« si », définition dans le dictionnaire Littré

si

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

si [1]

(si) conj.
  • 1En cas que, pourvu que, supposé que. Il viendra s'il fait beau. Si on vous dit que je ne suis pas votre ami, ne le croyez pas. J'ai cru qu'il ne serait pas contre le devoir d'un philosophe, si je faisais voir…, Descartes, Épit. Si nous ouvrons un peu les yeux, et si nous considérons la suite des choses, ni ce crime des Juifs ni son châtiment, ne pourront nous être cachés, Bossuet, Hist. II, 8. Le bien qu'on fait n'est jamais perdu : si les hommes l'oublient, les dieux s'en souviennent et le récompensent, Fénelon, Tél. XXIV. Philippe, irrité, répliqua : Si j'entre dans la Laconie, je vous en chasserai tous. Ils lui répondirent : Si, Barthélemy, Anach. ch. 82.

    Elliptiquement. Il parle comme s'il était le maître (comme il parlerait s'il était…) Il est plus content que si on lui donnait un trésor (qu'il ne serait content si on…)

  • 2Si gouverne l'indicatif : S'il venait, il me ferait plaisir ; s'il était venu, je l'aurais su.

    Cependant on peut mettre aussi le plus-que-parfait du subjonctif au lieu du plus-que-parfait de l'indicatif : S'il fût venu, je l'aurais su. Sage s'il eût remis une légère offense, La Fontaine, Fabl. IV, 13. Si vous fussiez venue à Vichy et de là ici, c'était une chose naturelle, Sévigné, 294. Si l'on eût fait cette question [sur Dieu] aux gens du peuple, ils n'auraient su que répondre ; si à des étudiants, ils auraient parlé sans s'entendre, Voltaire, Mœurs, Circonc. Si tu fusses tombée en ces gouffres liquides, Chénier, Élég. Amymone.

    Si ne prend ce subjonctif qu'avec les verbes auxiliaires : Si je vous eusse trouvé, ou si vous avais trouvé ; si j'y fusse allé, ou si j'y étais allé.

  • 3Il y a quelques exemples de si avec le conditionnel. Que te sert de percer les plus secrets abîmes Où se perd à nos sens l'immense Trinité, Si ton intérieur, manquant d'humilité, Ne lui saurait offrir d'agréables victimes ! Corneille, Imit. I, 1. Si vous auriez de la répugnance à me voir votre belle-mère, je n'en aurais pas moins sans doute à vous voir mon beau-fils, Molière, l'Avare, III, 11. Il est utile de le lire de suite [un ouvrage]… et, si l'on y désirerait plus de solidité et de profondeur, on peut profiter beaucoup en le lisant…, D'Aguesseau, Instit. sur l'étude et les exerc. propres à former un magistr.

    Cette tournure a vieilli ; cependant elle serait encore de mise en certains cas, par exemple dans la phrase de d'Aguesseau.

  • 4Au lieu de répéter le si, on peut se servir de que avec le subjonctif. Observe que, bien qu'on puisse répéter le si, la manière la plus ordinaire et la plus naturelle est de se servir de que, Vaugelas. Ce serait chose plaisante si les malades guérissaient et qu'on m'en vînt remercier, Molière, D. Juan, III, 1. Si Babylone eût pu croire qu'elle eût été périssable comme toutes les choses humaines, et qu'une confiance insensée ne l'eût pas jetée dans l'aveuglement…, Bossuet, Hist. III, 4.

    Quand la construction est négative, au lieu d'un second si, ou de son remplaçant que, on peut mettre ni. Si on n'aimait pas les justes, ni on ne les protégeait pas pour eux-mêmes, il les faudrait protéger pour le bien public, Bossuet, Méd. sur l'Évang. Dern. sem. du Sauveur, 83e jour.

  • 5Si peut se répéter devant deux substantifs. Et je serais heureux, si la foi, si l'honneur, Ne me reprochaient point mon injuste bonheur, Racine, Bajaz. III, 4.

    On peut mettre le verbe au singulier, si les deux substantifs sont pris dans un sens disjonctif : Si votre père, si votre mère vient à mourir, c'est-à-dire si votre père meurt, ou si votre mère meurt ; c'est l'un des deux substantifs qui est sujet. Mais on dira : Si l'amour, si la reconnaissance m'attachent à vous, parce que ces deux choses existent ensemble et que les deux substantifs sont le sujet complexe de la proposition.

