« rouler », définition dans le dictionnaire Littré

rouler

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rouler

(rou-lé) v. a.
  • 1Faire avancer une chose en la faisant tourner sur elle-même. Rouler des pierres du haut d'une montagne. Rouler une boule. N'examinons donc plus la justice des causes, Et cédons au torrent qui roule toutes choses, Corneille, Pomp. I, 1. De même que… les rivières qui arrosent la surface de la terre ont toutes cela de commun qu'elles viennent d'une petite origine ; que, dans le progrès de leur course, elles roulent leurs flots en bas par une chute continuelle…, Bossuet, Gorn. De ces flots confondus [une foule] le flux impétueux Roule et dérobe Égisthe et sa mère à mes yeux, Voltaire, Mér. V, 6. Les dehors [de Larisse] sont embellis par le Pénée, qui roule auprès de ses murs des eaux extrêmement claires, Barthélemy, Anach. ch. 35. Ces pas, ces voix, ces cris, cette rumeur immense Seront déjà rentrés dans l'éternel silence ; Les générations rouleront d'autres flots, Lamartine, Harm. I, 10. Il [le fleuve] va, grand, mais troublé, déposant un vain nom, Rouler au sein des mers sa gloire et son limon, Lamartine, ib. II, 12. Là, pour marquer la place où vous m'allez coucher, Roulez de la montagne un fragment de rocher, Lamartine, ib. III, 2.
  • 2 Populairement. Rouler carrosse, avoir un carrosse à soi. Je devrais faire dans Paris une autre figure ; je devrais rouler carrosse, ma chère dame, Lesage, Turcaret, IV, 12.

    Mme de Genlis, Mém. V, p. 91, édit. de 1825, a blâmé rouler carrosse comme une expression née dans la Révolution ; cette expression est bien plus ancienne.

    Rouler un tour, deux tours, faire, en tombant, un, deux tours sur soi-même. Si quelqu'un m'assurait que je ne me ferais point de mal [en versant], je ne haïrais pas à rouler quelquefois cinq ou six tours dans un carrosse ; cette nouveauté me divertirait, Sévigné, 19 août 1671.

    Rouler un étage, tomber du haut d'un étage en roulant de degré en degré. Ce garçon qui est tout froissé, qui a roulé un étage, je m'étonne qu'il ne soit pas au lit, Marivaux, le Legs, sc. 14.

    Fig. Rouler doucement sa vie, passer sa vie dans une fortune médiocre.

    Rouler sa vie comme on peut, mener une vie assez pauvre, assez malheureuse.

  • 3Rouler les yeux, les tourner de côté et d'autre avec violence ou affectation. Il mange haut et avec grand bruit, il roule les yeux en mangeant, La Bruyère, XI. Roulant tour à tour sur les objets qui l'environnent des regards troublés et confus, où l'amour et la haine, l'indignation et la pitié se combattent et se succèdent, Marmontel, Cont. mor. Lausus et Lydie.
  • 4Rouler sa voix, faire des roulades, des roulements de voix. L'un [chat] miaule en grondant comme un tigre en furie ; L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie, Boileau, Sat. VI.
  • 5 Fig. Agiter en diverses manières quelque chose en son esprit. Des rivaux de Léon il est le plus jaloux, Et roule des projets qu'il ne dit pas à tous, Corneille, Pulch. II, 3. Il prenait des mesures secrètes pour le grand dessein qu'il roulait dans son esprit, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 333, dans POUGENS. Le cœur plein de ressentiment, et roulant dans son esprit mille projets de vengeance, Lesage, Diabl. boit. 5. Je roulais dans ma tête une épître à l'humanité, Voltaire, Lett au Pr. roy. de Pr. octobre 1738.
  • 6Plier en rouleau. Rouler un tableau, une carte de géographie, une pièce d'étoffe. Mais sous l'aquilon qui les roule [les nuages] En mille plis capricieux…, Lamartine, Harm. I, 10.

    En chirurgie, rouler une bande, la plier en rond sur elle-même.

    Rouler une bande autour d'un membre, recouvrir en spirale de tours de bande une partie.

