cas où je n'avais pas ma propre expérience pour garant, Staal, Mém. t. II, p. 116.

    Répondre que, affirmer que, avec une idée de responsabilité. Je vous réponds qu'il partira. J'ose te répondre Qu'il n'est pas condamné, puisqu'on veut le confondre, Racine, Baj. IV, 7. J'ai d'excellent vin de Malaga et de Canarie ; mais je vous réponds que je ne l'enverrai pas à mon évêque, Voltaire, Disc. phil. Scoliaste. S'il est vrai que je sache un secret, je puis vous répondre qu'il ne me regarde point, Genlis, Théât. d'éduc. la Curieuse, I, 1.

    Je ne réponds pas que, je n'assure pas que. Je ne te réponds pas qu'au retour [de l'Opéra], moins timide, Digne écolière enfin d'Angélique et d'Armide, Elle n'aille… Avec quelque Médor pratiquer ces leçons, Boileau, Sat. X. Et je ne réponds pas… Que le sénat, chargé des vœux de tout l'empire, Ne vous redise ici ce que je viens de dire, Racine, Bér. II, 2.

    Par menace, je ne réponds pas de, tant pis pour ce qui arrivera de. Je cède aux mouvements d'une juste colère, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire, Molière, Mis. IV, 3.

    Je vous en réponds, se dit familièrement pour affirmer davantage une chose. Il disait du mal du mari et de la femme ; mais du mal… je vous en réponds, Goldoni, Bourru bienf. I, 13.

    Je vous en réponds, je t'en réponds, se dit quelquefois familièrement et ironiquement, pour exprimer qu'on n'ajoute pas foi à une chose que l'on entend dire.

  • 16Aboutir en quelque endroit. Ma galère est au port toute prête à partir ; Le palais y répond par la porte secrète, Corneille, Nicom. V, 5. Entretenir ce soir cet amant sous mon nom Par la petite rue où ma chambre répond, Molière, École des maris, III, 2. Le nerf qui répondait au pied et à la jambe, Bossuet, Conn. III, 6.

    Le bruit répond en tel endroit, il s'étend jusque-là, il y retentit.

    On dit en ce sens : La sonnette répond dans cette pièce, dans ces deux chambres.

  • 17Se faire sentir par une communication. Il s'est blessé au pied, et la douleur lui répond au genou.
  • 18Correspondre d'une manière symétrique, avec proportion. L'aile droite de ce bâtiment ne répond pas à l'autre.

    Se répondre, être en symétrie, en conformité. Ces deux pavillons se répondent très bien.

    Fig. Ce sont deux actes [la demande à Dieu et l'action de grâce] qui se répondent l'un à l'autre, Bossuet, Ét. d'orais. IV, 12.

    Répondre se dit d'objets qui sont placés vis-à-vis les uns des autres. À l'épaisseur d'un fil de soie sur cet instrument [lunette], il répond dans le ciel des millions de lieues, Fontenelle, Cassini. Dans les mesures astronomiques prises sur la terre, deux lignes répondent à des espaces immenses dans le ciel, Voltaire, Dict. phil. Économie. De là vient [de la précession] que le soleil, au lieu d'être dans la partie du ciel où était le Bélier du temps d'Hipparque, se trouve répondre à cette partie du ciel où sont les Poissons, Voltaire, Dict. phil. Newton et Desc. En réfléchissant sur la forme des collines dont les angles saillants répondent toujours aux angles rentrants des collines opposées, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor. terr. Œuv. t. IV, p. 412. Comme les oscillations de l'air finiraient en fort peu de temps, si le soleil répondait toujours au même endroit de la terre…, D'Alembert, Caus. gén. des vents, Œuv. t. XIV, p. 22, dans POUGENS.

    Être le représentant, l'équivalent d'une chose. L'âge où Racine produisit Athalie répond précisément à l'âge où Corneille produisit Œdipe, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 385, dans POUGENS. Démosthène, réfugié dans l'île de Calaurie, est forcé de se donner la mort, le 16 pyanepsion, qui répondait au 12 novembre, selon le cycle de Callippe, et d'après l'ordre des mois attiques, 322 ans avant J. C. Barthélemy, Anach. t. VIII, Table 1.