  • 6Si, dans une construction elliptique où il n'y a pas de membre principal, exprime une sorte de souhait. Si j'arrondissais mes États ! Si je pouvais remplir mes coffres de ducats ! Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire ! Tout cela c'est la mer à boire, La Fontaine, Fabl. VIII, 25. Encore s'il eût plu à Dieu de lui conserver ce goût sensible de la piété qu'il avait renouvelé dans son cœur au commencement de sa pénitence ! Bossuet, Anne de Gonz. Encor si ce banni n'eût rien aimé sur terre ! Hugo, Crépuscule, 5.

    Dans une construction semblable, il exprime quelquefois une forte affirmation et comme une sorte d'indignation de ce qu'on met la chose en doute. Comment, coquine, si je suis malade, si je suis malade, impudente ! Molière, Mal. imag. I, 5. Albert : Vous avez donc guéri de ces maux quelquefois ? - Crispin : Moi ? si j'en ai guéri ! ah ! vraiment je le crois, Regnard, Fol. amour. III, 7. Quoi ! vous regrettez Minutolo ? - Isabelle : Si je le regrette ! Lamotte, Minutolo, sc. 14. Vous vous en souvenez ? - Si je m'en souviens ! Brueys, Avoc. Pat. I, 6. Zaïre, vous m'aimez ? - Dieu ! si je l'aime, hélas ! Voltaire, Zaïre, IV, 2.

    Ah si !… avec une suspension, exprime un souhait qu'on ne veut ou n'ose exprimer. Ils s'aiment jusqu'au bout, malgré l'effort des ans ; Ah ! si… mais autre part j'ai porté mes présents, La Fontaine, Phil. et Bauc.

  • 7Avec si on peut quelquefois sous-entendre un verbe antécédent. Je ne puis dire assurément quand je partirai d'ici, si dans un mois, dans deux ou dans trois, Voiture, Lett. 25. Vous m'aimez, je l'ai su de votre propre bouche ; Je l'ai su de Dorante, et votre amour me touche, Si trop peu pour vous rendre un amour tout pareil, Assez pour vous donner un fidèle conseil, Corneille, Suite du Ment. V, 5. Si l'on considère son ouvrage incontinent après l'avoir fait, on en est encore tout prévenu ; si trop longtemps après, on n'y entre plus, Pascal, Pens. III, 2 bis, édit. HAVET. Si j'épouse une femme avare, elle ne me ruinera point ; si une joueuse, elle pourra m'enrichir ; si une savante, elle pourra m'instruire ; si une prude, elle ne sera point emportée ; si une emportée, elle exercera ma patience ; si une coquette, elle voudra me plaire ; si une galante, elle le sera peut-être jusqu'à m'aimer, La Bruyère, III. Chacun peut écrire chez nous [Anglais] ce qu'il pense, à ses risques et périls ; c'est la seule manière de parler à sa nation ; si elle trouve que vous avez parlé ridiculement, elle vous siffle ; si séditieusement, elle vous punit ; si sagement et noblement, elle vous aime et vous récompense, Voltaire, Dial. XXIV, 9. Vous êtes digne ou indigne de la grâce que vous implorez ; si digne, il [Dieu] le sait mieux que vous ; si indigne, on commet un crime de plus en demandant ce qu'on ne mérite pas, Voltaire, Dict. phil. Prières.

    Sur cette construction, Condillac remarque : La Bruyère paraît aimer ce tour, et en fait usage assez souvent ; mais il ferait encore mieux de supprimer les si et de dire : si j'épouse, Hermas, une femme avare, elle ne me ruinera pas ; une joueuse, elle pourra m'enrichir, Art d'écr. I, 10. La construction conseillée par Condillac est bonne sans doute ; mais l'autre est meilleure.