  • 7Arrondir le plomb dans le moulin, en l'y remuant avec vitesse.
  • 8 Fig. et populairement. Duper, mystifier, battre. Notre homme fut si bien roulé qu'il ne reparut plus. Toute une révolution s'était faite dans le goût public ; le bourgeois, longtemps roulé par le rapin, l'avait roulé à son tour, Asselineau, Mélang. tirés d'une petite biblioth. romantique, p. 40.
  • 9 V. n. Avancer en tournant sur soi-même ; se dit au propre d'un corps rond comme une roue, un cylindre, qui s'avance sur un plan, et, au figuré, de tout ce que l'on y compare, comme les eaux qui cheminent, la vie qui passe, etc. L'abondance des pleurs roulant sur mon visage A fait évanouir cette funeste image, Tristan, M. de Chrispe, III, 1. Tellement qu'il [le sang dans les artères] est forcé, par le nouveau sang qui survient sans cesse, d'aller toujours en avant et de rouler sans fin par tout le corps, Bossuet, Connaiss. II, 8. Tous les hommes commencent par les mêmes infirmités ; dans le progrès de leur âge, les années se poussent les unes les autres comme des flots ; leur vie roule et descend sans cesse à la mort par sa pesanteur naturelle, Bossuet, Gornay. L'autre esquive le coup, et l'assiette volant S'en va frapper le mur, et revient en roulant, Boileau, Sat. III. Un torrent débordé, qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux, Boileau, Art p. I. [Deux champions frappés par un infortiat] … du bois et des clous meurtris et déchirés, Longtemps loin du perron roulent sur les degrés, Boileau, Lutr. V. Noricus à ses pieds roule en se débattant, Saurin, Spartacus, V, 9. Déjà dans les chemins les cailloux commençaient à rouler après moi, lancés cependant encore d'un peu trop loin pour pouvoir m'atteindre, Rousseau, Confess. XI. Pour Julie, je remarquai que les larmes lui roulaient aussi dans les yeux, mais qu'elle n'osait pleurer de peur de nous alarmer davantage, Rousseau, Hél. VI, 11. Ainsi l'ancre s'attache où paissaient les troupeaux, Ainsi roulent des chars où voguaient des vaisseaux, Delille, Hom. des ch. III. Mais quand le char funèbre a roulé dans la ville, Chénier M. J. Tibère, I, 3. Tandis que la foule Autour de lui roule, Satan joyeux foule L'autel et la croix, Hugo, Odes, la Ronde du Sabbat.

    Il fait beau rouler, le chemin est uni, commode pour les voitures, pour le charroi.

    Nous roulâmes toute la nuit, nous fîmes route en voiture durant toute la nuit.

  • 10 Terme d'imprimerie. Une presse roule lorsqu'elle est en pleine activité.

    Fig. Faire rouler la presse, faire imprimer des ouvrages.

  • 11Il se dit du mouvement circulaire apparent du ciel et des astres. Le soleil roule dans les cieux d'un mouvement éternel, Bossuet, 1er serm. Conception, I. Un philosophe vous dira en vain que vous devez être rassasiés d'années et de jours, et que vous avez assez vu les saisons se renouveler et le monde rouler autour de vous, Bossuet, le Tellier. Jupiter et Saturne roulent dans ces espaces immenses, Voltaire, l'Ingénu, II.
  • 12Il se dit de portes qui tournent. D'un formidable bruit le temple est ébranlé, Tout à coup sur l'airain ses portes ont roulé, Delavigne, Vêp. sicil. V, 2. En effet, des cachots la porte à grand bruit roule, Hugo, Odes, I, 4.
  • 13Il se dit du mouvement violent et égaré des yeux. Les yeux lui roulaient dans la tête. Toutes ses grâces étaient effacées : ses yeux éteints roulaient dans sa tête et jetaient des regards farouches, Fénelon, Tél. VIII.
  • 14 Terme de marine. En parlant d'un navire, se mouvoir de droite à gauche et de gauche à droite, autour de sa quille, de telle façon que les deux plans s'immergent alternativement. Ce vaisseau roule beaucoup.