  • 19Être égal, s'accorder avec. Ma générosité doit répondre à la tienne, Corneille, Cid, III, 4. C'est une croyance assez générale que cette pièce pourrait passer pour la plus belle des miennes, si les derniers actes répondaient aux premiers, Corneille, Hor. Examen. Encor que le pouvoir au désir ne réponde, Nos hôtes agréeront les soins qui leur sont dus, La Fontaine, Phil. et Bauc. Je ne sais, ajouta-t-il, s'il y a dans une langue un mot qui réponde parfaitement à un mot d'une autre langue, Opusc. lang. franç. p. 316, dans POUGENS. Mon crédit ne répond pas à mes bonnes intentions, Sévigné, 128. Voyons si les effets répondront aux paroles, Th. Corneille, Berger extrav. II, 5. Les succès ne répondaient pas à son attente, Bossuet, Hist. I, 11. Le reste répondait à cette magnificence, Bossuet, ib. II, 4. Ce qui n'est pas éternel ne répond ni à la majesté d'un Dieu éternel, ni aux espérances de l'homme, à qui il a fait connaître son éternité, Bossuet, ib. II, 6. Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu, Que le début, la fin répondent au milieu, Boileau, Art p. I. Ils [Annibal, Philopémen et Scipion] terminèrent tous trois leur vie hors de leur patrie par un genre de mort qui répondait peu à la gloire de leurs actions, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 503, dans POUGENS. Il est certain que sa fortune ne répondait pas à sa naissance, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 184, dans POUGENS. Je vois que vos sentiments répondent à votre physionomie, Marivaux, Pays. parv. 2e part. Il s'en faut bien que le plumage de cet oiseau [le rossignol] réponde à son ramage, Buffon, Ois. t. IX, p. 159. L'effet répond ici parfaitement à la cause, Buffon, Hist. anim. X. Au discours de Vénus jusqu'ici tout répond, Delille, Én. I.
  • 20 Terme de manége. Répondre aux aides, être sensible aux appels du cavalier et y obéir.
  • 21Se dit de l'état de la graine des vers à soie, lorsque les premiers vers commencent à paraître Cette graine répond.
  • 22 Terme de pratique vieilli. Se répondre, v. réfl. Pouvoir être répondu, être susceptible de réponse.

PROVERBES

Qui répond paye, on fait payer les cautions, les répondants.

Il ressemble le prêtre Martin, il chante et il répond, se dit quand un homme exécute lui-même ce qu'il a proposé.

HISTORIQUE

XIe s. N'i ad paien ki un sul mot respundet, Ch. de Rol. II. Granz trente liwes l'oïrent il respundre [le cor de Rolant], ib. CXXXI. [Du bruit] Sunent li munt e respondent li val, ib. CLIV.

XIIe s. Et respont l'empereres : jel vous pri doucement, Sax. XX.

XIIIe s. Et l'ame, que deviendra quoi ? Chascun respondera pour soi ; Prisié n'i seront avocat, Ne plus que la queue d'un chat, Les vers du monde. L'avoir n'est preus fors por despendre : Ce ne sevent il pas entendre, Ains vuelent tuit à ce respondre, Qu'avoir n'est preus fors por repondre [cacher], la Rose, 5186. Bel-Acueil ne sot que respondre, ib. 3564. Si semble il par fois que tu veuilles Que je te responde folie, ib. 7031. Car quant plus chascun [Néron] apela, Chascuns plus s'enclost et cela ; Ne nus [nul] ne li volt mot respondre, ib. 6458. Por ce que ses peres ou si devancier les aroient mal aquises, il convenroit qu'il en respondit por tant qu'il en seroit venu à li, Beaumanoir, VII, 8. Si commença, mais, se la fins Respondist au commencement, Dex li falist son argument, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 1.

XIVe s. Par le dit procureur, deuement conseillé seur les choses dessus dites, respondi [répondu] fut, Ordonn. des rois, t. II, p. 209. Quant respondre me convenoit, Ce qu'à la bouche me venoit, En aventure responnoie, Ovide, Descarte, ms. St-Germ. f° 96, dans LACURNE.

XVe s. Aucuns esbats qui estoyent devant la porte du chastel, et qui respondoient à la maison, Froissart, I, I, 50. Repondit l'evesque : Nous aurons conseil de vous repondre, et vous en serez repondus le matin, Froissart, II, II, 207.

XVIe s. Qui [ce qui] est souvent, et j'en repons, Pour les mauvais laisser les bons, Marot, IV, 195. Si respondant voulez, je le veux bien, Mon cœur respond et se met en ostaige, Marot, VI, 267. Là par la religieuse du temple luy fut respondue ceste prophetie tant renommée…, Amyot, Thés. 4. Le mois que les Aegyptiens appellent pharmuti, repond au mois d'avril, Amyot, Rom. 18. Tantost après il montra que les effects respondoient aux paroles du serment, Amyot, Publ. 3. Crassus le delivra en respondant pour luy de la somme de huit cents trente talents, Amyot, Crassus, 12. Qui respond paye, Amyot, Mauv. honte, 5. Comment respondre des pensées de personnes incogneues ? Montaigne, I, 103. Il n'a recueilly aulcuns fruicts respondants à une si exquise culture, Montaigne, I, 195. Je ne sçais si je me puis respondre, que il ne se face pas à l'advenir quelque aultre descouverte, Montaigne, I, 230. Faire respondre sa vie à sa doctrine, Montaigne, III, 126. Ils se precipiterent en la mer par une fenestre dè leur logis qui y respondoit, Montaigne, III, 179. Que si en France nous eussions eu un Tite Live, il n'y eust entre les histoires romaines exemple ou vertueux fait auquel n'eussions un respondant, Du Bellay, M. Prologue. Qui mal entend mal respond, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Wallon, respond ; provenç. respondre ; catal. respóndrer ; espagn. responder ; ital. respondere ; du lat. respondere, de re, et spondere, promettre (voy. ÉPOUX). Plusieurs peuples romans ont dit respondĕre, d'où respondre, non peut-être sans confusion avec reponere, qui avait donné repondre.