  • 8Si admet aussi d'autres ellipses de verbes. M. le Prince avait convié plusieurs gentilshommes à son ballet ; mais ils s'en excusèrent ; si par faute d'argent ou pour autres considérations, c'est à vous à le deviner, Malherbe, Lett. à Peiresc, 13 févr. 1615. Tessé fut déclaré plénipotentiaire du roi à Rome avec pouvoir de prendre le titre d'ambassadeur si et quand il le jugerait à propos, Saint-Simon, 207, 34.
  • 9Si s'emploie pour exprimer non une supposition, mais une chose certaine. Si je suis gai, c'est que j'en ai le sujet ; cela veut dire : je suis gai et j'en ai sujet. S'il est pauvre, faut-il le mépriser ? Comment oses-tu dire que tu es de noble race, si tu es le plus traître de tous les hommes ? Scarron, Rom. com. II, 14. Si la lune est pesante à la manière des corps terrestres ; si elle est portée vers la terre par la même force qui les y porte ; si, selon l'expression de M. Newton, elle pèse sur la terre, la même cause agit dans tout ce merveilleux assemblage de corps célestes, Fontenelle, Newton.
  • 10D'autres fois si marque opposition. Si la vie et la mort de Socrate sont d'un sage, la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu, Rousseau, Ém. VI.
  • 11S'il le fut, si jamais il le fut, et autres locutions de ce genre équivalent au superlatif. Ce chasseur perce donc un gros de courtisans, Plein de zèle, échauffé, s'il le fut de sa vie, La Fontaine, Fabl. XII, 12.
  • 12Et, ou si quelque autre chose… et, ou si rien…, se disent pour exprimer en bloc tout ce qu'on ne veut pas énumérer. Un torrent, ou s'il est rien de plus impétueux. Elle redevient rose, Œillet, aurore, et si quelque autre chose De plus riant se peut imaginer, La Fontaine, Abbesse.
  • 13Que si s'emploie quelquefois au commencement des phrases pour si. Que si vous m'alléguez cette raison, je dirai… voy. QUE 2, n° 18.
  • 14Combien. Vous savez si je vous aime.
  • 15Si construit de façon que le membre de phrase qu'il gouverne, joue le rôle de substantif composé. Tout ce que je lui demande [à M. de Grignan], c'est de conserver votre cœur et le mien… songez que je recevrai comme une grâce s'il m'oblige à l'aimer toujours, Sévigné, à Mme de Grignan, 13 oct. 1673.
  • 16Il marque le doute, l'interrogation. Je ne sais s'il est arrivé. Je doute si vous viendrez à bout de cette affaire. Dites-moi si vous irez là. Je laisse au jugement de mes auditeurs si je me suis assez bien acquitté de ce devoir pour justifier par là ces deux scènes, Corneille, Cid, exam. Et je remets, madame, au jugement de tous Si qui donne à vos gens est sans amour pour vous, Et si ce traitement marque une âme commune, Corneille, Ment. IV, 8. Et je suis en suspens si, pour me l'acquérir, Aux extrêmes moyens je ne dois point courir, Molière, l'Ét. III, 2. Je suis dans l'incertitude si, pour me venger de l'affront, je dois me battre avec mon homme, ou bien le faire assassiner, Molière, Sicilien, 13.
  • 17Ou si, ou bien si, forme interrogative. Justes cieux ! me trompé-je encore à l'apparence, Ou si je vois enfin mon unique espérance ? Corneille, Cid, III, 5. Tombé-je dans l'erreur, ou si j'en vais sortir ? Corneille, Héracl. IV, 4. Avez-vous oublié que vous parlez à moi, Ou si vous présumez être déjà mon roi ? Corneille, Rod. IV, 3. Mandez-moi les sentiments de ma tante sur notre succession : veut-elle suivre mon exemple, ou si elle veut retirer ma part ? Sévigné, 27 févr. 1679. Hé bien, seigneur, hé bien trouvez-vous quelques charmes à voir couler des pleurs que font verser vos armes, Ou si vous m'enviez, en l'état où je suis, La triste liberté de cacher mes ennuis ? Racine, Alex. IV, 2. Tout genre d'écrire reçoit-il le sublime, ou s'il n'y a que les grands sujets qui en soient capables ? La Bruyère, I. A-t-elle [la loi] introduit les fidéicommis, ou si elle les tolère ? La Bruyère, XIV. Voilà, dit le chevalier, un réveil assez gai et assez bouffon ; et à qui en as-tu donc, ou si c'est aux anges que tu ris ? Hamilton, Grammont, introd. Enfin exigea-t-il vos hommages comme un tyran, ou s'il mérita votre tendresse comme un vrai père ? Massillon, Orais. fun. Villeroy, I.

    À propos des vers de Corneille cités ci-dessus : tombé-je dans l'erreur, ou si j'en vais sortir, etc. ? Voltaire dit : " Il faut : ou bien vais-je en sortir ? Il n'y a qu'un cas où ce si est admis, c'est en interrogation : si je parle ? si j'obéis ? si je commets ce crime ? On sous-entend : qu'arrivera-t-il ? qu'en penserez-vous ? " Comm. Corn. Rem. Héracl. IV, 4. Il est impossible de donner son assentiment à la critique de Voltaire. La tournure qu'il blâme est bonne en soi, et a pour elle les meilleurs auteurs.