    Nous roulâmes toute la nuit, notre vaisseau roula toute la nuit.

  • 15 Terme de manége. Rouler à cheval, éprouver des déplacements sur le cheval, bien qu'il ne fasse que des mouvements très ordinaires.
  • 16Errer sans s'arrêter. En toutes les neuf années suivantes, je ne fis autre chose que rouler çà et là dans le monde, tâchant d'y être spectateur plutôt qu'acteur en toutes les comédies qui s'y jouent, Descartes, Méth. III, 6.

    Fig. Alors, de son destin sentant toute l'horreur, Son cœur tumultueux roule de rêve en rêve, Delille, Imag. IV.

  • 17Passer, en parlant du temps, de la vie. Douze lustres et plus ont roulé sur ta vie, La Fontaine, Poés. mêl. LXIX. Un philosophe vous dira en vain… que vous vous êtes assez vus rouler vous-mêmes et passer avec le monde, Bossuet, Le Tellier.
  • 18Il se dit des bruits qui se prolongent. Chemin faisant, nous crûmes entendre rouler le tonnerre, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie. Les bruits majestueux qui roulent Du sein orageux des cités, Lamartine, Harm. I, 10. Ces accents, ces soupirs animés par la foi, Vont… Roulant de monde en monde, Retentir jusqu'à toi [Dieu], Lamartine, ib. I, 2.

    Roulez, tambours ! commandement de battre le tambour.

  • 19En parlant des choses, des événements, aller. Pensez-vous faire croire, à voir comme tout roule, Que votre seul mérite attire cette foule ? Molière, Mis. III, 5.
  • 20 Fig. Rouler sur l'or et sur l'argent, être fort riche. Pourquoi ! cette demande est bonne, maintenant Que vous allez rouler dessus l'argent comptant, Regnard, le Bal, 13. Tu paraissais bien moins compatissant, Quand tu roulais sur l'or et sur l'argent, Voltaire, Enfant prod. III, 2.

    L'argent roule dans ce pays, l'argent circule dans le commerce, il passe fréquemment d'une main à l'autre. Qu'on juge du peu d'argent qui roulait dans un royaume tel que la France, Voltaire, Mœurs, 84. Il n'est point de ces magnifiques seigneurs qui d'un trait de plume peuplent Paris d'un million d'habitants, et vous font rouler quinze cents millions d'espèces sonnantes dans le royaume, Voltaire, l'Homme au quarante écus, Lett. La vente de la royauté est devenue en Pologne la plus grande source de l'argent qui roule dans l'État, Voltaire, Mœurs, 119.

    L'argent roule dans cette maison, l'argent y est en abondance. On voit rouler chez vous tout l'or de la Castille, Chapelain décoiffé, dans les œuvres de Boileau. L'argent y roule, et on commence à en convenir, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 7 avril 1685. Je ne m'étonne plus si céans l'argent roule, Et si des emprunteurs il attire la foule, Destouches, Dissip. II, 1.

  • 21 Fig. Être agité par l'esprit. Cent sortes de chagrins me roulent par la tête, Molière, le Dép. II, 6. Assurément quelque chose d'extraordinaire lui roule dans l'esprit, Boursault, Lett. nouv. t. II, p. 418, dans POUGENS. Pendant que ces pensées roulaient dans mon esprit, Fénelon, Tél. II. Déjà dans mon cerveau roule un épithalame, Piron, Métrom. II, 11.
  • 22 Fig. Avoir pour sujet, pour objet, pour base. Vous êtes si vive au milieu de nos cœurs, ma chère fille, et toutes nos actions, nos pensées roulent si fort sur vous…, Sévigné, 22 déc. 1688. Toutes les conversations avec son Éminence [Retz] qui ont toujours roulé sur dire que vous aviez de l'aversion pour lui… voilà ce qui cause ses agitations, et sur quoi roulent toutes ses pensées, Sévigné, à Mme de Grignan, t. V, p. 517, éd. RÉGNIER. Elle [la réforme] roulait principalement sur deux points, sur celui de la justification et sur celui de l'eucharistie, Bossuet, Var. IX, 1. Comme la religion et le gouvernement politique sont les deux points sur lesquels roulent les choses humaines, Bossuet, Hist. Dessein général. Les affaires qui roulent sur l'argent ont toujours quelque chose de sale, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 25 juin 1684. Il y a peu de règles générales et de mesures certaines pour bien gouverner ; l'on suit les temps et les conjonctures, et cela roule sur la prudence et sur les vues de ceux qui règnent, La Bruyère, X. Les critiques qui se font aux enfers doivent être plus solides, il faut qu'elles roulent sur les choses et non pas sur les mots, Fontenelle, Jug. de Plut. Qui de nous, à juger des mœurs anciennes par les nôtres, s'attendrait à voir rouler les propos de table parmi de grands guerriers, non-seulement sur des affaires de politique, mais sur des matières d'érudition ? Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 390, dans POUGENS. Nos mœurs jusqu'ici n'ont peut-être roulé que sur ces tristes alternatives de repentir et de crimes, Massillon, Carême, Inconst. Si cette incertitude ne roulait que sur l'heure, sur le lieu ou sur le genre de votre mort, Massillon, Carême, Mort. Il y a quatre épîtres de faites ; voilà les deux premières : l'une roule sur l'égalité des conditions ; l'autre, sur la liberté, Voltaire, Lett. au Pr. roy de Pr. 23 janv. 1738. L'ancien adage : On ne doit appeler personne heureux avant la mort, semble rouler sur de bien faux principes, Voltaire, Dict. phil. Heureux. Son chant [d'un oiseau] n'est ni varié ni brillant, il ne roule que sur quatre ou cinq notes, Buffon, Ois. t. X, p. 12. La conversation ne roula d'abord que sur des choses absolument indifférentes, Genlis, Vœux téméraires, t. III, p. 5, dans POUGENS.

    Tout roule là-dessus, c'est là le point principal, l'affaire principale dont tout le reste dépend. Tout roula sur ce point, Sévigné, 403. En promettant de tout définir, on a seulement oublié les mots sur lesquels on convient que tout roulait, Bossuet, Préf. sur l'instr. de M. de Cambrai, IV, 44.

    L'affaire roule sur lui, il en est principalement chargé, ou il y a la principale influence. M. le Duc pleura ; c'était sur Vatel [qui venait de se tuer] que roulait tout son voyage de Bourgogne, Sévigné, 26 avr. 1671. N'aviez-vous pas Tortenson, Bannier et le duc de Weimar, sur qui tout roulait ? Fénelon, Dial. des morts mod. Richelieu, Oxenstiern. Les grandes affaires qui avaient roulé sur lui, Mairan, Élog. du cardin. de Polignac. C'est sur lui [le bœuf] que roulent tous les travaux de la campagne, Buffon, Quadrup. t. I, p. 184.

    Tout roule sur lui dans cette maison, il y est chargé de toutes les affaires. Je vois avec plaisir que tout roule sur moi, et qu'à tous les instants je suis nécessaire, Montesquieu, Lett. pers. 9.

  • 23 Fig. Avoir alternativement un service à faire, une fonction à remplir, en parlant de personnes qui se remplacent. Le roi a réglé que, partout où il y aura plusieurs maréchaux de France, l'ancien commandera, sans rouler avec les autres, comme on l'avait fait jusqu'ici, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 384. Un jour que Varron commandait, car le commandement roulait de jour à autre entre les deux consuls, tout se prépara au combat des deux côtés [bataille de Cannes], Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. I, p. 433, dans POUGENS. Ces maréchaux en second n'étaient proprement à l'armée que des lieutenants généraux qui ne roulaient point avec les autres, Saint-Simon, 6, 76.
  • 24 Fig. et familièrement. Subvenir à ses dépenses. Pour l'argent, mon frère en veut bien payer 2000 livres… après cela, roulez doucement ; on ne prétend pas que vous diminuiez ce qui est essentiel, Bossuet, Lett. quiét. 396 (à son neveu, à Rome). Mon père… En mourant me laissa, pour rouler et pour vivre, Un revenu léger et son exemple à suivre, Boileau, Ép. V. Il ne laissa pas de rouler encore, tant par le crédit qu'on lui fit, que par quelques pistoles qu'il emprunta, Lesage, Diable boit. 20. Ces sortes de poëmes entraînent la multitude, entretiennent le luxe des comédiens, et font rouler tout doucement les auteurs, Lesage, Gil Bl. II, 9. On s'accoutume, on roule, et l'on pousse la vie ; On va, l'on vient, on voit, on babille, on se plaint, Lachaussée, Préj. à la mode, V, 3.