  • 18Si tant est que, avec le subjonctif, s'il est vrai que, avec le sens d'une concession que l'on fait, sans être bien convaincu soi-même. Si tant est que la chose soit comme vous dites, il faudra…
  • 19Si ce n'est, excepté. Si ce n'est eux, quels hommes eussent osé l'entreprendre ? Il vous ressemble, si ce n'est qu'il a les cheveux plus noirs. Si ce n'est toi, c'est donc ton frère, La Fontaine, Fabl. I, 10.
  • 20Si ce n'était… sans… Si ce n'était la crainte de vous déplaire. Dans ce cas on peut supprimer si. N'était la crainte de vous déplaire, je parlerais hardiment.
  • 21Si… ne, à moins que. Si je ne me trompe.
  • 22 S. m. Un si, une objection. L'un alléguait que l'héritage Était frayant et rude, et l'autre un autre si, La Fontaine, Fabl. VI, 4. Les si, les car, les contrats sont la porte, Par où la noise entra dans l'univers, La Fontaine, Belph. Ces protestations ne coûtent pas grand'chose, Alors qu'à leur effet un pareil si s'oppose, Molière, Dép. am. II, 2. Que le diable t'emporte avec tes si et tes mais, Regnard, Ret. impr. 15. Je vous félicite d'avoir obtenu pleine et entière justice, et d'avoir été loué de vos contemporains sans si, ni mais, ni car, Diderot, Lett. à Falconet, févr. 1766. J'en ai deux autres [lettres] que, quoi que tu puisses croire, je ne changerais sûrement pas contre celles-là, quand tous les si du monde y seraient, Rousseau, Hél. VI, 2. Les si, les mais, les oui, les non, Toujours à contre-sens, toujours hors de saison, Échappent, au hasard, à sa molle indolence, Delille, Conv. II.

    On dit de même : Il a toujours des si, des mais.

  • 23Si, substantif, s'emploie populairement aussi pour marquer un défaut dans la chose dont il s'agit. Voilà un bon cheval ; il n'y a point de si. Quel si y trouvez-vous ?

    PROVERBE

    Avec un si on mettrait Paris dans une bouteille.

REMARQUE

Si perd son i devant il et ils : s'il vient, s'ils viennent. Mais il ne le perd devant aucun autre mot, par quelque voyelle que ce mot commence.

HISTORIQUE

IXe s. Si Loddwigs sagrament que son fradre Karlo jurat, conservat, Serment.

Xe s. [Elle] Volt lo seule [siècle] lazsier, si ruovet [l'ordonne] Crist, Eulalie.

XIe s. Sed il fut graim [chagrin], ne l'estut [il n'est besoin] demander, St Alexis, XXVI. S'en volt ostages [s'il en veut otages], e vos l'en enveiez, Chans. de Rol. III. Se il fust vif, je l'eüsse amenet, ib. LIII.

XIIe s. Nule chançon ne m'agrée, S'el ne vient de fine amor, Couci, I. Je chantasse volentiers liement, Se j'en trouvasse en mon cuer l'achoison [l'occasion], ib. IX. Mais je ne puis dire, se je ne ment [à moins de mentir], Qu'aie [que j'aie] d'amors nule rien se mal non, ib. Se j'avoie [quand même j'aurais] le sens qu'ot Salemons, Si me feroit Amors pour fol tenir, ib. XII. J'ai assez plus de duel [deuil] et de pesance, Que n'auroit jà li rois, s'il perdoit France, ib. XXIV.

XIIIe s. Je n'entreprendrai cestui plait ne autre, se parvos consaus non, Villehardouin, XLVIII. Je verroie tes membres et ta teste trancher, Se jamais ne devoie [quand je ne devrais jamais] en France repairer, Berte, XI. Dont doi je prendre en gré se j'ai froid et pouverte [pauvreté], ib. XXX. Ahi ! mere, fait-ele, com auriez cœur marri, Se vous saviez…, ib. LIX. Car se ne fust mal et pechiés Dont li mondes est entechiés, L'en eüst onques roi veü, Ne juge en terre congneü, la Rose, 5591.