    Le revenu de sa terre, de son emploi roule, bon ou mal an, entre telle ou telle somme, il monte à une somme moyenne entre telle et telle somme.

  • 25Circuler, être répandu. Il y a un mois que la défaite de M. de Schomberg roule en ce pays… on la croit fausse, Sévigné, 26 oct. 1689.
  • 26Se rouler, v. réfl. Se tourner de côté et d'autre étant couché. De rage et de douleur le monstre bondissant Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant, Se roule, et leur présente une gueule enflammée, Racine, Phèd. V, 6. Je me roulais de désespoir sur le sable du rivage comme un insensé, Fénelon, Dial. des morts anc. Achille, Chiron. Ils se roulaient dans la poussière, déchirant leurs habits, et ne s'expliquant que par des gémissements et des sanglots entrecoupés, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. Ier, p. 533. Il fut blessé en plusieurs endroits, et même renversé par le loup, avec qui il se roula longtemps sur la terre, Marivaux, Pays. parv. 4e part. Ils [les lutteurs] se dépouillèrent de tout vêtement, et, après s'être frottés d'huile, ils se roulèrent dans le sable, afin que leurs adversaires eussent moins de prise en voulant les saisir, Barthélemy, Anach. ch. 36. Quand il s'est dans ses nœuds roulé comme un reptile, Hugo, Orientales, Mazeppa.

    Fig. Il se roule dans ses propres horreurs ; il se tourmente, il s'agite pour fuir la mort qui le saisit, Massillon, Avent, Mort du péch.

    PROVERBE

    Pierre qui roule n'amasse pas de mousse, il faut être constant dans une profession pour y faire fortune.

HISTORIQUE

XIIIe s. [Sisyphe] Ou rolera la mole à terre De la roche, et puis l'ira querre, Et de rechief la rolera, Ne jamès jor ne cessera, la Rose, 19495. Cele nuit sejornerent François en la cités, Si ont burnis les elmes, les haubers ont rollés, Ch. d'Ant. III, 584.

XVe s. Ha ! ribault, es-tu là ? tu me fais desplaisir, mais je te rollerai [battrai], Du Cange, roilla.

XVIe s. Mon Daurat, nos ans coulent Comme les eaux qui roulent D'un cours sempiternel, Ronsard, 482. Pour bien bander, il faut que la bande soit roulée estroittement, Paré, XII, 2. La force de tout conseil gist au temps ; les occasions et les matieres roulent et changent sans cesse, Montaigne, III, 269.

ÉTYMOLOGIE

Bourguign. rôlai ; wallon, rôlé ; Berry, roler, roller ; provenç. rolar, rotlar ; catal. rotolar ; espagn. rollar ; portug. rolar ; ital. rotolare ; du bas-lat. rotulare ; du lat. rotulus (voy. RÔLE). Il y avait aussi un verbe rueler, roeler, de même sens : L'anme de tes enemis iert [sera] ruelée e turnée cume la pierre de frunde, Rois, p. 100. Mais celui-ci a une autre origine, à savoir rotella, petite roue, d'où rouelle et rueler, roeler.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ROULER. Ajoutez :
27Opérer la roulaison des cannes à sucre. Les cannes à sucre sur les plantations noyées [de la Havane] se pourriront et ne pourront être roulées… sur plusieurs plantations on commencera ce mois-ci à rouler les cannes, et dans les environs de Matause la roulaison commencera le 15, Journ. offic. 30 nov. 1876, p. 8835, 3e col.
28 Populairement, rouler sa bosse, courir le pays, les pays. Il a roulé sa bosse dans les quatre parties du monde.