XVe s. Si vous plait, vous nous direz quelle chose ceux de la Calongne ont dit ni fait envers vous, Froissart, II, III, 34. Fiez vous y ; à qui ? en quoy ? Comme je voy, riens n'est sans sy, Orléans, Rondeau. Brief, c'est une droicte plaisance, Que d'ouyr mignons en bancquetz ; Car en celle où l'on met l'advance, Il y a toujours sy ou mès, Coquillart, Droits nouv. Et que se ledit bastard ne se trouvoit point chargé d'avoir voulu…, que incontinent le feroit delivrer, Commines, I, 1.

XVIe s. Si tu es de Dieu, si parle ; si tu es de l'aultre, si t'en va, Rabelais, Garg. I, 34. En vos propositions tant y a de si et de mais, que je ne sçaurois rien fonder, Rabelais, ib. III, 10. Où il n'y a nulle promesse asseurée, nous avons à prier Dieu sous si et condition, Calvin, Inst. 691. Bref, on l'eust pris pour paradis terrestre, S'Eve et Adam dedans eussent esté, Marot, I, 168. Mais si tu m'en eusses parlé, Ton affaire en fust mieux allé, Marot, I, 199. Ô si tant vivre en ce monde je peusse, Qu'avant mourir loisir de chanter j'eusse Tes nobles faits…, Marot, I, 229. La dame sans si [sans défaut], Marot, II, 319. Croyés que sy ce n'estoit le service que je sçay bien que vous faictes à Madame, je…, Marguerite de Navarre, Lett. 3. J'espere, si le temps s'adoulcist ou qu'elle [la reine malade] fasse une pierre, que ce sera la guerison, Marguerite de Navarre, ib. XL. Pourquoy. . si ce n'est à fin que…, Montaigne, I, 100. Si l'affection est parfaicte, et qu'on la surcharge encores…, Montaigne, I, 225. S'elle de loing voit quelque arme qui luise, S'elle voit rien qui façon d'armes aye, Lors son Roger elle croit qu'elle advise, La Boétie, 486. Si leurs forces de terre sont grandes, celles de mer ne le sont moins, Lanoue, 406. Si ce mien labeur sera si heureux que de vous contenter, à Dieu en soit la louange, Amyot, Préf. XXVII, 55. S'Europe avoit l'estomach aussi beau…, Ronsard, 32. Mais abaye de loin, si de quelque personne… Au mi lieu de nos jeux nous estions espiez…, Ronsard, 744. Je veux entonner ta louange, Et l'envoyer de Loire à Gange, Si tant loin peut aller ma voix, Ronsard, 456. Et bien ! vous, conseillers des grandes compagnies, Fils d'Adam qui jouez et des biens et des vies, Dittes vrai, c'est à Dieu que compte vous rendez, Rendez-vous la justice, ou si vous la vendez ? D'Aubigné, Trag. III. Que si Dieu prend en gré ces premices, je veux, Quand mes fruicts seront meurs, lui paier d'autres vœux, D'Aubigné, ib. IV. On ne peut rien objecter à cette reyne [Catherine de Médicis], sinon le seul si de vengeance, si la vengeance est un si, puisqu'elle est si belle et si douce, Brantôme, Dames ill. p. 7, dans LACURNE. Si on y employera les armes, Mém. de Bellièvre et de Sillery, p. 203, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. si ; portug. et ital. se ; du lat. si, archaïque, sei ; ombrien, svê ; osque, svai. Les formes svê, svai font conjecturer que sei ou si représente le locatif de sva, et signifie en soi, étant que.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. SI. - REM. Ajoutez :
2 Si… ou non, se dit, quand, dans une alternative, la seconde partie est négative. Si vous me blâmerez, ou non, c'est ce que je ne puis dire, Letourneur, Trad. de Clarisse Harlowe, lett. 86.
3Si se disait autrefois se, et l'e s'en élidait devant une voyelle. Cet archaïsme était encore conservé au commencement du XVIIe siècle. S'on lui fait au palais quelque signe de tête, Régnier, Élég. II. Et s'elle est moins louable, elle est plus assurée, Régnier, Ép. II.
4Si ne veut pas le futur après soi, du moins dans la langue actuelle ; car au XVIe siècle on usait du futur avec si. Pourtant Letourneur a mis le futur, comme on vient de le voir dans l'exemple ci-dessus. C'est que, dans cet exemple, si est un si dubitatif entre deux verbes. La construction rétablie donne : Ce que je ne puis dire, c'est si vous me blâmerez.